Le nom de Geest, qui se rencontre fréquemment dans la vallée de la Grande-Gette, provient évidemment de la l'orme flamande du nom de cette rivière, de même que Jauche et Jauchelette en reproduisent la forme wallonne. Les étymologies tirées des mots flamands geest, esprit, geest, terrain élevé, sablonneux, stérile, gast, hôte, ne peuvent présenter en leur faveur aucun argument sérieux ; l'altération du radical dans la dernière se justifierait d'autant plus difficilement que l'on rencontre aussi des Geest en Hollande et en Allemagne, soit isolément, soit comme entrant dans la composition des noms propres. Une rivière appelée la Geeste existe en Hanovre.
Ce n'est qu'au treizième siècle que des noms de saints servent à distinguer l'un de l'autre les trois Geest existant, sous la même latitude, entre Jodoigne et Zétrud-Lumay. Auparavant on disait simplement Gest (1034), en latin Gestum (1138) ; par exception, on trouve à cette dernière date Joannis Gest.
La forme Geest Saint-Remy (Gest Sancti Remigii, 1230 ; Gheest Sancti Remigii, 1258 ; Geiste Sain Rémi, 1295 ; Geest S. Remy, 1374 ; Gestum Sancti Remigii, 1440 ; Gay Si Remy, 1666) me parait préférable à Saint-Remy-Geest (Sinte Remis gheest, 1436 ; Sinte Remeys gheest, 1440 ; S. Remy gest, 1464, 1472, 1492), qui a cependant prévalu et qui est tout à fait flamande.
On prononce, en wallon : Remy Jai ; en flamand, Geest.
La commune est limitrophe de Mélin, de l'Écluse, de Hougarde, de Zétrud-Lumay, de Geest-Saint-Jean et de Jodoigne. Elle est située à 2 1/2 kil. E. de Mélin, 3 kil. 0. de Geest-Saint-Jean, 3 1/2 kil. N.-N.-O. de Jodoigne et S.-S.-E. de l'Écluse, 4 kil. S.-S.-O. de Hougarde et S.-O. de Zétrud-Lumay, 45 kil. E. de Bruxelles et 53 1/2 kil. E.-N.-E. de Nivelles.
L'église se trouve située par 56 grades 38 de latitude N. et par 2 grades 80 de longitude E.
L'altitude du sol, prise à la retenue du moulin de Genville est de 62 mètres 74.
Le procès-verbal de délimitation a été ouvert le 29 décembre 1816 et clos le 23 avril suivant. Un arrêté royal du 4 septembre 1816 avait provisoirement fixé la limite, du côté d'Hougarde. Là, quelques champs faisaient jadis partie du territoire Liégeois.
Le cadastre divise le territoire de Geest-Saint-Remy en deux sections : La section A ou de Neusart, la section B ou du Village. Au 1er janvier 1865, ces sections se trouvaient morcelées en 1,659 parcelles, appartenant à 431 propriétaires, donnant un revenu cadastral de fr. 36,129-74 (sol : 33,120-74 ; bâtiments : 3,009-00) et ayant une contenance de 533 hectares 27 ares 10 centiares (imposable : 520 hect. 22 a. 90 ca. ; non imposable : 15 hect. 04 a 20 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834:
On comptait : en 1374, 74 ménages ; en 1435, 43 foyers ; en 1464, 51 foyers ; en 1472, 56 foyers ; en 1492, 28 foyers ; en 1526, 42 maisons ; en 1686, 30 maisons, 1 moulin, 2 petites brasseries, 2 tavernes ; en 1856, 149 maisons.
Geest-Saint-Remy, 106 maisons ; Gentille, 41 maisons.
Le village de Geest-Saint-Remy est fort aggloméré autour de l'église et le long de deux chemins qui conduisent au hameau de Gobertange (sous Mélin). Il occupe un plateau assez élevé, qui domine la vallée dans laquelle coule le ruisseau qui porte ce dernier nom ; l'aspect qu'il présente, vu du sud, est des plus riants, grâce aux jardins et aux bouquets d'arbres qui entourent et encadrent les habitations. Sept ou huit maisons, bâties le long du chemin conduisant à Jodoigne forment ce que l'on appelle la Basse-Hollande.
Genville (Visana villa, 1147 ; Jusanavilla, GILLES D’ORVAL; Ghesayna villa, STOOTBOECK ; Geseyneville ou Geseneville, 1403-1404, 1431 ; Genevile 1408 ; Jesainville, 1420 ; Jensville, 1450 ; Jenville, 1567, 1648, 1652 ; Jenneville 1648 ; Genrillie, 1654-1656, 1748 ; Genneville, OUDIETTE ; en flamand Zeynvile 1454) est un hameau situé plus en aval et qui emprunte son importance à un moulin à eau qui s'y trouve. Son nom dérive peut-être du mot jusum, qui appartient à la basse latinité et signifie inférieur, ce qui se rapporte fort bien à la situation de Genville, en aval de Geest-Saint-Rémy ; Jusana villa ne signifierait donc rien d'autre que la Villa ou le Village inférieur.
Quelques maisons, au milieu desquelles un petit affluent du Gobertange prend naissance, sont désignées sous la dénomination de Fonteny (maison dite le Vieux Fonteny, XVIIe siècle ; Fonteniz, WYCKELYCK NIEUWS UIT LOVEN).
A 3,600 mètres vers le N.-N.-O., une petite maison voisine du Château de la Tourelle sous l'Écluse ; à 4,000 m. dans la même direction, 2 maisons contigües à ce dernier village, dont elles ne sont séparées que par un chemin.
Campagne de la Tourette, Sentier de l'Écluse ; Neusart (1635) ; Champ de la Tombe (Campagne del Tombe, 1761) ; Tige à la Tombe ; Bois de Madame de Meldert ; Petite Campagne Bois Grand'mère ; A la Croix, Aux Six bonniers, Bois Chavet ou Chauret ; Tienne aux Cailloux ; la Basse Voie (A la Basse rue, 1762) ; Couture des Reckes (la Recke, XVIIe siècle ; Fond de Reete ou les Reete, 1748) ; les Vignes, localité située au nord du hameau de Fonteny ; Moulin de Genville (Corenmolen van Zeynvile, 1454) ou Moulin Lesage ; Entre les deux Chavées ; Boukart ou la, Boucade, jadis appelé In l'Bochout ou Au Bois de Hêtres (XVIIe siècle) ; la Chure ; Treslaine (op te Treselyn borne, 1454) ; Basse Bruyère ; Campagne du Bois Milcamps (Bois Millechant, 1744) ; Campagne du Cortil brûlé ; Campagne de la Chastrée ; Cortil à la Cour ; Marinal ; Par delà l’eau (1743) ; Champ du Grand arbre ; le Douaire ; Couture du Milieu ; Couture de Gobertange ; Bois Barré ; Faux Vivier (Bois l'Abbé ou Faux Vivier, 1748 ; Bois du Faux Vivier, 1707) ; Voie des Chiens, de Mélin à Hougarde ; Chemin de Cloqui ; Chavelette ; Chemin vert ; Chemin Bolegi ; Tienne Bauwens ; Voie des bois : Chemin Quertin ; Chemin Pecrcy ; Bois Marie (1743) ; Sentier du Poteau ; les Quatre bonniers ; Chavée du Maquignon, jadis appelée Chemin de Genville à Lompreit (1748) ; ravin très encaissé qui sépare Geest-Saint-Remy de Geest-Saint-Jean et qui conduit vers Roux-Miroir.
Entebais (1403-1404), localité dont la situation précise est inconnue et dont le nom nous révèle sans doute la dénomination primitive du Gobertange ; le Noir Moulin ou Moulin de Geest-Saint-Remy ; Em Piroet ( 1387 ) ; Bois des Peupliers (Abeelen bosch, 1522) ; Focquarimont; Allenberch ; Chemin de Wix, cités au XVIIe siècle ; le Paradis, petite ahanière (1748) ; Cortil à Geest (1759).
Toute la partie septentrionale de la commune forme un vaste plateau qui descend, d'une part vers la Grande-Gette, et de l'autre, vers le ruisseau de l'Écluse. Au nord, on ne trouve que de légères ondulations de terrain et quelques chemins légèrement encaissés ; au sud, l'aspect est tout différent; là se voient de grands ravins ; le Gobertange coule dans une vallée très profonde, qui va ensuite en s'élargissant; en aval du moulin de Genville. Le sol s'abaisse rapidement et le ruisseau coule dans le plus charmant sentier encaissé et ombragé que l'on puisse voir. Le sol est, en général, argileux et pierreux, de nature sèche et fertile. Le point culminant est occupé par l'église.
Dans la vallée de la Gette règne le système gedinnien ou terrain rhénan. Quant aux vallées du Gobertange et du Chebais, on y voit apparaître l'étage marin ou inférieur du système landénien, qui se montre près du confluent des deux ruisseaux, vers le sud-est, et apparaît de nouveau près de la Gette. Une couche d'argile du système yprésien suit ce terrain et se présente, près de sables bruxelliens, au N.-O. du moulin de Genville. Sur les plateaux, le sous-sol est formé par des terrains bruxelliens et laekeniens qui affleurent : ceux-ci vers l'ouest, ceux-là sur les flancs des coteaux Le tout est recouvert de limon hesbayen.
Les exploitations de pierres de Gobertange se continuent à Geest-Saint-Remy, où il y a 14 à 15 bures, qui occupent environ 60 ouvriers.
Tout le territoire de Geest-Saint-Remy appartient au bassin de l'Escaut ; il est arrosé par la Grande Gette, le Gobertange, le Chebais et le Fonteny.
La Grande Gette vient de Geest-Saint-Jean, forme la limite vers Zétrud et entre entièrement dans cette commune, à l'endroit où elle reçoit le Gobertange (r. g.), après un cours d'environ 400 m., entièrement mitoyens, dans la direction du N.
Le Gobertange ou Ruisseau de Genville (1748), ou Entebais (?), vient de Mélin, reçoit le Chebais (r. dr.), fait mouvoir le Moulin de Genville par une chute d'eau de 3 mètres 91, reçoit le Fonteny (r. dr.), à l'endroit où il atteint le territoire de Zétrud-Lumay, et, après avoir pendant un instant formé la limite de cette commune et de Geest-Saint-Remy, se réunit à la Grande-Gette, après un cours d'environ 2,000 mètres, dont 100 mitoyens, dans la direction de l'E-N.-E.
Le Chebais (Rieu de Seuxay, XVIIe siècle) vient de Jodoigne-le-Marché et se jette dans le Gobertange, après un cours de 800 m , dans la direction du N.
Le Fonteny prend sa source au milieu du hameau du même nom, atteint la limite de Zétrud, qu'il suit avant de se réunir au Gobertange ; son cours est de 1,200 m., dont 50 mitoyens, et sa direction générale vers l'E.-N. E., sauf à l'endroit où il forme limite ; là il coule au S.-E.
Les habitants utilisent l'eau des fontaines Maritale, Treslaine et Goyette. Il existe un petit étang, de 3 ares seulement, près du moulin de Genville.
On comptait à Geest-Saint-Remy : en 1660, environ 140 communiants ; en 1709, 157 habitants ; en 1784, 404 habitants, savoir : 79 hommes, dont un prêtre, 77 femmes, 67 garçons et 54 tilles âgés de plus de 12 ans, 59 garçons et 68 filles âges de moins de 12 ans (dans la paroisse, 424 personnes, savoir : 156 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, y compris 1 prêtre, 136 femmes et filles âgées de plus de 12 ans , 60 garçons et 62 filles âgés de moins de 12 ans) ; en l'an XIII, 432 habitants, dont 70 à Genville ; au 31 décembre 1831, 624 habitants ; au 31 décembre 1856, 706 habitants ; au 31 décembre 1867, 705 habitants (Wallons).
Les anciens registres des baptêmes, des mariages et des décès commencent en 1595.
Le seul bois encore existant a trois hectares ; il porte la dénomination de Bois de Neusart. Un autre bois, dit des Peupliers (den Abeel bosch) et qui comprenait 10 bonniers, fut séparé de la seigneurie de l'Ecluse et vendu par Antoine de Hennin dit de Fontaines à Guillaume, fils de Jean Moreel, moyennant 263 florins du Rhin 4 sous (relief du 5 novembre 1522). D'autres terrains étaient couverts de vignobles (« tierce de jardin planté d'arbres à fruit, qui soloit être une vigne, près du chemin de Jenneville à Louvain ; journal de vigne, sur le mont, à Jenneville, XVIIe siècle »).
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport a leur étendue :
Il n'existe pas d'exploitation de plus-de 50 hectares : M. Alexandre-Joseph Bivort avait établi, â Geest, au N.-O. de l'église, une exploitation où il se livrait, il y a quelques années, â l'élève des arbres fruitiers ; mais cet établissement n'a pu subsister.
Le nombre des animaux domestiques constaté^ Geest-Saint-Remy par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/3 pieds de Louvain.
Il existait anciennement deux moulins à eau â Geest-Saint-Remy. Le premier, pour lequel le domaine ducal de Brabant payait un cens annuel de 2 deniers 2 esterlins à l'abbaye de Saint-Laurent, de Liège, se trouvait à Geest même. C'est évidemment le moulin qui était, en 1278, considéré comme une annexe de la terre de Mélin. En 1388, on l'appelait le Noir molin et il était affermé par le domaine moyennant 13 muids de seigle mesure de Louvain ; Baudouin, seigneur de Fontaines et de Mélin, le reprit ensuite à cens, moyennant 6 muids de seigle par an, et le donna en mariage, avec sa fille naturelle, à Jean du Bray, qui « mena tellement le moulin », qu'il tomba tout à fait en ruine. A partir de l'année 1452, il resta abandonné, mais bientôt le domaine en réclama la possession, pour défaut de payement du cens, et, en 1461, on l'adjugea â Baudouin Henrie, aux mêmes conditions et à charge de rebâtir l'usine, de la munir d'ustensiles et de rembourser les rentes dont elle était grevée. Mais en 1488, par suite des guerres civiles du Brabant.
Le moulin fut de nouveau abandonné et personne ne voulut plus l'affermer. Le Moulin de Genville était banal pour les habitants du voisinage ; sa banalité s'étendait jusque sur la ferme de Wahanges, à l'Écluse, propriété du monastère d'Averboden , qui fut affranchie de cette obligation par la duchesse Jeanne. Ce moulin était également une propriété du domaine ducal et était affermé : en 1278, moyennant 3 muids de blé (valant 100 sous) ; en 1376, moyennant 20 muids de blé, mesure de Louvain ; en 1388, moyennant 21 muids ; en 1401, moyennant 16 muids ; en 1454-1456, moyennant 21 muids. Les seigneurs de Mélin le gardèrent longtemps, en arrentement, pour 27 muids, mesure de Jodoigne, par an ; en 1568, ils l'avaient donné en location, moyennant 12 livres d'Artois. Il fut ruiné par les guerres et resta abandonné, vers 1577, et, plus tard, Eléonore de Cordova, dame de Mélin, le restitua au gouvernement espagnol. Celui-ci l'ayant vendu, en 1650, avec le domaine de Jodoigne, Jean-Engelbert, comte de Romrée et de Jodoigne, en céda l'emplacement, avec le cours d'eau et un demi-bonnier de prairie, à Philippe Chaltin, moyennant 28 florins de rente annuelle et à la condition qu'on ne pourrait rebâtir en cet endroit un moulin à blé, mais seulement un moulin à huile, qui devrait valoir 300 écus (acte du 13 janvier 1731).
Chaltin céda l'usine à Guillaume de Baty (relief du 5 mars 1739), qui eut un fils, nommé Jean (r. du 31 mai 1766). Marie-Josèphe Collart, qui était née eu 1778 et avait épousé Jean de Geest, en fit le relief le 16 mai 1795. Ce moulin, que Henri de Geest transforma de pressoir à l'huile et de batterie de chanvre en moulin à farine (autorisation du 3 mars 1843), a été acquis de la famille Goes par M. Lesage. Il a été presque entièrement reconstruit et le propriétaire actuel a fait entreprendre de grands travaux pour accroître de plus des deux tiers le volume des eaux du ruisseau, volume qui devenait tout à fait insuffisant. Le moulin actuel a une seule roue et deux couples de meules ; il sert à la fois à fabriquer de la farine et de la drèche. Le niveau de la retenue d'eau est à 62 m. 74 au-dessus du niveau de la mer.
Un grand nombre d'ouvriers s'occupent de l'extraction et de la taille des pierres blanches et un certain nombre d'entre eux vont, en été, travailler dans les villes.
On compte à Geest-Saint-Remy 48 chemins vicinaux et sentiers, mesurant ensemble 32,635 mètres, dont 6,190 sont pavés.
Le chemin de grande communication n°65, de Mélin à Geest-Saint-Jean, traverse la commune sur une étendue de 1,320 mètres.
Une tombe doit avoir existé à Geest-Saint-Remy, dans la plaine qui s'étend au N.-O. du village et dont une partie s'appelle encore le Champ de la Tombe, d'après un tumulus artificiel, qui a disparu sans laisser de vestige. D'après Gilles d'Orval, les trois Geest auraient été situés en dehors du comté de Brugeron, dont les limites passaient entre Genville, d'une part, et Zétrud-Lumay, d'autre part.
Le village est mentionné dès l'an 1034. Il se trouvait alors dans le comté de Louvain (in comitatu Lovaniensi) et fut donné, avec son église, la forêt qui y appartenait à l'évêché de Liège, des cultures, des dîmes et d'autres revenus, par l'évêque Réginard à l'abbaye de Saint-Laurent qu'il avait fondée, pour être possédé aussi librement que par lui, exempt de toute juridiction. Cette cession s'accomplit le 3 novembre, par l'intermédiaire du comte de Louvain Lambert II, que le prélat constitua avoué du domaine de Geest. Depuis cette époque, le monastère de Saint-Laurent posséda la plus importante des seigneuries foncières du village. En qualité d'avoués, les comtes de Louvain prélevaient dans ce dernier, par ménage, un denier, une poule et un dizain d'avoine, pour eux et leur chasseur, lorsqu'ils allaient y chasser aux loups. Par ce qui précède on voit combien est peu fondée la tradition d'après laquelle Alpaïde, la fondatrice du chapitre d'Hougarde, aurait donné aux comtes de Louvain ou ducs de Brabant, pour être avoués de ce chapitre, Jodoigne et les trois Geest. Cette Alpaïde, qui vécut vers l'an 1000, ne peut avoir fait donation de ce qui était possédé en 1034 par l'évêque Réginard.
Vers le milieu du douzième siècle, deux frères, qui s'appelaient Arnoul et Jean de Geest, abandonnèrent à l'abbaye de Saint-Nicaise près de Reims leur patrimoine, qui servit à fonder le prieuré de Hamme (Voir Hamme, Histoire). Malgré les efforts de Jean, ce bien finit par lui échapper et passa de l'abbaye de Bonne-Espérance, qui en fit l'acquisition en 1677 à celle de Valduc. Dans le patrimoine des de Geest était compris le bien de Visene ville (Jusene ville?) ou Genville, qui, au siècle dernier, rapportait, par an : 39 chapons, 5 mesures de froment, 321 deniers, 64 pains, 15 florins 17 sous 3 deniers 8 mites.
Geest-Saint-Remy fut l'une des localités qu'un duc de Brabant (Henri 1er très probablement) affranchit de toute servitude moyennant un cens annuel. Ce cens consistait : en 1278, en 56 sous, 1 1/2 muid d'avoine (ou 12 sous) et 6 gélines ou poules (valant 2 sous) ; en 1401-1402, en 42 sous (ou 4 livres 19 sous, en 1654-1656) 1 muid et 5 setiers d'avoine et 7 poules. Genville fut aussi affranchi, mais comme annexe de Geest-Sainte-Marie.
Un nommé Pierre Du Mont, de Gobertange, ayant rompu un pont qui conduisait aux pâturages communs de Geest-Saint-Remy, dans le but d'en interdire l'accès aux habitants, fut condamné, le 7 octobre 1587, à une amende de 5 florins.
Au XVIIe siècle, Geest devint une seigneurie distincte, dont les possesseurs furent honorés du titre de comte ; on les appela d'ordinaire comtes de Saint-Remy.
Le 27 juillet 1786, par un temps des plus orageux et pendant la récolte, quatre personnes, se disant féodaux ou hommes de fief de la cour de Lothier, arrivèrent de Nivelles à Geest-Saint-Remy et prétendirent visiter les chemins de ce village, quoiqu’une inspection eût déjà été faite par les soins du maire et des échevins. Le maire, ayant refusé de déférer aux ordres de ces personnes, fut cité à comparaître en justice pour n'avoir pas obtempéré aux ordres du bailli de Nivelles et du Brabant wallon ; mais il allégua pour sa défense que Geest-Saint-Remy avait été séparé du domaine de Brabant depuis que la juridiction à tous les degrés , avec le droit de visite des chemins, y avait été cédée à des particuliers ; que les limites du Roman-pays ne s'étendaient pas au delà de la Dyle et du Thile (allégation fort contestable), que la cour de Lothier avait été abolie en 1766, que, de plus, la visite qui avait soulevé le litige s'était faite par des personnes dont aucune n'était vassale du duché, et sans la coopération du grand-bailli. Le conseil de Brabant, se basant sur des motifs analogues à ceux qui l'avaient guidé dans un litige du même genre soulevé à Noduwez, annula les amendes comminées à la suite de cette prétendue inspection et ordonna aux parties de se régler d'après une sentence régulatrice rendue par lui le 23 janvier 1787 (12 mars 1788).
Geest-Saint-Remy faisait jadis partie de la mairie de Geest-Saint-Jean. Depuis l'an III, il ressort .au canton de Jodoigne. Dans le principe, la paroisse était « du tout à monseigneur, et toutes amendes s'y jugeaient selon la loi de Louvain ». Les ducs de Brabant y eurent la juridiction jusqu'en l'an 1680 qu'ils la donnèrent en engagère, ainsi que nous le dirons plus loin. A Geest-Saint-Remy et à Genville, on allait à chef de sens et en appel à Louvain.
Deux échevinages particuliers existaient dans le village : l'un à Geest-Saint-Remy, l'autre dans la seigneurie de Genville. Le premier, qui était à la nomination de l'abbé de Saint-Laurent, avait un sceau sur lequel on voit le patron de ce monastère, vêtu d'habillements sacerdotaux, portant dans la main gauche un livre, et soutenant de la main droite le gril sur lequel il souffrit le martyre ; dans le champ du sceau on remarque des étoiles à six rais et, tout autour, une légende dont nous n'avons pu lire que ces mots : DE GHEST. Au dix-septième siècle deux échevinages jugeant au civil et au criminel furent constitués par les comtes de Saint-Remy et par les seigneurs de Genville.
Le domaine ducal possédait à Geest, en 1278, des prés qui étaient arrentés moyennant 33 sous 4 deniers et le moulin de Genville; il y percevait un cens qui montait : en 1403-1404, à 55 sous 8 deniers ; en 1654-1656 (y compris quelques cens à Chebais, sous Jodoigne), à 13 livres 3 sous 3 deniers. L'on y instituait, en outre, au nom du souverain, une foresterie, dite parfois foresterie des blés parce que le titulaire de ces fonctions avait pour mission principale la surveillance des moissons ; en 1407-1408, cette foresterie était affermée moyennant 12 couronnes par an ; vers 1477, elle produisait 35 sous et, au commencement du siècle suivant, 30 sous seulement. Tous les droits réels du domaine passèrent, en 1650, aux seigneurs engagistes de Jodoigne.
Sous le rapport des aides ou, si l'on veut, sous le rapport administratif, Genville était également séparé de Geest-Saint-Remy. En 1383, le premier de ces villages payait une cote de 9 vieux écus, tandis que le second en payait une de 26 1/3 vieux écus.
Le budget de la commune , pour 1870, présente les chiffres suivants :
Outre le domaine que l'abbaye de Saint-Laurent acquit à Geest-Saint-Remy par la donation de l'évêque Réginard, il en subsista un deuxième à Genville, qui appartint toujours à des laïques, et il se forma une troisième seigneurie au XVIIe siècle, lorsque les souverains de notre pays engagèrent, puis vendirent les juridictions qu'ils possédaient au plat-pays.
La haute, moyenne et basse justice dans les trois Geest, à Genville et à Piétremeau (sous Piétrain) fut engagée, le 20 août 1630, pour la somme de 2,000 florins, à M Le Comte dit d'Orville, qui (selon d'autres, ce fut Jacques Blyleven) augmenta son engagère de 1,500 fl., le 5 février 1643. En 1648, les autres villages ayant été ensemble vendus à un autre particulier, Geest-Saint-Remy resta à Charles-Philippe Le Comte, écuyer de l'archiduc Léopold, qui, en 1650, en est qualifié seigneur.
Plus tard, Geest-Saint-Remy fut encore vendu, moyennant une surenchère de 1,600 livres sur le prix de vente de 1643 et de 2,290 livres sur le prix de 1626, par conséquent moyennant 3,200 livres, à don Diégo de Borques ou Bohorques, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Jacques, maître de camp, gouverneur de Stevensweert, fils de don Rodrigo, qui avait été gouverneur des îles Canaries, et neveu du marquis de Los Trugillos (23 août 1662). Peu de temps après ce gentilhomme fut créé comte de Geest-Saint-Remy, en considération de l'ancienneté de sa famille, des services signalés qu'il avait rendus depuis 28 ans comme soldat, puis comme capitaine et enfin comme maître de camp, et de la bravoure qu'il avait déployée dans plusieurs sièges et batailles. Don Diégo avait prouvé qu'il possédait, en Andalousie, un revenu annuel de 3,000 écus de rentes, constitué en majorat (lettres patentes datées de Madrid, le 13 novembre 1662; réversales du 8 février suivant). Il annexa à son comté les villages d'Herbais et de Piétremeau (tous les deux sous Piétrain), qu'il acheta du président de la chambre des comptes, Le Roy.
Son frère, don Barlholomeo Alvarez de Bohorques lui succéda (r. du 30 septembre 1667 et du 30 septembre 1671), et légua à son fils, don Balthasar-Joseph Alvarez, chevalier d'Alcantara, son titre de comte de Saint-Remy (r. du 3 juin 1677), mais non la terre de ce nom et ses dépendances, qu'il avait fait vendre publiquement. L'acquéreur, Thierri, comte Vander Nath (r. du 15 décembre 1674), n'en resta pas longtemps possesseur. En son absence, ses biens furent saisis et, à la suite d'un décret du conseil de Brabant, Geest-Saint-Remy, Herbais et Piétremeau passèrent â Marie-Isabelle De Mares, douairière de sire Augustin Pachéco, général de bataille, grand bailli de la ville et seigneurie de Termonde (r. du 4 décembre 1686).
Cette dame, qui obtint pour elle et ses héritiers la confirmation de l'érection de Geest-Saint-Remy en comté (lettres patentes du 20 septembre 1688, r. du 7 septembre de l'année suivante), a laissé à la ville de Bruxelles un témoignage éloquent de sa munificence. Par son testament, qui porte la date du 19 juin 1713, elle a fondé un hospice portant le nom de son mari et où doivent être entretenues des dames célibataires ou veuves âgées de 50 ans au moins, en aussi grand nombre que les revenus de la fondation le permettraient. L'hospice, qui occupait primitivement une partie de l'emplacement où s'élève aujourd'hui l'hôpital Saint-Jean, a été transféré, en 1835, au boulevard de Waterloo et reçoit actuellement 48 pensionnaires.
N'ayant pas d'héritiers directs, la comtesse laissa ses biens à son cousin, Albert-Xavier Triest, seigneur d'Auwegem (r. du 22 décembre 1713', qui, par donation entre vifs, céda la terre de Geest-Saint-Remy à Ferdinand-Joseph d'Olmen de la Court-au-Bois, seigneur de l'Escaille (r. du 2 septembre 1744). Celui-ci obtint, le 22 mars 1745, des lettres patentes qui l'autorisaient à prendre le titre de comte de Saint-Remy et lui confirmaient ses armoiries : d'argent au chevron d'azur, chargé de cinq fleurs de lis d'or et accompagné de trois coqs de sable. Le titre de comte fut appliqué, le 1er mai 1762, sur la terre de Geest-Saint-Remy. D'Olmen n'eut qu'un fils de Marie-Françoise De Pape, Joseph-Matthias-Hyacinthe (r. du ler mai 1762), qui s'allia a sa cousine, Marie-Hippolyte de Vicq de Cumptich, et eu eut six enfants, morts tous sans postérité, sauf Henriette-Marie d'Olmen de Saint-Remy, qui s'est alliée à Jean-Charles, vicomte de Spoelberch de la Bawette. Son frère, Ferdinand-Josepli-Ghislain, dernier comte de Saint-Remy, qui est mort à Bruxelles en 1829, à l'âge de 74 ans, avait relevé ses seigneuries le 24 août 1774.
Le domaine seigneurial de Geest-Saint-Remy était peu important. Nous voyons, dans un acte du 11 août 1742, que la chasse n'y était louée que 7 florins par an et le même droit, à Herbais et Piétremeau, que 3 fl. La seigneurie de Genville formait, de temps immémorial, un fief relevant du duché de Brabant. Ce fief consista d'abord en 9 bonniers de terres, situés à Saint-Jean-Geest, dont Godefroid du Mont (de Monte) et Colard ou Nicolas, son fils, possédaient chacun la moitié, en 1312. Messire Baudouin de Rassenhove ou Racourt étant devenu possesseur du bien de Genville, ce dernier prit le nom de Cens de Racourt. Baudouin le laissa à son fils Jean ( r. du 4 octobre 1364), qui le vendit à Isabelle d'Enghien, dame d'Herbais (r. du 25 mars 1407-1408) ; il consistait alors en un livre censal qui valait auparavant, par an, 60 chapons, 4 muids de seigle, 15 pains, et fut alors évalué à 53 chapons, 24 sous de Louvain, 39 pains, un muid de seigle et quelques redevances et avoine. Pierre d'Herbais, fils d'Isabelle (r. du 2 juillet 1422), fut père de sire Simon, et celui-ci de maître Jean, chanoine de Liège, et d'Adrien (r. du 23 novembre 1467), après qui la seigneurie passa à leur frère Simon (r. du 10 septembre 1485). Celui-ci, devenu chevalier, en céda la propriété à Jean, fils de Jean Puttaert, en stipulant que lui et son fils Simon, qu'il avait eu de Gertrude Moens, conserveraient pendant 10 ans le droit de racheter le cens de Raetshoven, pour la somme de 297 florins du Rhin (r. du 22 mars 1500-1501).
Puttaert, à son tour, céda le fief à Jean Berwouts (r. du 10 janvier 1525-1526). A cette époque, le Cens de Racourt s'étendait sur les trois paroisses de Geest-Saint-Remy, Geest-Sainte-Marie et Geest-Saint-Jean, avait un maire et des tenanciers particuliers et produisait, par an, 52 1/2 chapons, 32 sous 2 deniers, 14 pains, 10 molevaten de froment, 12 molevaten d'avoine, 6 œufs, etc. Pierre Berwouts, fils de Jean (r. du 18 février 1540-1541), le céda en échange, avec une maison qu'il habitait, à Roesbeke (Roosebeke, près de Tirlemont), à maître Jean, fils d'Adrien de Ranst (r. du 15 janvier 1550-1551). Les enfants de l'acquéreur : Adrien, maître Walter et Martin Van Ranst, le vendirent à maître Nicolas Weldamme, avocat au conseil de Brabant (r. du 19 avril 1567). Celui-ci n'eut qu'une fille, nommée Catherine, qui épousa maître Gaspar Roelofts (r. du 3 juillet 1586). Leur fils, messire Gaspar (r. du 28 mars 1589), vendit le fief à Catherine de Bouchoudt, veuve de messire Pierre de Bausele, et à leurs enfants : messire Charles, Catherine et Marguerite de Bausele (8 août 1607).
Charles de Bausele fut père de messire Hugues-Nicolas (r. du 23 décembre 1635), qui donna un instant une grande importance à son domaine en achetant du gouvernement espagnol pour la somme de 7,800 livres, y compris 3,500 livres, montant des engagères antérieures, la haute, moyenne et basse justice de Geest-Saint-Jean, Geest-Sainte-Marie, Pietremeau (à Piétrain) et Genville (lettres patentes du 15 décembre 1648, r. du 29 juillet 1650 et du 27 mai 1652) ; mais cet ensemble ne subsista qu'un moment. L'achat de Geest-Saint-Jean avait été fait au nom de Winand-Charles, comte de Glymes ; Geest-Sainte-Marie fut recédé au chevalier Jacques Collaert, et Piétremeau au président Le Roy ; Genville même fut revendu, moyennant 800 florins du Rhin et à condition de payer au domaine un droit de mutation s'élevant au vingtième (soit 40 fl.), à Jean Van Lantwyck (r. du 28 juillet 1657), lequel acquit également le Cens de Raetshoven de messire Hugues-Nicolas de Bausele et de son frère et héritier, messire Henri-Charles de Bausele, drossard de Diest (r. du 19 juillet 1655), qui eut pour successeurs :
Jean-Libert, son fils (r. du 23 juillet 1670) ;
Catherine-Barbe de Lantwyck, femme de Charles de l'Escaille (r. du 28 février 1711) ;
Henri de l'Escaille, conseiller des finances, mort le 5 octobre 1770, à qui sa femme, Marie-Catherine Maisin, veuve de Matthieu Joris, morte le 17 avril 1780, donna cinq enfants : Marie-Françoise, Augustin-Henri, Constance- Alexandrine, Charles-Théodore, et Henriette, femme du conseiller privé de Kullberg ;
Henri et Charles de l'Escaille (r. du 11 décembre 1771), l'un et l'autre avocats au conseil de Brabant ;
Maître Jacques-François Wyns, avocat à Bruxelles, par achat en date du 25 juillet 1782 à Henri de l'Escaille, avocat, receveur des exploits au conseil de Brabant (r. du 27 septembre 1788). Ce jurisconsulte, qui était un homme actif et remuant, quitta le pays lors de la seconde invasion française, en 1794, et mourut à Londres le 24 novembre de la même année, âgé seulement de 37 ans. Il se qualifiait dans ses écrits de Jacques-François de Raucourt, dit Wyns de Raetshoven, d'après la petite seigneurie de Raucourt ou Raetshoven, dans les trois Geest, qu'il avait acquise en même temps que celle de Genville. C'est de son frère, Nicolas-Joseph Wyns, vice-président du tribunal civil du département de la Dyle, puis conseiller à la cour impériale de justice ou cour d’appel de Bruxelles, créé chevalier par le roi Guillaume Ier, le 9 janvier 1821, mort le 4 novembre 1824, qu'est né François-Jean, chevalier Wyns de Raucourt, avocat, conseiller communal de Bruxelles en 1836, bourgmestre de cette ville de 1841 à 1848, sénateur en 1847, mort sans enfants le 4 janvier 1857, laissant pour héritier son neveu. M. Zaman.
Les héritiers de l'Escaille n'avaient aliéné que leurs droits seigneuriaux, la haute, moyenne et basse justice de Genville, et les livres censaux de Genville et de Raetshoven ou Raucour à Geest-Saint-Jean, s'étendant en outre sur Geest-Sainte-Marie, Zétrud-Lumay, L'Ecluse, etc. ; en 1794, ils possédaient encore à Geest-Saint-Remy 20 bonniers 2 journaux de terres. Genville et Raetshoven, après avoir longtemps formé deux fiefs différents, l'un et l'autre tenus du duché de Brabant, furent réunis pour n'en former qu'un seul, en vertu d'un décret du prince Charles de Lorraine rendu en faveur de la veuve du conseiller de l'Escaille, le 30 novembre 1771.
Il y avait, à Geest, une cour de Fonteniz, qui suivait la coutume de Louvain. Peut-être était-ce la même seigneurie que Rase de Brocktea possédait à Jensville, en 1450.
Les chevaliers de Geest sont fréquemment cités dans les diplômes. Walter de Geist vivait en 1107 ; Olivier de Gest s'allia, vers 1143, à la fille de Berthe d'Anderlecht, l'une des plus riches dames des environs de Bruxelles ; Arnoul et Jean de Geest fondèrent, comme nous l'avons dit, le prieuré de Hamme ; Thomas de Gest et son frère Henri souscrivirent, en 1154, le don du domaine de Seumay à l'abbaye d'Heylissem, et le même Thomas abandonna ensuite (antérieurement à l'année 1172), au monastère de Villers, un bien qu'il possédait en alleu ; au mois de septembre 1230, Aleyde de Geest-Saint Remy est citée avec son fils et ses filles G. et Julienne ; Nicolas de Gest, qui mourut en 1303, fut abbé de Villers. Ce monastère avait, à Geest-Saint-Remy, en 1314, une seigneurie, avec juridiction foncière, et, en 1794, y possédait 10 bonniers 1 journal de terres et de prairies, un cens de 13 florins 12 sous 12 deniers, 4 muids de froment et 61 1/2 chapons, et, en rentes aux environs, 16 fl., 7 1/2 vaisseaux de seigle et 2 1/3 vaisseaux de froment.
L'église médiane de Saint-Remy, de Geest, était à la collation de l'abbaye de Saint-Laurent, de Liège, et a fait partie, à toutes les époques, du concile ou doyenné de Jodoigne. Après le concordat, la paroisse fut réunie à celle de Geest-Sainte-Marie, puis en fut séparée, nous ne savons à quelle époque, pour former une succursale distincte.
En 1666, le curé jouissait d'un tiers de la dîme et de 18 bonniers de terres ; plus tard, à la suite d'un accord conclu le 29 novembre 1703, tous les biens de la cure, sauf le presbytère même et ses dépendances, qui comprenaient 3 journaux, furent cédés à l'abbaye de Saint-Laurent, qui, de son côté, promit de payer 350 florins par an au pasteur de la paroisse et lui abandonna tout le casuel. En 1720, nouvelle convention, qui attribua au curé la moitié de toute la grande et petite dîme. En 1787, le revenu du curé s'élevait à 1,481 florins, et dans cette somme sa part de dîme figurait pour 700 fl. Le curé était rentré en possession de ses biens, qui furent attribués par le gouvernement français à l'ordre de la Légion d'honneur, puis vendus à divers particuliers, le 22 décembre 1810, pour 23,025 francs ; ils consistaient en 19 hect. 98 ares (18 bonniers). A la cure, bâtiment fort convenable, quoique simple, on lit les dates 1754 et 1766.
Outre les bénéfices de Notre-Dame, de Sainte-Catherine et de Saint-Jean, qui, à la fin du siècle dernier, étaient depuis longtemps réunis â la cure, il y avait une chapellenie de Saint-Nicolas, dont les revenus 'avaient été compris dans la dotation du séminaire épiscopal de Namur. Il y avait en outre une marguillerie perpétuelle, à laquelle était annexé un canton de dîme. Un curé, nommé La Mormeny, légua à ses successeurs un capital de 800 florins de change, à la condition de chanter une messe le jeudi.
Les revenus de la fabrique s'élevaient : en 1787, à 161 fl. ; en 1846, à 510 francs. La fabrique possède 6 hect. 33 ares.
Lorsque l'évêque de Namur visita l'église le 18 mai 1666, il la trouva dans un état satisfaisant, sauf les chapelles latérales au chœur, dont l'entretien était à la charge des bénéficiers : dans l'une de ces chapelles, celle de Notre-Dame, dont le bénéfice était uni à la cure, il y avait une fenêtre dont les meneaux étaient brisés et par laquelle on aurait pu s'introduire dans le temple ; l'autre chapelle, celle de Saint-Nicolas, où l'on avait transféré les bénéfices de Saint-Jean et de Sainte-Catherine, jadis desservis dans la nef, ne possédait ni nappe, ni tabelle, ni candélabres, ni antipendium ; la voûte et le toit étaient pénétrés par l'humidité ; les pierres étaient préparées pour l'établissement d'un nouveau pavement, mais les recteurs des bénéfices refusaient de contribuer dans ce travail. La sacristie avait été réparée, mais il ne s'y trouvait pas non plus de pavement, et le cimetière était accessible de tous côtés, inconvénient auquel l'échevinage promit de remédier.
Près de cent ans plus tard, comme l'église se trouvait dans un état complet de délabrement, l'abbé de Saint-Laurent, pressé de la reconstruire, y fit travailler, en 1759 ; mais avec une précipitation si grande que le maire, les échevins et les principaux adhérités se plaignirent de n'avoir pas eu communication des plans. De là procès au conseil de Brabant. Par une sentence du 28 août 1760, le plan du nouvel édifice fut approuvé; l'abbaye fut astreinte à élever une nouvelle tour qui devait avoir au moins 7 pieds de plus que la nef, en hauteur ; dans le cas où les habitants voudraient l'exhausser davantage, ils devaient contribuer dans la dépense, à dire d'experts. La communauté, en effet, ne tarda pas à réclamer contre certains détails de la nouvelle construction, et un accord, conclu en 1768, avec l'approbation du seigneur du village, fit droit aux plaintes des habitants. Le chœur était trop petit ; il fut allongé de 16 pieds, mesure de Louvain, et l'on y ouvrit, de chaque côté, une fenêtre de plus ; un jubé fut établi au-dessus du portail ; la communauté fit élever une flèche octogone, haute de 30 pieds, et dont l'entretien était à sa charge, sauf la partie inférieure, sur une hauteur de 7 pieds. Le plan de ces changements était dû à l'architecte Bovesse.
L'édifice qui donna lieu à ces débats est de peu d'importante et ne présente pas le moindre caractère architectonique. Il se compose d'une seule nef de trois travées et d'un chœur de deux travées avec abside à trois pans. Cette abside est aveugle, sauf que chaque pan latéral est percé d'une fenêtre quadrilatérale. Le vaisseau est recouvert par un plafond en cintre surbaissé. On peut encore reconnaître que la maçonnerie du chœur date de deux époques différentes ; le souvenir des travaux d'agrandissement opérés en 1768 est conservé par le millésime qu'on lit à l'extérieur de l'abside. Il est accompagné d'un ciboire, probablement pour indiquer que le curé ou, si l'ou veut, la fabrique, y contribua. En tête du vaisseau s'élève une tour carrée, éclairée dans le haut par de petites fenêtres, et surmontée d'une flèche. Cette tour contient trois cloches, dont deux ont été refondues en 1861. Au bas d'une de ses faces latérales, vers le midi, se trouve une porte par laquelle on entre dans l'église. Cette dernière n'offre rien à citer à l'intérieur, si ce n'est un tableau représentant le baptême de Clovis. Les autels latéraux sont dédiés à la Vierge et à saint Remy. Sur le cimetière on a vu longtemps une tombe brisée en deux parties et offrant la représentation de deux personnages et celle des armes du souverain, accostée des deux colonnes qui servaient d'emblèmes à l'empereur Charles-Quint. Selon la tradition, cette tombe aurait été celle d'un comte et d'une comtesse de Saint-Remy, mais à tort, comme le prouvent les mots suivants, que nous sommes parvenus à déchiffrer : CY GIST RAES DE FONTENY EN SON TEMPS — MAIEUR DE GEEST GERONPONT QUI TRESPASSA — L’AN XV ET XL …. JEANNE DE RAUL … XV DE XBRE. Cette pierre a été, très mal à propos, placée devant la porte latérale de l'église, et elle ne tardera pas à devenir complètement fruste. Il y a quelques années, on a établi, en avant de la tour, un bel escalier de pierres bleues, fermé par une grille et qui s'appuye latéralement à des murs en pierres de Gobertange.
En 1666, les biens des pauvres se distribuaient à tous les habitants, deux ou trois familles, excepté. En 1787, les revenus de la Table des pauvres montaient à 144 fl. 15 sous ; actuellement, le bureau de bienfaisance possède 5 hectares 1 are.
Le budget du bureau, pour l'année 1870, a été fixé comme suit :
En 1660, le marguillier n'ouvrait pas d'école, bien qu'il y eût dans le village 50 enfants environ et que l'échevinage fût disposé à lui assigner une allocation annuelle, prise sur les revenus de la Table des pauvres. L'évêque lui ordonna alors de remplir ses obligations. Une salle d'école, avec chambre communale, a été bâtie en 1855.
Le nombre des élèves qui ont été admis à recevoir l'instruction gratuitement s'est élevé : en 1858-1859, à 96 : 53 garçons et 43 filles, et, en 1869-1870, à 97.
La fête locale se célèbre le 1er octobre ; il y a, en outre, une petite fête le dimanche qui suit le 6 décembre.
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