La Villula ou le hameau de Monasteriolum, comme on le nomme en 877, doit son nom, selon l'opinion vulgaire, à un monastère qui y aura existé. On a aussi écrit Monasteroul (897), puis Mosterols (1059), Monstrouls (1136), Monsterul (1209), Monstruel (1225, 1410, 1412, 1547), Mosteruel (1234), Monsteroul (1339), Monstruel (1409), Monstreuil (Le Roy) et Monstrueux, qui ne sont que des altérations successives de la dénomination primitive. On prouonce en wallon Moustieu.
La commune de Monstreux est limitrophe de celles de Nivelles, Arquennes (Hainaut) et Bornival.
Monstreux est à 1 1/2 kilomètre de Bornival, 2 1/2k. de Nivelles, 4 1/2 k. d'Arquennes, 33 k. de Bruxelles.
L'église de Monstreux se trouve située par 56 grades 22 de latitude N. et 2 grades 17 de longitude E.
L'altitude du sol est de 78 mètres à 300 m. N.-E. de l'église, au confluent du Ri Saint-Pierre et de la Thines.
Le territoire de Monstreux ne forme qu'une section cadastrale, la section A ou de Monstreux.
Au 1er janvier 1859, cette section se trouvait morcelée en 341 parcelles, appartenant à 79 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 21,141-25 fr. (sol : 17,825-25 ; bâtiments : 3,316-00) et ayant une contenance de 323 hectares 10 ares 40 centiares (imposable : 310 ha. 99 a. 00 ca. ; non imposable : 12 ha. 11 a. 40 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834:
On comptait à Monstreux, en 1374, 31 ménages ; en 1436, 22 foyers ; en 1461, 34 foyers ; en 1472, 27 foyers ; en 1492, 7 foyers ; en 1526, 35 maisons, plus 2 inhabitées et 1 à 2 foyers ; en 1686, 25 maisons, plus 1 moulin et 1 taverne ; en 1856, 63 maisons.
Sauf une trentaine de maisons voisines de l'église et des bords de la Thines, on ne trouve point à Monstreux d'agglomération qui mérite le titre de hameau.
A 700 mètres N. de l'église, le Petit Bel Air ou le Facteur ; à 600 m. N., le Maréchal ; à 400 m. N., la Neuve Cense ; à 600 m. N.-E., le Vieux Moulin et la Barrière des Champs-Elysées ; à 400 m. N.-E., le Fourneau ; à 700 m. E.-N.-E., la Foulerte ; à 1,000 m. E., l’Enfant ; à 600 m. E.-S.-E., la Cense de Bel Air (autrefois, Del Lare, 1403 ; Bellaire, 1787), petite ferme qui appartenait jadis à l'abbaye de Wautier-Braine ; à 700 m. S.-E., la Verte ; à 800 m. S.-S.-E., les Maisons des Haies, que l'on écrit ordinairement les Wayes ou Wailles (en 1234, on mentionne Simon et Godin de la Waille), a cause de la prononciation wallonne ; à 2,000 m. S.-S.-E., la Barrière Saint-Michel ; à 1,200 m. S. la Ferme de la Tuilerie, qui se prononce en wallon Tuileréie d'où l'on a fait Tilleraye et Tyrrhée ; — à 1,300 m. S., Arbeaux ou Arbeau, et la Ferme du Bas-Puison (le Puisson, 1580 ; Puissons, 1787), que l'on prononce Pugeon en wallon, et qui doit l'épithète de bas au voisinage du Haut-Puison situé sur le territoire d'Arquennes ; à 700 m. S.-O., la Maison du Garde ; à 400 m. O., Maubille ou Maubit ; à 500 m. O., le Moulin Pierrart ; à 1,000 m. N.-O., la Bourgogne ; à 700 m. N.-O., les maisons Robert et Pain-blanc ; à 600 m.N.-O., Mille Pensées ; à 600 m. N.-N.-O., Malgré moi ; à 500 m. N.-N.-O., Wargny.
Pré du Chêne ; Champ du Charlier ; Saint-Pierre ; Grand Champ Sart ; Vieille Monnaie ; Prés de la Brique ; Bosquet du Curé ; Pré du Curé ; Planche à Belles tettes ; Pré aux Fréchaux ; Pré Mousset ; Frais pàchis ; Pré des Veaux ; Pré Rognon ; Pré Ernoulet ou Hiernoulet ; Pré de la Larme ; Pré d'en haut ; Pré du Clerc ; Closière Nizelle ; Pré aux Moulons; Champ des Mottes ; Communes ; Onze bonniers ; Ferme de l'Abbaye ; Bac de Sainte-Gertrude ; Trente bonniers ; Pré aux frênes ; Pré au buisson ; Bois du Plantis ou de l'Hôpital ; Trois bonniers ; Pré Jean Minne ; Bosquet de la Tuilerie ; Champ de la Boulette ; Quatorze bonniers ; Neuf bonniers ; Pont à Mousson ou Pont des Coucous ou Pont Jacquet ; Chemin du gendarme ; Chemin Boulevin ; Vieux chemin de Soignies ; Pavé de Mons ; Sentier des voleurs ; Chapelle Saint-Adrien ; Chapelle de la Sainte-Famille.
Argenteau (Argential, 1339, Argenteaux, 1531 ; Argentiau, 1547) ; Malonnes ; Grand chemin du bailli de. Nivelles (XVIe siècle).
Le terrain est généralement humide et stérile ; il est accidenté vers les bords de la Thines qui serpente au milieu de prairies médiocres. Le point culminant semble être à la barrière Saint-Michel.
Le système coblentzien se montre sur les deux rives de la Thines ; mais en aval de l'église il est remplacé par l'étage quartzo-schisteux inférieur du système eifelien. Le système yprésien borde au S. et au N. le système coblentzien ; il remonte vers la ferme de la Tuilerie, mais disparaît bientôt sous le limon hesbayen du système diluvien, qui recouvre aussi une grande partie du système eifelien et s'efface un moment, aux environs de la barrière Saint-Michel, pour livrer passage au système bruxellien.
M. Dumont a signalé le premier l'existence à Monstreux d'un typhon plutonien qui parait être entièrement composé d'albite phylladifère. Lorsqu'on suit le chemin de Monstreux à Petit Bel Air, dit le savant géologue, on trouve, à environ 300 mètres N. de l'église, d'abord 45 m. d'un phyllade gris-jaunâtre un peu verdâtre, renfermant quelques bancs de quartzite feuilleté, analogue à celui d'Enghien, et qui ont jusqu'à 0,15 m. d'épaisseur; puis environ 5 m. de phyllade subcompacte, gris, qui, près du typhon, offre quelques zones de phyllade rougeâtre de 0,05 m. environ d'épaisseur ; on trouve ensuite du phyllade gris-verdâtre pâle, qui, au contact avec la roche plutonienne, est friable, quasi pulvérulent sur une épaisseur de 1,50 m. (dir. = 64°, incl. S. 26° O. = 75°).
Le typhon présente, sur le bord du chemin, une section triangulaire, de 5 m. de base sur 3 m. de hauteur, dont les côtés ont une inclinaison d'environ 50°. La roche dont ce typhon est composé consiste en cristaux d'albite, blancs, translucides, de 0.001 à 0.002 m. de grandeur, entremêlés de phyllade gris-verdâtre ; elle est massive, grenue, gris-verdâtre pâle, traversée par des veines brunâtres ferrugineuses. Lorsque les cristaux d'albite sont décomposés, elle est un peu celluleuse, jaune et friable ; enfin elle se délite en boule vers la surface du sol.
Au N. du typhon se trouve un phyllade tendre, schisto-terreux, rouge lie-de-vin, uniforme ou zoné de gris-verdâtre pâle, dont la longueur horizontale est d'environ 15 m. (dir.= 70°, incl. S. 20° O. = 73°) ; il présente des joints parallèles au côté septentrional du typhon (dir. = 77°, incl. N. 13° E. = 53°), que l'on prendrait aisément pour des joints de stratification, si les zones rouges et vertes (que l'on retrouve dans le chemin du moulin Pierrart) n'existaient pas.
Enfin, on rentre dans des phyllades schisto-terreux gris jaunâtres un peu verdâtres, passant au psammite, qui ne paraissent pas avoir éprouvé d'altération ignée.
Deux carrières de pierres à paver ont été pratiquées dans les couches psanimitiques du système eifelien, à la lisière septentrionale du bois du Plantis. On a extrait du sable dans le voisinage de la barrière Saint-Michel ; on prétend y avoir tiré aussi de la marne.
Tout le territoire de Monstreux appartient au bassin de l'Escaut ; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Thines, le Ri du Puison, le Ride la Brique, le Ri des Corbeaux, le Ri des Communes et le Ri Saint-Pierre.
La Thines vient de Nivelles et forme un instant la limite entre cette commune et celle de Monstreux ; elle active le moulin de la Foulerie par une chute de 2 m. 63 ; reçoit (r. dr.) le Ri Saint-Pierre, près du Vieux Moulin ; active le moulin de Monstreux par une chute de 2 m. 82 et reçoit (r. g.) le Ri des Corbeaux ; passe à une petite distance de l'église ; se grossit (r. dr.) des eaux de la Fontaine du Maréchal ; active le moulin Pierrart par une chute de 2 m. 13 ; reçoit (r. dr.) le Ri de la Brique puis (r. g.) le Ri du Puison ; devient mitoyenne avec Arquennes ; puis finit par abandonner complètement le territoire de Monstreux. Son cours, dirigé de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-O., a un développement de 3,500 m., y compris 100 m. mitoyens avec Nivelles et 800 m. mitoyens avec Arquennes.
Le Ri du Puison, que l'on nomme aussi Ri du Pont à Mousson, prend sa source au S.-E. de la ferme de la Tuilerie, près d'un bosquet qui vient d'être défriché ; bientôt il sert de limite avec Arquennes ; traverse le chemin de fer ; puisse réunit à la Thines (r. g.), sous le bois du PIantis, après avoir reçu (r. g ) le tribut de trois petits ruisseaux. Son cours, dirigé du S.-E. au N.-O., a un développement de 2,000 m., dont 2,200 sont mitoyens avec Arquennes.
Le Ri de la Brique vient de Bornival et forme la limite avec cette commune ; il ne pénètre sur le territoire de Monstreux, qu'au moment de se réunir à la Thines (r. dr.), en aval du moulin Pierrart. Son parcours, dirigé du N. au S., est de 1,000 m., dont 900 m. sont mitoyens avec Bornival.
Le Ri des Corbeaux (le Rieu del Corre, signalé en 1569, comme voisin du chemin de Nivelles à Soignies), prend sa source à la fontaine des Corbeaux, sert de limite avec Nivelles, traverse le chemin de fer, pénètre entièrement sur le territoire de Monstreux, reçoit (r. g.) le Ri des Communes, passe au pied de la ferme de l'Abbaye et de l'église, et se réunit à la Thines (r. g.), après un parcours de 1.800 m. dans la direction du S.-S.-E. au N.-N.-O., y compris 800 m. mitoyens avec Nivelles.
Le Ri des Communes prend sa source à la fontaine du Tonnerre, traverse le chemin de fer, et se réunit au Ri des Corbeaux (r. g.), après un parcours de 1,300 m. dans la direction du S. au N.
Le Ri Saint-Pierre (Rieu à Argentiaulx) vient de Nivelles, et ne traverse le territoire d'Arquennes que sur une longueur de 100 m. pour se réunir à la Thines (r. dr.), près du Vieux Moulin.
Les principales fontaines sont celles du Maréchal, des Corbeaux, du Tonnerre. Il y a deux petites pièces d'eau aux fermes de l'Abbaye et de la Tuilerie.
La maison d'Argenteau, où résidait jadis l'abbesse de Nivelles, comprenait dans ses dépendances deux viviers, qui étaient affermés 100 placques, en 1331-1532, et séparément, en 1569-1570: le premier, moyennant 4 florins 4 patars 8 deniers : le second, moyennant 16 patars 16 deniers.
On comptait en 1784, dans la commune, 176 habitants : 1 prêtre, 30 hommes, 34 femmes, 30 garçons et 37 filles âgés de plus de 12 ans, 19 garçons et 33 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 190 personnes : I prêtre, 63 hommes, 72 femmes, 19 garçons et 35 filles âgés de moins de 12 ans) ; en l'an XIII, 186 habitants ; au 31 décembre 1831, 287 habitants ; au 31 décembre 1856, 329 habitants.
Les registres des naissances commencent en 1720 ; des mariages et des décès, en 1740.
Il existe un bois d'environ 40 hectares, nommé le Bois du Plantis ou de l’Hôpital. C'est une fraction de l'ancien Bois de Saint-Nicolas qui s'étendait, en partie sur Monstreux, en partie sur Arquennes, et qui comprenait, en 1787, 71 bonniers ; ce bois, avec le Bois de Cinq Bonniers (sur Arquennes), donnait un revenu de 626 florins.
La seule grande exploitation agricole est la Ferme de l'Abbaye (81 hect.), tenue par M. Dutilleul (A.), appartenant aux hospices de Nivelles.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Monstreux par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Nivelles.
Trois usines sont établies sur la Thines : le Moulin de la Foulerie (ainsi nommé d'après son ancienne destination). ayant une roue et 3 couples de meules, dont 2 broient les grains, et les écorces ; le Moulin Jacquet ou Moulin de Monstreux, ayant 2 roues dont l'une active une fabrique de papier gris, et l'autre fait tourner 3 couples de meules a grain ; le Moulin Pierrart, ayant 1 roue qui fait mouvoir une pile à broyer les chiffons et 2 paires de meules à farine. Les meules du moulin Pierrart sont inactives ; les chiffons qu'il triture sont transportés à Nivelles, au moulin Godron, où l'on en fabrique du papier gris.
L'endroit que l'on appelle le Vieux Moulin paraît devoir ce nom à un établissement qui a disparu, le Moulin d'Argenteau, qui, en 1569-1570, était affermé moyennant 42 patars : un tiers au profit du chapitre de Nivelles, un deuxième tiers au profit des «quotidiennes» des chanoinesses, et le troisième tiers au profit de la fabrique de l'église Sainte-Gertrude. Une autre usine, « le moulin à blé et aux écorces, dit vulgairement le Moulin de Monstreux », relevait de la cour féodale de l'abbesse de Nivelles ; Philippe Du Chesne ou Vandereycken, puis Adam le Therne le possédèrent au XVIe siècle, en même temps qu'un stordoir ou moulin à huile contigu.
En l'an X, un marchand de fer, Bardeau de Nivelles, érigea à proximité de l'héritage du Vieux Moulin un moulin à foulon, dont le maintien fut décrété le 28 novembre 1808, par le préfet du département, et le 2 mars 1809, par le ministre de l'intérieur; les frères Dubois d'Arquennes en changèrent la destination en l'année 1826.
Le troisième des moulins actuels s'éleva au lieu dit la Planche à belles lettres (sic), en vertu d'une autorisation accordée le 1er octobre 1824, à Eloi Pierrart.
Le chemin de fer de Manage à Wavre traverse le territoire de Monstreux sur 1,300 mètres.
La route de Nivelles à Manage longe le territoire de la commune sur 700 m. Une barrière y est établie. On compte 12 chemins vicinaux et 39 sentiers mesurant ensemble 25,818 m., dont la dixième partie environ était pavée au 31 décembre 1859. Un droit, de barrière s'y perçoit au profit de la ville de Nivelles. Le chemin de grande communication n° 74 traverse la commune sur 1,120 mètres.
Monstreux est très certainement une localité fort ancienne, quoique simplement qualifiée de village de peu d'importance, villula, en l'an 877. En remuant le sol du .cimetière, en 1859, on y a trouvé une urne en poterie noire, haute d'environ 25 centimètres, et qui renfermait les ossements d'un tout jeune enfant, ossements qui n'avaient pas été réduits en cendres. Par malheur, les ouvriers les ont dispersés en brisant l'urne.
On prétend aussi avoir trouvé des débris de poteries anciennes dans le bois du Plantis. Mais la plus curieuse des antiquités que le village ait conservées, consiste en un des plus beaux chênes qu'il soit possible de voir; il se trouve à 800 mètres à l'ouest de l'église, dans la vallée de la Thines, à l'endroit dit le Pré des Fréchaux. Il n'a pas moins de six à sept mètres de circonférence, et sa couronne, qui commence à deux ou trois mètres de terre, présente de loin l'aspect d'un bouquet d'arbres.
Il y a deux siècles et demi, on croyait généralement à Monstreux que Pépin de Landen y était né et on y montrait la chambre où ce célèbre maire du palais avait reçu le jour. On y voit, ajoutent Gramaye et Le Roy, les ruines d'un grand et spacieux bâtiment que les vieillards désignent comme étant les restes du palais de Pépin. D'autres pensent que c'est le lieu où le monastère de Sainte-Gertrude fut primitivement fondé et ils appuient leur opinion sur ce que la cense qui y est située s'appelle la Cense de l'Abbaye, quoi qu’elle appartienne à l'hôpital Saint-Nicolas. Le fermier prend vulgairement le nom d'abbé.
Ces débris et ces souvenirs n'ont pas complètement disparu. Près de la ferme de l'Abbaye le sol recèle encore des fondements considérables, et on appelle cet endroit la Vieille Cour. Quant aux traditions actuelles, elles se rattachent, plutôt à sainte Gertrude. Dans une prairie à l'ouest de la ferme, le drainage a fait disparaître une source que l'on nommait le Bac Sainte-Gertrude, parce que cette sainte, dit-on, y venait battre son beurre. Les paysans prétendent que le vendredi l'eau y devenait blanchâtre.
De l'ensemble de ces données diverses, on pourrait conclure qu'elles reposent sur un fait réel. La désignation sous laquelle le village même était déjà connu il y a dix siècles, constitue aussi un argument sérieux ; toutefois le mot latin monasterium, en vieux français moustier, ne signifie souvent qu'église, dans les documents du moyen-âge, et Monstreux pourrait n'équivaloir qu'à petite église. Cette dernière hypothèse paraît d'autant plus admissible que tous les documents connus placent à Nivelles même la résidence de la communauté monastique fondée par sainte Gertrude.
Par la charte de l'année 877, qui partagea les possessions du chapitre de Nivelles entre ce chapitre, l'abbesse, qui en avait la présidence, et l'hôpital, ce dernier obtint la possession du village de Monstreux, et actuellement encore, presque toute la partie méridionale de la commune fait partie de la dotation de l'hôpital Saint-Nicolas, qui y avait, en 1787, outre le bois de Saint-Nicolas, dont nous avons parlé, les fermes de l'Abbaye, de la Tuilerie ou Tilraye et Paissons, comprenant, la première, 107 bonniers de terres, 21 b. de prés, 5 b. de prés sans regain (loués 1,558 florins) ; la deuxième, 39 bonniers de terres, 15 b. de jardins et de prés et 2 b. de bois (loués 760 florins) ; la troisième, 5 bonniers de terres et 12 b. de prairies (loués 200 florins).
La grande et belle ferme de l'Abbaye devait au domaine ducal 104 corvées par an, et elle était assujettie à fournir un porc gras aux habitants du village, tous les ans, le jour du dimanche gras. Les habitants s'étant plaints de ce que cette redevance ne leur était pas fournie régulièrement, les échevins de Monstreux, après avoir consultées échevins de Nivelles, déclarèrent que, suivant l'usage, lorsqu'il s'agirait de « mettre ledict porchiau en graisse », il devait valoir 2 vieux moutons d'or et être exhibé en public, en présence des échevins; l'engraissement durait quarante jours, pendant lesquels le porc recevait de la nourriture à trois reprises, chaque jour ; à l'expiration de ce terme, on l'examinait de nouveau pour s'assurer s'il était «valable, pour faire ladite distribution ». Ainsi le décidèrent, le 7 mars 1492, en présence du maire Godefroid de Bertenchamps, les échevins Josse du Joncquoy, Colard de Same, Christophe Delcourt, Jacquemart Dart, dit Taillan, Guillaume Hane, Jean Fenould et Colard Henne. Le 15 janvier 1701, l'hôpital Saint-Nicolas reconnut devoir cette prestation, qui a été depuis remplacée par une distribution d'argent. Le porc se partageait par portions égales entre tous les habitants, sans distinction de riches ou de pauvres.
L'abbesse Volende de Steyne se fit construire une habitation à l'endroit appelé Argential ou Argenteau, sur un terrain dont elle acheta la moitié à Mairial de Monsteroul, fils de Guillaume Hurtemoulle. Par son testament, qui porte la date du 1er avril 1339, elle déclara donner au chapitre ses droits sur la motte d'Argential et sur la maison « qui, dit-elle, siet sus, que j'ai fait faire du mien ». Cette résidence, où les abbesses passaient la nuit avant d'entrer solennellement dans Nivelles, était fort « caduque » à l'avènement d'Adrienne de Saint-Omer. Bientôt elle se trouva « du tout ruinée», en sorte qu'il aurait fallu, pour la restaurer, la rebâtir de fond en comble. Mais le chapitre, à la demande de l'abbesse, l'exempta de faire cette dépense, en considération des fortes sommes qu'elle avait employées à élever de beaux édifices (29 octobre 1547). Aujourd'hui on ne trouve plus de traces de celte demeure, ni du moulin contigu, ni des étangs qui l'environnaient. Seulement, en été, lorsque l'herbe se dessèche sous l'influence de la chaleur, on s'aperçoit qu'elle a moins de vigueur en certains endroits où se trouvent encore des restes de fondements, près de la Thines, vis-à-vis du confluent du ruisseau de Saint-Pierre.
Le 3e jour complémentaire de l'an VII, le curé Jean-Baptiste Decoux, vieillard de 80 ans fut arrêté comme prêtre réfractaire. Ce ne fut qu'à la suite de démarches incessantes, faites au nom des agents municipaux et autres fonctionnaires, qu'on obtint du commissaire du pouvoir exécutif près de l'administration centrale du département de la Dyle l'autorisation de le retenir dans la prison de Nivelles, «pour autant qu'il ne pourrait être transporté à Bruxelles» (2 et 4 vendémiaire an VIII).
Monstreux ressortissait jadis à la mairie de Nivelles ; on y suivait la coutume de celle ville, où les échevins de la localité allaient à chef de sens.
L'abbesse de Nivelles nommait ces échevins, ainsi que le mayeur ou maire, un greffier et un sergent ; elle y levait le droit d'affouage (lequel ne produisit rien en l'année 1787), des cens, des rentes, les lois et amendes. Le duc de Brabant y avait la haute justice. Selon Blondeau, il la vendit en l'année 1630, et plus tard l'abbesse de Nivelles se qualifia de dame de Monstreux ; il n'existe toutefois aucune trace de celte aliénation.
En qualité d'avoués du chapitre, nos ducs exigeaient de chaque maison de Monstreux « où on faisait feu », un denier payable à la Saint-Jean, et un pain, que le sergent du fief de Rognon gardait, à titre d'émolument. En 1576-1577, le droit de « vouwerie » de Monstreux fut payé par 23 chefs de ménage, savoir : Jean le Parmenthier, censier de Montifaux : Lucas le Parmenthier, censier de Houler ; Frédéric de Prusse, Isabeau Le Bruele, Antoine Sibille, demeurant à la cense de Thielrye ; Michel de Celle, Frédéric de Preitz, censier de la cense de Loze ; Roland Le Brua, demeurant al Spinette ; André Le Clercq, Jean Hannicque, en Bourgogne ; le censier de la cense de Jehan Sart, appartenant au sire de Bornival ; Pierre Lefebure, pour son moulin : Jacques Cellie ; André Francq, Jean Delporte, d'abord pour sa maison la Grande Roze, puis pour celle dite la petite Roze ; Guillaume Delporte, Jacques Tielman, Gaspar Haillart, Gérv de Tournai, la veuve de Pasquier de Franne, Isambert le Verly, Martin Hayne, François de Dieghem et Vincent Bosquet, de la ferme de Monstreux.
Ce droit ne fut pas compris, en 1560, dans l'engagère de la seigneurie de Rognon, et bientôt il cessa de se percevoir. Lorsque, en 1780, le receveur du domaine prétendit le revendiquer, les habitants s'y refusèrent, en alléguant qu'on ne le leur avait pas demandé depuis cent ans et plus.
Ainsi qu'on peut s'en assurer, en comparant les localités citées dans la liste ci-dessus et une carte moderne, Monstreux comprenait autrefois une partie du territoire actuel de Nivelles. Le domaine ducal y prélevait, en outre, à la Saint-Jean, pour sauveté ou sûreté : 18 sous de Louvain sur la Ferme de l'Abbaye ; 2 sous sur le Moulin de Monstreux ; 3 sous sur la Maison Dellare (ou Bellaire), appartenant aux religieuses de Wauthier-Braine. Nous avons vu, à l'article Baulers, que la justice dans les dépendances de la Ferme de l'Abbaye fut, de 1558 à 1612, engagée aux Vander Eycken ou Du Chesne, puis au chapitre de Nivelles.
Dès l'année 1234, on mentionne le maire et les échevins de Monstreux. Les registres de ces derniers, pour les années 1605 à 1796, se trouvent au greffe de Nivelles. Les archives locales contiennent un assez grand nombre de vieilles pièces processales.
Du temps des Français, Monstreux et Bornival furent d'abord annexés au canton de Nivelles. On les en sépara ensuite (27 frimaire an IV} pour les joindre au canton de Tubise, puis on les restitua, en l'an X, au premier arrondissement de justice de paix de Nivelles. A cette époque, les habitants des deux villages demandaient leur réunion complète à cette ville sous le rapport administratif.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
L'église de Saint-Remi (aujourd'hui, de Saint-Michel) à Monstreux n'était jadis qu'une quarte chapelle, quoique son territoire paroissial fût assez étendu : outre Grambais, Holers, la Loge, le Flacon etc., qui en dépendent encore, il comprenait Bornival, qui n'existe comme paroisse que depuis 1603. D'autre part, l'autorité spirituelle du curé ne s'étend pas sur la Ferme de la Tuilerie et autres habitations voisines, qui ressortissent à Sainte-Gertrude de Nivelles. Monstreux a successivement fait partie des doyennés de Fleurus (de l'évêché de Liège) et de Nivelles, de l'évêché de Namur).
Le concordat l'annexa à la paroisse du Saint-Sépulcre à Nivelles. Toutefois, les habitants obtinrent la conservation de leur temple en s'engageant à payer au curé un traitement annuel de 300 francs (23 novembre 1808). Des arrêtés royaux l'ont reconnu comme chapelle (28 septembre 1825), puis comme succursale (23 septembre 1839).
Le curé percevait seul la dîme, qui lui fut abandonnée, pour lui servir de compétence, par le chapitre, agissant au nom de l'hôpital Saint-Nicolas (26 novembre 1685 ; elle valait, en 1787, 800 florins par an, ce qui, joint au produit de 6 bonniers de terres, de 5 journaux de prairies, de 6 journaux de bois, portait, les revenus de la cure à 663 florins. Ceux de la fabrique montent aujourd'hui à 598 francs, provenant en partie de la location d'un hectare 57 ares de terres.
En qualité de seul décimateur, le curé était anciennement tenu d'entretenir l'église. Lorsque nous la visitâmes il y a deux ans, ce n'était qu'une modeste construction à une seule nef, terminée par un chœur à mur plat. La date 1759, inscrite sur le plafond, rappelait une restauration considérable faite au siècle dernier ; il n'y avait d'ancien que les murs mêmes, où l'on distinguait encore, de chaque côté de la nef, une petite baie en ogive et murée. L'édifice actuel a été reconstruit, en 1858-1859, sur les plans de M. l'architecte Coulon. Il consiste en un vaisseau composé de trois travées, divisé, dans sa longueur, en trois parties par deux rangées de colonnes, et terminé par un chœur de peu d'étendue. La nef même est à voûte d'arête, tandis que les collatéraux ne sont recouverts que d'un plafond. Le clocher seul reste à construire.
En allouant des subsides pour l'édification du nouveau temple de Monstreux, le gouvernement eut soin de prescrire le placement dans les murs extérieurs.de l'église des anciennes pierres tumulaires. Il assigna à cet effet une somme de 250 francs. Les travaux de démolition amenèrent la découverte d'une belle pierre que l'on a posée à l'intérieur du temple ; elle est ornée d'un écusson chargé de trois roses, et porte l'inscription suivante : En ce lieu gist par | mort q(ui) tout côsome | Anthoine de Mons pries Dieu pour | qui jadis fut archier bone personne | a Charle Ve sans nuls blasme | durant sa vie en bon renô et famé | le premier jor de jullet tout côchit | lan mil Ve chincq X noef morut.
Nous n'avons rien à dire de l'ornementation intérieure de l'église, si ce n'est que le maître autel est dédié an patron et les autels latéraux à la Vierge et à saint Roch.
En 1787, les revenus des pauvres, qui, cent ans auparavant, consistaient en 82 bonniers 3 journaux de terres, se réduisaient à une redevance de 8 muids 3 vaisseaux de seigle, hypothéquée sur la Ferme de l'Abbaye.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
La petite maison communale de Monstreux comprend une salle d'école et un logement pour l'instituteur ; elle date de 1851.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction s'est élevé à 37 : 11 garçons et 26 filles.
La fête communale se célèbre le quatrième dimanche de septembre. Jadis le clergé de Nivelles se rendait en procession à Monstreux le troisième jour des Rogations
Avec le soutien de la Province du Brabant Wallon |