Braine-l'Alleu (et non Braine-l'Alleud, car le mot alleu, d'après le Dictionnaire de l'Académie française, ne se termine pas par un d) s'appelait d'abord Braine ou Brayne (en latin, Brania, 1131, 1107, 1218, 1221, 1226 ; en flamand, Brakcen, 1383, ou Brachene, que l'on retrouve latinisé, sous la forme Bracna, dans un diplôme de l'an 1160). Encore aujourd'hui, dans la partie orientale du canton de Nivelles, on ne désigne pas autrement Braine-l'Alleu ; mais, à l'ouest de la Sennette, si on dit simplement Braine, cela s'applique à la petite ville de Braine-le-Comte, en Hainaut.
La plupart des documents offrent le nom complet avec des variantes peu importantes. Ainsi, on a écrit successivement en latin : Brannia de allodio (1216) ; Brania allodii (1223, 1250, 1395, 1441) ; Brania allodium (1250) ou Brayne allodium (1381) ; en roman ou français, Braine lalluet (1312, 1366) ; Brayne lalluet (1360) ; Braisne laleut (1427) ; Brain lalloit (1437) ; Braine laleut ou Braysne le leut (1444) ; Brayne laluet (1488) ; Brayne le leu (1489) ; Braine lalleux (1519) ; Braisne lalleux (1548 ) ; Braine laleux, (1570) ; Braine laloeux (1685) ; Brayne l'alleud (1686) etc. ; en flamand, Bracchen eyghen (1413) ; Braechen eygen ( 1445, 1460, 1489), ou Braeken eygen. En wallon, on prononce Braine-l'alieu.
Ce nom a donné lieu à maintes hypothèses bizarres, nous pourrions même dire ridicules. On en a attribué l'origine à l'un des chefs gaulois Brennus ; or, des deux Brennus, aucun, que l'on sache, n'est venu en Belgique ; ils conduisirent leurs compatriotes, le premier, du centre de la Gaule en Italie, le second, de la Germanie en Grèce. On a fait aussi dériver Braine de Brenn, qui signifie, en langage celtique ou en breton, chef, ou le son, ou une espèce de jonc. Il s'expliquerait mieux par taillis ou quelque chose d'approchant, car on le trouve employé, en l'année 1208, comme ayant à peu près la signification de forêt (mansionarius... in sylvam vel braniam proficiscatur). On a parfois prétendu que Braine venait du flamand braek, en allemand brach, jachère, terre en friche ; mais nous ferons observer qu'en France on trouve aussi des Braine, et notamment Braine ou Braisne-sur-Vesle, près de Soissons, où les rois mérovingiens ont eu un palais, et Braisne-sur-Uronde, près de Compiègne. Au surplus, les différentes localités du nom de Braine, en Belgique, Braine-l'Alleu, Wauthier-Braine, Braine-le-Château, Braine-le-Comte, Mer-Braine, paraissent avoir pris leur nom des rivières aux bords desquelles elles sont assises, et non seulement le Hain s'est jadis appelé la Braine, en flamand de Braçhene, mais il en était de même, semble-t-il, de la Senne. Le mot Alleu (eygen) a été évidemment ajouté en considération de ce que Braine était une terre allodiale, un domaine libre des ducs de Brabant, peut être une fraction de l'antique patrimoine des comtes de Louvain, tandis que Wauthier-Braine, Braine-le-Château et Braine-le-Comte formaient autant de seigneuries, de fiefs. Quand nous lisons dans Guichardin qu'alleu équivaut à pension et que Braine fut jadis sujet à pension, nous avouons que nous ne comprenons pas sa pensée.
La commune de Braine-l'Alleu est limitrophe de celles de Rhode-Saint-Genèse, Waterloo, Plancenoit, Lillois, Ophain, Wauthier-Braine, Hal, Tourneppe et Alsemberg.
Braine-l'Alleu est à 3 kilomètres d'Ophain, 4,5 km de Lillois, 5,5 km de Plancenoit et de Wauthier-Braine, 6 km de Waterloo, 7,5 km d'Alsemberg, 8 km de Rhode-Saint-Genèse, 9,5 km de Tourneppe, 13 km de Hal, 11 km de Nivelles, 19 km de Bruxelles.
L'église de Braine-l'Alleu se trouve située par 56 grades 31 de latitude N. et 2 grades 26 de longitude E. L'altitude du sol est de 109 mètres à 200 m. N. de l'église, au point de jonction des routes venant de Mont-Saint-Jean et de Mont-Saint-Pont.
Le cadastre divise le territoire de Braine-l'Alleu en 10 sections : la section A ou du Chênoit et de l'Ermite, la section B ou de Longchamp, la section C ou de Mer-Braine, la section D ou de Goumont, la section E ou de Pospol, la section F ou du Vieux Foriet, la section G ou de la Praie, la section H ou de la Bruyère d'Alconval, la section 1 ou du Village, la section K ou de la Forêt de Soigne.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 4.791 parcelles, appartenant à 1.172 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 174,693-68 fr. (sol : 143,375-68 ; bâtiments : 31,318-00) et ayant une contenance de 2,980 hectares 19 ares 04 centiares (imposable : 2.911 hect. 30 a. 90 ca. ; non imposable : 68 hect. 88 a.14 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
On comptait à Braine-l'Alleu, dans le territoire brabançon, en 1374, 405 ménages ; en 1436, 175 foyers ; en 1464, 216 foyers ; en 1472, 176 foyers ; en 1492, 52 foyers ; en 1526,178 maisons, dont un château et un hôpital ; en 1686, 274 maisons (dont 82 dans le bourg), 2 moulins, 4 brasseries, 18 tavernes et hôtelleries ; dans le territoire hennuyer, en 1486, 7 foyers ; dans toute la commune, au 31 décembre 1856, 1.083 maisons.
Le bourg de Braine-l’Alleu, qui compte 341 maisons ; l’Estrée, 94 maisons ; Mont-Saint-Pont, 74 maisons ; le Chênoit, 124 maisons ; le Mesnil, 58 maisons ; Mont-Saint-Jean, 11 maisons ; Mer-Braine, 56 maisons ; le Goumont, 11 maisons ; les Hauts-Tiennes, 44 maisons ; Valk, 28 maisons ; Colipain, 15 maisons ; Odegien , 66 maisons ; Sart-Moulin, 107 maisons; l’Ermite, 54 maisons.
Le bourg de Braine-l'AIIeu est situé à peu près au centre du territoire de la commune, au bord du Hain, dont la rive droite particulièrement est couverte de maisons. Il était autrefois entouré de fossés (les Fossés de la ville, 1427), dont le nom est resté à un chemin qui circule à quelque distance au N. et à l'E. de l'église. Une belle place, ornée d'un peuplier planté en 1830, occupe le milieu de l’agglomération, dont la partie orientale est assez unie, mais dont la partie occidentale offre quelques rues en pente rapide. On rattache à Braine-l'AIIeu plusieurs groupes d'habitations qui l'a voisinent, comme le Castégier (champ dit Castengnier, 1437), le Champ Craya, Colau-Hugues, la Neuve ville (citée dès le XVe siècle), la Chiennerie ou Chennerie (Chiennerée, an XIII) et la Goëtte.
On comprend sous le nom collectif d'Estrée (Strata, 1217 ; Lestreye, 1360, 1440 ; l’Estrée, 1473 ; la Streye, 1437), ancien nom qui signifie rue, un certain nombre de maisons situées à environ 800 m. N. de l'église, à proximité du Hain et de la route de Bruxelles. La partie occidentale de ce hameau est plus habituellement nommée la Planche au Pécheur ; l'extrémité S.-O. est assez isolée, on l'appelle le Rossignol.
Mont-Saint-Pont, que l'on écrit quelquefois Monchimpont, et dont la forme primitive a subi d'étranges altérations (on trouve : en 1286, Mansinpont ; en 1374 1647, Manchinpont ; en 1381 et 1385, Manchienpont ; en 1413, Manspont ; en 1403, Marcheinpont ; en 1420, Mancheinpont ; en 1473, Monchinpont), est placé à l'intersection de la route de Tubise à Waterloo et de celle de Bruxelles à Braine-l'AIIeu, à 1,800 m N. de l'église. On considère comme appartenant à ce hameau, outre la Rue, qui y est contiguë, les agglomérations de la Vau (de Valle, 1312 ; Basse Vaulx, 1530 ; Mée del Vaux, 1697, 1717), la Grange des Champs, Scolas ou Scolasse et le Doignon (Bien dou Doignon, 1374 ; Maison à Doignon, 1440, appelée aussi jadis le bien de Dyon. 1427), qui en forment le prolongement vers le S.-E.
Le Chênoit se trouve à environ 3.000 m N. de l'église, à la limite du territoire de Waterloo, sur lequel il se prolonge. On regarde comme annexes du Chênoit, Abeiche (Habeche, 1368 ; Hobecque, 1570 ; Basse-Habeyche, 1742 ; Habeiche, an XIII, qui se prononce .Abetche), au S., et Caraute, au N.
Le Mesnil (Manillium, 1236 ; Maenill, 1295 ; Menil, 1342 ; Manilium, 1342 ; Manil, 1424, 1497, 1517 ; Maynil, 1440 ; en flamand, Ter-Mayningen, 1385) est situé à 1.500 m. N.-E. de l'église, dans la vallée de la Légère Eau. Quelques-unes des maisons qui composent le Mesnil sont un peu écartées et s'appellent le Hussard ou Housard.
Le hameau de Mont-Saint-Jean appartient presque en entier au territoire de Waterloo ; il n'a sur Braine-l'AIIeu que quelques maisons situées à 2.600 m. E.-N.-E. de l'église, à la rencontre des chaussées qui conduisent vers Nivelles et Genappe. On y adjoint, sous le nom de Lion ou Monument, les maisons voisines de la colline qui a été élevée de main d'homme, en mémoire de la journée du 18 juin 1815, à 2.400 m. E.-S.-E. de l'église.
Mer-Braine, et non Merbe-Braine, comme on l'écrit à tort (Merbrayne, 1366, ce qui veut dire Petit-Braine, comme le prouvent les anciennes traductions de ce mot : Minor Brania, 1250,1319 ; en flamand, Merre Braine, 1216 ; Merre, pour Mindere-Braine, 1263, 1374, ou Menre-Brainne, 1312), occupe, à 1.400 m. E. de l'église, le bord d'une vallée dans laquelle coulait jadis un ruisseau qui émerge plus bas aujourd'hui. On rattache à Mer-Braine quelques maisons construites le long de la chaussée de Braine-l'AIIeu à Mont-Saint-Jean et connues sous le nom de Sainte-Marie-Madeleine.
On hésiterait à donner le rang de hameau au Goumont (et non Hougoumont, comme l'ont écrit Ferraris et d'après lui Wellington), si cette localité, complètement isolée, ne méritait une mention spéciale depuis que la bataille de la Belle-Alliance a illustré le château de Goumont qui s'élevait à 2200 m. S.-E. de l'église. On étend cette dénomination aux fermes de Bois-le-Duc, Bon-Air et Mon-Souhait (nommée aussi Mon-Plaisir) et à quelques maisons longeant la route de Mont-Saint-Jean à Nivelles, à 2.500 m. S.-S.-E. de l'église.
Les Hauts-Tiennes, que l'on appelle aussi Haute-Rue ou Longue-Rue (Longhe rue, 1473), forment, à environ 600 m S. de l'église, une agglomération qui constituait jadis une enclave du comté de Hainaut. L'extrémité septentrionale de ce hameau porte les noms de Paradis et Bouverée ; à l'extrémité méridionale se trouvent les Saussois, anciennement Pospol (Porspont, 1226, 1236 ; Champ de l'arbrisseau de Pouspol, 1445) ; au. S.-O. est le Mai de Hainaut, dans le voisinage du Vieux-Foriet, vers la limite d'Ophain.
Valk est le nom d'une ancienne ferme placée à 3.600 m. O.-N.-O. de l'église, que l'on a fini par appliquer aux maisons voisines et à celles de Vaux Vallées et Pau dure. Ce dernier nom, qui est wallon et signifie dure peu, a été parfois métamorphosé en Peau dure et Pandure.
Colipain est situé à 5,000 m. O.-N.-O. de l'église, à la lisière du bois de Hal ; c'est la partie septentrionale d'un hameau dépendant, pour le reste, de la commune de Wauthier-Braine ; la première maison sur Braine-l'Alleu est le Stecq.
Le hameau d'Odegien (Oudenghien, 1462) s'élève à 3.400 m. N.-O. de l'église, au milieu des bois et des collines. Ses dernières maisons vers le N. sont tout à fait isolées, à l'extrémité du triage de Sept fontaines.
Sart-Moulin (Sarmoulin, 1392, 1421, 1434 ; Sermolyn ou Chermolyn, 1425) est situé à 2.300 m. N.-O. de l'église, au bord du Hain et de la route de Tubise ; il se prolonge au N. jusqu'au Tour des Vaux (Tour des Vaulx, con dist sur Olivyr Camp, 1420), au S. jusqu'au Foriet et à la Graignette.
L'Ermite, que l’on nommait dans le principe Dudinsart (1134 ; De Dynter écrit à tort Dusenvert) ou Doudouwisat (1309), a pris son nom moderne de L’Ermite (en latin, Clusa; en flamand, Ter-Cluysen) du couvent de femmes qui y a existé au XVe siècle. Ce hameau se compose d'une série de maisons espacées le long de la route de Bruxelles, à environ 3.500 m N.-N.-O. de l'église. On y adjoint quelques habitations écartées, comme Malplaquée, le Culot et Tout lui faut (Tout li fault. 1418 ; Tout ly faut, 1434) ou Blaervelt (1466; Blaervelde. 1434).
A 1.800 m. N.-E. de l'église, la Maison Ippersiel, que les wallons transforment en Pergère ; à 2,000 m. E., le Berger, sur la route de Nivelles ; à 1,900 m. S.-E., Tout Vent, barrière sur la route de Nivelles ; à 1,400 m. S.-O., le Vieux Foriet ; à 1,600 m. O.-N.-O., le Stecq ; à 2,800 m. O.-N.-O., la Filature Marchal ; à 2,300 m. O.-N.-O , le Foriet, ferme ; à 1,900 m. N.-O., la Maison du Garde ; à 1,000 m. N.-O., le Docsaut ; à 4,500 m. N.-O., les Fermes Coghen ; à 4.900 m. N.-O., la Maison du Vicaire ; à 3.,300 m. N.-O., Tout lui faut, ferme ; à 4,500 m. N.-O ,la Graignette, ferme ; à 5,600 m. N.-O., la Maison Pierre Leemans ; à 5,700 m. N.-N.-O., Bette Catche ; à 6,000 m. N.-N.-O., la Maison Cleris.
Champ Bodange ; Champ Pallau ; Champ Brûlé ; Champ de l'Ermite ; Prés d'Abeiche ; le Soufflet ; Champ de Gerimont (Geryhaie, 1392) ; Champ des Créquiom ; Long champ ; Champ Broctiau (au Brocketeaul, 1426 Brocteelvelt, 1425) ; Champ de la Chapelle ; la Papicrée, ancienne papeterie ; Battis Gigot ; Champ du Baudet ; Bosquet del Vau ; Champ de l'Infante; le Crawillau ou Çravilleau ; la Moquerie ; Legère eau (Ligereuwe, 1485) ; Champ Metteberg ; Bruyère de Cambrai ; Bonne fosse ; Fond de Cambrai ; Champ Sainte-Anne ; Haute borne ; Champ de la Croix ; Champ de la Haie sainte ; Vertes bornes ; Bois du Goumont ; Bosquet Migneron ; Longues haies ; Champ de la Neuve Cour ; Fosse au sable; Champ Gailly ; Champ du Battis ; Fosses Denis ; Moyen champ ; Champ du Bois-le-Duc ; Fond Saint-Georges ; Closière de Poapol ; Long chêneau ; Justice d'Ophain ; Champ Saint-Pierre ; la Flohaie (1548) ou Flouhaie ; le Colbie ; Pré à la Cloche ; Vignoble (Champ de la Vignoble) ; Champ du Sadin ; Pré du Corbeau ; Pré de Nivelles ; Pré d'Ophain; Petites brunes ; le Mol, ferme ; Champ des Brunaux ; la Praie (le Prée, 1401 ; de Preye, 1425 ; la Preye, 1467) ; Hardichamp ; Champ de Stecq ; la Taillette ; Bosquet du Valk ; Champ Bestia ; Ferme de Hamme ; Champ Fagot; Bruyère d'Alconval ; le Pendu (le Pendu chaisne, que on dist le Vieulze justice, 1548) ; les Vervois ; Bois du Foriet ; Épine ; Champ Bauiv ; Claussexveidc ; Braekmansheide ; Champ du Bon Dieu ; la Berlotte ; le Closinia ; la Flortine ; Bois de Nanime ; Planté ; Croix Charles Boucher ; le Fourgon (Pré Forchon, 1425) ; Champ Saint-Zèle (ou plutôt Saint-Zet) ; Château du bourg ; Basse-Cour ; Colorum, ferme ; Warichais (Grand et Petit Werissel, 1478); Pont du Warichais ; Couture ; Pré Madame ; Vallée Bailly ; Champ Sainte-Rolande ; Closière du Pointe ; Closière à la Dîme ; Ferme du Corbeau ; Moulin Bayard ; Pont Bayard (Ruwe de Baïart, 1427) ; la Trairie, tir à l'arc au berceau ; Pré du Mol ; Forêt de Soigne ; Bois du Vicaire ; Blanchisserie ; Ferme Sain le-Gertrude ; Marché aux Moutons ; Rue des Morts ; Fossés de la Ville ; Rue Neuve ; Rue Sainte-Anne ; Rue Notre-Dame ; Chemin de Ronde ; Place de la Régence ; Rue des Tisserand s; Rue Kattekop ; Rue du Château (Rue dou Castial, 1427) ; Rue des Jambes ; Rue des Maroles ; Ruelle Fortamps ; Marché aux Porcs ; Maison Turnhout ou Rataquenée ; Rue des Pères ; Chemin des Voiturons ; Rue aux Peupliers ; Ferme du Mesnil ; Rue à la, Croix ; Chemin de la Semaillère ; Chemin de Remival ; Battis du Goumont ou de Saint-Sébastien ; Chemin du Talus ; Chemin des Saules ; Pavé Bara ; Rue de la Malou ; Ferme Scolasse ; Buisson de Braine ; Battis du Hainaut ; Chemin du long Tour ; Chemin du Seigneur ; Chemin de la Bruyère ; Chemin Rombaud ; Rue Grite; Rue Madame ; Rue à l'Eau ; Rue du Cuisinier ; Rue Gustin ; Four à verre ; Escavée ; Chemin Paliau ; Rue du Cauvie ; Rue du Régent ; Planche au Méven t; Battis de l'Estrée ; Chemin des Noces ; Chemin Coniche ; Prés de Nizelle ; Rue Chesseroux ; Ferme de Cambrai , autrefois Maison de Petit-Braine (Domus de Minori Brania, 1319) ; Chemin Niçoise ; Chemin de la Carrière ; Chemin flamand ; Roton ; Campagne Lorard ; Chemin Tisdenhoort ; Chemin Tenbroek ; Rue au Gué ; Chemin des Postes ; Sentier de Mai ; Sentier du Gros Sabot ; Pré de la Perche ; Sentier Jean Lagnia ; Sentier de Noucelle ; Sentier du Mauvais pas ; le Roctia; Cave de Pau dure ; Sentier Saint-Germain ; Ferme Caraute ; Maison Malplaquée ; Vieille Carrière ; le Sëchcron ; Sentier Danis ; Sentier Tant pire; Sentier du Fuyard ; Sentier du long Pirau ; Maison Rafroi ; Sentier du Bord ; Sentier mamour ; Trou de la Praie ; Croix Monsieur Joseph ; Sentier Jean le Jardinier ; Pont de la Blanchisserie ; Sentier Saint-Nicolas ; Petit sentier ; Sentier Jean le Meunier ; Drève des Gardes ; Sentier des Étangs ; Sentier des Ramoniers ; Sentier des Bouliers ; Sentier des Moines ; Buisson Nicolas ; Triage de Sept-Fontaines ; Triage de la Bruyère ; Croix Bernard ; Ferme du Mayeur ; Cense Delferrière ; Ferme Mathias; Maison Denuit ; Musée Cotton ; Drève de Laerheide ; Drève de Franscheheide ; Drève de la Bruyère à la Croix ; Croix Iquet ; Hôpital ; Croix Jean Bigau ; Chapelle de l'Ermite ; Chapelle du Stecq ; Chapelle N.-D. de la Paix ; Chapelle Saint-Sébastien; Chapelle Saint-Etienne ; Chapelle du Mesnil ou N.-D. des Fièvres ; Chapelle David ; Chapelle N-D. de Hal ; Chapelles Sainte-Anne ; Chapelle Sainte-Gertrude ; Chapelle Sainte-Marie-Madeleine ; Chapelle Saint-Laurent ; Chapelle du Bon Dieu de Gembloux ; Chapelles Saint-Roch ; Chapelle de tout lui faut ou Saint-Brayau ; Chapelle N.-D. de Miséricorde ; Chapelle N.-D. des Affligés ; Chapelle N.-D. de Bon Secours ; Chapelle Cloquet ou Saint-Jean-Baptiste et Sainte-Barbe.
Almelfau, fief à Odegien (1467) ; Amarivy, près de la voie allant dou Prée à Montchipont (1471) ; pont dit Amerayn, près de la Braine ou Hain (1425) ; Appeleuze haie, près de la forêt de Soigne (1473) ; Argimont (Hargiermont, 1223, 1437 ; Argirmont, 1372; Argiermont, 1380 ; Campe d’Agirmont, 1420 ; Haie d'Agirmont, 1425), entre l'Ermite et Sart-Moulin, près du chemin de Bruxelles ; Batti en blanc bois (1548) ; Bernartsart (XVe siècle ; Bernardi sartum. 1224, 1227) ; Bos de Angien (1226) ; Bonnier de Cambrai, près du bourg (an V) ; Bosquet Regnier, au-dessus le Mengny (ou Mesnil, 1473) ; Cheligarde, à Sart-Moulin: Fief del Core, à Mer-Braine ; Bien de Dommal, à Manchinpont (1647) ; le Douaire, près du bourg (an V) ; Ennasserial Val (1437) ; Follons, fief (1471) ; Fossés Blassart (1420) ou Fossé Blassat (1426), près d'OIivir Campe ; T’huys van der Fumière, fief du duché (1422) ; maison au lieu dit Fauconvalle, autre fief semblable (relief du 4 juillet 1743) ; Grant Pré (1437) ; Hacquebau, près du grand chemin de Bruxelles et près de la maladrerie (1547) ; Hubiertbrouch (1400) ; Ingouval ou Igonwal, fief tenu d'Ophain ; Limesenrieu, au Chênoit (1623 ); Labonfosse, jusqu'à la voie pour aller à Mer-Braine, « condist. à Mont-Lassus ; la Masserée, à l'Estrée (1473) ; Meiz de Hal, à Longue Rue ; Menuyeuse Voie, au Mesnil (1483) ; Fief del Motte, à Hobecque ou Abeiche (1570 ); Olivier Camp, près de la Haie d'Agirmont et du chemin de Nivelles à Bruxelles, 1426 (en flamand, Oliviers Velt, 1420) ; Patineuse Spine (voie qui va à la Croix Saint-Zet et al Penneuse Spine, au Champ du Foriest, 1530) ; Cense del Porte (1579) ; Poupechon Camp, vers Odegien (1300), et Spinette de Poitpecon (1426) ; Renieysme Campe (1420) ; Grand et Petit Ranselhaye (an VI) ; S'Ridders lochte (1444 ); Rogenier (1221), Rogenier (1216). appelé aussi Rogeneis (1248), Rouge-Meiz (1385) ou Rouge-Meez (1502, 1773) ; Taillevent (1548 ); les Vastinnes (1454 ; Al Wiffedelle ou De Wyffedelle ( 1437, c'est-à-dire la Vallée des Femmes), lieu voisin de la Croix dou Manil ; Rue de l'Aitre (atrium, cimetière) ; Rue Waget, près de l'hôpital ; Ruelle Haguet, près de l'hôpital ; Rue del Fontaine, où le seigneur avait une maison au coin de la Rue del Paradis; chemin dit les Tanneries, près le Moulin Bavart ; Chemin royal, à l'Estrée ; Chemin de Bruxelles (1425), le même sans doute que la Voie de Nivelles à Bruxelles (1426) ; Chemin de Nivelles (Nivelsche wech, 1437) ou Chemin de Sarmoulin à Bruxelles (1392) ; Viviers dele Colette (1529), etc.
Le vaste territoire de Braine-l'Alleu offre une assez grande variété d'aspect : au midi, on rencontre de grandes plaines, généralement fertiles, mais privées d'eau ; au nord, le sol, beaucoup plus accidenté et plus sablonneux est d'assez mauvaise qualité, comme le prouvent les bois qu'on y a respectés et qui entretiennent beaucoup de sources. Le point culminant parait être à l'extrémité S.-E. de la commune, vers le bois du Caillois, cependant la maison du Stecq et l'Ermite semblent avoir à peu près la même altitude. Le limon hesbayen du système diluvien recouvre une grande partie du territoire et se rencontre surtout dans les vallées ; il laisse apercevoir le système laekenien sur le plateau que traverse la route de Nivelles, vers la barrière de Tout-Vent. Le système bruxellien se montre en beaucoup d'endroits, mais particulièrement à Sart-Moulin et Odegien. On rencontre le système yprésien sur Ja rive gauche du Hain, près de la ferme du Foriet ; il accompagne le système gedinnien, qui remonte les deux rives de ce ruisseau jusqu'à Sart-Moulin, caché, comme le terrain yprésien, par le limon hesbayen. On exploite de l'argile plastique à l'Estrée. Des sablières et des marnières sont pratiquées sur plusieurs points ; un four à chaux établi au Mesnil calcine des pierres de marne.
Des carrières de grès à paver ont été exploitées à Sart-Moulin par le gouvernement autrichien, qui en était propriétaire ; le gouvernement hollandais les a vendues. Les routes de Braine-l'AIIeu ont été pavées avec ces grès, dont on ne se sert plus depuis longtemps parce que la pierre est trop dure à tailler.
Tout le territoire de Braine-l'AIIeu appartient au bassin de l’Escaut ; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont le Hain, le Ri de la Praie, le Ri de Hamme, le Ri des Vervois, le Ri Paliau, le Ri del Vau et la Légère Eau.
Le Hain, autrefois appelé la Braine, ou, en flamand, de Brachene (dans quelques documents officiels de ce siècle, le Bracq), vient d'Ophain et entre à Braine au Mai de Hainaut. Il active le moulin Bayard par une chute de 3,37 m., passe près de l'emplacement où s'élevait jadis le château de Braine, dont il alimentait les fossés ; fait mouvoir le moulin Wissekin par une chute de 2,79 m, reçoit la Légère Eau (r. dr.), en aval de la Planche au Pêcheur ; active le moulin Querton par une chute de 2,40 m., reçoit le Ri del Vau (r. dr.), près du Doignon, et le Ri Paliau (r. dr.), à Mont-Saint-Pont, où il active le moulin Wayez par une chute de 4,01 m ; passe à Sart-Moulin et y active le moulin de la Verrerie, par une chute de 2,06 m, et le moulin Pièl ou Paesmans par une chute de 2,44 m, fait mouvoir la filature Marchal par une chute de ? m. ?; puis reçoit presqu'aussitôt après le Ri des Vervois (r. g.), le Ri de la Praie (r. dr.) et quelques sources (r. dr.), venant de Vaux Vallées, pour passer ensuite sur le territoire de Wauthier-Braine. La partie supérieure du Hain est dirigée du S. au N., à partir de Mont-Saint-Pont, il coule de l'E. à l'O. Son cours a un développement de 7,300 m.
Le Ri de la Praie a plusieurs sources situées à l'O. de Sart-Moulin ; il coule parallèlement à la route de Tubise, reçoit le Ri de Hamme {r. dr.) et se réunit bientôt après au Hain (r. dr.), après un parcours de 1,500 m. dans la direction de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-O.
Le Ri de Hamme est formé par la jonction de deux filets d'eau qui sourdent l'un à l’E. d'Odegien, dans la bruyère d'Alconval, l'autre à l'O. du même hameau, dans le bois de Hamme, et qui se réunissent après avoir parcouru chacun 600 m. Le ruisseau résultant de la jonction de ces deux petits affluents traverse la route de Tubise et se réunit au Ri de la Praie (r. dr.), après avoir coulé du N. au S. sur une longueur de 600 m.
Le Ri des Vervois vient d'Ophain et marque d'abord la limite entre Braine-l'AIIeu et Wauthier-Braine ; bientôt il pénètre sur la première de ces communes et longe le bois du Foriet ; il se réunit au Hain (r. g.), en aval de la filature Marchal, après un parcours de 1,050 m, dans la direction du S. au N., y compris 150 m mitoyens avec Wauthier-Braine.
Le Ri Paliau, que l'on écrit parfois Ri Fatia, prend sa source à la fontaine du Pire, au Chênoit ; passe près de l'ancienne filature Clep-Wayez, qui a été aussi une fabrique d'ouate, et dont on voit encore la roue hydraulique qu'activait une chute de 1,31 m ; et se réunit au Hain (r. dr.), près de la filature Boucher, à Mont-Saint-Pont, après un parcours de 1,600 m. dans la direction du N.-N.-E. au S.-S.-O.
Le Ri del Vau prend sa source à la fontaine del Vau, active |e moulin Léonard par une chute de 3,93 m et la papeterie du Doignon par une chute de 4,05 m, puis traverse la route de Braine - l’Alleu à Mont-Saint-Pont se réunit au Hain (r. dr.), en aval du moulin Querton, après un parcours de 400 m, dans la direction de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-O.
La Légère Eau prend sa source à la fontaine de la Spirale, près des étangs du Mesnil ; active le moulin de l'Estrée par une chute de 4,24 m et se réunit un peu plus loin au Hain (r. dr.), après un parcours de 1,900 m. dans la direction d'abord du S. au N., puis de l'E. à l'O.
Le Hain et ses affluents supérieurs ont singulièrement diminué d'importance depuis l'organisation du service des eaux de la ville de Bruxelles. Plusieurs ruisseaux que les anciens déboisements avaient déjà commencé à dessécher ont complètement tari depuis que leurs sources ont été dérivées.
L'aqueduc principal vient d'Ophain et suit la rive droite du Hain. Il recueille d'abord, par un embranchement de 200 m la source des Petites brunes, où l'on a établi un pavillon. Un peu plus bas, il prend la source du Corbeau, puis la source Sadin où il y a aussi un pavillon. Il passe ensuite près de l'hôpital de Braine-l'AIIeu, longe un instant la route de Mont-Saint-Pont, puis la traverse près de l'Estrée, pour recevoir bientôt après un embranchement de 1,800 m qui lui amène la source de la Légère Eau, sur laquelle on a également construit un pavillon. Au hameau de la Vau, une machine à vapeur déverse dans l'aqueduc les eaux de plusieurs sources inférieures ; un pavillon est établi près de la machine, à l'endroit où l'aqueduc s'infléchit vers le N.-O., pour traverser la chaussée des Vieux-Amis et franchir la Vallée du Ri Paliau au moyen d'un pont-aqueduc. Ce travail monumental se compose d'un conduit voûté en maçonnerie, se terminant par-dessus en dos d'âne et reposant sur une série de 27 arcades, ayant 6 m d'ouverture et, vers le thalweg, 13 à 14 m de hauteur. Un pavillon est placé en tête de cet ouvrage d'art. Après avoir côtoyé l'ancienne ferme d'Abeiche, l'aqueduc traverse la route de Bruxelles, en continuant son alignement jusqu'au Culot ; il s'infléchit ensuite vers le N. et recoupe la route de Bruxelles au S. de la ferme Sainte-Gertrude, pour pénétrer bientôt sur le territoire de Rhode-Saint-Genèse, après un parcours total de 7,000 m.
La machine à vapeur établie à la Vau a 20 chevaux de force ; elle exhausse à environ 10 m de hauteur les eaux qui lui sont amenées par 3 aqueducs. L'un de ces aqueducs a 1,900 m. de longueur. Il dérive la source du Pire et une autre fontaine située au Chênoit. Un autre a 1,400 m. et dérive les sources d'Abeiche ainsi qu'une fontaine près de l'étang de la Vau ; le troisième est formé de deux embranchements qui se réunissent au Doignon et ont un parcours commun de 500 m. Le premier de ces embranchements a 1,500 m. de longueur et recueille les eaux de la source Saint-Pierre, près de la Chiennerie ; le second a 1,600 m. et amène les sources de la Cravilleau, de la Blanche, de Tellier (où il y a un pavillon) et de la ferme du Mesnil ; il reçoit en outre une ramification de 500 m qui dérive la source du Froid Trou à l'Estrée. Les aqueducs du Pire et d'Abeiche emploient chacun un corps de pompe pour élever leurs eaux ; celui du Doignon en exige deux.
Indépendamment des sources énumérées ci-dessus, on peut encore citer les fontaines Saint-Etienne (qui est déjà mentionnée en 1427), Bayard, Colorum, Goëlle, Raimois, Fourçon, Scolas, Courtes Bottes, Warichais, Rossignol, Doignon etc.
Il y a eu au Mesnil des étangs, dont quelques-uns étaient convertis en prairie longtemps avant l'année 1474. Le 3 mars 1519-1520, le mambour de l'église paroissiale afferma à toujours, à l'abbaye de Nizelle, moyennant une rente annuelle de 3 florins du Rhin, les deux viviers de le Collette et leurs dépendances.qui furent aussi mis à sec.
On comptait, en 1603, dans la paroisse, 1,400 communiants ; en 1784, dans la commune, 4,002 habitants : 3 prêtres, 2 anciens religieux, 1,314 hommes, 1,570 femmes, 549 garçons et 564 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 3 prêtres de plus, en tout 4,005 personnes) ; en l'an XIII, 2.540 habitants, savoir : au centre, 870 ; à Saussois et Longue-Rue, 110 ; à Neuveville et Chiennerée, 74 ; à l'Estrée, 134 ; au Ménil, 134 ; à Merbraine et Mont-Saint-Jean, 146 ; à Rossignol, 75 ; à Sart-Moulin, 250 ; à l'Ermite, 145 ; à Odegien, 176 ; à Rue et Habeiche, 70 ; au Chenois, 292; à Vaux, 64 ; au 31 décembre 1831, 4,238 habitants ; au 31 décembre 1856, 5.230 habitants. Les registres de l'état-civil commencent, pour les naissances et les mariages, en 1626 ; pour les décès, en 1619. Braine est situé dans le pays wallon, à la lisière de la contrée flamande. La langue romane semble y avoir été l'idiome dominant depuis les temps les plus reculés, à en juger par la mention de certains noms de lieux, tels que Dudinsart, cité en 1131, et qui se trouvait pourtant dans la fraction la plus septentrionale du territoire, non loin de Rhode-Saint-Genèse et d'Alsemberg, localités flamandes. Et cependant le nom de Waterloo appartient tout à fait à la langue teutonique, tandis que, dans la formation du mot Menrebraine ou Mer-Braine (pour Minre ou Mindere-Brachene), cet idiome ne s'est glissé qu'en partie et jamais on ne l'y trouve dominant. Actuellement la population est encore composée de wallons, dont quelques uns savent le flamand.
Le territoire de Braine était autrefois couvert presque en entier de bois et de bruyères. Comme nous l'avons vu, des défrichements entrepris au XIIIe siècle livrèrent à la culture le territoire de Plancenoit, et de nos jours, celui de Waterloo a été presque complètement dépouillé des ombrages qui en ornaient la partie septentrionale. Vers le nord-ouest, où la forêt de Soigne a pour ainsi dire disparu, on rencontrait presque partout ou des bois, ou des bruyères. Aujourd'hui encore, malgré les progrès qu'a faits l'agriculture, il existe à Braine près de 300 hectares de bois, connus sous les noms de Bois du Foriêt, Bruyère d'Alconval. Bruyère Sainte-Gertrude, Bois des Sept-Fontaines, Bois de Hamme, La Taillette, Bois du Vicaire, Braekmans Heyde, Clausseweide, Bruyère de Cambrai (jadis d'une étendue de 11 bonniers), Le Planté.
On trouvera plus loin, à l'endroit où nous parlons de la seigneurie de Mer-Braine, un accord assez curieux, relatif à la culture des terres du chapitre de Cambrai et daté de l'an 1250.
L'existence, dès l'an 1509, d'un champ dit le Vignoble, à Longue-Rue, prouve qu'on a jadis cultivé la vigne à Braine.
Les grandes exploitations agricoles sont :
Bois-Ie-Duc (107 hect.), tenue par M. Cloquet (J.-B.) propriétaire ; Tout-lui-faut (96 hect.), tenue par M. Charger (V.) propriétaire ; Bon air (90 hect.), tenue par M. Jourez (H.) propriétaire ; Mon souhait ou Mon plaisir (80 hect.), tenue par M. Hiernaux (J.-J.) propriétaire ; Sainte Gertrude (75 hect.), tenue par M. Hiernaux (J.-B.), appartenant à M. Gauchez (Aug.) ; la Basse cour (65 hect.), tenue par la veuve Mercier, appartenant à M. de Meulemeester ; L’Ermite ou Jéricho (65 hect.), tenue par M. Hiernaux (J.-B.), appartenant à M. Gauchez (Aug.) ; le Mol (58 hect.), tenue par M. Cloquet (E) propriétaire ; Hamme (52 hect.), tenue par M Van Cutsem (A.), appartenant a M. Drion (Adrien) ; la Graignette (50 hect.), tenue par la veuve Taminiau, appartenant a M. de Meulemeester.
Parmi ces fermes, quelques-unes, près de la chaussée de Nivelles à Mont-Saint-Jean, comme Bois-le-Duc, Mon-Souhait, Bon-Air, et Sainte-Gertrude, dans les terrains conquis sur la forêt de Soigne, sont de fondation récente ; d'autres, telles que Tout-lui-faut, Hamme et l'Ermite ont été établies vers l'an 1400. La Basse-cour, ancienne ferme seigneuriale, et le Mol, remontent seules à une époque assez reculée. Les autres fermes de seigneuries, qui étaient jadis assez nombreuses, ont été morcelées ou employées à d'autres usages.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Braine-l'AIIeu par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités à:
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Bruxelles.
On se servait jadis, à Braine, de mesures particulières. Le muid de blé y égalait en capacité le muid d'avoine, mesure de Nivelles ; quatre muids d'avoine y valaient trois muids de blé.
l'est du bourg de Braine on voit, sur le Hain, deux moulins à eau qui dépendaient de temps immémorial de la seigneurie : le Moulin Bayard et le Moulin de Wissekin. Ces moulins étaient banaux pour les habitants de Braine et de Plancenoit. La Cense de Tout-lui-faut, appartenant au prieure de Sept-Fontaines, était assujettie à y faire moudre ses grains, lorsqu'elle était donnée en location ; quand elle était exploitée par les religieux, ceux-ci, en vertu d'un accord passé en 1470, pouvaient envoyer le produit de la récolte à leur propre moulin, à fa condition de payer au seigneur une redevance annuelle de six vaisseaux de blé. La ferme de l'Ermite était assujettie à une obligation du môme genre, mais sans restriction, ainsi qu'on le décida en 1487. En 1481, à la, réquisition des habitants, le fermier des moulins seigneuriaux, avec l'agrément de son maître, s'engagea à y avoir constamment un valet assermenté, ainsi que des balances et des poids, afin de pouvoir faire droit, en cas de besoin, aux réclamations des particuliers. Au siècle dernier, le droit de banalité de ces moulins était strictement maintenu, et, en 1727, on confisqua le cheval et un sac de grains appartenant au meunier d'Ophain, Charles Crevecœur, qui y avait contrevenu.
Le moulin de Monchinpont ou Mont-Saint-Pont avait également des droits de banalité, mais au profit du domaine ducal. Il fut construit au XIIIe siècle, et les ducs de Brabant essayèrent d'en augmenter l'importance au détriment du chapitre de Nivelles. Dans un accord conclu en 1253, le duc Henri III promit de remettre les tenanciers du chapitre à Lillois, Noucelle (sur Wauthier-Braine) etc., « au même point d'aller moudre qu'ils l'étaient avant que son moulin fût fait à Mancinpont ».Néanmoins, dans la suite.les possesseurs de cette usine réclamaient la banalité à Lillois et à Witterzée, sous peine, pour les contrevenants, de la confiscation des grains saisis et d'une amende de 4 peters. Le moulin était affermé : en 1403, moyennant 40 muids de blé et 20 livres de cire, et, en 1416, moyennant 27 muids de blé et 27 livres de cire. Le 20 octobre 1438, le duc Philippe de Bourgogne en fit abandon, en arrentement perpétuel et moyennant 13 muids de blé, par an, aux religieuses de Ter-Cluysen, en considération de ce que leur moulin de l'Estrée, qu'elles avaient acquis depuis peu de temps, était tellement négligé qu'il aurait fallu d'énormes dépenses pour le réparer convenablement. Le duc accorda au couvent la faculté de prendre dans la forêt de Soigne le bois nécessaire à l'entretien et aux réparations de l'usine, lui permit de faire pâturer dans cette forêt, sans payer de taxe, non seulement le cheval qui servait au moulin de l'Estrée, mais un second cheval, et réunit à la banalité du moulin de Monchinpont celle dont jouissait le moulin de l'Estrée sur 17 foyers contigus. Les Witthem devinrent plus tard propriétaires de ce moulin, et, en 1489, le souverain leur remit la redevance stipulée dans l'acte de 1438.
L'abbaye d'Afflighem a eu aussi un moulin au même endroit, en vertu d'une donation faite, en 1160, par une famille dite de Braine Mais peut-être se trouvait-il sur le ri Patiau ou Habbeke, car on le dit situé à Habbeke. Le 20 septembre 1413, Jean Vander Elst, sous-receveur de Brabant, autorisa le monastère, moyennant un cens annuel de 3 deniers de Louvain, à rebâtir ce moulin, qui était situé en amont du moulin ducal et que l'on appelait le Neuf moulin (de Nuwe molen) et à y hausser le niveau de l'eau de 2 pieds. De fortes pluies avaient, tellement ensablé la rivière que l'usine ne pouvait plus travailler. Lorsque, au XVIIe siècle, les officiers du domaine prétendirent que les quatre grandes fermes de l'abbaye d'Afflighem à Vieux-Genappe étaient assujetties à la banalité du moulin de Genappe, l'archevêque de Malines, agissant comme abbé du monastère précité, soutint que c'était à son moulin de Monchinpont que ces fermes devaient faire moudre leurs grains.
Les seigneurs de Braine ont eu, à Sart-Moulin, un moulin que, en 1287, Nicolas de Barbençon greva en faveur du prieuré d'Auderghem, d'une redevance annuelle de 10 muids de blé, réductible de moitié après sa mort. Dans les derniers temps, ce moulin appartenait au gouvernement autrichien et prit le nom de Moulin de la Verrerie, à cause de la proximité d'une fabrique de verres. Après avoir servi longtemps à activer une papeterie, il a été converti par son propriétaire, M. Gouttier en moulin à grains (arrêté du 2 juin 1842).
Depuis, on a successivement accordé plusieurs autorisations pour l'établissement de moulins à grains à Braine le 26 novembre 1830, à M. De Vroede, pour un moulin sur la Légère Eau; le 19 janvier 1832, à MM. Wayez ; le 15 mai 1834, à M. Léopold De Brou, pour un moulin situé aux Prés de Nizelle; le 11 avril 1839, à M. J.-B. Pièl; le 28 avril 1842, à Mme veuve J.-J. Léonard, pour un moulin sur la Fosse Del Vau ; le 22 mai 1851, à M. Querton, pour un moulin situé à l'endroit dit Planche au Mévent.
Actuellement, il existe à Braine-l'AIIeu huit moulins à farine mus par l'eau, tous situés sur le Hain, sauf les deux derniers :
- le Moulin Bayard, ayant 1 roue hydraulique et 2 paires de meules ;
- le Moulin Wissekin, ayant 1 roue et 3 paires de meules ;
- le Moulin Querton, ayant 1 roue hydraulique et 1 machine à vapeur, mais ne faisant plus de farine actuellement et ne broyant que des chiffons pour la papeterie du Doignon ;
- le Moulin Wayez, ayant 1 roue hydraulique et 3 paires de meules ;
- le Moulin de la Verrerie, Moulin des Pompes (?), ou Moulin Piéret, ayant 1 roue et 3 paires de meules ;
- le Moulin Pièl ou Moulin Paesmans, ayant 2 roues et 3 paires de meules ;
- le Moulin de l'Estrée, sur la Légère Eau, ayant 1 roue et 2 paires de meules :
- le Moulin del Vau ou Moulin Léonard, ayant 1 roue hydraulique, 1 machine à vapeur de 8 chevaux et 2 paires de meules.
II a existé à Braine-l'AIIeu, au N.-E. du bourg, un moulin à vent, en bois, qui a été démoli vers 1817. Trois brasseries sont en activité. Deux distilleries produisent de l'alcool dé grain et de betterave. Celle de M. Cloquet à Bois-le-Duc a 2 machines à vapeur de la force totale de 18 chevaux ; celle de M Mercier au Castégier a une machine à vapeur de 10 chevaux.
Dans les premières années de ce siècle, il y avait à Braine deux petites fabriques d'étoffes de laine. Le 18 avril 1835, on autorisa, en aval de Sart-Moulin, le moulin à foulon et filature de laine de M. Pièl. La grande industrie lainière a actuellement disparu de Braine. Des filatures de coton, mues par une roue hydraulique, ont été successivement établies par M. Wayez sur le Hain arrêté du 10 février 1832) ; par M. Clep-Wayez, sur le Patiau ou Abeiche (arrêté du 20 avril 1833) ; par M. Spronck, sur le Hain, à l'endroit dit le Warichet (arrêté du 2 août 1838), et par M. Marchal, près du Foriêt (arrêté du 17 juin 1852). Ce dernier établissement est le seul qui subsiste ; il compte 2.500 broches. Une seconde filature, comptant 3.888 broches, est exploitée à Mont-Saint-Pont par M. Boucher ; elle a pour moteur une machine à vapeur de 12 chevaux, et on va y adjoindre un moulin à farine.
Un octroi, en date du 30 avril 1766, permit à L.-J. Henry d'établir à Sart-Moulin une verrerie pour la fabrication des verres à vitre blancs, semblables à ceux des environs de Nuremberg, et des verres en tables ou glaces de Bohême. Cet industriel promettait de fournir des verres à 8 ou 9 pistoles la caisse, tandis que ceux que l'on importait d'Allemagne coûtaient 13 pistoles, et de vendre les glaces 17 on 18 escalins au lieu de 22. Le gouvernement lui accorda des franchises de droits pour les matériaux devant servir à la construction de l'usine et pour les matières combustibles destinées à l'alimenter, et exemption de guet et de garde pour lui, son maître souffleur et ses ouvriers, défendit d'embaucher ceux-ci. Enfin on accorda à Henry le droit de prendre le sable nécessaire à sa verrerie dans la bruyère près de Sept-Fontaines, et un droit exclusif de fabriquer de la potasse dans un rayon d'une lieue à l'entour de Wavre, pendant un terme de cinq années. Cette entreprise eut peu de succès, et l'usine devint un pensionnat, en 1817.
La fabrication du papier a été introduite à Braine il y a plusieurs siècles. Nous venons de voir que le moulin de l'Estrée tombait en ruines en 1438 et qu'on désespérait, de pouvoir le rétablir. Cependant, dès 1473, on cite le Noeuf moulin de l'Estrée, que l'on nomme, en 1529, le Moulin à papier à l'Estrée, et dont on a retrouvé les traces il y a une vingtaine d'années. Cette industrie disparut ensuite et resta longtemps délaissée. Le 10 mai 1792, Pierre-Alexis Waroquet fut autorisé à établir une papeterie sur le Hain, entre Braine et Moncbinpont, au lieu dit la Planche au Pécheur ; mais cette usine ne marche plus, de même que la filature et papeterie du Mesnil, dont l'établissement fut concédé à M Félix Gouttier, le 1er février 1837. Une papeterie appartenant à M. Gabriel (autrefois à M. Pierre-Alexis Waroquet, à qui l'autorisation d'ériger cette usine fut octroyée le 25 juillet 1835) est établie sur le Ri del Van, au Doignon ; elle a pour moteur une roue hydraulique ; on y établit en ce moment une machine à vapeur. On y fabrique du papier gris et du carton.
On peut citer ensuite 1 tannerie, 1 blanchisserie de toiles, 1 fabrique de papiers peints (inactive) et 6 teintureries.
Mais la principale industrie de la commune est la fabrication des tissus de coton et de laine : on compte près de 1.100 métiers qui travaillent pour une dizaine de négociants de Braine-l'Alleu et pour des commerçants de Bruxelles. La production annuelle s'élève à 75.000 pièces.
Des ouvriers paveurs et scieurs vont chercher de la besogne au loin.
Braine-l'Alleu avait autrefois un marché, qui se tenait le mardi ; un arrêté royal, en date du 22 novembre 1822, l'a rétabli, en le transférant au jeudi. On y vend des légumes, du laitage, des fruits et de jeunes porcs. Deux foires annuelles se tiennent le lundi après le dernier dimanche de juillet et le deuxième dimanche d'octobre, en vertu d'un arrêté du préfet de la Dyle, du 7 novembre 1807.
Le territoire de Braine était jadis traversé, vers l'est, par le chemin de Nivelles à Louvain ; vers le centre, par le chemin qui, selon toute apparence, a donné son nom au hameau de l'Estrée, où l'on trouvait, au XVe siècle, un Chemin royal, la continuation, sans doute, du Chemin royal que nous avons signalé à Lillois et vers l'ouest, par le chemin de Nivelles à Alsemberg et Bruxelles. Ce dernier traversait le Hain à Sart-Moulin, sur un pont appartenant au seigneur de Braine et qui, suivant un diplôme du duc Jean IV, du 18 juillet 1420, devait se trouver en aval du moulin seigneurial, eu cet endroit. Là, le chemin était pavé, d'où le nom de Chaussée de Sartmolin, et on y levait, au profit du domaine, un péage qui, vers l'an 1400, produisait par an 39 livres. En 1403, la duchesse Jeanne l’avait donné à Jean Herlewyck, pour le tenir à titre héréditaire, et, en 1489, le roi Maximilien en fit abandon au sire de Braine, mais à la condition d'entretenir le chemin, pour lequel le domaine avait considérablement dépensé. En 1566, les Witthem payaient pour ce péage un cens de 7 sous 6 deniers de gros. Le nom de Chemin de poste, que porte une partie de ce chemin, au nord de Sart-Moulin, prouve qu'il a servi assez longtemps de grande voie de communication. Lorsque, au siècle dernier, on songea partout à ouvrir de nouvelles chaussées, les bailli, maire et gens de loi de Braine sollicitèrent et obtinrent la faculté d'en construire une qui relierait les routes de Bruxelles à Charleroi et à Hal. Elle devait quitter la première au-dessus de Joli-Bois, entre les maisons de Henri Nicaise dit l'Étrille et de Pierre Delporte, traverser le bourg et pousser jusqu'au chemin de Nivelles à Louvain, puis, après un parcours total d'une lieue et demie, aller rejoindre à Mont-Saint-Jean la chaussée de Charleroi (5 août 1724). Voilà, sans doute, l'origine d'une partie de la chaussée Bara.
Les rues du bourg ont été pavées au moyen âge. Le 6 octobre 1732, l'empereur Charles VI autorisa la dame et les gens de loi de Braine à lever sur les afforains ou étrangers à cette seigneurie, pendant six ans, un droit consistant en 2 liards par cheval attelé ou chargé qui passerait sur les chaussées et ponts qui avaient été faits depuis quelques années sur la place du Bourg, sur la grande montagne descendant au château et sur d'autres chemins et avenues aboutissant à la place et qui étaient auparavant impraticables.
Le siècle actuel a vu s'améliorer considérablement l'état de la voirie à Braine. La province de Brabant avait fait commencer, sous le règne du roi Guillaume Ier, la route de Halï à Mont-Saint-Jean, par Alsemberg. Mont-Saint-Pont et le bourg de Braine. Ce travail a été complètement achevé en 1835, et depuis la province a encore ouvert la route de Tubise aux Vieux-Amis (dont la chaussée Bara constitue la dernière section), tandis que la commune a fait paver plusieurs parties importantes de chemins, notamment vers Mont-Saint-Pont, Lillois et Goumont.
La route de l'État, de Mont-Saint-Jean à Nivelles, longe le territoire de la commune sur 250 mètres et le traverse sur 3,700 m ; celle de Bruxelles à Charleroi le longe sur 1,100 m. La route provinciale de Bruxelles à Braine-l'Alleu longe le territoire sur 300 m. et le traverse sur 6,000 m ;
Celle de Tubise aux Vieux-Amis le longe sur 1,800 m. et le traverse sur 1,000 m. ; celle de Braine-l'Alleu à Mont-Saint-Jean le longe sur 4,000 m et le traverse sur 1.500 m ; celle de Braine-l'Alleu à Tout-vent le traverse sur 2,300 m. Des barrières sont établies à Mont-Saint-Pont et à Tout-vent.
On compte 116 chemins vicinaux et 126 sentiers, mesurant ensemble 160,842 m, dont 8,955 m étaient pavés au 31 décembre 1859.
Sept ponts et cinq ponceaux existent sur ces chemins.
Le chemin de grande communication n° 14 traverse la commune sur 1,187 m.
Le grand et beau bourg de Braine remonte à une époque très reculée, et l'on peut admettre, avec une grande apparence de vérité, qu'à l'époque romaine et probablement même à l'époque gauloise, cette localité était habitée, bien que tous les alentours, au nord, à l'est, au sud-ouest, fussent couverts de bois. On y a trouvé une de ces haches de pierre dont les premiers habitants de notre pays se servaient, et il a longtemps existé, dans une prairie contiguë à la ferme dite de la Tour, à Mont-Saint-Pont, un grand cône de terre, ayant environ 50 pieds de diamètre et 20 pieds de hauteur. Ce tumulus n'a été rasé que depuis 5 ou 6 ans. Le nom de Voie Royale donné à un chemin à l'Estrée, celui du hameau d Odegien (de Oude et heim ou inghe, ancienne habitation), sont des indices à noter.
Braine est mentionné pour la première fois au XIe siècle, dans la légende des Miracles de Saint Guibert, fondateur de l'abbaye de Gembloux (Miracula sancti Wiberti). On y lit que l'intercession de ce bienheureux personnage procura la guérison d'une femme qui était née à Braine, village qui était uni au monastère par des liens de fraternité. Le Braine dont il est ici question doit être Braine-l'Alleu, où, en 1434, les religieux de Gembloux reçurent en don du duc Godefroid !er, le lieu nommé Dudinsart (aujourd’hui Ter-Cluysen ou l'Ermite).
Les ducs de Brabant et le chapitre de Cambrai se disputèrent longtemps la possession des églises de Braine-l'Alleu et d'Overyssche. Enfin, Henri Ier, pendant son voyage en Palestine, avant consenti à un accord, grâce à l'intervention de l'archevêque de Reims, des abbés de Clervaux et d'Igny et de ses propres vassaux, le droit de porter une sentence lui fut abandonné, il se réserva la propriété de l'église d'Overysche, mais il céda celle de Braine au chapitre, à la condition que ce corps paierait aux chanoines de Reims, tous les ans, un cens de 100 sous sterling, pour la célébration de l'anniversaire d'Albert, évêque de Liège, frère du duc. Chaque doyen de Cambrai, en entrant en fonctions, serait tenu de lui faire hommage pour l'église et l'alleu de Braine, et enfin que le duc resterait .possesseur de 5 bonniers de terres provenant de cette église, mais à charge de ne pouvoir s'en dessaisir, sous quelque prétexte que ce fût, qu'en faveur de cette dernière (acte donné à Reims, au mois de juin 1107).
Braine était alors important comme paroisse, car sa juridiction spirituelle s'étendait, non seulement sur ce qui forme aujourd'hui son vaste territoire, mais sur ce qui compose les communes de Waterloo, de Plancenoit et d'Ohain. Sous le rapport civil, la juridiction y était partagée entre un grand nombre de seigneurs, dont les plus puissants étaient les ducs de Brabant, les châtelains de Bruxelles (plus tard, les seigneurs de Braine), le chapitre de Cambrai etc. Les premiers, pour y maintenir et consolider leur influence, y fondèrent une ville franche, à laquelle ils donnèrent pour coutumes les lois de la ville de Bruxelles. On ne sait à quelle époque remonte cet établissement, selon Gramaye, il serait dû à l'un des ducs Jean ; cependant, dès 'année 1218, un Walter, se qualifiant de bourgeois de Braine (burgensis de Brania), vassal de sire C. Scolart, figure parmi les témoins d'une donation de Godefroid de Bruxelles à l'abbaye d'Aywières.
Braine fut à celte époque fortifié, ou, du moins, entouré de fossés, on vit s'y élever une halle, un hôpital, une léproserie, et la communauté des habitants, agissant comme bourgeoisie libre, apposa son sceau au traité d'union que les villes et franchises du Brabant conclurent à Cortenberg, le 18 janvier 1371-1372. Le premier incident remarquable qu'offrent les annales de Braine est le congrès qui s'y tint en l'année 1374. Après sa défaite à Bastweiler, le duc Wenceslas avait obtenu de ses nobles et de ses villes une aide ou subside de 800.000 moutons, mais une querelle assez grave s'éleva entre lui et ses sujets au sujet de la perception et de l'emploi de cette somme. Le duc voulut recourir aux armes et assiéger Nivelles, mais des amis communs interposèrent leur médiation. Le 30 avril, un accord fut conclu à Braine entre Wenceslas et Jeanne, duc et duchesse de Brabant, d'une part, les villes de Louvain, de Bruxelles et de Tirlemont, pour elles et les autres villes, d'autre part. Les cités brabançonnes ajoutèrent à l'aide 50.000 moutons, «afin de conquérir davantage l'affection du duc». Mais elles stipulèrent que, dans ces deux sommes, les monastères paieraient d'abord 100.000, puis 45.000 moutons, et que, comme le tort souffert parle duc et ses amis dans la guerre de Gueldre excédait 900,000 moutons, et que les villes et le pays pourraient être inquiétés pour le paiement du surplus, tout le domaine et les revenus du souverain leur seraient hypothéqués, afin de les indemniser en cas de besoin. L'aide devait être payée en trois ans et répartie et perçue par des délégués du conseil de Cortenberg, des villes et du duché. A cette assemblée assistèrent, comme députés de l'évêque de Liège, Lambert d'Oupey et Hubin de Fanchon, chevaliers, et Corbeau d'Hobengoen comme délégués du chapitre de la même ville, maître Antoine de Fiez, official de Liège. et maître Siger Vander Nuwensteen, doyen de Maestricht ; comme députés de la ville de Liège, Bertrand de Liers chevalier, maître de la cité ou de la commune (c'est-à-dire bourgmestre); Guillaume de Gras, Gobert Froytal, Gérard de Puthey et Lambert Cortineal, jurés; comme députés de Huy, Guillaume de Le Vael, maître de la commune; Henri Pollaerde, échevin; Arnoult et Herman Vanden Scacke; comme mandataires du duc et de la duchesse, sire Robert et Louis de Namur.
Les seigneurs de Rodemacheren, de Gruvthuyse et Grimberghe (qui était alors drossard), de Bouchout, de Witthem, de Bornival, sire Huart d'Elteren et sire Gérard de Fontoys ; comme membre du conseil de Cortenberg, les sires d'Agimont et de Rotselaer ; comme députés de Louvain, les échevins Jean Crupelant et Henri Pilyser, le juré Gosuin Vander Quadbrugghen, Simon Memmemoen et Jean Dewitte d'Overloe ; comme députés de Bruxelles, six échevins, Everard TSerclaes, Jean De Leeuwe et Nicolas De Zwaef, tous trois chevaliers, Henri Hertewyck, Siger de Woluwe et Jacques Tymmerman, et, en outre, les conseillers Gilles Die Loeze, Jérôme Vander Noot, Nicolas de Saint-Géry ; enfin, comme députés de Tirlemont, Arnoul Vander Wyere et Jean de Kersbeke, chevaliers, Iwain de Meldert, Jean Van Halle, Henri Oliviers el Reym Scoute de Houthem. L'accord rétablit la tranquillité dans le pays.
En l'année 1424, les tireurs de la plupart des villes brabançonnes se réunirent à Braine, d'où ils se portèrent sur Nivelles ; ils y trouvèrent les autres troupes du duché, et toute l'armée entra dans Je Hainaut, où elle assiégea et prit Braine-le-Comte.
Les habitants de Braine-l'Alleu avaient jadis des droits d'usage dans plusieurs prairies arrosées parle Hain. Les religieux de Sept-Fontaines ayant enclos un bien acquis par leur communauté de Jean de Berges, le 2 juillet 1434, et qui était contigu au lieu dit la Preye el au chemin de Nivelles à Bruxelles, quelques-uns des habitants, vers la fête de Pâques, en 1463, y entrèrent de force et y brisèrent les clôtures, et le maire du village, assisté de deux échevins, condamna le prieuré à l'amende. Mais, malgré les prétentions et les soutènements des habitants, le conseil de Brabant reconnut les droits des religieux et condamna la partie adverse à les indemniser (22 janvier 1467-1468}.
En l'année 1488, le seigneur de Beersel, dont les domaines comprenaient aussi, à cette époque, la terre de Braine-l'Alleu, fortifia le château qu'il possédait en ce dernier endroit et y plaça une garnison qui causa de grands torts aux Bruxellois et aux autres Brabançons soulevés contre le roi Maximilien. Un des défenseurs de la cause du roi, en Flandre, Jean de la Vichte, qui s'était réfugié auprès du sire de Gaesbeek, trouva un asile à Braine-l'Alleu, où il mourut en 1489 ; il fut enterré dans le monastère voisin de Sept-Fontaines. Les hommes d'armes qui occupaient le château causèrent des dégâts considérables aux localités environnantes, notamment, au prieuré dont nous venons de parler et dont ils enlevèrent tous les chevaux. Les Bruxellois, après s'être emparés de Beersel, investirent le manoir de Braine-l'Alleu, qui dut se rendre faute de poudre, les États de Hainaut, qui s'efforçaient encore à cette époque d'observer entre les deux partis une stricte neutralité, n'ayant voulu en fournir à aucun prix. Braine souffrit alors énormément. Un terrible incendie consuma la plus grande partie du bourg, le château fut abattu et les habitants appauvris à tel point qu'il fallut leur accorder des diminutions considérables pour le paiement de leur cote dans l'aide, des cens etc.
Le dévouement du seigneur à la cause de Maximilien fut récompensé par de nombreuses faveurs, qui eurent à la fois pour résultat d'augmenter extrêmement l'importance primitive de la terre de Braine-l'Alleu et d'anéantir l'existence de la bourgade comme franchise, comme localité libre. Dès 1487, les biens confisqués à Braine sur Guillaume Vanden Dale ou de la Vaux, furent adjugés à ce gentilhomme et à son fils Philippe. Les hostilités entre Maximilien et les Bruxellois n'avaient pas encore cessé lorsque le premier et son fils, par deux actes datés d'Insbruck, le 1er juin 1189, manifestèrent leur reconnaissance pour les services d’Henri de Wilthem et leur volonté de l'indemniser des « grandes et excessives pertes » que lui avaient causées leurs sujets rebelles. Ils lui donnèrent, pour lui et ses descendants, la haute, moyenne et basse justice qu'ils avaient possédée dans une partie de la franchise de Braine, et la haute justice à Plancenoit, à Ohain et à Haute-Noucelle, dans les lieux où les Witthem n'avaient eu jusque là que la moyenne et la basse justice. Ensuite, ils lui cédèrent de même les hommages, petits cens et péages qu'ils avaient à Braine et qui produisaient par an 20 florins, à la condition d'entretenir à ses frais le pont et le chemin à Sart-Moulin, et en renonçant à la redevance de 13 muids de blé que sire Henri devait au domaine pour son moulin de Monchimpont. Ces concessions furent confirmées par l'archiduc Philippe le 2 décembre 1494 et le 28 avril 1496. La confiscation des biens d'Antoine de Dave, seigneur de Bois-Seigneur-Isaac, Ophain etc., faite au profit de Philippe, fils d’Henri, par lettres datées du 22 octobre 1489, n'eut, au contraire, qu'un effet temporaire, car les Dave ne tardèrent pas à rentrer en possession de leurs domaines.
En l'année 1554, lorsque le roi de France Henri II, après avoir dévasté l’Entre-Sambre-et-Meuse, marcha vers Genappe et s'avança jusque près de Baisy, l'armée de Charles V, sous les ordres de Philibert-Emmanuel de Savoie, campa à Sart-Moulin, où sa présence fut funeste aux propriétés du prieuré de Sept-Fontaines. Elle ne larda pas à quitter ce poste pour marcher vers Namur.
Les guerres de religion rouvrirent les plaies encore saignantes de Braine. Une pièce de terre et de pré située à Hobecque et qui formait un fief dit le Fief del Molle, fut confisqué sur le propriétaire, Henri de la Gruesse, qui avait pris la fuite et qui fut condamné au bannissement sous le gouvernement du duc d'Albe. Le voisinage de la forêt de Soigne et la rigueur avec laquelle on exerçait parfois les lois sur la chasse, étaient la source de mainte vexation pour les habitants de Braine et de difficultés entre les officiers du souverain et ceux de ses vassaux. La découverte dans la forêt d'une tête de cerf qui y était cachée, preuve évidente qu'un animal de l'espèce avait été mis à mort, provoqua, de la part de De Zoete, lieutenant du grand veneur, des recherches actives à Ohain et à Roussart ; en visitant la maison d'un vieillard, nommé Woyts, on trouva deux morceaux de venaison. De là de nouvelles perquisitions et de nouvelles rigueurs. Les serviteurs du veneur, pour empêcher les sujets du sire de Braine et de Beersel de nuire à la chasse domaniale, en désarmèrent plusieurs, entre autres Pierre De Duyve, caporal à Alsemberg, et Sébastien De Wael, le vorster ou sergent de Rhode-Saint-Genèse. Le grand veneur, marquis de Havré, ayant représenté que les recherches avaient fait découvrir de nombreuses traces de déprédations commises dans la forêt et que nombre d'habitants du voisinage y bâtissaient des huiles pour mieux tirer le gibier, les archiducs lui enjoignirent de continuer les poursuites (2 novembre 1607). Woyts rejeta sa faute sur ses enfants et réussit à obtenir de l'archiduc Albert son pardon (19 janvier 1608). De son côté, le seigneur de Braine vit annuler tout ce qui avait été fait au préjudice de son autorité (lettres patentes du 17 novembre 1607.
Le 9 septembre 1626, un incendie considérable dévasta Braine et y consuma, notamment, la cure, où périrent les registres des naissances, des décès et des mariages, antérieurs à l'an 1619. L'un des coffres des archives communales, qui se trouvent dans la cour de l'église, offre encore des traces de ce fatal événement : des registres aux adhéritances à moitié calcinés.
Braine fut dépeuplé par la peste, en l'année 1652 ; par la dysenterie, en 1676, 1726, 1794 etc.
Un second incendie le dévasta le 22 avril 1690.
Au mois de mai 1708, les troupes françaises campèrent à Genappe et à Braine-l'AIIeu et s'y retranchèrent, tandis que les alliés se réunissaient près de Louvain. Les ducs de Bourgogne et de Berry, petits-fils de Louis XIV, le comte de Toulouse, fils naturel de ce monarque, et le prince de Galles, fils de l'ex-roi d'Angleterre Jacques II, vinrent visiter le camp, qui fut tout-à-coup levé le 4 juillet. Tandis que le gros de l'armée française se portait vers Hal, un fort détachement, composé de 16,000 hommes, prit la route d'Enghien et arriva à l'improviste devant Gand, qu'il parvint a surprendre.
Lors de l'invasion des Français, en 1792, des représentants provisoires furent élus à Braine, le 10 décembre. Après la seconde invasion, le bourg fut érigé, en l'an III, en chef-lieu d'un canton qui comprit en outre Wauthier-Braine, Haut-Ittre, Bois-Seigneur-Isaac, Ophain, Lillois, Witterzée, Maransart et Plancenoit. Ce canton fui, l'année suivante, accru de Thines et de Baulers, et devint, en l'an X, le second arrondissement de justice de paix de Nivelles. Cette dernière circonscription compta une commune de plus, Waterloo, séparé de Braine depuis quelques années, et une commune de moins, Maransart, qui fut jointe au canton de Genappe. Depuis 1849, les deux cantons de justice de paix de Nivelles n'en forment plus qu'un.
Sous la république française, les assemblées primaires du canton, pour les élections de députés au corps législatif, sous le nom d'Assemblées des Amis de la liberté, eurent .lieu dans l'église paroissiale de Braine, sauf qu'en l'an VI, les habitants de Wauthier-Braine furent autorisés à se réunir dans leur ancien temple (arrêté de l'administration centrale du département de la Dyle, du 24 ventôse an VI).
Nous venons de dire que Waterloo a été séparé de Braine ; ce fractionnement eut lieu en l'an III ou l'an IV. Vers le même temps, Braine s'accrut de Longue-Rue, partie de la paroisse qui formait une juridiction distincte, anciennement dépendante du Hainaut. Un premier procès-verbal de délimitation, pour Braine, remonte au 25 mars 1807 ; un second, du 16 mars 1813, a déterminé les limites de Braine vers la forêt impériale de Soigne, Wauthier-Braine, Ophain, Lillois, Plancenoit et Waterloo.
La bataille de la Belle-Alliance ou de Waterloo se donna en partie sur le territoire de Braine, particulièrement au château de Goumont, où s'engagea une lutte terrible. La division néerlandaise de Chassé resta postée : la brigade Detmers, dans le bourg ; la brigade d'Aubremé, près de la ferme de Vieux-Foriêt ; vers 2 heures ces troupes reçurent l'ordre de rejoindre le corps de bataille.
C'est sur le territoire de Braine qu'on éleva la gigantesque butte, surmontée d'un lion, qui signale de bien loin le plateau mémorable. Celle butte s'appelle ordinairement le Lion de Waterloo et, dans la localité, se nomme le Monument ; elle est située à environ 2,400 mètres à l'est de l'église de Braine, entre les chaussées de Nivelles à Mont-Saint-Jean et de Bruxelles à Charleroi, à l'endroit où le prince d'Orange fut blessé en essayant d'arrêter l'attaque de la vieille garde.
La butte, forme un immense cône de 45 mètres de hauteur sur 500 m de circonférence à la base, ce qui donne près de 300 m-cubes pour le volume total de là colline. Celle-ci est recouverte d'herbe, sur laquelle se détachent quelques touffes de genêt d'une verdure plus sombre. Elle a été formée de terres enlevées au champ de bataille, à l'endroit où le sol formait un escarpement assez roide, au nord et au nord-ouest de la ferme de la Haie-Sainte; la base a été transportée au moyen de tombereaux, qui circulaient en décrivant une hélice ; pour la partie supérieure, on a employé des botteresses. Cent quarante bornes, de pierre bleue, sont plantées à l'entour du monument, que l'on escalade, du côté du nord-est, au moyen d'un mauvais escalier, dont les marches sont moitié en terre et moitié en bois.
Le piédestal du lion se compose d'un massif de pierre bleue, exhaussé de trois degrés et ayant une hauteur totale d'environ sept mètres, il est placé sur une colonne de briques qui descend au-dessous de la base de la butte et repose sur le sol vierge ; les briques ont été cuites sur place, et c'est pour les fabriquer qu'a été creusé le puits qui se trouve au S.-O. du monument et qui sert actuellement au gardien. Le lion est en fer de fonte. Il a été coulé à Seraing, dans l'établissement Cockerill, où l'on en voit encore le modèle en plâtre, dû à J.-F. Van Geel. Il a 4,50 m de longueur sur 4,45 m de hauteur et pèse 28.000 kilogrammes. Cette symbolique représentation de l'Angleterre et des Pays-Bas regarde le sud et pose une patte sur un globe. Le piédestal ne porte d'autre inscription que cette date, éloquente dans sa simplicité, et qui est inscrite sur les faces orientale et occidentale : XVIII juni M D CCC XV.
En 1832, lors du passage des troupes françaises pour le siège d'Anvers, le Lion faillit être renversé ; on en brisa même la queue à l'extrémité. Afin d'épargner à son pays un acte de vandalisme, d'autant plus inexcusable que les alliés, deux fois maîtres de Paris, n'y ont détruit aucun des souvenirs des triomphes de la grande armée, le maréchal Gérard persuada à ses soldats d'attendre la fin du siège ; alors il serait temps, leur dit-il, de faire sauter le Lion.
Au pied du monument, à côté de l'habitation du gardien, où on trouve un registre destiné à recueillir la signature des visiteurs du monument, on remarque la maison qu'a habitée l'ancien guide Cotton, sergent-major au service d'Angleterre, qui y a réuni une collection d'objets trouvés sur les lieux mêmes et qui a écrit en anglais une description de la bataille.
En 1830, 52 habitants de Braine partirent en armes pour Bruxelles, le 24 septembre, et prirent part à tous les combats qui se livrèrent depuis ce jour jusqu'à la prise d'Anvers. Cette circonstance valut à la commune le don d'un drapeau d'honneur, qui lui fut octroyé par l'arrêté royal du 13 septembre 1832. Depuis quelques années, la commune s'est considérablement embellie, l'industrie y a pris de notables accroissements, et l'établissement du nouveau service des eaux de Bruxelles a eu le double résultat d'orner Braine d'une construction monumentale, l'aqueduc de Mont-Saint-Pont, et d'y répandre, parmi les usiniers et les propriétaires, des sommes considérables, qui ont été en grande partie consacrées à reconstruire les usines et à les munir d'appareils marchant par la vapeur.
Braine-l'AIIeu était jadis fractionnée en différentes parties, sous le rapport de la juridiction. Ce que l'on appelait Longue-Rue ressortissait à la province de Hainaut et faisait partie, sous le rapport administratif, de la châtellenie de Braine-le-Comte ; la justice, à tous les degrés, y appartenait à des seigneurs particuliers, qui en firent abandon aux sires de Braine au XVIe siècle. La coutume de Mons dominait dans cette juridiction, dont nous reparlerons plus loin, à l'article SEIGNEURIES.
Le territoire brabançon de Braine-l'AIIeu se subdivisait à son tour. Le bourg ou franchise, que l'on nommait aussi entour l'aittre, c'est-à-dire à l'entour de l'atrium ou cimetière, était administré par un échevinage, composé de sept personnes qui sortaient de fonctions tous les ans, la nuit de la Saint-Jean, et qui pouvaient alors être remplacées au gré du seigneur, s'il est permis de s'en rapporter au dénombrement présenté par ce dernier en 1440. La franchise nommait en outre un ou des rentiers jurés ou receveurs, quelquefois qualifiés de bourgmestres, mais, pour ce qui les concerne, nous n'avons rien pu recueillir de certain, et il semble que dans les derniers temps le seigneur les nommait aussi.
Un second échevinage, dit de l’afforaineté ou banlieue, était composé de sept membres nommés à vie (à moins qu'ils ne se rendissent coupables de forfaiture). Dans tout le territoire au dehors du bourg, on réglait les affaires personnelles, ainsi que les causes féodales de leur nature, d'après la coutume de Genappe ou de Lothier, et les affaires réelles d'après la coutume d'Uccle. Cette dernière servait de règle, non seulement dans le ressort des échevins afforains de Braine, mais dans la seigneurie du Mesnil, qui avait un échevinage particulier ; dans les cours foncières de Ter-Cluvsen et de l'abbaye d'Afllighem à Monchinpont. Les tenanciers de Ter-CIuysen allaient à chef de sens aux échevins afforains de Braine, de même que les échevins d'Ottignies et d'Ostkerque.
Parmi les nombreuses seigneuries que l'on comptait à Braine, une des principales appartenait au duc de Brabant, qui y avait un aide receveur, subordonné au receveur du domaine à Nivelles et percevant les revenus du souverain, à Braine, Ophain, Plancenoit et Wauthier-Braine. Des alleutiers ou alloyers jurés assistaient à la passation des actes qui concernaient les héritages tenus à cens du duc, et un forestier exerçait la police en son nom. L'office de ce dernier fut souvent affermé, notamment, en 1402, pour un terme de trois ans et moyennant 2 livres de cire par an. A titre d'avoué ou protecteur, les ducs levaient sur chaque foyer une poule par an, ce qui, eu 1559, aurait dû produire 498 poules, mais longtemps avant cette époque, les habitants se refusèrent à payer cette taxe, eu prétextant probablement l'aliénation de la justice en faveur des seigneurs de Braine, de la famille de Witthem.
A partir de l'année 1489, le fief de Braine se composa des deux parties suivantes :
La forteresse et basse-cour de Braine-l'AIIeu, avec la ville et franchise et toute justice, la maltôte (ou assise) du vin et de la bière, des bouchers, des boulangers, des cordonniers etc. Le droit de commettre un bailli, un maire, des échevins, des rentiers jurés ou receveurs de la franchise, des sergents, des touriers (ou geôliers), des messiers ; de lever des cens, des rentes, les congés, les lois, les amendes et autres forfaitures, dans toute la franchise et sans réserve aucune.
La seigneurie de l'afforaineté (ou de l'extérieur), avec toute justice aussi loin que la paroisse s'étendait, un bailli, un maire, des échevins, des sergents etc.; des biens, des cens et redevances, droit de congé, droit de lever le 20e denier, en cas de vente des héritages que l'on tient allodialement de la seigneurie; droit de lever les amendes de toute nature, d'hériter, des biens des bâtards et des aubains, d'avoir deux moulins à ban, ceux de Bayart et de Wissekin, plus, un troisième moulin, celui de Monchinpont, banal pour les habitants de Lillois et de Witterzée ; la dixième part de la récolte des foins à la Preye (redevance qui se percevait depuis 1484 en remplacement du droit qu'avait le seigneur de placer dans cette prairie un certain nombre de bestiaux ; une garenne de lapins et de bêtes sauvages de toute espèce, droit de pêche dans les ruisseaux, droit de chaucyes (ou chaussée), droit de tonlieu et droit de harnais des bêtes passant par les chemins.
Le seigneur pouvait encore faire pâturer dans le bois de Soigne cinquante bêtes à cornes, un taureau, cinquante pourceaux et un verrat. C'était à lui qu'appartenait le contrôle des mesures de capacité pour les grains et les liquides à Braine, et des mesures pour les crains à Ohain. Il nommait les mambours de l'église, de la charité, de l'hôpital, le bénéficier de la chapellenie du château, de celle de l'hôpital et de celles de l'église, et enfin la petite clergie ou marguillerie de l'église.
Les échevins de la franchise scellaient de leur sceau commun les actes passés devant eux ; ceux de l'afforaineté ne donnaient que des chirographes, qu'ils mettaient en garde de loi. Nous avons trouvé, sous la date de 1401, un acte par lequel Jean d'Enioen (ou du Doignon?) vend, par devant son maire et ses échevins, au prieuré de Sept-Fontaines, des biens situés à Braine. Cet acte, qu'il déclare munir de son propre sceau, est rédigé en flamand.
D'après le dénombrement de la seigneurie, en 1440, lorsque quatre échevins de la franchise étaient d'accord pour hausser les lois et amendes, c'est-à-dire pour en augmenter le taux, leur décision devait être acceptée pair tout l'échevinage.
Le 27 mars 1472, Charles le Téméraire, à la demande de Henri de Witthem, décida que les échevins de Braine pourraient comminer les mêmes amendes que comminaient les échevins de Bruxelles, leurs chefs de sens. En 1653, le curé s'étant avisé de faire la visite des tavernes et de calenger les personnes qui s'y trouvaient pendant le service divin, les habitants s'en plaignirent, en ajoutant que le curé composait avec ces personnes et mettait dans sa bourse ce qu'on lui payait.
Une décision du conseil de Brabant, du 20 février 1732, confirma le droit du seigneur à créer et nommer les procureurs pouvant postuler par devant la cour féodale et les hommes de loi, à Braine, à Plancenoit, dans le comté de Walhain etc. 11 fut alors défendu de se servir de procureurs non admis par le seigneur, si ce n'était pour plaider sa propre cause. Lorsqu'un criminel était condamné à mort, c'étaient les habitants de Braine qui voituraient la potence au lieu de l’exécution ; ceux de Plancenoit la dressaient et la plantaient.
Le seigneur percevait un droit de maltote sur les vins (5 liards par cartelette, 2 1/2 sous par demi-aime et 5 sous par aime), 2 sous par aime de bière importée, 2 sous par brassin fabriqué à Braine (outre 3 sous au profit du bailli), 5 placques et 2 gros imposés sur ceux qui brassaient pendant l'année, après s'être présentés aux plaids généraux (on appelait cela le droit des fourneaux, 10 sous par an imposés à chaque boulanger, 54 patars par an sur chaque boucher (moitié au profit de la franchise), 1 vieux gros ou 7 liards pour droit d'avant-fenêtres ou boutiques ouvertes (dont moitié pour la franchise), 1 liard pour droit de winage, de chaque bête à pieds fendus, passant à Sart-Moulin, Mont-Saint-Jean, Roussart et Waterloo, 1 vaisseau de blé par charrue, droit qu'on appelait terrage et qui fut longtemps abandonné au portier du château, en indemnité de ce qu'il devait surveiller et nourrir ceux qu'on y gardait en prison.
Sous le rapport des impôts généraux ou aides, Braine fut longtemps divisé en un grand nombre de parties, ayant chacune leur cote particulière et des répartiteurs spéciaux. En 1383, la paroisse se partageait comme suit, sous ce rapport :
A. Sous le duc : Braine, près du cimetière (/w®/a atrium) fut imposée, dans l'aide de 100.000 écus notée par les états, à 5 1,3 vieux écus. Les tenanciers du duc, à Braine, taxés à. . . 20 » id. Porspont, taxé h 1*3 1 3 id. Mer-Braine, id 2 1 3 id. Slrcyc, id. . 1/3 id. Mesnil, id. . I » id. Budengien, id 3 1,3 id. Monchinpont, id. 8 » id. llobbeke, • id. . 8 » id. L'ALLEU. 101 Sartmouliu, id. . ... 'S * id. Oudenghien, id ..51. 3 id.
B. Sous les seigneurs : Braine, sous sire Colard G6 2 3 id. L'Ermite 4 2 3 id.
Pendant la domination française, Braine et Longue-Rue furent réunis et depuis n'ont plus été séparés.
En 1817, Braine devint le chef-lieu d'un canton de milice, dans lequel on comprit toutes les communes du second arrondissement de justice de paix de Nivelles ; depuis, les limites de cette circonscription n'ont pas varié.
La commune forme deux sections électorales : neuf conseillers sont attribués au centre et aux hameaux non désignés ; deux à l'Ermite, Mont-Saint-Pont et Sart-Moulin.
Les armoiries locales consistent en un écusson formé de quatorze trangles qui sont alternativement d'or et d'azur, le tout chargé de trois lions de sable, placés 2 et 1. Déjà reconnues par le gouvernement hollandais, elles ont encore été approuvées par un arrêté royal du 25 mai 1838.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Le produit des biens et des renies est omis dans ce tableau, parce que les biens, sauf 68 ares, ont été vendus. L'ancienne maison communale (la halle du moyen-âge ?) notamment, a été aliénée par acte en date du 11 juillet 17H3 ; la commune ne s'y est réservé que la chambre destinée aux réunions du conseil.
Depuis plusieurs siècles il existe à Braine un serment d'archers, qui fut réorganisé en 1495. Le 16 mars de cette année (1496 nouveau style), le seigneur, d'une part, et, d'autre part, le roi, connétable, jurés el autres compagnons-archers de l'arc à la main, sons l'invocation de Saint-Etienne, se présentèrent devant les échevins de la franchise et promirent d'observer les conditions suivantes :
Le serment devait être administré par deux jurés, assistés d'un clerc (ou greffier) et d'un valet (ou messager). Les jurés furent assujettis à tenir un registre de leurs recettes et de leurs dépenses et à rendre compte une fois par an. Il leur fut alloué, en retour, une indemnité annuelle de 10 placques et il fut défendu de les injurier, eux ou les autres officiers de la société, sous peine de 10 placques semblables.
Les membres entrants payaient 6 placques, outre 2 placques pour chaque juré, 1 pour le clerc et 1 pour le valet. A moins d'aller habiter hors de la paroisse, on ne pouvait sortir du serment qu'à la fin de l'année et avec la permission du roi, du connétable et des jurés, et en payant 18 placques. Lorsqu'un confrère mourait, Saint-Etienne (c'est-a-dire l'église paroissiale) héritait de sa parure (ou uniforme) et le serment de son meilleur arc. Plus tard, en 1728, l'intendant de la seigneurie défendit d'admettre de nouveaux membres sans l'avoir prévenu, afin qu'on pût s'enquérir de leur naissance, conduite, éducation et mœurs.
Un membre ne pouvait réclamer en justice une dette contractée envers lui par un confrère, sauf du consentement d'un juré au moins et si le débiteur ne promettait pas de payer dans la quinzaine. Les membres étaient tenus de se « faire honneur », c'est-à-dire de comparaître mutuellement s'ils en étaient requis, à leurs noces ou aux noces de leurs enfants, et de se faire un don pour acheter un joyau ; d'autre part, le « sire des noces » était tenu de les régaler convenablement. Leur présence aux obsèques d'un membre décédé était également obligatoire. Ils devaient en outre avertir de ce qu'ils apprenaient de préjudiciable au seigneur ou à l'un d'entre eux. Les paroles injurieuses, les démentis étaient défendus, sous peine d'une amende de 10 placques.
Toutes les quinzaines, à 2 heures après-midi, on tirait au berceau, d'abord pour du vin, puis, si cela plaisait aux membres présents, pour de l'argent. Chaque année ou tirait le geai ou le perroquet (à la perche), et le vainqueur dans cet exercice tenait la cantine pendant une année. Le jour du dîner annuel du serment, le roi ou vainqueur du tir faisait servir aux confrères une tarte, deux jambons de porc, une gelte de vin, et, pendant l'année, il était exempt de toute charge, sauf qu'il devait assister au tir au berceau.
Lorsqu'il y avait une trairie de joyaux, soit de joyaux du pays, soit d'autres (c'est-à-dire un tir à l'arc, soit général, soit local), ceux qui étaient choisis pour y aller étaient indemnises de leurs dépenses par le serment, qui leur fournissait en outre, a chacun, une douzaine de cordes d'arc et trois flèches. Le seigneur de Braine autorisa le serment, en 1495, à choisir un local pour s'y livrer à ses exercices. Si, par malheur, un des membres en blessait un autre, il jouissait à cet égard des mêmes franchises que les archers de Bruxelles. Le seigneur assigna eu outre au serment : 1°. 3 florins de Rhin, à prélever sur les amendes qui seraient comminées contre les confrères, à la condition que ceux-ci assisteraient au besoin son bailli ou ses autres officiers ; 2°. Le tiers des amendes que ses confrères encouraient pour offenses mutuelles, et 3°. Du consentement des échevins et de la majorité de la communauté, une livre de gros, à prendre tous les ans sur le montant des aides, afin que le serment « fil honneur et révérence » à l'église paroissiale, au seigneur et à la ville, « aux jours compétens et selon coutume ». Enfin il fut stipulé que si une défense de porter des armes était publiée en Brabant, le serment conserverait néanmoins le droit d'en porter dans les domaines du seigneur.
A la demande des archers, ce règlement fut muni du sceau seigneurial et du sceau des échevins de la ville et franchise.
La gilde de Braine-l'Alleu participa, en 1554, à la refonte du règlement du landjuweel ou tir pour le joyau du pays en Brabant. En 1565, au tir de Bruxelles, elle remporta le premier prix d'adresse, ce qui, selon les usages alors en vigueur, entraînait pour elle l'obligation de donner à son tour un grand concours l'année suivante.
Les annales de la compagnie, pendant les siècles suivants, n'offrent aucun incident remarquable. En 1733, on fit refondre l'ancien collier du roi, sauf la médaille qui y était attachée et que l'on se borna à redorer. La société se réorganisa le 19 mai 1807. Parmi les dispositions adoptées à celle époque, il en est de curieuses. Les places pendant les cérémonies sont rigoureusement déterminées. On va d'abord chercher, successivement, le lieutenant, l'alfère, le capitaine, le roi ; chez ce dernier doivent se trouver le maire de la commune, s'il fait partie du serment, le connétable et le doyen. Le roi marche le premier, ayant à sa gauche le doyen ou roi de l'année précédente, à sa droite, le maire, qui a à sa droite le connétable, les jurés se placent dans les rangs. Le jour du tir annuel, le nouveau roi est tenu à faire jeter au peuple, par le connétable, de la petite monnaie pour une valeur de 3 florins 10 sous; présenter aux confrères du vin, avec succade (ou sucrerie) à discrétion, depuis le pont du château jusqu'à l'église, et chanter le salut. De plus, chaque confrère paie au moins un carafon de vin. Les convocations se font par les soins des jurés, de l'avis du connétable; ce sont eux aussi qui proposent les admissions aux officiers, et ceux-ci les acceptent ou les refusent. Tous les ans, le mardi de la Pentecôte, ces officiers sont élus au scrutin secret, et les jurés rendent compte de leur gestion.
Le serment tirait jadis l'oiseau dans une prairie que l'on appelait pour ce motif la Trairie. Le 13 mai 1805, Pierre Col, qui en était devenu propriétaire, reconnut les servitudes dont ce fonds était jadis grevé, mais, en 1822, un autre acquéreur, Jean-Baptiste Orens, refusa de suivre cet exemple. Le nombre des membres du Serment, qui était de 30 en 1644 et de 37 en 1807, était de 28 en 1839. La Compagnie du Serment, comme elle s'intitule actuellement, ne se compose que d'hommes mariés; depuis 1816, il en existe une autre, formée de jeunes gens.
La terre de Braine-l'Alleu reconnut pour premiers seigneurs les châtelains de Bruxelles, peut-être dès le temps de François Ier, vers l'an 1096, et de Franco III, qui vivait en 1460. Léon 1er, petit-fils de ce dernier, a daté des actes de Braine-l'Alleu (notamment en 1223) et y a fait plusieurs fondations. Son frère Godefroid, sire de Seneffe, qui se qualifie quelquefois Godefroid de Braine a possédé des biens à proximité, mais on ne sait si ses descendants, les seigneurs de Seneffe, qui parfois s'intitulaient aussi de Braine, ont aussi possédé cette dernière partie du patrimoine des châtelains, et on ignore de quelle manière elle sortit de leurs mains.
Le chevalier Thimer, dit de Rogenies ou de Rogemez, d'après une localité (le Rouge Meez, le Manse Rouge) située entre l'Estrée et le Mesnil, avait, à celle époque, de grands domaines à Braine. Il y possédait une dîme qu'il tenait en fief du châtelain Léon. Le 11 octobre 1216, il l'engagea au chapitre de Cambrai pour la somme de 480 livres de blancs, et, le 11 avril 1219, il la vendit au même corps, ce qui fut approuvé, au mois d'octobre 1220, par le duc Henri. Ce même Thimer céda à l'abbaye d'Afflighem un manoir et ses dépendances, situé au lieu dit le Bois (Silca, peut-être Bois-Seigneur-Isaac), ce qui donna lieu à un accord conclu entre sa femme Mathilde et l'abbaye, dans l'église de Sainte-Gudule à Bruxelles, le 30 janvier 1218-1219. Le monastère d'Aywières fut particulièrement l'objet de sa munificence. En juillet 1221, il le gratifia d'un alleu situé entre Bernarsart et Genappe, et où il ne retint que 30 bonniers, qu'il réserva à ses deux filles, Elisabeth et Lucie. L'une de celles-ci étant morte et l'autre étant entrée au couvent de Maegdendael, à Oplinter, une contestation au sujet de la propriété de la part de la défunte s'éleva entre Thimer, d'une part, et le couvent d'Aywières, de l'autre. Les deux parties vendirent leurs droits aux religieux d'Afflighem, qui, à leur tour, y renoncèrent en faveur d'Aywières (1227). Ce dernier couvent acquit encore, du même Thimer, un alleu de 4 5 bonniers situés à Porspont, que l'on appelait le Bos de Angien et qui était tenu en fief de la seigneurie d'Enghien (mars 1226-1227).
Un acte de l’année 1233 nous apprend qu'une fille de Thimer épousa Petrekin de Viler et que celui-ci, de l'aveu du châtelain Léon, son suzerain, donna à l'autel de la Vierge à Braine un cens de 5 escalins 7 deniers de Bruxelles, dont il était devenu possesseur par suite de son mariage. Peut-être est-ce à ce Petrekin que la branche de la famille de Barbançon, dite de Villers, dut la propriété de la terre de Braine.
En 1342, Colard ou Nicolas de Barbançon, que l'on appelait quelquefois Colard de Viler, parce qu'il était possesseur du village de ce nom, distingué plus tard par la désignation de Villers-Messire-Nicole, relevait du duc de Brabant Braine-l'Alleu et ses dépendances. Il épousa, en 1325, Marguerite d'Agimont, à laquelle il constitua une dot sur ses fiefs tenus du duché, du consentement de Jean III, son suzerain. Tous deux reçurent la sépulture dans l'église de Braine, dans la chapelle de Notre-Dame.
Jeanne, leur fille, succéda à son père en 1370-1377. Elle est qualifiée dame de Fagnolles, probablement parce qu'elle épousa Gérard d'Enghien, seigneur d'Havré, châtelain de Mons, fils d'un gentilhomme du même nom et de Marie, dame de Fagnolles.
Jacques d'Enghien, fils de Jeanne, releva Braine-l'Alleu, Plancenoit etc., en 1379-1380. Ce seigneur étant resté redevable à Rase de Grez, sire de Malève de 10.000 couronnes d'or de France, les échevins de Louvain adjugèrent à ce dernier ses seigneuries en Brabant, le 12 juin 1448. Jacques eut de son union avec Marie, fille de Simon, comte de Roucy et de Braine, et de Marie de Châtillon, morte en 1416, plusieurs enfants, entre autres : Jacques, seigneur de Mes, qui fut tué à Azincourt et ne laissa pas de postérité; Simon, sire de Fagnolles; Marie, dame de Fagnolles, Wièges etc., femme d'Aubert, sire de Canny, et maitresse de Louis, duc d'Orléans, dont elle eut le célèbre comte de Dunois, un des plus valeureux capitaines français de la première moitié du XVe siècle; Marguerite, qui succéda à son père, et Isabelle, femme d'Arnoul, sire de Hamay, Condé, Renais. Jacques étant mort le 12 décembre 1427, le bailli du Brabant wallon fit saisir la terre de Braine, parce que le maire y avait refusé de rendre la justice (le texte porte : « deffally de loi »). II fallut, pour que ses héritiers obtinssent la levée du séquestre, payer au profit du duc de Brabant 60 couronnes de France (ou 15 livres) et au bailli une « cambre « de draps », c'est-à-dire, croyons-nous, la tenture en tapisserie de toute une chambre.
Marguerite d'Enghien s'allia, en premières noces, à Godefroid, sire de Sombreffe, et, en 1406, en secondes noces, à Henri de Witthem, sire de Beersel. Sa seigneurie de Braine étant hypothéquée pour 20.000 livres à Arnoul Vande Velde, dit de Montbroeck, celui-ci obtint en sa faveur des échevins de Louvain une sentence d'éviction (31 mars 1429); mais Henri, fils de Henri et de Marguerite, opéra le retrait et le rachat du bien et en devint le possesseur en vertu d'une nouvelle décision des mêmes juges, en date du 18 février 1434-1435. Jean de Barbançon et sa femme Jeanne de Canny, dame de Jeumont, prétendirent le lui disputer comme héritiers directs de leur bisaïeul, Jacques d'Enghien, sire de Fagnolles, et en firent le relief le 18 juillet 1445; mais la cour féodale de Brabant rejeta leurs réclamations comme non fondées, ni recevables (11 mars 1447-1448). Jean et Henri de Witthem succédèrent à leur père Henri (relief du 13 mars 1455-1456). Henri, ayant, de concert avec Jean Van Ophem, Jean Rape, Henri De Wale, tué à Ter-Cluysen un nommé Arnoul Van Ceps, dut recourir à l'appui de quelques courtisans influents et notamment de sire Philippe Hinckaert. On fit valoir comme circonstance atténuante que le coup mortel avait été donné en hâte, et les coupables en furent quittes pour payer des amendes. Henri, notamment, dut payer 12 couronnes de 6 sous de gros, soit 3 livres 12 sous (1460-1461). Les enfants de Henri et d'Isabelle Vander Spout naquirent tous au château de Braine : Philippe, le 6 janvier 1470-1474 ; Elisabeth, le 2 février 1472-1473; Jeanne, le 25 janvier 1474-1475 ; Marie, le 8 septembre 1476; Pierre, le 15 mai 1480, et Adrien, le 4 mars 1482-1483. Ils eurent tous de nobles parrains et marraines, et Pierre, en particulier, fut tenu sur les fonds du baptême par la duchesse Marie de Bourgogne, le comte de Saint-Pol Philippe de Luxembourg et Henri de Berghes, évêque de Cambrai. Le château, où la naissance des héritiers des Witthem avait été célébrée par de pompeuses fêtes, tomba sous la hache des Bruxellois, et, après sa reconstruction, il ne fut plus, parait-il, aussi fréquemment habité par ses maîtres.
Lorsque Philippe de Witthem épousa Jeanne de Halewyn ou Halluin, son père céda à son fils Braine-l'AIIeu et à sa bru Plancenoit, à la condition que, si celle-ci mourait sans enfants, ce dernier village redeviendrait la propriété des Witthem, et que, si elle survivait à Philippe, elle jouirait d'une rente de 600 livres de 40 gros, hypothéquée sur Braine et réductible d'un tiers dans le cas où elle se remarierait (r. du 2 septembre 1494). Philippe ne releva que le 11 octobre 1499 les petits cens etc. dont le roi Maximilien et l'archiduc Philippe avaient fait abandon à son père, et le 12 juillet 1516 seulement, une partie de la seigneurie d'Ohain, qu'il échangea contre celle de Doignon, à Braine.
Après Philippe vinrent :
Henri de Witthem, son fils, seigneur de Beersel (r. du 16 juin 1523);
Maximilien, fils de Henri (r. du 19 septembre et du 15 octobre 1554) ;
Jean, fils de Maximilien, depuis marquis de Berghes par mariage (r. du 3 décembre 1557) ;
Marie-Mencie, Marguerite et Ernestine du Witthem, ses filles (r. du 16 novembre 1594;
Marie-Elisabeth, marquise de Berghes, fille unique de Marie-Mencie et de Herman, comte de S'Heerenberg (r. du 30 décembre 1613), morte sans postérité; Élisabeth, sa cousine, princesse de Hohenzollern par mariage, fille de Marguerite de Witthem et du comte Henri de S'Heerenberg, frère de Herman précité (r. du 24 mars 1633) ;
Ernestine de Witthem, tante de la précédente, femme de Claude-François de Cusance, baron de Bel voir (r. du 24 mars 1633) ;
Sire Albert, comte Vanden Bergh, baron de Boxmeer, comme usufruitier de sa femme, Marie-Elisabeth de S'Heerenberg (r. du 10 décembre de la même année);
Béatrix de Cusance, duchesse de Lorraine, par donation de sa mère Ernestine (r. du 23 juin 1643);
Charles de Lorraine, prince de Commerci, plus connu sous le nom de prince de Vandemont, et Béatrix de Lorraine, depuis abbesse de Remiremont, comme héritiers testamentaires de leur mère Béatrix (r. du 2 octobre 1685);
Béatrix seule, après la mort de son frère (r. du 31 décembre 1703) ;
Élisabeth de Lorraine, douairière d'Epinoy, sa sœur (r. du 9 janvier 1739);
Marie-Louise de Rohan de Soubise, fille du prince Jules-François-Louis de Rohan. par donation d'Elisabeth, à l'occasion de son mariage avec le prince Gaston-Jean-Baptiste, chevalier de Lorraine, comte de Marsan (r. du 1 avril 1739);
Armande-Victoire-Josèphe de Rohan, princesse de Soubise, par donation de sa tante, donation qui lui fut faite, avec réserve d'usufruit, à l'occasion de son mariage avec Henri-Louis-Marie de Rohan, prince de Guémenée (r. du 21 juillet 1764).
En l'an XII, les biens de madame de Marsan et de la princesse de Soubise furent vendus à MM. Lefebvre et Lefebvre-Boucher; et, en 1808, la terre de Braine-l'AIIeu, avec ses dépendances à Plancenoit, Lasne, Noucelle, Wauthier-Braine, Ophain, fut comprise dans la part du premier et de son fils, M. Lefebvre-Maillet. Depuis, les biens dépendants de cette ancienne seigneurie ont été morcelés et aliénés.
Le dénombrement présenté à la cour féodale le 10 septembre 1440 nous donne la mesure de l'importance que la seigneurie de Braine avait alors. Elle comprenait : une cour féodale, à laquelle ressortissaient 45 hommages, dont 17 pleins-fiefs; une juridiction ayant toute justice, sauf la haute, s'exerçant par les deux bancs échevinaux dont nous avons parlé; une maison et forteresse avec vivier, une moytuwerie ou cense et deux moulins à eau; 45 bonniers de terres situés entre Braine et Mer-Braine ; encore 49 b. 2 journaux de terres, 4 b. de prés fauchables, aunois, jardins et viviers, situés «contre la clossurre de Marnv»; le bois du Forièt, contenant 60 b., dont 6 environ de bruyères; le droit de mettre les poulains de la ferme seigneuriale dans les prés dits de la Preye, que les propriétaires ne pouvaient faucher avant la Saint-Jean ; le droit d'exiger 36 corvées de fenaison, un cens de 8 livres 18 sous 3 deniers, 65 chapons, 41 poules, 31 4/2 vieux gros, 33 muids 3 setiers d'avoine, 4 maille de Hollande et 45 placques; plus un autre fief consistant en 8 b. de terres situés entre la Croix Saint-Zet et le bois du Forièt, 2 b. de prés et un cens de 32 sous de bon cens, 34 chapons el un seller d'avoine.
Outre Plancenoit, qui y fut réuni de nouveau vers l'an 1350, après en avoir été séparé pendant quelque temps, la seigneurie de Braine engloba successivement de nombreuses acquisitions, surtout du temps des Witthem. Ils y réunirent : en 1470, la seigneurie de l'Estrée; en 1471, un fief de 6 journaux, séparé d'un plus grand fief et appartenant à J. Del Vaux (r. fait devant la cour féodale de Braine le 3 mars 470); en 472, le plein-fief dit les Follons, comprenant une seigneurie , des cens, des rentes, des hommages etc. (r. devant la même cour, du 10 mars 1471); et le Fief del Core, à Mer-Braine, tenu, comme les deux précédents, de la seigneurie de Braine; en mai 1474, une part de la grande dîme de la paroisse, relevant encore de celte seigneurie et que vendit le chevalier Coslin de Limelelte; le 18 janvier suivant, un plein-fief au Forièt, avec maison, pourpris, prés, pâturages, bois, terres, vivier, bruyères, acquis d'Antoine de Sombreffe, dit du Bois (acte passé devant la cour féodale de Braine); en 1477 et 1480, les biens dits du Doignon; en 1482, la seigneurie des Camps, avec cens, rentes, hommages, droits de vente, par achat à Henri de Witthem, frère illégitime du seigneur (r. devant la même cour, du 20 mai 1482) ; en 1484, la juridiction et droits du seigneur d'Ophain et Bois-Seigneur-Isaac à Braine; en 1509, quelques petits cens et des redevances faisant partie d'une seigneurie appartenant à Catherine, fille de Colart Mayeur, et à son mari, Pierre le Marissal (acte du 7 mars 1509-1510; en 1522, la seigneurie de Longue-Rue; en 1545, le Fief de la Hutte, à Plancenoit; en 1564, la terre du Mesnil.
Le château, dont Harrewyn a gravé une vue pour la To ographia Gallo-Brabanliœ de Le Roy, ne présentait, au XVIIe siècle, qu'un ensemble assez irrégulier de bâtiments, entourés par de grands fossés remplis d'eau. On y avait accès par un pont de pierre, dans lequel étaient pratiquées quatre petites arches et qui était précédé d'une porte, flanquée de deux tourelles. Le manoir formait un carré de bâtiments d'inégale grandeur et presque tous surmontés de pignons en escalier. Deux tours, l'une carrée, l'autre ronde, en ornaient la partie orientale.
Ce château se trouvait à environ 300 mètres à l'O. de l'église, au pied du coteau qu'occupe le bourg, dont il était séparé par le Hain. Il a été presque entièrement démoli en 1810, et il n'en reste plus que de faibles traces : quelques parties de murs entièrement construites de gros grès blancs et d'une épaisseur d'environ 5 pieds. Il y a quelques années, un mur vers le S. offrait encore une grande porte en plein cintre, aujourd’hui bouchée. On y a trouvé parfois, dans les fondements de petites pièces de monnaie d'argent.
Celle des tours qui servait de prison renfermait, peu de temps avant l'invasion française, un ex-dragon de la Tour, dit le Rude, parce qu'il traitait durement ceux qui tombaient entre ses mains. Ce bandit faillit un jour s'évader en trouant la muraille de son cachot au moyen du manche du seau dans lequel on lui donnait de l'eau à boire. L'endroit appelé la Chiennerie, que la dame de Braine donna en arrentement en 1773, servait autrefois de chenil, à ce que l'on suppose. Il se trouve à proximité de la Basse-Cour, l'ancienne ferme du seigneur.
Le 8 mars 1395-1396, Jacques d'Enghien fonda une chapellenie sous l'invocation de Notre-Dame et lui assigna par dotation annuelle, 30 muids de seigle, 12 de froment et 12 d'avoine, et 24 bonniers de terres, à charge, par le possesseur, de célébrer tous les jours la messe au château ou, en l'absence du seigneur, au grand autel de l'église. L'évêque de Namur ayant visité la chapelle le 21 octobre 1737, ordonna de remettre en vigueur la dernière disposition de l'acte de l'année 1395, mais l'intendant de la seigneurie et le curé de la paroisse s'y opposèrent et l'évêque, comte de Berlo, permit, en 1741, de continuer à dire la messe au château tous les jours, quoique la dame de Braine fût absente. La chapelle fut dotée d'indulgences par le pape Clément IX, le 2 septembre 1669. .
Parmi les nombreuses habitations éparses aux alentours du bourg de Braine, aucune ne jouit d'un renom égal à celui du château de Goumont ou Hougoumont, dans lequel les Anglais se défendirent si vaillamment contre les troupes françaises, le 48 juin 1815. Ce manoir ne parait pas dater de très-loin. En 1474, nous voyons l'ordre de Malte vendre au seigneur de Braine, pour la somme de 100 couronnes d'or, 12 bonniers de bois dits de Goumont et 12 bonniers de bruyères contiguës. En 1562, Goumont appartenait à Charles Quarré; Arnoul de Schuyl, sire de Walhorn, l'acquit vers l'année 1637. Postérieurement à l'année 1674, il passa à Jacques d'Arazola de Onate, chevalier, conseiller des finances, surintendant de la province de Hainaut, qui mourut le 15 septembre 1688. Son fils Jean-Philippe, conseiller de la chambre des comptes, mort en 1729, et le fils de celui-ci, Jean-André, dit le chevalier de Goumont, mort en 1791, eu furent ensuite possesseurs. En 1815, Goumont et ses dépendances appartenaient à M. de Louville-Gomont, major pensionné au service d'Autriche, qui descendait par sa mère des Arazola. A cette époque, pour emprunter la description du colonel Charras, « le domaine comprenait une vaste maison d'habitation, un logement de fermier, une chapelle el des bâtiments d'exploitation, rangés sur les quatre côtés d'un rectangle. Deux grandes portes y donnaient accès; l'une au sud, l'autre au nord. A l'est du château et y attenant se trouvait un grand jardin clos, du côté du nord, par une haie, et des autres côtés par des murs épais, hauts de plus de deux mètres. A l'est encore de ce jardin s'étendait un verger beaucoup plus grand. Un bois taillis, sous une futaie très claire, couvrait, au sud, le verger, le jardin et le château, s'en approchant à une trentaine de mètres ».
Actuellement il ne subsiste plus que les ailes occidentale et méridionale du manoir, la première comprenant une grange très solidement construite et des écuries; la seconde, qui sert d'habitation au fermier, est percée de grandes croisées à meneaux de pierre et en partie murées. Les ailes orientale et septentrionale, qui constituaient le château, ont été brûlées; par ordre du propriétaire actuel, M. le comte de Robiano, on en a religieusement respecté les ruines. Au milieu de la cour on aperçoit encore des vestiges de l'escalier principal, dont les marches sont en pierres bleues, el une chapelle de construction fort simple et ornée seulement d'un Christ en bois vermoulu. Selon la tradition, les flammes se seraient miraculeusement arrêtées au pied de ce crucifix. Un clocheton surmonte ce petit oratoire, et deux vieux poiriers en tapissent extérieurement les murs, qui, à l'intérieur, sont couverts de noms de visiteurs.
La cour est dominée par le jardin, dont un bon tiers est couvert de grands arbres, tandis que l'ancien bois, vers le sud, a été complètement défriché. Les murs du jardin sont encore crénelés, et près du mur méridional, on remarque deux pierres tumulaires en forme de cercueil, el portant, l'une : John-Lucie Blackman. Waterloo. 18 june 1815; l'autre : Sacred to the memory | of I Edward Cotton, | author | of a voice from Waterloo, | an late Serjeant-Major | of the 7th Hussars J| who departed this life at | Mount-St-Jean, | the 24 dav of June 1849, | in his 58 year. Le capitaine Blackmau repose sous la première, le guide Cotton sous la seconde.
Goumont est séparé de la chaussée de Nivelles par un petit vallon et de la chaussée de Charleroi par un champ légèrement incliné vers le sud. Il se trouve à 4.400 mètres au S.-O. du Lion, à l'extrême limite de Braine et de Plancenoit.
Le petit vallon dans lequel se cachent la ferme et les ruines de Goumont descend vers le nord, dans la direction du hameau de Mer-Braine, que l'on nomme quelquefois, mais à tort, Merbe-Braine. Cette localité appartenait en grande partie au chapitre de Notre-Dame à Cambrai, qui y avait une ferme, dite le Petit Cambray, des terres, des bruyères etc. La ferme a brûlé en 1815, pendant que les troupes alliées occupaient cette position.
Le chapitre procéda longtemps, par devant l'official de l'évêque, contre les habitants du village, au sujet de l'exploitation des terres qu'il y possédait comme patron de l'église paroissiale. Une sentence arbitrale, prononcée par Léon, châtelain de Bruxelles, par le doyen de Haï et par les curés de Braine et de Plancenoit au mois d'août 1250, termina enfin cette querelle. Les habitants s'engagèrent à cultiver à leurs frais les terres en litige pendant 12 ans, à les amender au moyen de fumier et de marne, et à défricher les terrains incultes nommés le Terenlas. Le chapitre devait percevoir la moitié des fruits et, à l'expiration des 12 années, rentrer dans la pleine possession de ses biens.
Colard de. Barbançon, seigneur de Villers, ayant exigé des corvées des habitants de la maison et tenure du chapitre à Mer-Braine, ce corps réclama, et il intervint un accord que le duc Wenceslas et la duchesse Jeanne approuvèrent le 6 février 1366-1367. La maison précitée fut déclarée exempte de toute servitude, sauf qu'à la Noël elle devait un cens annuel d'un denier, que les habitants étaient tenus de moudre au moulin seigneurial, et qu'en cas de guerre la ferme était assujettie à fournir un chariot et des chevaux, prestation à laquelle le seigneur ne voulut en aucune façon renoncer.
D'après un dénombrement en date du 23 mai 1440, le chapitre tenait en fief du duc de Brabant toute la dîme de Braine, d'Argimont et d'Ophain, sauf qu'à Braine l'hôpital et le seigneur du Mesnil en prélevaient chacun un douzième, le chapelain du bénéfice de Notre-Dame un vingt-quatrième, la charité (ou bienfaisance) de la paroisse une part produisant un muid de blé et un muid d'avoine, et la chapelle castrale une autre part rapportant 12 muids de blé et 12 muids d'avoine. A Ophain, la part du chapitre ne consistait qu'en un quart, si ce n'est sur le champ dit le Meys, où elle comprenait une moitié. A Argimont, la chapellenie de Notre-Dame de Braine possédait un 24e de la dîme et l'abbaye de Forêt un 12e. Une partie de celte dîme de Braine, désignée sous le nom des Dogimes, fut cédée au chapitre par le couvent des Dominicaines d'Auderghem en échange du patronat de l'église de Watermael (chartes du duc Jean Ier, en date du 2e dimanche après la Trinité, en 1271, et du jour de l'Invention de la Sainte-Croix, en 1272). Le cens seigneurial du chapitre produisait, en 1530, 23 chapons, 8 sous de Louvain, 14 deniers oboles, 3 gros, 2 setiers de froment, 11 vaisseaux de blé, 3 setiers d'avoine. La seigneurie avait un maire et une cour de tenanciers.
Il a existé à Mer-Braine une famille noble, à laquelle appartenaient Wiccard de Merre-Braine, qui vivait en l'an 1246, et Étienne de Merre-Braine, qui est cité, en l'an 1263, parmi les vassaux de Nicolas de Familleureux, seigneur de Bois-Seigneur-Isaac. Cette lignée doit avoir abandonné son nom pcxir celui de de le Core. en Étienne de le Core, en 1296, et Colins de le Core de Mer-Braine, en 1340, sont cités dans des chartes faisant partie des archives de la bienfaisance de Braine. Le second, sous le nom de Colin de Merre-Braine, tenait du duché de Brabant, dans le hameau de ce nom, un fief comprenant 5 journaux de prés, 4 bonniers de terre, un cens de 4 chapons, 2 1/2 setiers d'avoine, 1 setier de froment, 3 sous, 40 œufs et poulets, une cour féodale de 13 hommages, dont 6 pleins-fiefs. Il eut pour fils Jean et Wautelet ou Waller de le Core, dont les descendants continuèrent à porter ce dernier nom. Le 25 mai 1472, Jean de le Core et son fils Hennekin vendirent au sire de Braine le Fief del Core, à Mere-Braine, consistant en cens, rentes, hommages et autres droits, le tout séparé d'un plein-fief relevant de la terre de Braine. Le fils et le petit-fils de Jean confirmèrent celle cession, le 19 octobre 1519, à la condition que le restant du fief ne donnerait dorénavant pour droit de relief qu'un philippus d'or de 25 patars.
A 1.000 mètres environ au N. de Mer-Braine commence le hameau du Mainil ou Mesnil, où il y eut jadis un manoir important et où l'on ne voit plus qu'une petite maison de campagne. Le Mesnil forma longtemps un domaine tout à fait distinct, tenu en fief du Brabant et devant, le service féodal par un combattant à cheval. Ce bien avait un maire, un échevinage, une cour féodale, à laquelle ressortissaient 36 hommages, plus, pour un douzième, les quatre fiefs que le chapitre de Cambrai possédait à Braine; un cens de 60 chapons, 14 poulages ou poules, 60 sous censaux de bonne monnaie. On y trouvait la Maison du Manil, laquelle, en 1440, tenait d'un côté à la Maison du Doignon, et, de l'autre, aux biens des héritiers de Jean de Le Vaud, et dont les dépendances comprenaient 74 bonniers de terres et de prés. Anciennement ce domaine s'étendait aussi sur Ohain, mais, le 5 août 1483. Jean T'Serclaes céda à Henri de Witthem tout ce qu'il possédait en ce dernier endroit, tant en biens et cens qu'en droits seigneuriaux de toute espèce. Le bois de Lyon net, à Lasne, en fut également séparé, au profit de Thierri de Buyle, le 11 juin 1534.
Une déclaration des curés de Braine et de Plancenoit, datée du mois de septembre 1236, nous apprend qu'Alide, sœur d'Alexandre de Manil, vendit des terres situées à Porspont (aujourd'hui Pospol) pour payer ses dettes. En 1295-1296, le lundi avant la Purification, le duc Jean II, afin d'accroître l'importance du fief que tenait de lui Léon dou Maenill, affranchit ses tenanciers de toute taille, aide et corvées, mais seulement pour les biens qu'ils tenaient de ce seigneur; le duc reconnut à celui-ci le droit d'y rendre la justice, sauf la haute qu'il se réserva.
Léon eut pour successeurs :
Vers 1312, Arnoul du Manil, puis Jean du Menil ;
Vers 1374, Jean, fils de Guillaume de Bourlamont ;
Nicolas Le Hertoge ;
Robert, fils de Robert du Bos ;
Evrard T'Serclaes, fils de messire Evrard, le libérateur de Bruxelles (relief de 1385-1386) ;
Jean, fils du précédent (r. du 11 mai 1424), seigneur de Thilly ;
Catherine, sa fille, et son mari, Barthélemi Vander Ee (r. du 25 octobre 1473) ;
Jean, frère de Catherine (r. du 24 janvier 1474-1475); Jacques, son fils (r. du 13 août 1497) ;
Antoinette, sœur de Jacques (r. du 23 octobre 1517); Martin T'Serclaes, seigneur de Thilly, héritier d'Antoinette, vendit le Mesnil au sire de Beersel et de Braine, qui annexa ce nouveau bien à ses domaines (r. du 18 mars 1560-1564).
La Maison de Doignon, qui était contiguë à celle du Mesnil, constituait également, un fief tenu du duché, lequel fief, dans le principe, comprenait une cour féodale de 30 hommages, des cens, une ferme dite au Menil (t’hof te Meyningen) avec 20 bonniers de terres et de prairies etc. La famille de Bouleir ou Bonlez le posséda au XIVe siècle, puis Jean de Doignon en hérita de Jean, son père. Plus tard, ce Jean donna les biens-fonds compris dans ce fief à sa sœur Gertrude et à son mari Louis De Vriese (relief du 13 octobre 1380), qui les vendirent, le 24 mai 1398, moyennant une rente annuelle de 12 florins censaux, à Jean Vanden Daele ou de le Vaul, fils de Franc et de Marie de Bourgevaul ou Bornival. Un descendant de l'acquéreur, Jean, fils de Jean de le Vaul, fit abandon de ces biens, qu'il avait reçus en héritage de son oncle Franc (r. du 20 octobre 1469), à sire Henri de Witthem (r. du 18 avril 1477).
Le populeux hameau de l'Estrée, situé en aval du Menil el à peu de distance du Hain cite parmi ses premiers possesseurs le chevalier Franco de Braine, dit de Strala de l'Estrée ou delà Rue), qui donna en aumône, à l'abbaye de la Cambre, une dîme située en cet endroit et produisant par an 12 muids de grains. Le chapitre de Cambrai se montra peu satisfait de cette acquisition faite par une autre corporation dans une localité où il avait le patronat de l'église; mais, à la demande du duc Henri Ier et du châtelain Léon, il consentit, à l'approuver, à la condition qu'il lui serait payé un cens annuel de 12 deniers de Bruxelles (février 1217-1218). Celle dîme de l'Estrée n'est autre, sans doute, que la dîme de Mansinpont, dont la possession fut confirmée à l'abbaye de la Cambre par l'évêque de Cambrai Guillaume, en 1286.
La seigneurie de l'Estrée se composait, au XIVe siècle, d'un manoir et moulin, de 5 bonniers de prés, de 32 b. de terres, d'un cens de 71 chapons et poules, 4 oies, 45 livres, d'une cour féodale de 7 hommages, d'une seigneurie avec le droit de percevoir les lois et les congés et de tenir, pour le service du moulin, un cheval qu'on pouvait faire pâturer dans la forêt.
René de l'Estreye (en 1312), sa fille Agnès (vers 1360), Jean de Tournette dit de Habbeke.. fils de Jean de Tournette ou Tournoyse et de la précédente (relief de l'année 1384-1385), se transmirent successivement ce bien, qu'acquit ensuite Jean, fils de Guillaume de la Hutte (appelé ailleurs Guillaume Cotlriaux de la Hutte). Jeanne, sœur de Jean, en hérita (r. du 8 mai 1418). On en opéra ensuite la saisie, pour défaut de paiement d'une somme de 100 livres de vieux gros tournois dus à Jean Block de Turnhout, et on l'adjugea aux religieuses de Ter-Cluysen (r. du 11 octobre 1437); de celles-ci il passa aux Witthem (r. du 11 mai 1470).
Le hameau de Vau ou Del Vaux se trouve près d'un autre vallon, courant du N.-E. au S.-O. et dont les eaux vont également rejoindre le Hain, un peu en aval de l'Estrée. Là, sur une hauteur, s'élève aujourd'hui le gracieux bâtiment que la ville de Bruxelles a fait construire, en 1859, pour renfermer la machine à vapeur qui envoie à la capitale les eaux du voisinage; plus bas, on remarque un petit étang servant de réservoir pour une partie de ces eaux et, en contrebas, une belle pièce d'eau qui est contiguë au moulin Gabriel. Vau eut aussi pour maîtres, dans les temps anciens, des possesseurs qui portaient le nom de leur domaine. Godefroid de Valle ou du Val figure, en 1263, parmi les feudataires du seigneur de Bois- Seigneur-lsaac. En 4312, Colin et Franco de le Val tenaient du duché de Brabant, le premier, un manoir avec 19 bonniers de terres, que l'on appela depuis le Mee Delvaux ; le second, 22 b. de terres près de Waterloo et de la forêt de Soigne, 2 hommages et un cens de 40 deniers. Vers l'année 1374, Jean de Houthain, fils de Colard de le Vail avait succédé à Colin ; Franc, fils de Massart de le Vail, à Franco.
Franc de le Vaul épousa Marie de Bornival et en eut plusieurs enfants, entre autres Jean, François, un second Jean et. Marie, qui, le 19 mai 1400, en épousant Staussart de le Fosse, reçut pour dot le patrimoine de son père, sauf les fiefs ténus du comté de Hainaut, le fief de Rusebrouch ou Ruysbroeck etc., à charge de payer à son père une redevance viagère de 1 muids de blé. Franc ayant vécu longtemps, ce fut sa petite-fille Catherine de la Fosse, femme de Jean, bâtard de Beersel, qui succéda au fief de Vau (relief du 8 juin 1420). Après avoir successivement appartenu à plusieurs familles, ce bien échut aux Rigaux (r. du 26 juillet 1617) et fut morcelé dans Je premier quart du siècle suivant.
Les hommages et les cens du bien de Doignon étaient devenus la propriété de Catherine, fille de Jean de Dyon, et de son mari Jean Van Zelleke (r. de 1427). Catherine, devenue veuve, les aliéna également en faveur du seigneur de Braine (r. du 18 juin 1480), de concert avec sa fille Marguerite, veuve de Jean Rassyn (r. du 4 2 avril 1480-1481). Parmi les vassaux de celle seigneurie figuraient, en 1440 : sire Everard T'Serclaes, pour 4 bonniers au Mesnil; Franc de la Blocquerie, pour 6 journaux au Roux-Sart ; Nicolas Polet, pour des cens et renies à Ransbeke, sur Ohain ; Jacques, fils de Henri Vleminckx, pour une seigneurie, avec 4 bonniers 4 journal de terres, des hommages, et un cens de 14 chapons, 8 poules, 14 sous de bon argent etc.
Près du bois de Soigne a existé la Maison de la Fumière, qui relevait du duché de Brabant, avec quelques terres et deux hommages. Arnoul Du Jardin la laissa à son fils Gilles, qui, vers le milieu du XIVe siècle, la vendit à Gilles de Cheval. Jean, fils de celui-ci, le céda à Guillaume Stassart, dans la famille duquel il resta jusqu'en 1493.
Un autre manoir portait le nom de Habbeek, actuellement transformé en celui d'Abeiche, d'après le ruisseau adjacent, ou Ri Patiau. Les possesseurs avaient une seigneurie foncière, des cens, 2 hommages et des terres. Ils pouvaient faire pâturer dans la forêt 42 bêles à corne et un verrat. Le dernier relief de la ferme d'Habeiche a été fait par messire Louis-Bernard Powis, qui en avait fait l'acquisition de la famille Michel (r. du 13 octobre 1777). La dîme de Habbeek était anciennement possédée, au moins en partie, par la famille de Grambais. Guillaume Colriaus, fils de René de Grambais, en vendit à l'archidiacre de Cambrai, Jean T'Serclaes, un quart, qui était tenu en fief de Jean de Bourlamont (12 novembre 1368); le même Guillaume vendit au chapitre de Cambrai une partie de la dîme d'Argimont {diplôme de la duchesse Jeanne, du 2 septembre 1372). Le souvenir de ces familles féodales a disparu des contrées où elles ont dominé; leurs manoirs ont fait place à des fermes et, plus souvent encore, à de simples métairies. De hautes cheminées couronnent ces hameaux qui s'enorgueillissaient jadis de leurs tours crénelées, et un magnifique ouvrage d'art, le viaduc dit de Mont-Saint-Pont, que l'on pourrait plutôt appeler de l'Abeiche, orne les lieux où ont dominé en maîtres les chevaliers de Grambais.
Au N.-O. d'Abeiche. à l'O. du Chênoit, dont il est séparé par une partie du territoire de Rhode-Saint-Genèse, le hameau de l'Ermite occupe un plateau, d'où on domine le vallon de Mont-Saint-Pont et qu'entouraient autrefois des bois épais, par lesquels les bois de Hal se rattachaient à la forêt de Soigne. C'est par là que le chemin de Nivelles à Bruxelles traversait celte forêt, et il s'y trouvait déjà, en 1434, des défrichements formant un bien nommé Dudinsart, que le duc Godefroid 1er et son fils Godefroid donnèrent à l'abbaye de Gembloux. Une chapelle et un hameau s'y élevèrent et les biens de Gembloux y passèrent, en l'année 1399, aux religieuses qui y vécurent jusqu'en l'année 1456, ainsi que nous le raconterons plus loin.
Les religieuses, à l'exemple des moines de Gembloux, constituaient à l'Ermite, nom qu'avait pris le hameau, un maire et des échevins (ou plutôt des tenanciers jurés;, qui. au XVe siècle, conservaient encore l'antique coutume de ne pas passer d’actes pour la vente ou l'engagère des biens. Les parties se bornaient à se transférer l'une à l'autre les propriétés, en présence du banc ou échevinage, dont les membres attestaient, au besoin, l'accomplissement de cette formalité. Mais des difficultés s'étant élevées et des contestations n'ayant pu s'éclaircir, parce que les anciens échevins n'étaient plus en vie, on demanda au duc Philippe le Bon et on obtint de lui l'autorisation de nommer à l'Ermite un clerc, chargé de rédiger des lettres et chirographes pour les actes passés devant les échevins du lieu, et de faire confectionner un coffre à trois clefs, qui serait placé dans l'église de l'Ermite, et dans lequel on garderait ces lettres et chirographes, dont des doubles devaient être remis aux parties. Dorénavant, lorsqu'un débat surgissait, il fallut, pour être admis à procéder par devant l'échevinage, que l'acte produit par le demandeur se retrouvât dans le coffre précité (charte datée de Bruxelles, le 1er février 1144-1445).
Les demoiselles de l'Ermite, ainsi que l’on appelait au moyen âge les religieuses de Ter-CIuysen, avaient dans leur seigneurie « cens, rentes, loix et amendes », et le duc y avait la « souveraineté et hauteur, qui se jugent selon la court des hommes à Genappe ». Lorsque les Witthem acquirent la haute justice de Braine, ils se firent reconnaître comme seigneurs à l'Ermite, qui en dépendait au spirituel. Dans les Comptes du maire de la Hulpe pour les années 1613 à 1620. Ce fait est qualifié d'usurpation et on représente à tort l'Ermite comme une localité où il y avait eu une église paroissiale. La chambre des comptes ordonna de transmettre à l'office fiscal les plaintes du maire, et, en 1630, le domaine mit en vente la haute justice de l'Ermite, mais cette juridiction ne trouva pas d'acquéreur, et les sires de Braine en conservèrent la possession.
Des hauteurs accidentées et en partie boisées s'étendent vers le sud-ouest de l'Ermite au Hain. On y voit le hameau d'Odegien ou d'Oudenghien (de oud, ancien, et ingen, habitation), qui a peut-être une origine très reculée, malgré sa situation isolée. La culture n'a pris de ce côté de l'extension qu'après la fondation du prieuré de Sept-Fontaines, qui y établit les fermes de Tout-lui-faut ou Blaervelt et de Ham, que la république française vendit, cette dernière, avec 43 bonniers 1 journal, le 12 nivôse an VI et moyennant 405.000 livres, à Maximilien-Louis Veydt et Corneille Vanden Burggraef ; la seconde, avec 128 b. de terres, le 7 pluviôse suivant et moyennant 207.000 livres, à Mary et au même Veydt. En vertu d'un diplôme de Philippe le Bon, du 12 juillet 1434, les religieux pouvaient placer à Tout-lui-faut les 24 vaches, le taureau, les 60 porcs, le verrat, les 100 brebis et les 4 chevaux que ce prince les avait autorisés à envoyer pâturer dans la forêt de Soigne. Pendant les guerres de religion, la ferme fut incendiée, le 10 octobre 1575, par l'imprudence d'un soldat espagnol qui y passa la nuit dans la grange avec sa maîtresse et qui y laissa brûler de la lumière; on la rebâtit avec somptuosité et elle était à peine achevée quand la garnison de Bruxelles la livra aux flammes, le jour de Pâques, 13 avril 1582.
Les religieux de Sept-Fontaines refusèrent, en l'année 1436, de payer au chapitre de Cambrai la petite dîme et les novales pour ce bien et ses dépendances, mais, quatre ans après, un accord fut conclu entre eux. II fut décidé que, lorsque les religieux exploiteraient eux-mêmes la ferme, ils ne paieraient que la moitié des dîmes royales pour environ 14 bonniers qu'ils avaient mis en culture, et qu'on n'exigerait d'eux au-delà de la moitié de la dîme des agneaux et des laines que s'ils tenaient plus de 40 brebis (13 juillet 1440).
Dans la vallée principale, les grands hameaux de Mont-Saint-Pont et de Sart-Moulin présentent une agglomération considérable, parsemée d'usines cl de beaux jardins. A Mont-Saint-Pont. le monastère d'Afflighem a eu une seigneurie foncière, un moulin, des fermes, des cens etc. En 1160, Macaire de Bragna ou Braine, ses fils Henri, Guillaume et Gérard, et sou neveu Alexandre, donnèrent à celle abbaye leur moulin à Hadbeke (ou Habbeek) et deux héritages et courtils situés entre le ruisseau et le chemin public. Parmi les témoins de la charte ducale approuvant cette cession, ou nomme Wichard de Braine.
La partie méridionale de Braine formait la seigneurie de Longue-Rue, releva ut du comté de Hainaut et ayant haute, moyenne et basse justice, un maire et des échevins, une cour féodale, de laquelle relevait, entre autres, un fief que Engelbert del Neufrue vendit au sire de Beersel le 11 mars 1472-1473; 56 bonniers de terre, 2 b. de bois, un cens de 97 chapons.
Parmi les vassaux du sire d'Enghien figure, en 1221, Galler ou Walter de Longeroe. En 1410, la seigneurie de ce nom appartenait à Gilles, sire d'Arnemuden en Zélande, qui la donna, avec d'autres biens, à sa fille Marie, lorsqu'il la maria à Anseau ou Anselme de Hamal, dit d'Odeur, sire de Trazegnies (contrat passé à Mons, le 12 février 1435-1436).
Les Trazegnies aliénèrent successivement tous leurs biens à Braine. Anseau céda à Franc le Carlier, curé de la paroisse, moyennant une rente annuelle de 45 peters de 54 placques chacun, le Meiz de Hal, contenant 37 1/2 bonniers de terres et de prés, et, par acte en date du 28 avril 1522, Jean de Trazegnies, sire d'Arnemuden, vendit Longue-Rue à Henri de Witthem, moyennant 4.,600 livres de Flandre, en se réservant le droit de le racheter, droit auquel il renonça le 24 avril 1528, pour la somme de 640 livres.
Par contrat daté du 28 avril 1484, approuvé par Maximilien d'Autriche le 10 mai suivant, Antoine de Dave céda à Henri de Witlhem, pour 400 peters de 19 patars chacun, la haute, moyenne et basse justice et les cens seigneuriaux qu'il possédait à Braine comme seigneur de Bois-Seigneur-Isaac (relief fait à .Mons le 18 mai 1484). Deux ans plus tard Maximilien consentit à ce qu’Henri fit enfermer en Brabant, dans sa « maison forte » de Braine, les malfaiteurs et délinquants qui seraient arrêtés dans sa seigneurie au pays de Hainaut, à la condition que s'ils étaient condamnés à quelque peine, l'exécution s'accomplirait en Hainaut.
L'église de Saint-Étienne à Braine avait jadis le rang de mère église. L'autorité du curé s'étendait, non seulement sur ce qui constitue aujourd'hui la paroisse, mais sur la majeure partie de Waterloo, qui a été érigé en paroisse en 1803; sur Plancenoit, que l'on a séparé de Braine en 1211, et sur Ohain, qui devint également une paroisse vers l'an 1200. La circonscription ecclésiastique actuelle diffère de la circonscription civile : une partie de la commune, au N.-N.-O., dépend au spirituel de Rhode-Saint-Genèse.
Après avoir fait partie de l'évêché de Cambrai et du doyenné de Hal, elle fut comprise, en 1559, dans l'évêché de Cambrai et le doyenné de Nivelles. Mais, postérieurement à l'année 1639, elle fut séparée de ce dernier et englobée dans le doyenné de Genappe. Le concordat l'érigea en une cure de deuxième classe, ayant pour succursales les églises de Saint-Nicolas el du Saint-Sépulcre à Nivelles, de Baulers, de Haut-Ittre, de Lillois, d'Ophain, de Plancenoit, de Waterloo et de Wauthier-Braine. Depuis 1837, toutes ces églises font partie du doyenné de Nivelles.
Le chapitre de Cambrai, en vertu de l'accord qu'il conclut en l'an 1497 avec le duc Henri 1er, possédait le patronat et la plus grande part des dîmes de Braine et doses dépendances. Les autres décimateurs à Braine étaient le seigneur, qui percevait la dîme pour un 12e, dans trois aillions dits les Cantons de Cambrai, et dans un quart du canton dit Mesnil et Blocquerie; le curé, dont la portion, exempte de toute charge, valait de 900 à 1.000 florins par an pour un 24e, le chapelain du bénéfice de la Vierge; celui du bénéfice de Saint-Étienne, , dont la part valait 300 florins; l'hôpital, qui avait un 12e dans les quatre cantons cités plus haut et la moitié de la dîme du lin et du chanvre; le couvent de Jéricho à Bruxelles, qui avait un 42e dans les cantons de Waterloo ou Habeiche et d'Argirmont, et enfin l'abbaye de la Cambre. Aux marguilliers appartenait un 42e de la menue dîme. Si la fabrique manquait de ressources pour l'entretien de l'église, c'était au chapitre à y suppléer, ainsi que le décida le conseil de Brabant le 24 janvier 1792 ; la dîme du chapitre était en outre grevée de deux redevances, moitié seigle, moitié avoine : la première, de 24 muids au profit du bénéfice castral ; la seconde, de 2 muids au profit des pauvres.
Le curé jouissait d'un revenu total de 2.178 florins, dans lequel figuraient 820 florins 10 sous provenant de la dîme de 260 bonniers, et 420 florins, produit de 30 bonniers de terres. On lui avait accordé deux vicaires, qui recevaient ensemble une compétence de 464 florins, outre neuf rasières de seigle.
En 1243, le châtelain de Bruxelles Godefroid et sa femme Helwide dotèrent le desservant de l'autel de Notre-Dame à Braine de 27 muids et de 36 escalins de Louvain par an. qu'ils s'étaient réservés dans le produit de la dîme d'Ollignies, cédée par eux à l'abbaye d'Aywières. En 1221, à la suite d'une contestation qu'Etienne, chapelain de cet autel, eut avec le chapitre de Cambrai, des arbitres adjugèrent au premier le tiers des legs que lui feraient les paroissiens de Braine et lui confirmèrent le cens de 29 deniers que lui avait abandonné le châtelain Léon ; mais le chapelain dut s'engager à remettre au chapitre les offrandes faites aux messes qu'il célébrait au château (in curia caslellani). En 1234, le duc de Brabant confirma à ce bénéfice ses revenus, et, en 1237, Léon et sa femme Sophie exemptèrent les tenanciers de la chapellenie de tous droits en cas de mutation de biens, pourvu que l'acte de cession fût passé par devant le maire et les échevins du châtelain. En 1787, le revenu de la chapellenie s'élevait à 683 florins, provenant de 6 1/2 bonniers de terre, d'un tiers de la dime d'Ohain et d'un 24e de celle de Braine.
Un autre bénéfice, dit de Saint-Étienne, était aussi à la collation du seigneur. C'est là, sans doute, le bénéfice que la châtelaine Helwide, devenue veuve, fonda, en 1213, pour le repos de l'âme de son fils Franco, qui avait reçu la sépulture à Braine. Celle dame le dota d'une dîme qu'elle avait achetée à Wichard de Mer-Braine, et le chapitre de Cambrai lui en abandonna la collation, sauf qu'il se réserva le droit d'approuver le choix qu'elle ferait, et sauf qu'il imposa au chapelain l'obligation d'aider le curé à réciter les heures diurnes et nocturnes (novembre 1216). Le bénéfice de Saint-Étienne était chargé d'une messe par semaine.
Par acte passé à Braine le 8 mars 1393-1396, Jacques d'Enghien érigea dans sa demeure ou châtelet (infra mansionem nostram seu caslellulum dictae Braniae allodiï) un bénéfice de la Vierge, avec obligation de dire la messe tous les jours dans ce manoir, ou, en l'absence du seigneur, dans l'église. Il lui assigna pour dotation 24 bonniers et un revenu annuel de 12 muids de seigle et 12 muids d'avoine, qui valaient au bénéficier, en 1.787, 697 florins.
Il y avait en outre un bénéfice de Saint-Nicolas, que le chapitre de Cambrai conférait; un office simple ou cantuaire, une messe du mercredi, qu'avaient instituée Henri de Witthem et Jeanne de Lannoy, à l'autel de Notre-Dame de Sept-Douleurs, et qu'ils avaient dotée de 46 florins de rente; un salut de la Sainte-Croix, fondé pour le vendredi, le 21 août 1398, par Jean Del Porte ; une fondation d'une messe par jour, établie le 23 juillet 1676, en exécution des dernières volontés du curé Philippe Godefridi, doyen de Genappe, fondation qui avait 200 florins de revenu et dont la collation était réservée aux parents de Godefridi.
La fabrique avait beaucoup de biens et de rentes, qui, en partie, lui appartenaient en commun avec les pauvres et l'hôpital. En 1787, son revenu s’élevait à 947 florins ; actuellement il est de 4.174 francs, et la fabrique possède 4 hectare 82 ares 50 cent. Le droit de choisir le mambour formait une des prérogatives de la seigneurie, ainsi que la dame de Braine le prouva en 1657, contrairement aux allégations du curé. On conserve encore un grand nombre de comptes de la fabrique, notamment ceux des années 1489, 1559, 1560, 1633 etc.
L'église de Braine forme une croix latine de 52 mètres de longueur sur 34 m de largeur aux transepts et 22 m dans les nefs. Ces dernières, qui sont précédées d'une tour carrée, se composent de cinq travées, dont la dernière offre de chaque côté une chapelle en hors d'œuvre, le chœur a trois travées, dont deux aveugles, et se termine par une abside à trois pans. Sauf la tour et les trois premières travées des bas-côtés de la nef, qui datent du siècle dernier, l'édifice est gothique avec fenêtres en ogive, colonnes cylindriques, voûtes à nervures croisées, et dont quelques-unes sont remarquables par les clefs historiées dont elles sont ornées. Les tètes d'anges dont on a affublé les chapiteaux des colonnes sont de style renaissance, el c'est tout récemment qu'on a essayé de dissimuler, à l'intérieur de l'église, la discordance du style, en donnant de ce côté une forme ogivale aux fenêtres de la nef, au moyen d'un plâtrage.
Au-dessus de l'arcade qui sépare les transepts du chœur, ou voit, dans une niche, une statue en pierre, de grandeur naturelle, représentant Jésus-Christ avec un livre ouvert dans la main gauche et levant la droite vers le ciel. Sous celte niche on lit : Domus mea dom (us) | or (ati) o (n) is vocabil (u)r | 1555, c'est-à-dire : « Ma maison s'appellera la maison de la prière ». Cette date 1555 indique probablement l'époque de la construction du temple actuel, ou, du moins, celle du chœur et des transepts. Dès le 15 novembre 1729, les bailli, maire, bourgmestre et échevins de Braine demandèrent au chapitre de Cambrai de réparer la nef; sur son refus, ils lui intentèrent un procès par devant le conseil de Brabant. A la suite de ces débats, on donna à la nef l'aspect qu'elle présente actuellement, en 1742, date inscrite au-dessus de la chaire de vérité ; quant à la tour, elle date de 1763. Dans le Compte de l'église pour 1762, on lit qu'une personne logeait alors dans le temple, parce qu'on en avait brisé la devanture pour construire la tour.
En 1853, en travaillant à la restauration de l'église, on dépensa plus de 3.000 Fr pour réparer les autels, les confessionnaux, le banc de communion, la chaire, œuvre gracieuse, mais surchargée d'ornements et qui a été exécutée en 1744; les orgues, le jubé, les portes d'entrée, qui sont au nombre de deux, une sous la tour, l'autre à l'extrémité du transept gauche. Outre le maître-autel, dédié à saint Étienne, il y en a quatre autres : l'autel latéral de gauche ou de la Vierge, l'autel latéral de droite ou de saint Jean-Baptiste, et dans les chapelles en hors-d'œuvre de la nef : à gauche, près des fonds baptismaux, l'autel Sainte-Anne, dont la patronne est regardée comme la patronne secondaire de l'église; à droite, l'autel Saint-Roch, qui date de 1642, et où viennent prier un grand nombre de pèlerins, notamment le 3e jour de la Pentecôte. Contre les murs du chœur, sont placées quatre grandes statues représentant les Évangélistes, et contre ceux des transepts, quelques statues d'apôtres. On voit, au maître-autel, un Christ en croix, par Bataille, d'après Van Dyck; à l'autel de gauche, une Présentation au temple, tableau de valeur, de Verhaegen; à l'autel de droite, un Baptême du Christ, par Bataille. L'église possède en outre une Adoration des bergers attribuée à Van Loon; Dieu le père contemplant le cor, s inanimé de son fils, par Stallaert, et saint Dominique recevant le chapelet de la Vierge, par Coninckx. En 1855, M. Gustave de Hennault à entrepris, pour 2.040 francs, la restauration des fragments des vitraux peints encore existants et qui proviennent, peut-être pour une partie, de la verrière que Guillaume le Vairieul répara, en 1550-1560, pour la somme de 5 florins 46 sous.
Plusieurs seigneurs de Witthem ont reçu la sépulture à Braine; leur famille y avait un caveau que l'on ouvrit en 1853. On y trouva cinq squelettes, dont un était celui d'une jeune dame, à en juger par la longueur de la chevelure et la blancheur des dents ; le crâne d'un autre squelette portait la marque d'un coup de sabre. Au milieu du chœur et reposant sur quatre petits lions en pierre, se trouvait la pierre tumulaire du belliqueux Philippe de Witthem, seigneur de Beersel, Bautersem, Braine etc., mort le jour de Pâques 1523, et de Jeanne de Halewyn, sa femme, morte en 1524. Cette pierre, qui est ornée de la représentation en grandeur naturelle des deux personnages précités, a été placée debout, sous le jubé, en regard d'une autre, dans laquelle sont sculptés deux squelettes et une banderole portant : Putredini dixi : pater meus es, mater mea et soror mea vermibus. Job. 17. Sous les squelettes on lit : Marmore_Nicoleos del halle excisus j (in) | hoc est cum sua Joana couty herdenvelt alias j mille et quingeli quinquagintaque decembr \ es postquà effluxerut Julius istud halet \ felices vi.. memores quos mortis acerbe | hœc monumenta sui linquerene piguit | 1551.
A côté du chœur, vis-à-vis de la sacristie, existe un caveau où ont été inhumés les Arazola de Onate, qui ont fondé plusieurs obits. Dans la chapelle latérale de gauche se trouve actuellement l'épitaphe d'une demoiselle de Bertangle, qui vivait au XVIe siècle. Plusieurs pierres remarquables, qui existaient encore il y a une trentaine d'années, ont actuellement disparu, notamment celle d'Anne-Marie de Tomboir, femme du colonel Pasture, morte le 10 août 1702; et celle d'un capitaine du 54e régiment d'infanterie anglaise, W. Crofton, qui fut tué à Waterloo et à qui sa femme, Harrie Crofton, avait consacré une épitaphe commémorative, que l'on a brisée, parait-il, lorsqu'on transféra le cimetière à 300 mètres au N.-E. de l'église. A cette époque disparurent aussi de vieilles statues de pierre, notamment une représentant un guerrier couché, vêtu d'une cotte de mailles et armé d'un sabre. L'un de nous vit encore ces statues, en l'an 1840 environ.
La tour renferme deux cloches, dont la plus grosse pèse 2.000 kilogrammes; une troisième a été enlevée et fondue du temps de la domination française. En l'année 1658,. la dame de Braine ordonna le rétablissement de la confrérie érigée en l'honneur de saint Sébastien, dont l'église possède des reliques.
La communauté de femmes qui a habité à l'Ermite pendant plus d'un demi-siècle, avait commencé à Wauthier-Braine. En voici la véritable origine, telle qu'elle ressort de documents authentiques, restés jusqu'à présent complètement inconnus.
Le 15 mars 1303-1394, Jean Vanden Stienweghe vendit à Jean Coren, mandataire d'une réunion de sœurs ou religieuses, le bien nommé la Motte, situé à Wauthier-Braine et où lui-même avait auparavant habité. Cette congrégation, que l'on appelait déjà à cette époque le Couvent de la Motte, ne prospéra guère, car, en l'année 1309, elle ne se composait que de « deux povres « femelettes, qui s'étoient. retirées en une maisonchele à Wautier Brayne, où elles ont mené longuement sainte vie et honnête conversation, selon la commune renommée de tous les pays ». Comme elles désiraient prendre l'habit religieux et que dans leur habitation, « liquels est trop petis pour les y fonder », il n'y avait pas de chapelle, elles se trouvèrent dans un grand embarras; elles ne possédaient d'ailleurs que quelques petites rentes et redevances. La duchesse Jeanne, instruire de leur projet, résolut d'en faciliter l'exécution. L'oratoire du lieu nommé Dudinsart ou Douduwisart, ou encore, comme on disait déjà, l'Ermite, à Braine, où les religieux de Gembloux avaient l'habitude d'envoyer l'un d'entre eux, pour y demeurer et pour y célébrer la messe trois fois la semaine, n'était plus desservi avec régularité, à cause de la diminution de la valeur des rentes dont on l'avait doté; Jeanne fit faire l'estimation des biens qui y étaient annexés et dont on évalua le produit annuel à une livre de gros ou 20 florins censaux. Elle ordonna ensuite que la chapelle et environ 17 bonniers de terres adjacents, le droit de mener des bestiaux pâturer dans la forêt voisine, une seigneurie foncière etc., seraient cédés aux religieuses à la condition de payer par an, à l'abbaye de Gembloux, un cens annuel de 14 florins, pour lequel elles donneraient en garantie les bâtiments qu'elles s'engagèrent à construire (6 mai 1390).
L'évêque de Cambrai approuva la transaction dont nous venons de donner l'analyse et décida que les religieuses adopteraient la règle des chanoines réguliers de Saint-Augustin (27 juillet 1399); plus tard, se trouvant à Groenendael, le 17 juillet 1402, il statua que ce serait aux moines de Sept-Fontaines qu'elles devraient demander des statuts. Dans la suite, le pape Eugène IV leur permit de se choisir, à leur gré et sauf l'agrément de l'évêque, des visiteurs ecclésiastiques et laïques (7 juillet 1437), et, le 8 septembre 1438, il les prit sous sa protection. Il semble que la communauté ne s'entendait plus, à cette époque, avec celle de Sept-Fontaines; elle désirait adopter la clôture perpétuelle et avoir pour visiteurs les prieurs de Groenendael et de Rouge-Cloître, pour veiller à l'élection des prieures, à la réception des professes, à l'audition des confessions etc. Celte réforme avait été introduite au couvent de Sainte-Elisabeth à Bruxelles, et à Béthanie, à Malines; elle fut enfin instituée à Ter-Cluysen, en 1438. L'évêque de Cambrai approuva celte innovation le 3 juillet 1443, et désigna le prieur de Groenendael pour exercer à l'Ermite les fonctions de directeur.
La communauté ayant refusé au curé le paiement d'un cens d'un denier qu'elle était habituée à lui donner, les doyens de la chrétienté à Haï et à Bruxelles, Egide Oliviers et Jean Coreman, reconnurent que le curé devait administrer les sacrements aux habitants de l'Ermite et que le couvent était tenu envers lui à un cens de 6 deniers de Louvain (9 décembre 1447).
Les ducs de Brabant se plurent à doter les religieuses de biens et de privilèges. La duchesse Jeanne leur permit de faire moudre leurs grains où elles voulaient (charte du 26 mars 1399-1400, confirmée le 18 avril 1430). Jean IV leur abandonna, moyennant un florin censal, par an, une bruyère contiguë au couvent, pleine de sable et de pierres, d'une étendue de 14 bonniers, et qui leur était très préjudiciable, parce qu'elle servait de repaire à des loups et à des renards (12 août 1420). Le même prince, en considération de leur pauvreté et de ce que leur communauté, considérablement augmentée, se composait de 28 religieuses, ou, en tout, de 40 personnes, y compris les pères confesseurs, les sœurs converses et les serviteurs, leur permit de porter à 24 vaches, un taureau, 60 porcs et 4 chevaux le nombre de bètes qu'elles pouvaient faire pâturer dans la forêt (charte datée de Hal, le M mars 1421-1422, confirmée ensuite par les députés des villes de Louvain, de Bruxelles et d'Anvers, et enfin approuvée par Philippe de Saint-Pol, le 6 septembre 1429, et par Philippe de Bourgogne, le 18 avril 1431). En vertu d'autres concessions, les religieuses de Ter-Cluysen (de Clusa) ou, comme on disait quelquefois, les Béguines de l'Ermite, réunirent à leurs biens 6 bonniers adjacents, situés entre les lieux dits die Garbeele et die Scaerbot (6 juillet 1424), et, pour mieux se clôturer, fermèrent le grand chemin de Nivelles à Alsembergh, qui fut alors remplacé en cet endroit, comme voie de communication, par la Doschstraete (25 mai 1441).
On était indigné, à Bruxelles, de la conduite des dames Blanches ou religieuses de Jéricho, de l'ordre de Saint-Victor, qui vivaient sans règle et sans directeur. Le confesseur des sœurs de l'Ermite parvint à obtenir pour son couvent la cession de leurs biens. Les Victorines, protégées par quelques membres du magistrat, résistèrent autant qu'elles purent, mais leur suppression fut déterminée par l'intervention de la duchesse, Isabelle de Portugal, qui conduisit elle-même à Jéricho les sœurs de l'Ermite. Celles-ci vécurent depuis à Bruxelles jusqu'à leur suppression sous le règne de Joseph II, en 1783.
La communauté recevait du domaine quelques charges de bois, en raison des messes qui se célébraient à l'oratoire de l'Ermite « pour la commodité des manans du lieu, à cause de l'éloignement de l'église paroissiale » (dont il est séparé par une distance de 4.000 mètres environ). En 1657, on leur retira un tiers de cette prestation, maison la leur restitua en entier, en vertu d'un ordre du conseil des finances, daté du 24 novembre.
La ferme de l'Ermite, avec 47 bonniers de terres, 8 b. 1 journal de pâtures, I b. 1 j. de prés de la Saint-Jean, fut vendue, le 8 pluviôse an V, moyennant 46.400 livres, à Jean-Baptiste Paulée. On y voit encore, au bord occidental de la route de Bruxelles à Braine, l'ancienne chapelle, qui n'est plus consacrée au culte depuis plusieurs années. Ce petit édifice est remarquable par l'appareil employé pour sa construction, et qui se compose d'assises où se succèdent avec régularité des pierres calcaires blanchâtres et des pierres ferrugineuses brunes, de manière à former des lignes horizontales fort tranchées. Il est de style ogival flamboyant, mais on l'a restauré en 1743, comme l'indique la date qu'on lit au plafond. Il présente une forme rectangulaire et s'appuie, à l'extérieur, sur des contreforts. Sept fenêtres ogivales, dont plusieurs sont actuellement fermées, l'éclairaient autrefois, et deux portes, l'une au nord, l'autre au sud, y donnent accès. Des crédences se voient encore, aux côtés de l'autel, et un clocheton surmonte le toit. Il y a une vingtaine d'années, il se trouvait dans la chapelle un autel avec ce chronogramme : SanCta Vlrgo Maria Del genltrlX JVVa serVos t los In neCessItatlbVs, se rapportant à l'année 1749. Quatre tableaux fort délabrés représentant deux épisodes de la vie de Saint Roch, l'Annonciation et la Sainte-Famille s'y voyaient aussi.
En l'année 1649, le père Ambroise Druwe, dominicain, le fondateur de la maison et chapelle de la Sainte-Croix, à Bruxelles, demanda au duc Charles de Lorraine, seigneur de Braine, la permission d'y établir un couvent de son ordre, mais ses efforts échouèrent, non, dit le père De Jonghe, faute de bonne volonté de la part du prince, mais parce que celui-ci ne put pas lui octroyer l'objet de sa demande. Le père Druwe, d'ailleurs, s'était fait beaucoup d'ennemis par ses attaques contre les mauvaises mœurs, et on sait que le duc Charles n'était rien moins qu'un modèle de chasteté, car son union avec la dame de Braine, Béatrix de Cusance, constituait un véritable adultère.
Vers l'année 1713, les frères du tiers-ordre de Saint-François offrirent de soigner les malades et les pauvres passagers à l'hôpital el d'y ouvrir une école el une pension pour des commensaux, mais leurs propositions ne furent pas accueillies.
A une époque inconnue, il se forma à Braine deux communautés de filles dévotes, distinguées par les noms de Riches Maroles et de Pauvres Maroles ou sœurs noires. Elles ne faisaient que des vœux simples et pouvaient quitter à volonté l'état religieux. Comme les Maroles se consacraient principalement, à l'instruction des enfants, on leur assigna, en 1693, une somme de 200 florins {réduite plus tard à 100 florins), à prélever, tous les ans, sur les revenus de l'hôpital. Ces couvents furent supprimés du temps des Français. L'un d'eux se rouvrit ensuite et comptait sept religieuses, en 1823. La communauté a pris depuis le nom d'.Association des Sœurs de Marie et c'est sous ce titre qu'elle fut reconnue par un arrêté royal du 24 mars 1838, et autorisée à accepter, de la famille Goultier, le don de la maison qu'elles occupent. Conformément à leurs statuts, elles instruisent les jeunes filles et soignent les pauvres à domicile; ces statuts stipulent qu'elles ne seront cloîtrées qu'à la demande unanime de la congrégation. Une chapelle, fermée au public, est attenante au couvent; on y célèbre la messe tous les jours. Quoique située au premier étage, elle présente de vastes proportions et se compose de trois nefs et d'un chœur.
La tradition attribue la fondation de l'hostellerie ou hôpital de Braine à Nicolas de Barbançon et à sa femme, Marguerite d'Agimont, mais à tort, car nous avons eu sous les yeux les originaux de deux chartes plus anciennes concernant cet établissement. Par la première, qui est datée du lundi après la Saint-Nicolas, en 1296, le duc Jean II approuve la vente qu'Etienne de le Corre avait faite à l'hôtellerie et à la charité de Braine d'une redevance annuelle de 6 muids de seigle, hypothéquée sur le quart du fief qu'Étienne tenait du duc à Braine, en la dîme « outre liawe », c'est-à-dire, outre l'eau. Dans la seconde, Colins de le Core de Merebraine, avec l'assentiment du même duc, cède au maître de l'hôtellerie sa part en la dîme dite de l'elre (ou de l’atrium) et d'outre lewe et tout le lin qu'il a en cette dîme, en échange de la redevance de (3 muids citée plus haut {charte du dimanche avant la fête des •H ,000 vierges, en octobre 1310).
Le seigneur de Braine nommait le mambour de l'hôpital. En 1648, le curé se plaignit à la dame du n'avoir pas été consulté, comme de coutume, lors de la nomination faite par cette dame le 2 décembre de cette année, pour le renouvellement de la loi et des mambours des trois membres pieux (l'église, l'hôpital, les pauvres); mais ses réclamations furent rejetées et défense lui fut faite de rien attenter à cet égard. En 1719, un procès, dont nous ignorons la fin, s'éleva en conseil de Brabant entre l'intendant de la seigneurie, d'une part, et les manans et propriétaires de la franchise et de l'afforaineté, d'autre part, au sujet de l'entretien des enfants exposés, que ces derniers prétendaient mettre à la charge de l'hôpital.
L'hôpital possédait un douzième de la dîme, une moitié de la dîme du lin et du chanvre,v4 muids 1 quartaut de seigle, mesure de Nivelles, dus par la dîme d'Ohain ; une cense dite del Bouvrie, qui se louait, avec 10 bonniers de terres et 3 b. 3 journaux de prairies, 1,074 florins; deux maisons dans la franchise, affermées 143 florins; deux berceaux d'archers, loués 210 florins; 4 b. de terres, des rentes, cens et redevances, le tout produisant (non compris les dîmes), 2.218 florins. On possède les comptes de l'hôpital de Braine depuis 1618; les dépenses s'y élevaient alors à 741 florins 7 sous 5 deniers ; en 1787, elles montèrent à 2,551 florins, parmi lesquels figurent: 42 florins pour le médecin, 13 florins pour le maître d'école, 100 florins pour les maîtresses d'école, 3 rasières de seigle ou 4 flor. 18 sous pour le fossoyeur de la paroisse, autant à la sage-femme, 522 flor. distribués aux pauvres, 314 flor. alloués en pensions hebdomadaires, 930 flor. pour vêtements distribués, 66 flor. payés à l’apothicaire, 23 flor. payés au chirurgien. On voit que déjà a celle époque les revenus de l'hôpital étaient affectés à secourir les pauvres à domicile.
La chapelle de l'hôpital avait son chapelain particulier, dès l'année 1441. Elle paraît avoir été rebâtie, telle qu'elle existe actuellement, au XVIe siècle, et se compose d'un petit vaisseau, terminé par une abside à trois pans et percé de quelques fenêtres ogivales. En 1565, les maire el échevins de l'afforaineté, du consentement du seigneur, donnèrent une rente de 29 florins par an à P.Waullhier et à son fils, « en récompense des beaux ouvrages qu'ils avaient fait faire à l'hôpital ».
Le 2 juin 1509, l'autel de la chapelle fut bénit, en l'honneur de Dieu el de la Vierge, et dolé d'indulgences, par l'évêque de Namur. Cet oratoire sert aujourd’hui à l'usage de l'école dominicale, instituée en 1830. Les bâtiments adjacents, qui datent de 1759, sont habités par quelques vieilles femmes. A quelque distance vers le sud, on trouve la ferme de la Bouverie, qui a beaucoup perdu de son ancienne importance; elle devait jadis au domaine de Nivelles dix journées de voiture par an.
Une léproserie (prope fossam domus leprosorum de Brain Lallloit, dit un acte de l'an 1437) a existé à Braine; elle se trouvait, paraît-il, à l'endroit appelé la Maladrerie, du côté du Foriet, où on a trouvé dans le sol quelques débris de constructions.
Les revenus particuliers de la charité ou des pauvres s'élevaient, en 1787, à 1.060 florins, provenant en partie de 31 bonniers 3 journaux de terres et de 6 journaux de prés, qui se louaient, les premiers, 777 florins; les autres, 37 flor. Les dépenses montaient à 1.354 flor., dont 27 pour le maître d'école. 10 pour la sage-femme, 28 pour le médecin, 92 pour le chirurgien, 6 rasières ou 9 flor. 18 sous pour le fossoyeur, 22 flor. pour des cercueils, 448 flor. distribués en seigle, 82 flor. distribués en argent, 64 flor. pour la pension de trois orphelins, 186 flor. payés à l'apothicaire. Depuis, les biens de l'hôpital et de la charité ont été confondus, mais ils ont subi une forte diminution par suite de l'érection en commune distincte de Waterloo, dont le bureau de bienfaisance en a reçu une partie. Le budget du bureau de Braine, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
Nombre de familles secourues 455
Nombre de personnes secourues 2125
Recettes et dépenses de toute nature fr. 21.630,91
Recettes ordinaires :
Revenu des biens (77 b. 89 a. 90 c.),
rentes etc 11,031
Plusieurs autres institutions charitables se sont formées à Braine. Une société de Saint-Vincent de Paul distribue annuellement en vêtements, combustible et argent environ 1.425 francs. L'Association de Saint-François-Xavier, instituée, en 1857, pour venir en aide aux membres ouvriers en cas de maladie ou d'accident, se soutient au moyen de cotisations et de dons volontaires. Trois fois par semaine, il y a un cours de musique vocale à l'usage des membres, et, en hiver, quelques membres de cette société et de celle de Saint-Vincent de Paule ouvrent; trois fois par semaine, de 8 à 10 heures du soir, des cours pour les adultes.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 207 : 118 garçons et 89 filles.
Les garçons prennent leurs leçons dans l'ancienne cure, qui a été appropriée, en 1839, à sa nouvelle destination ; les filles sont instruites par les Maroles. Remarquons à ce propos, qu'en l'année 1236, on mentionne déjà un Nicolas, maître des écoliers à Braine {Nicolaus, magisler scolarium in Brania), et rappelons que le bourg a possédé, à Sart-Moulin, un pensionnat important, celui de M. Dufresni, fondé en 1817 et transféré depuis a Droogenbosch. Les jeunes gens de Braine-l'AIIeu sont appelés, soit concurremment avec les parents des fondateurs, soit immédiatement après eux, à participer à un grand nombre de bourses d'étude, et notamment à celles du curé Godefridi, fondées en 1629 ; à celles instituées par Henri et Anne-Marie Des Wirions, le 22 octobre 1723; aux bourses fondées par P. Hazard, le 27 janvier 1724, et aux bourses établies par Marie-Anne Disbecq, le 25 juin 1829. Toutes ces bourses ont pour objet l'étude de la philosophie et de la Théologie, et les dernières, en plus, l'étude des humanités. Elles ont pour collateurs, celles de Godefridi, l'évêque de Namur; celles des Wirions, les curés, les bourgmestres et les premiers échevins de Braine el de Waterloo ; celles de Hazard, les curés et les bourgmestres de ces deux communes ; celles de Diesbecq, le curé et le bourgmestre de Braine. Les jeunes gens de Waterloo profilent également des fondations des Wirions et de Hazard, et ceux de Braine peuvent encore jouir, à certains titres, des bourses Mabille, dont nous avons parlé à l'article GENAPPE.
Il y a à Braine une société de musique qui, depuis 1839, reçoit un subside de la province. La fête communale se célèbre le dernier dimanche de juillet; il y a une autre fête le deuxième dimanche d'octobre. Anciennement, le jour de Saint-Jacques, on plantait sur la place l'arbre de mai, que les habitants avaient le droit de prendre dans la forêt de Soigne, au profit de l'église paroissiale. Le troisième jour de la Pentecôte il se fait, en l'honneur de Saint-Roch, une grande procession qui sort après la 1re messe, dite à 3 heures du malin, et rentre à l'église vers 9 heures et demie, après avoir parcouru ce que l'on appelle le Grand tour de Saint-Roch.
Gaspar-Joseph de Servais, fils de Joseph-François et de Catherine-Thérèse de Beaufort, né à Braine le 13 juillet 1735, mort le 21 mars 1S07, à Malines, où il se fixa dès sa jeunesse, bibliophile célèbre, auteur de plusieurs ouvrages de bibliographie et de botanique, qui tous, sauf un seul, sont restes manuscrits.
M. De Smet, Note sur la petite ville de Braine-le-Comte et les villages de Braine-l'Alleud, Braine-le-Château et Wauthier-Braine (Bulletins de, l'Académie royale de Belgique, 2e série, t. VI, p. 487).
Édouard Lefèvre, Braine-l'Alleud a-1-il toujours existé? ou son histoire en quelques mots. Nivelles, Despret, 1857, in-8° de 12 pages.
Souvenir de la fête célébrée en l'honneur de l'Immaculée conception de Marie, à Braine-l'Alleud, le 4 mars 1855. Claessens lilhog., et Souvenir de l'érection de la confrérie du Sacré Cœur de Jésus, pendant la mission de Braine-l'Alleud, le 17 juin 1855. , lith. J. Lots, rue des Chandeliers, 1. Ph. Claesens. Ces deux lithographies représentent l'intérieur de l'église.
M. André Warzée, commis-chef du ministère des Travaux-Publics, nous a obligeamment abandonné un grand nombre de notes qu'il avait recueillies sur Braine, notamment dans un registre in f° datant de 1774 et intitulé: Inventaire des archives qui reposaient à Bruxelles au bureau de l'intendance pour la direction des biens et affaires de S. A. Mme la comtesse douairière de Marsan, aux Pays-Bas.
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