Le village de Nodebais est situé sur un affluent de la Nethen, qui à son tour se jette dans la Dyle. Il a pris son nom du bais, beke ou cours d'eau qui l'arrose et qui devait le sien aux prairies (dans la basse latinité, noa ; en vieux français, noe ou noue), au milieu desquels il coule. On a tour à tour écrit : Nodebais (1100 environ, 1381, 1492, 1753, 1760, 1776, 1784, 1787), Nodenbais (1229, 1230, 1525-1526), Notenbais (1231), Nodembais (1374), Nodebays (1374, 1436, 1464, 1472), Nodenbays (1383), Noddebais (XIVe siècle), Nodebaie (1574), Nodebaye (1639), Nodebaix (1646, 1709, 1755, Van Gestel). En flamand, on traduit par Nodebeke (Molanus), Nodenbeke ou Nogenbeke ( Wekelyks nieuws uyt Loven), et quelquefois on ajoute : de le Grez ou près de Grez (Nodenbays by Graven, 1457, Nodenbais dele Grez, 1497). Dans la localité, on prononce Nodebaye. Nous ne connaissons pas d'homonyme à notre Nodebais, mais la préfixe nod figure dans quelques antres désignations géographiques, soit du pays, soit de l'étranger, comme Nod-sur-Seine (département de la Côte-d'Or), Nodz (département du Doubs), Noduwez (Brabant), Nodrange (à Marilles, en Brabant), Noode (ou Saint-Josse-ten-Noode), Nodesdale, nom d'un affluent de la Dyle, en Ecosse.
Nodebais est limitrophe de Piétrebais, de Bossut-sur-Néthen, de Hamme-sur-Néthen et de Tourinne-la-Grosse. Elle est située à 1 kilomètre O.-S.-O. de Tourinne, 2 kil. S.-E. de Hamme-Mille, 3 1/2 kil. E. de Bossut, 6 kil. N. de Piétrebais, 13 kil. N.-O. de Jodoigne, 36 1/2 kil. E. de Bruxelles, et 40 1/2 kil. N.-E. de Nivelles. L'église se trouve située par 56 grades 42 de latitude N. et par 2 grades 67 de longitude E. L'altitude du sol est de 69 mètres 54, prise au seuil de l'église, et de 91 mètres 48, au seuil d'une maison isolée, bâtie sur la route de Louvain à Namur, à 850 mètres au S. de l'église.
Un premier procès - verbal de délimitation a été ouvert le 21 thermidor an XIII et clos le lendemain ; une contestation, qui s'est élevée à cette époque an sujet des limites de Nodebais et de Tourinne, a été vidée par un arrêté du préfet en date du 25 janvier 1806. Le procès-verbal définitif de délimitation été ouvert le 4 juin 1810 et clos le 2 juin de l'année suivante. Le cadastre divise le territoire de Nodebais en trois sections : la section A ou du Village, la section B ou de Dagbiermont, la section C ou de la Baraque. Au 1er janvier 1865, ces sections se trouvaient morcelées en 993 parcelles, appartenant à 282 propriétaires, donnant un revenu cadastral de fr. 41,471-11 (sol : fr. 38,052-11 ; bâtiments : fr. 3,419-00) et ayant une contenance de 560 hectares 79 arcs 50 centiares (imposable : 538 hect. 73 a. 75 ca. ; non imposable : 22 hect. 05 a. 75 ca.). Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, Nodebais comprenait, 523 bonniers, dont 507 ha. de terres, 14 b. de prés et 2 b. de bois).
On comptait à Nodebais : en 1374 , 21 et 22 ménages ; en 1403, 18 maisons ; en 1406, 20 maisons ; en 1435, 23 foyers ; en 1464, 26 foyers ; en 1472, 21 foyers ; en 1487-1488, 8 foyers ; en 1492, 8 foyers ; en 1526, 15 maisons, dont 1 inhabitée ; en 1634 , 20 maisons ; en 1680, 8 maisons et 1 taverne ; en 1856, 102 maisons.
Le village de Nodebais n'offre aucune agglomération à laquelle on puisse donner ce nom. Les habitations sont, pour la plupart, bâties à proximité de Nodebais et principalement sur la rive orientale de ce cours d'eau ; de belles prairies et quelques pièces d'eau donnent un aspect riant au village, qui est en général bien bâti. Une fraction de la localité était jadis connue sous le nom de Hastière en Nodebais (Alleu de Hastières, 1488-1489 ; Hastier en Nodebaix, 1766 ; Hastier, 1776 ; Hastier sous Nodebais, 1778 ; Canton d'Hastières, 1787), parce que la juridiction y appartenait au monastère d'Hastière près de Dinant. Sept ou huit maisons, situées à 1,000 mètres environ vers le N.-E., à proximité de Tourinne, dont elles semblent faire partie, portent le nom de Valise (Phalise?).
A 1,200 mètres au S.-E., Dagbierrnont (Dagbierrnont, 1:381 ; Daghebiermont, 1881 ; Daugbermont ; Ferme d'Agbiermont, Abiermont, an VI), élégante villa, près de laquelle sont groupées 2 ou 3 fermes ; à 2,000 m. au S -E., la Chapelle Gosin ; à 3,200 m. dans la même direction, la Baraque, petit cabaret sur la route de Louvain à Namur.
Campagne Valise ; Campagne du Bois Lambottin ; Petit Champ ; Champ de Hamme ; Campagne de la. Vigne (Courtil alle Vigne) ; Campagne de Guerdechin, d'après le petit château de ce nom, situé à Bossut ; Fond des Loups ; Champ du Chêneau ; Haie Forvie (1758) ; Satis joc, dénomination corrompue dans laquelle il faut rechercher, sans doute, l'ancien Sahucia (1508) ; Champ des Widdes (sur la Campagne des Widdes, près du Bouchon al Piwitz ou Sainte-Gertrude, au vieux chemin de Louvain à Namur, 1789) ; Cense de Hastier, près du château de Dagbierrnont (1574) ; Moulin Le Doyen ou Vannes ; Moulin à l’huile ou Ferme de Sambre ; Fonds del Mé (1758) ; Champ de la Tombe ( Tumba dicta de Nodenbais, 1230 ; Voie de la Tombe, 1381 ; Près de la Tombe, du côté de Beausart, 1508 ; Desoubs la Tombe, 1708 ; Campagne de la Tombe, 1758) ; Champ de la Chise ; Chemin de Wavre ; Taille Hannut ; Vieux chemin de Namur ; Chemin des Roués, de Mille à Gottechain, autrefois appelé Chemin de la Justice, et ainsi nommé parce qu'un malheureux y fut roué pour avoir volé le ciboire de l'église de Nodebais ; Cortil Carré ; Ahanière De Cock ; les Six bonniers ; Chemin des morts ; Matriavaux (Matrieaulvaux, 1381 ; A Matriaval 1497 ; Campagne de Matriavaux, 1758).
Le Sart du Bois (Sartum de Busco, 1231) et la Maison du Bois ( Domus de Busco, 1231), plus tard appelés l’Alleu du Buc (Allodium du Buc dele Nodebays, 1374) ; A Tybauflon, sur le voie de le Chise et de Daghebiermont ; Derrière le Buk, cités en 1381 ; Trische de Nodenbais dele Grez (Derier le trys, 1497 ; Driesschen te Nodenbais, 1525-1526 ; Scaveez ou Warissis de Nodebais, 1497) ; Voie del Meire. Terre des Blancques dames de Louvain, A Popeleroul, Aus Masich, Aus Pillemont, sur les Fontenelles, cités en 1497 ; Hodembroux, Waldrufosse, Cersiroux, Terres demoiselle Yde, Emprès le Chemin du Four, cités en 1508 ; Al hock dame Maroye (1708) ; Desseur les Gotters (1708) ; grand champ nommé Al Butry( 1753) ; Jardin Médart (1756) ; la Blanche maison (1757) ; Campagne de l'Arbre Saint-Job, vers Gottechain ; Campagne du Crucifix, le Rainau, chemin séparant Nodebais de Bossut ; Bonnier Saint-Nicolas, propriété de l'abbaye de Valduc, tous cités en 1758 ; Bruyère Bauwens ( 1776) ; Cortil Hattoy (1767) ; Grande plaine, Chapelle de Namur, Plaine des deux Saules, Plaine dite Fondelmeer, cités en l'an VIII.
Le territoire de la commune de Nodebais, sauf au centre, est peu accidenté. Sur le vaste plateau qui s'étend entre le village et Piétrebais, le sol est presque partout uni et fertile ; une très faible partie, à proximité du ruisseau de Nodebais, est sèche et sablonneuse ; au centre et au N., on trouve de grandes prairies marécageuses. L'endroit le plus élevé du territoire se trouve au lieu dit la Baraque ; à quelque distance de là, vers Gottechain, on a constaté une altitude de 96 mètres, 29 mètres de plus que le niveau de la retenue du moulin à eau de Nodebais. Le sous-sol est formé : au S., de terrains laekeniens, au N., de terrains bruxelliens ; ces derniers affleurent sur les versants qui bordent le ruisseau. Partout ailleurs, les uns et les autres sont recouverts par le limon hesbayen. On extrait, sur différents points de la commune, de la marne qui sert à féconder le sol.
Le territoire de Nodebais appartient au bassin de l'Escaut. Les cours d'eau qui l'arrosent sont le Nodebais, le Ruisseau du Vivier Laurent et le Ruisseau de Tourinne. Le Nodebais, que l'on appelle vulgairement le Ruisseau de la Fontaine, prend sa source au pied du Dagbierrnont, arrose le centre de la commune, reçoit un affluent qui vient du Vivier Laurent (r. g.), active le moulin Le Doyen ou Vannes par une chute d'eau de 2 mètres 72, et entre dans la commune de Tourinne-la-Grosse après un cours d'environ 3,000 mètres, dans la direction du N.-N.-O. Le Ruisseau de Vivier Laurent sort de la pièce d'eau qui porte ce dernier nom et rejoint le Nodebais après un cours de 500 m., dans la direction du N.-E. Le Ruisseau de Tourinne vient de Tourinne-la-Grosse, sert quelque temps de limite entre cette commune et Nodebais, et entre tout à fait dans Tourinne, après un cours, presque constamment mitoyen, de 450 mètres. Il y a des étangs près du château de Dagbierrnont, en amont du moulin à eau, etc. Les habitants utilisent l'eau de plusieurs fontaines, dites Fontaines Kenbin, Jacques, Alexis, Nuget, de Gueldre, Valise.
On comptait à Nodebais : en 1709, 90 habitants ; en 1784, 245 habitants, dont 34 hommes, y compris 1 prêtre, 41 femmes, 73 garçons et 52 filles âgés de plus de 12 ans, 25 garçons et 20 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 203 personnes, dont 93 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, y compris 1 prêtre, 72 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 22 garçons et 16 filles âgés de moins de 12 ans) ; en l'an XIII, 300 habitants ; au 31 décembre 1831, 457 habitants ; au 31 décembre 1856 , 535 habitants ; au 31 décembre 1867, 539 habitants (wallons). Les anciens registres des baptêmes, des mariages et les décès commencent au 28 juin 1696.
Les bois ont été complètement défrichés ; il n'existe qu'une petite sapinière de 35 ares. D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont au nombre de trois : celles de M. De Jeanti et consorts, exploitée par M. François Meurisse (62 hect. 65 ares), de M. Michaux, occupée par M. Henri Van Orshoven (85 hect. ), et celle de M. Ferdinand Poot (55 hect.). Le nombre des animaux domestiques constaté à Nodebais par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Louvain.
Un relevé datant de l'année 1636 constate que plus de cent ans auparavant il y avait eu à Nodebais un moulin, mais il était alors détruit et l'emplacement en était vague. Au commencement de ce siècle, on en reconstruisit un autre, sur le mur duquel on lit cette inscription : SIMON JOSEPH-LE DOYEN-FIT LA FOLIE – EN 1802. Cette usine, où l'on triture le grain et la drèche, est mu par une roue hydraulique à haute pression et à deux couples de meules. Le radier de la retenue d'eau est à 67m51 au-dessus du niveau de la mer. Le moulin Le Doyen est situé en aval du village, et appartient actuellement à M. Vannes ; une brasserie, activée par deux machines â vapeur, de la force de dix chevaux, y est annexée. Il y a en outre, dans le village, une briqueterie, qui compte 14 ouvriers. Quelques-uns des habitants quittent la commune pendant la bonne saison, pour aller travailler au-dehors.
La route de Louvain à Namur traverse la commune de Nodebais sur une étendue de 4,000 mètres. On compte 34 chemins vicinaux et sentiers, mesurant ensemble 29,540 mètres. Les chemins de grande communication n°1 35, 37 et 111 traversant la commune : le premier (de Nodebais à Cappellen par Bauvechain) sur 1,200 m., le deuxième (de Hamme-Mille à Tirlemont, également par Bauvechain) sur 2,378 m., le troisième (de Tourinne vers Piétrebais par le Champ d'Asile) sur 477 m.
Dans la plaine qui s'étend entre Nodebais et Beausart, a existé une tombe ou tumulus, qui a laissé son nom à la campagne voisine. Cette élévation artificielle a disparu à une époque inconnue. Il en existait une autre dans la closière contiguë à l'église ; elle a été détruite il n'y a pas longtemps et l'on y a trouvé un tronc d'arbre de 5 à 6 pieds de long, fiché droit en terre; plus récemment on a encore découvert des troncs semblables dans le même terrain. C'est à la comtesse Alpudis ou Alpaïde, la fondatrice du chapitre d'Hougarde et qui vivait vers l'an 1000, que l'abbaye d'Hastière (ou celle de Waulsort, à laquelle Hastière était unie) dut les grands biens qu'elle possédait à Nodebais et aux environs. C'est ce qui résulte d'une bulle du pape Alexandre III, par laquelle il confirme à Pierre, abbé d'Hastière (mort en 1150) : « l'alleu de Tourinne, avec ses dépendances, en toute liberté comme la comtesse Alpudis l'avait possédé, avec les serfs, terres cultivées et incultes, pâtures, eaux, moulins, bois, qui en dépendaient » (allodium de Tourrines, cum appenditiis suis in ca libertate qua tenuit illud Alpudis comitissa, cum familia, cum terris cultis et incultis, pascuis, aquis, molendini, sysilvis). Or, tandis que le Tourinne actuel reconnaissait pour seigneur l'évêque de Liège et pour décimateur le chapitre de Saint-Paul, de cette ville, une partie de Nodebais, qui avait pour seigneur et pour décimateur l'abbaye de Waulsort-Hastière, dépendait de la paroisse de Tourinne. On s'explique ainsi comment la même bulle attribue encore à l'abbaye d'Hastière l'église et la dîme de Nodebais, la paroisse de Nodebais et Hastier à Nodebais (paroisse de Tourinne) étant tout à fait distincts. En cet endroit habitait une famille noble, dite de Tilbourg, qui vécut quelque temps en mésintelligence avec les religieux. L'abbaye ayant fait défricher une forêt dépendant de la ferme de la Chise et ayant installé en cet endroit des tenanciers, qui y bâtirent des maisons, Giselbert, fils de Giselbert de Tilbourg, voulut d'abord contester ses droits, mais ensuite il y renonça et il promit d'être l'avoué de ces tenanciers, mais sans avoir sur eux de juridiction. L'accord conclu entre les deux parties fut sanctionné, en l'an 1199, par le duc Henri 1er de Brabant, qui se réserva la haute avouerie du nouveau village et promit aux religieux de les défendre contre toute usurpation. Cependant, le débat recommença au sujet de la maison où Gilbert demeurait, à Nodebais, de l'étang situé en amont, du sart (ou terrain défriché) dit du Bois (de Busco) et de l'avouerie de la Maison du Bois (advocatia domus de Busco). Une enquête, ouverte par les soins du duc Henri, ayant établi les droits du monastère, ceux-ci furent confirmés par une charte donnée à Bebbenhem (sous Meldert près de Tirlemont), en 1231, le jour des saints Crépin et Crépinien. Cette Maison du Bois et ce Sart du Bois occupaient, suivant toute apparence, une partie de la plaine qui s'étend au sud du village ; en 1374, on mentionne encore l'Alleu du Buc près de Nodebais, où l'on comptait alors 22 ménages ; mais, dans la suite, il n'en est plus fait mention. Par un acte de l'an 1202, on voit que le comte de Gueldre prélevait à Nodebais (in villa nostra de Nodenbeke, et non de Rodenbeke, comme on l'a imprimé par erreur) des revenus qui dépassaient 50 livres de Louvain, Le comte les avait pans doute acquis par héritage de sa mère, Marguerite de Louvain, qui était une princesse brabançonne. Le village de Nodebais doit avoir obtenu de nos princes quelques libertés, car il figure, sous le nom de Nodebeke, parmi les villes et franchises du duché de Brabant qui contractèrent entre elles une étroite alliance, le 18 février 1371-1372. Chaque maison de Nodebais devait au duc de Brabant un droit d'avouerie, qui consistait en une poule et un setier d'avoine. Les habitants de l'alleu d'Hastière payaient au même, le jour de la conversion de Saint-Paul, un cens de 17 livres 12 deniers, plus un droit dit de la Castelrie (ou châtellenie), qui rapportait 5 sous ; mais, en l'année 1405, ils se refusèrent à supporter cette charge, par la raison que, quelque temps auparavant, on avait levé une aide dans le duché et qu'on les y avait compris. Sur leurs réclamations, on leur accorda une remise de leur cote, à la condition que leur cens annuel leur en tiendrait lieu. Lorsque le terme pendant lequel l'aide devait être levée fut écoulé, on voulut les obliger à continuer le paiement du cens ; sur leur refus, le receveur du domaine, à Grez, par ordre du receveur général de Brabant, Guillaume Tonsus, les mit à l'amende et fit saisir leur bétail ; mais les habitants de Nodebais implorèrent l'appui des magistrats de Louvain, et la ville obligea le receveur à lever la saisie, dont il dut même payer les frais. Nodebais souffrit considérablement des troubles qui désolèrent la Belgique pendant les années 1488 et 1489. Le cens dû par l'alleu d'Hastière au domaine ne fut pas payé, parce qu'il ne s'y trouvait « nulle maison où l'on demeure, à cause des guerres ». Par un acquit en date du 25 novembre 1491, on fit grâce aux habitants de Nodebais, « au regard de leur pauvreté », du cens qu'ils devaient au domaine et qui s'élevait alors à 6 livres 8 sous 11 deniers. En l'an IX, on proposa de ne former qu'une seule commune de Hamme, de Mille et de Nodebais.
Nodebais ressortissait jadis à la mairie de Grez ; elle fut comprise, en l'an III, dans le canton de Grez, et réunie, en 1822, à celui de Jodoigne. « La paroisse de Nodebais, hors de la franchise de Grez, disent les anciens Comptes du bailliage de Nivelles, est du tout à Monsieur; tous fourfaits se jugent selon la loi de Louvain et toutes les amendes se payent d'après la lantcharte » ou ceure criminelle du plat pays. La haute, moyenne et basse justice, avec tous les droits qui en dépendaient, y fut engagée, puis vendue, en même temps qu'à Grez et à Chapelle-Saint-Laurent. En 1403-1404, les cens du domaine à Nodebais consistaient en 24 sous 3 deniers paiement, payables à la Noël, et 11 s. 9 d. payables à la Saint-Jean-Baptiste (dont 6 sous dus pour la ferme de Beausart). Lors de l'engagère de 1620, ils valaient 34 florins 4 sous 1 denier. Lorsque, du 15 août 1770 à 1772, le village fit de nouveau et momentanément partie de domaine, les cens et rentes y rapportèrent 1,844 livres 10 sous. Les Archives du royaume n'ont recueilli qu'un faible débris de l'ancien greffe échevinal : le rôle pour les années 1773 à 1777. Le village a des propriétés assez considérables : environ 16 hectares. Le 20 novembre 1776, les échevins de Nodebais, agissant en qualité de régents ou administrateurs, en affermèrent quelques parties, d'une étendue de 3 à 4 hectares, moyennant 93 florins 4 sous, pour un terme de neuf ans commençant à la Saint-André 1776 et à la condition d'en opérer le défrichement. Les biens communaux consistent principalement en prairies. Le budget de la commune, pour l'année 1870, présente les chiffres suivants :
Quelques-uns des membres de la famille de Tilbourg qui, du temps de Henri Ier possédaient de grands biens à Nodebais, prirent le nom de ce dernier village. En 1230 vivait un chevalier Gilbert, dit de Nodebais, qui, par un acte donné à Louvain le mercredi après la division des Apôtres, au mois de juillet, céda à l'abbaye d'Alne 4 bonniers situés près de la Tombe de Nodebais. Ce personnage est sans doute le même qui, sous le nom de Gilbert de Landenne et par un acte donné â Nodebais, le deuxième dimanche après celui où l'on chante Te levavi en 1221, céda un autre bien au même monastère. Plus tard, nous trouvons Jeanne de la Tour et son mari Philippe de Baillet, en possession d'une maison avec jardin, située à Nodebais, de 6 b. de terres, d'un cens de 4 sous bon argent, 10 chapons, 10 pains, un muid d'avoine, etc., le tout relevant du duché de Brabant (relief du 24 avril 1574). Ce domaine passa sans doute, avec la seigneurie de Grez, aux Limminghe. En 1794, l'héritière de cette maison, la comtesse d'Arberg, levait à Nodebais un livre censal d'un produit annuel de 94 florins 8 sons, tandis que sa mère, Madame de Grez, y avait 51 bonniers de terres et 3 b. de prairies. Une autre maison, avec grange, étables, jardin et ahanière, que l'on voyait en face de la Cense de Hastier, fut donnée par Marguerite Vander Noot, en présence de son mari, Nicolas de Berchimont, à Marie Vander Noot et à son mari, sire François Amstel (14 juillet 1574). Peut-être est-ce la « cense » que M. Brunean de Casteau possédait en 1794 et de laquelle dépendaient 62 b. 2 journaux à Nodebais et 1 b. 2 j. situés à Geest-Saint-Remi. Un bien de quelque importance resta longtemps la propriété des Hannart. Il consistait en une habitation, qui, en 1688, avait été brûlée, et en 34 1/2bonniers de terres et de prairies. Le maire de Hamrne, Nicolas Hannart, le laissa à ses fils : Josse, Corneille et Jean, mais en instituant un fidéicommis en faveur de l'aîné (8 août 1668). Néanmoins, la veuve de Josse, Catherine De Vleeschouwer, de concert avec Marie, fille de Corneille précité, et avec Guillaume, fils de Jean Hannart, vendit ce bien à l'abbaye de Valduc pour 2,300 florins (ou une rente de 113 1/2 fl.), le 6 avril 1688. Mais le petit-fils de Josse, nommé aussi Corneille, et qui était brasseur à Louvain, prétendit que cette acquisition était contraire .aux lois du pays et obtint une sentence du conseil de Brabant, qui en ordonna l'annulation, avec restitution des fruits perçus (30 septembre 1754). L'abbaye de Waulsort-Hastière possédait de grands biens à Nodebais : un cens se payant à la Saint-André et produisant, à Daglebiermont et Nodebais, 20 muids 5 molevaten, plus 41 muids et 13 molevaten à Nodebais ; un autre cens se prélevant le jour de Saint-Etienne et rapportant, par an, 18 1/2 chapons et 14 sous de bonne monnaie, une ferme importante, dite Daghiermont ou d'Abiermont, la grande dîme (produit, en 1787, 273 florins 15 sons), une cour féodale de plusieurs arrière-fiefs, etc. La ferme se louait, avec 112 bonniers de terres et 8 b. de prés, d'enclos, etc., moyennant 1,308 fl. 9 sous. Le 2 thermidor an VI, elle fut vendue, avec 62 b. 2 j. de terres et de prés, moyennant 1,925,000 livres, à Jean Bauwens, qui en était locataire Elle a appartenu depuis, par donation, à M. Gosin, neveu de Bauwens, puis est passée entre les mains de M. Michaux, professeur de l'université de Louvain, qui a fait bâtir sur la hauteur voisine, en 1853, un élégant castel, dont l'architecture rappelle l'ancien style flamand. Cette construction, fort élevée et que l'on aperçoit de loin, est construite en briques et en pierres blanches. Les façades principales offrent, du côté de Nodebais, une saillie à trois faces, et, du côté opposé, un escalier à double repos, soutenu par des enrochements. La façade orientale, outre le soubassement, présente deux rangs de trois fenêtres et un grand pignon, orné de lucarnes, d'embrasures et d'oculus. Vers l'ouest se dresse une tourelle octogonale percée de quatre embrasures superposées et terminée par un élégant clocheton. Le plan de ce château est dû à M. l'architecte Lavergne, de Louvain.
L'église Sainte-Waudru, de Nodebais, était comprise dans le concile de Jodoigne, du diocèse de Liège ; au seizième siècle, elle devint une paroisse du doyenné de Louvain, dans l'archevêché de Malines. Après le concordat, elle fut subordonnée à l'église de Hamme, reconnue comme chapelle le 28 septembre 1825 et érigée en succursale par l'arrêté royal du 25 septembre 1839. L'ancienne paroisse n'englobait pas toute la commune; près de la moitié de cette dernière, environ 200 bonniers, faisait partie de la paroisse de Tourinne. Le patronat appartenait au monastère de Hastière, à qui le pape Alexandre en confirma la possession, avec la dîme (ecclesia de Nodebais cum décima), vers l'an 1159. Sous le rapport des dîmes, la paroisse était partagée en deux fractions égales, de 200 bonniers chacune : la première, où les religieux de Hastière-Waulsort levaient la dime et qui formait ce que l'on appelait le Canton d'Hastière ; la seconde, où la dîme appartenait au curé. Le curé jouissait en outre de l'ancien bien presbytéral, qui consistait en 13 bonniers 2 journaux de terres ; de 6 b. 3 j. formant la dotation du bénéfice Notre-Dame, de 100 fl. que l'abbaye de Waulsort lui allouait comme supplément de-compétence. Le tout lui produisait, an 1787, un revenu de 821 fl. 11 sous. Tous les bien-fonds de la cure, soit vingt et un bonniers, ont été vendus à Victor Bodin, le 8 nivôse an VIII, pour la somme de 5,800 francs. Le presbytère de Nodebais, qui s'élevait dans un terrain depuis converti en verger, à côté du cimetière, ayant été détruit pendant les guerres, la cure fut longtemps desservie par le curé de Hamme, Gillot ; plus tard, la cure fut donnée au prêtre Vander Eycken, natif de Bauvechain ; comme l'abbé de Waulsort ne se montrait disposé en aucune façon à rétablir la maison curiale, cet ecclésiastique acheta une closière ou enclos adjacent où il se fit construire une habitation, qui n'était pas achevée lorsqu'il mourut. Son successeur, Nicolas Falcq, de Pondrôme, acheva l'édifice, qui, peu de temps après, fut rangée parmi les biens amortis (13 septembre 1755). La marguillerie était dotée d'un bonnier de terre et d'une partie de dîme, qui lui valaient, par an, 58 florins 12 sous. Les revenus de la fabrique s'élevaient : en 1787, à 51 fl. 14 s. ; en 1846, à 1,341 francs. L'église possède 4 hect. 88 ares. L'église avait été rebâtie en 1707 et, à la fin du XVIIIe siècle, il était question de la reconstruire. Ce projet ne se réalisa qu'en 1837. Le temple actuel, qui a été complètement restauré en 1862, est d'une fraîcheur et d'une propreté remarquables ; il se compose d'un vaisseau et d'un chœur. Le vaisseau est divisé en trois nefs par deux rangées de cinq colonnes cylindriques, qui soutiennent un plafond à grandes poutres et caissons. Au milieu de la façade s'élève une tour octogonale, dont la partie supérieure reçoit le jour par quatre fenêtres cintrées et est surmontée d'un petit campanile en forme de dôme. De chaque côté de la tour se trouve un pignon percé d'une fenêtre. La partie opposée de l'église se termine par une abside à trois pans. En 1655, on voyait dans l'église un retable sculpté très ancien ( mensa sculpta valde antiqua ). Le chœur actuel est orné de deux bons tableaux que la fabrique a obtenus du Gouvernement, en 1862 : le Christ, par M. Kathelin, élève de De Groux, et la Vierge, par M. Verdeyen, élève de Portaels. Les autels latéraux sont consacrés, l'un à la Vierge, et l'autre à sainte Waudru. En 1857, on a placé au jubé un bon orgue, sortant des ateliers de M. Loret-Vermeersch, de Malines. Dans le cimetière, on lit sur une pierre tumulaire: CI GIT — DOM GREGOIRE THIBAULT — REVERENDISSIME ABBE DE WAULSORT ET HASTIERE — NE A CHARLEROI — DECEDE A BRUXELLES LE 1ER JANVIER 1820— PROFES DE 57, PRETRE DE 54 ET ABBE DE 47 — PIEUX ET SAVANT, MODELE DE REGULARITE — IL FUT GENERALEMENT AIME ET RESPECTE — DEPUTE DES ETATS DE NAMUR, IL S’Y MONTRA SAGE — PRUDENT ET MODERE — EN 1787, IL FUT DE LA DEPUTATION DE VIENNE — EXIGEE PAR JOSEPH II — 57E ET DERNIER ABBE DE LA MAISON DISPERSEE — PAR LA VIOLENCE, EN BUT AUX MECHANTS, OBLIGE — DE S’EXPATRIER, IL SOUFFRIT TOUT AVEC LA MEME — RESIGNATION QU’IL RENDIT L’AME A SON CREATEUR.
Le bureau de bienfaisance de Nodebais peut citer, parmi ceux qui l'ont enrichi de leurs dons, le curé Clément-Joseph Bonnier (en religion, dom Augustin), qui, par son testament en date du 28 novembre 1833, a légué les deux tiers de ses biens aux pauvres de la paroisse et l'autre tiers à l'église. Les pauvres possèdent actuellement près de 6 hectares. Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1870, a été fixé comme suit :
Une école, avec chambre communale, a été bâtie en 1844 ; une autre école a été édifiée en 1870. Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune à recevoir l'instruction, s'est élevé : en 1858-1859, à 82 : 39 garçons et 43 filles ; en 1869-1870, à 77. La fête locale se célèbre le dimanche après la Saint-Denis, au mois d'octobre ; une petite fête a lieu le 3 février.
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