Le nom de Quenast, qui dérive peut-être de Naste ou Naast, désignation sous laquelle est connue une commune du Hainaut, où la Senne prend sa source et reçoit un affluent nommé la Kenaast, et de la préfixe Ke ou Que, se retrouve successivement sous les formes suivantes: Kanaste (1219, 1230, 1281), Kenaust (1225), Canasta (1225, 1297), Quenaste (1247, 1377, 1378, 1391, 1489, 1580, 1631, 1648), Kenaste (1281, 1301, 1411, 1430, 1479, 1503, 1019, 1784), Kenast (I253, 1480, I602), Kenauste (1380), Quenaeste (1391, 1576, 1580), Kenastre (1433, 1547), Quenastre (1471).
Il se prononce en wallon Knauss.
La commune de Quenast est limitrophe de celles de Saintes, Tubise, Hennuyères (Hainaut) et Rebecq.
Quenast est à 3 kilomètres de Rebecq, 4 1/2 k. de Saintes, 5 k. d'Hennuyères, 5 1|2 k. de Tubise, 17 1/2 k. de Nivelles, 27 1/2 k. de Bruxelles.
L'église de Quenast se trouve située par 56 grades 30 de latitude N. et 2 grades 02 de longitude E.
L'altitude du sol est de 41 mètres à 250 m. S. de l'église, près du moulin à eau.
Le cadastre divise le territoire de Quenast en 3 sections : la section A ou du Village, la section B ou du Bloquiau, la section C ou du Buissot.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 859 parcelles, appartenant à 148 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 33,844-95 fr. (sol : 28,805-95 ; bâtiments : 5,039-00) et ayant une contenance de 497 hectares 08 ares 60 centiares (imposable : 478 hect. 90 a. 80 ca. ; non imposable : 18 hect. 17 a. 80 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834:
On comptait: en 1486, 19 feux à Quenast, justice ou juridiction de Braine-le-Comte, et 5 feux à Quenast, justice d'Enghien ; au 31 décembre 1856, 166 maisons.
Le village de Quenast, qui compte 43 maisons; le Buissot, 123 maisons.
Le petit village de Quenast est situé dans la vallée profonde de la Senne ; l'église s'élève sur la colline rocheuse et assez escarpée qui borde la rive gauche de ce cours d'eau ; le principal groupe d'habitations est compris entre le temple et la rivière.
En remontant le versant droit de la Senne on arrive au Buissot (1787), en Wallon, Buchot. Ce hameau forme, en quelque sorte, le prolongement de celui du Puhain qui appartient au territoire de Rebecq. Il ne comptait primitivement que bien peu de maisons ; mais l'exploitation des carrières de chlorophyre a augmenté rapidement son importance : il y a huit ans, la société Zaman et Cie (propriétaire des carrières) y a fait construire 23 habitations ouvrières. Depuis l'extension qu'a prise ce hameau on le divise en deux parties : la section méridionale, ou du Buissot proprement dit, qui compte 47 maisons, et la section septentrionale, ou des Carrières, qui en compte 76.
A 500 mètres N. de l'église, la Maison Bulliau : à 1,200 m. E., la Ferme Poliart ; à 1,200 m. E., le Coin perdu ; à 500 m. E.-S.-E., l'ancienne Cense de l'Aise ; à 900 m. E.-S.-E., l'ancienne Cense Brichaux ; — à 700 m. S.-E., la Petite Hollande ; à 1,700 m. S.-S.-E., la Ferme Devroede, sur la route de Mons ; à 1,300 m. S., la Maison du Garde champêtre.
Les Herweses ; Bois du Chênoit ( Bos dou Caisnoit, 1380 ; Bos dou Chenoit, 1391 ; au Quesnoy, 1576) ; le Bloquiau ; les Hérinnes ; Marais; les Rotières (Aux haultes routières, Bois de la Routière, 1576) ; Bois de la Fourche ; Long beau champ ; Fosse à brieu (boue) ; Champ du Gobart ; Champ des Coutures ; Champ du Mortier (Coulture du Mortier, 1576) ; Couture du Boot ; Couture du But ; Bois de Neppe (Bois et Sars de Neppes, 1576) ; Chapeaumont, ferme ; Grand péril ; les Estrauts ; les Falises ou Tienne des Falises ; Chemin Vert ; Chemin des Postes ou Vieux Chemin de Mons ; Petit pavé ; Longue Saule (Longue Saulx, 1576) ; la Cavée ; Bois d'Ardenne ; Planche des Vaches ; Pré Perrière ; Tienne Monet ; Marais d'or ; Moulins de Quenast, ou Vieux Moulin et Grand Moulin ; Fosse à poux ; les Buts ; Tri du Bois ; la Falgeotte ; Sentier de la Montagne ; Sentier du Procès ; Ferme Macq ; Ferme Fauconnier ; Ferme du Château, ou du Pont, ou Desenfans ; Ferme Rowart : Ferme Franken ; Ferme Malbecq ; Maison du Piqueur ; Chapelle Saint-Roch ; Chapelle N.-D. des 7 douleurs ou Chapelle Sainte-Anne ; Chapelle N.-D. de Hal ou Seutin ; Chapelle Saint-Antoine ; Chapelle du Bon Dieu de Pitié ; Chapelle N -D. de Bon-Secours ; Chapelle à l'Epine.
Coulture de Spineau (1473) ; Coulture au Rivaige; Es Grandes angles ; Es Petites angles ; Campagne des Caufors : Coulture del Fossé ; Haulles coultures (1576) ; Souverain pret (1511) ; Pré aux Marez ; Pré aux Nauwes ; Pré de Bricqueteau ; Pasturaige des Vielz moulins (1576) ; Trieu de Wareilles (1648) ; Aulnoit del Court (1576) ; Haie de Kenauste, con dist le Bos dou Caisnoit (1380 ; ailleurs la Haie de Quenast est distinguée de ce dernier bois) ; Fontaine aux Bruck (1576); Rue Hanneau (1576) ; Courtil de la Court, près du moulin de Kenaste (1511) ; Jaytte (1784); Beauhocq (1576) ; à Ervioulx desoubz les Fallises (1511).
Le terrain est assez accidenté ; la Senne, qui traverse la commune de l'occident à l'orient, la partage en deux versants à pente rapide et d'une nature rocailleuse. Le point culminant est vers le bois de Neppe.
Le système gedinnien, qui s’étend sur le tezrritoire de Tubise, s'arrête à la limite orientale de Quenast, à l’E. du bois du Chênoit, où il est représenté par un phyllade compacte bleuâtre, aimantifère. Il reparaît a l'extrémité opposée de la commune, aux confins de Rebecq. Entre ces deux points règne l'étage inférieur du système coblentzien, qui a été observé attentivement par .M. Dumont. Vers le bois du Chênoit se montrent d'abord des traces de phyllade noir-bleuâtre à feuillets irréguliers, renfermant des enduits de manganèse ; puis des quartzophyllades irréguliers, zonaires et feuilletés, dont la direction = 100° et l'inclinaison E. 50° S. est presque verticale à l'E. de Quenast, tandis qu'à l'O. de ce village la dir. = 52° et l’incl. N. 38° E. =54°; ce qui indique, comme le fait remarquer M. Dumont, que ces quartzophyllades remplissent, entre les roches gedinniennes de Tubise et de Rebecq, un bassin, qui, du reste, paraît être très ondulé et très irrégulier. On voit ensuite, à l'E. et près de Quenast, un peu de phyllade gris-bleuâtre feuilleté subluisant (dir. = 62°, incl. N. 28° E.) ; entre l'église et la Senne, du phyllade schisto-compacte grisâtre (dir. = 72°, incl. N. 4 80 E.). On retrouve le phyllade gris-bleuâtre à environ 400 m. S. de l'église, dans le chemin qui conduit aux carrières de chlorophyre et que l'on nomme Tienne Monet ; il y est feuilleté et contient des traces de manganèse (dir. = 82°, incl. S. 8° O.) ; sa texture feuilletée est assez parfaite pour permettre de croire que l'on pourrait en faire des ardoises.
A environ 600 m. S. de l'église, au N. des carrières et à l'E. du chemin qui y mène, on observe un phyllade pyritifère irrégulier, noirâtre, subluisant ; vers son contact avec le chlorophyre de la carrière des Pendants, il passe en partie à une argile noire qui renferme des veines presque entièrement formées de très petits cristaux cubiques de pyrite et des filons couchés de quartz renfermant de la limonite et d'autres substances. Les quartzophyllades s'étendent entre Quenast et un petit fond situé à l'O. de ce village, où l'on trouve des traces de phyllade gris-bleuâtre. Le système gedinnien reparaît à l'O. de la vallée du Ri de Thieubecq, vers la limite de Rebecq.
Les deux étages du système yprésien existent à Quenast le long de la route de Bruxelles à Mons ; mais ils sont recouverts presqu'entièrement par le limon hesbayen du système diluvien, qui cache aussi en partie les terrains primaires. L'étage supérieur apparaît à l'O. de la ferme Devroede.
Au S. du village, sur la rive droite de la Senne, le terrain coblenlzien est traversé par un typhon énorme de chlorophyre massif, dans lequel on a ouvert un grand nombre de carrières de pavés. D'après M. Dumont, qui a décrit minutieusement celte roche plutonienne, le chlorophyre de Quenast consiste en une pâte d'eurite, renfermant de nombreux cristaux d'albite, de la chlorite et presque toujours du quartz et de la thallite. La pâte est compacte, gris-verdâtre, gris-rosâtre ou noir-bleuâtre, mate, faiblement translucide. L'albite est en cristaux blancs, quelquefois un peu verdâtres ou rosâtres, nacrés, de 1 à 4 millimètres de grandeur, simples ou composés de petits prismes dont la réunion forme une série d'angles très obtus, alternativement saillants et rentrants, que l'on distingue aisément lorsqu'on expose la roche à une vive lumière, et qui sont généralement clivables. La chlorite, aussi très abondante, est disséminée dans la pâte et quelquefois dans les cristaux d'albite, sous forme de petites masses lamellaires d'un vert noirâtre, foncé, mat ; elle se laisse aisément rayer en produisant une poussière gris-verdâtre. Le quartz est en grains nombreux, de 1 à 4 millimètres de diamètre, disséminés, qui se distinguent par leur éclat vitreux et leur couleur grise ou enfumée. La thallite est en grains disséminés, d'un aspect vitreux, d'un vert-jaunâtre clair. On trouve accessoirement des parallélépipèdes de forme semblable à ceux d'albite, mais qui sont compactes, d'un gris verdâtre, d'un aspect gras, aisément rayés par une pointe d'acier et qui paraissent être d'une nature analogue à celle du phyllade ou de la pagodite ; il n'est pas rare de voir celle substance au centre des cristaux d'albite, ou de voir des cristaux dont elle forme l'une des extrémités, tandis que l'autre est composée d'albite. Lorsque la chlorite et les cristaux d'albite disparaissent, le chlorophyre passé à une eurite de couleur pâle, dans laquelle on trouve ordinairement du zoïsite gris-verdâtre ou de la thallite d'un vert bouteille, en grains ou en rognons composés de prismes conjoints ou radiés.
Les minéraux accidentels sont : la pyrite; la leberkise, en grains et en fragments pisaires, grenus, magnétiques ; la chalcopyrite, cristallisée et en fragments pisaires ou avellanaires, quelquefois irisés ; la galène, en pelites masses lamellaires dans des veines de calcaire ; l'aimant ou la nigrine, en grains noirs, vitreux, magnétiques; la limonite; le quartz, blanchâtre, rosâtre ou enfumé, en grains ou en rognons disséminés et en cristaux prismés, quelquefois rhombifères ou plagio-rhombifères, tapissant des géodes et des fentes ou engagés dans des masses de calcaire laminaire; l'axinite, violette lamellaire et en cristaux équivalents, sous-doubles etc., de 0 à 10 millimètres de grandeur, accompagnée de quartz et tapissant des géodes (très-rare) ; l'orthose ; la thallite ; la hornblende, en petits cristaux (très-rare) ; la chlorite, en petites masses lamellaires et en rognons subcompactes, d'un vert sombre, accompagnée de calcaire laminaire ; la malachite, aciculaire, radiée et terreuse, recouvrant de la chalcopyrite ; le calcaire ; des noyaux d'argile etc.
Parmi ces substances, la thallite est la plus commune; elle se présente ordinairement en masses bacillaires, fibreuses conjointes ou radiées, quelquefois cristallisées, d'un vert bouteille, souvent associées au calcaire et au quartz ; tantôt elle tapisse des fentes du chlorophyre, tantôt elle forme des rognons ; c'est dans la carrière des Pendants que l'on en rencontre les plus beaux échantillons.
La masse du typhon de Quenast présente trois variétés de couleurs principales, qui sont surtout bien distinctes lorsque la roche est mouillée : le gris-verdâtre tacheté de blanc et de vert sombre, le gris-rougeâtre tacheté de blanc-verdâtre et de vert-foncé, le noir-bleuâtre tacheté de blanc. Elle est divisée par des fissures très étendues, qui sont souvent parallèles entre elles et ressemblent à des joints de stratification ; ces fissures n'ont pas une direction constante et sont traversées par d'autres fissures parallèles entre elles ou irrégulières qui subdivisent la masse en polyèdres. Le chlorophyre est dur, tenace ; la cassure, droite ou largement conchoïde, coupe tous les minéraux composants. Les parties qui ont été exposées à l'action des agents atmosphériques, présentent des altérations plus ou moins fortes et plus ou moins profondes : l'albite se décompose la première en une matière tendre, terreuse, opaque, jaunâtre, brunâtre ou rougeâtre ; l'eurite devient terreuse, d'un gris-verdâtre pâle ; la chlorite à son tour devient brunâtre; enfin la roche tout, entière prend celte dernière couleur et se désagrège. Ces parties altérées forment, vers la surface du sol, une croûte de 4 à 5 mètres d'épaisseur, et, le long des filons, des joints d'injection et des fissures, des zones plus ou moins épaisses que les ouvriers nomment bancs pourris. A la partie supérieure se rencontrent fréquemment des blocs arrondis ; la carrière à Boules est très remarquable sous ce rapport. Dans la carrière du Bloquiau on voit un puissant filon de quartz ; le chlorophyre qui en forme les épontes offre une division prismatique perpendiculaire au joint d'injection et une altération assez profonde.
Les carrières sont situées, les unes à côté des autres, dans une zone demi-circulaire qui se prolonge sur le territoire de Rebecq. En 1848, M. Dumont comptait 17 carrières à Quenast, savoir :
1° à l'E. du chemin de Chapeaumont à l'église, les carrières du Bois, du Bloquiau (ou Bloquia), de la Belle Visière, du Cul-du-Sac, à l'Eau (ou du Trou à l'eau), du Pensionnat, du Champ Saint-Martin (ou du Pain de sucré), de Chapeaumont, des Pendants ;
2° à l'O. du même chemin, les carrières de Saint-Martin n° 2, à Boules, à Bleus, de la Waruge, de l'Église, du Fleuri (ou Flori), à Feuilles, la Vieille carrière.
Depuis cette époque, bien des changements se sont opérés : d'anciennes carrières ont été abandonnées, des carrières voisines ont été mises en communication, des exploitations nouvelles ont été ouvertes. Actuellement, sept carrières seulement sont en activité : la carrière des Pendants, celle de la Renaissance (ancienne carrière du Champ Saint-Martin), celle du Champ d'asile (ancienne carrière du Cul-du-Sac), celle du Bloquiau, celle de la Waruge, celle à Bleus et celle du Pâchis ou du Nid d'agasse ; les 4 premières sont à l'E. et les 3 autres à l'O. du chemin de Chapeaumont.
La carrière du Champ d'asile est en communication avec celles du Bloquiau, de la Belle visière et du Trou à l'eau ; la carrière de la Waruge, avec celle du Flori. On pourrait ajouter à l'énumération des carrières abandonnées celles du Renard et de Fauconnier.
Les carrières sont exploitées à ciel ouvert. Elles forment d'immenses cavités, dont la profondeur est encore augmentée par les énormes tas de débris qui s'amoncellent sur leurs bords.
Tout le territoire de Quenast appartient au bassin de l'Escaut ; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Senne, le Ri de la Marlière, le Ri de Thieubecq et le Ri du Croli.
La Senne vient de Rebecq, dont elle forme la limite jusqu'au moment où elle reçoit le Ri du Croli (r. g.) et pénètre entièrement sur le territoire de Quenast ; un peu plus bas elle reçoit le Ri de Thieubecq (r. g ), puis baigne les murs de la ferme du Château ; se divise en deux bras, dont l'un (celui de droite) active le moulin de Quenast par une chute de 3 m. 13 et se grossit (r. dr.) des eaux d'épuisement des carrières, et qui se réunissent aussitôt ; passe à proximité de l'ancienne cense de l'Aise ; reçoit le Ri de la Marlière (r. dr.) ; longe un instant le chemin de fer des carrières ; et se rend enfin à Tubise, après un parcours sinueux de 3.800 m., dont 900 m. mitoyens avec Rebecq. Sa direction générale est de l'O.-S.-O. à l'E.-N.-E. En 1489-1490, par ordre du receveur général du comté de Hainaut, on cura soigneusement la rivière « venant de Soignies vers Haulx (ou Hal), passant par Kenaste », dont le lit était « trop rempli pour que l'eau eut son cours ». La pêcherie de la Senne dans ce village appartenait alors au souverain, qui était seigneur de Quenast ; elle se louait : en 1430-1431, 60 sous ; en 1602-1603, 30 sous.
Le Ri de la Marlière prend sa source près de la carrière du Bois ; baigne l'ancienne cense Brichaux ; traverse le chemin de fer des carrières ; et se réunit à la Senne (r. dr ), après un parcours de 1,000 m. dans la direction générale du S. au N.
Le Ri de Thieubecq vient de Saintes ; passe près de la chapelle Saint-Antoine ; et se réunit à la Senne (r. g.) au S. du bois des Herweses, après un parcours de 700 m. dans la direction du N. au S.
Le Ri du Croli vient de Saintes; sert de limite entre Rebecq et Quenast ; et se réunit à la Senne (r. g.), après un parcours mitoyen de 250 m. dans la direction générale du N.-O. au S.-E.
Les principales fontaines sont : la Fontaine Bacquart, qui alimente d'eau plus de vingt ménages el qui est remarquable par la limpidité et la bonté de son eau, la Fontaine du Marais d'or, la Fontaine ou Puche (puits) Malbecq, la Fontaine au Ri, la Fontaine du Colau et la Fontaine Nanette.
On comptait, en 1784, 400 habitants ; en 1787, 250 communiants environ ; en l'an XIII, 245 habitants ; au 31 décembre 1831, 531 habitants ; au 3! décembre 1856, 839 habitants (wallons).
Les registres de l'état-civil remontent à 1673, pour les naissances; à 1678, pour les décès et les mariages.
Les bois ont ensemble 42 hectares; ils portent les dénominations de Bois des Herweses, Bois du Chênoit, Bois de Neppe, Bois d'Ardenne. Dans le bois du Chênoit il y avait un hêtre d'une grosseur prodigieuse, nommé l’Arbre Madame ; on l'a abattu il y a environ 15 ans. La seule grande exploitation agricole est la Ferme du Château ou Ferme du Pont (58 hect.), tenue par M. Desenfans (P.-J.), appartenant à M. de Bousies. On remarque encore une pierre armoriée à l’entrée de la ferme qui fait face au pont de la Senne.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Quenast par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé :
L'ancienne verge linéaire a 17 3/4 pieds de Hainaut, d'après les documents cadastraux; 18 pieds, d'après M. Wirix.
Le moulin de Quenast était jadis banal pour les habitants du village. Des crues violentes l'ont souvent endommagé. C'est pourquoi, en 1391, on le reconstruisit d'après les dessins de M. Thomas Raddart, maître maçon du comte de Hainaut. Il fut détruit vers l'année 1424, probablement lors de la guerre entre Jean IV et Jacqueline de Bavière, et, quoique les habitants désirassent beaucoup sa réédification, parce qu'ils étaient éloignés de toute autre usine à moudre, ce ne fut que vers 1440 que l'on s'en occupa. Le meunier de Ripain (sur Tubise) se chargea de la dépense, à la condition que le moulin serait banal comme auparavant et que le fermage à payer au souverain, propriétaire de l'emplacement, consisterait en 3 muids de blé. En 1475, le moulin avait de nouveau un besoin urgent de réparation et, en 1479, on travailla activement à la retenue et « huisine » et on démolit et remaçonna les murs et la ventillerie. En 1482, les eaux de la rivière causèrent de nouveau de si grands dégâts qu'il fallut cesser de moudre. En 1503, le maître maçon Jean Seutin refit encore le « ventillage » du moulin, par ordre de M. Jean Henrart, maître maçon du comté de Hainaut. En 1576-4577, le conseil des finances ordonna de construire près du moulin un pont de bois de chêne, avec têtes en maçonnerie. Philippe Boets, maître charpentier demeurant à Bruxelles, fournit le bois nécessaire, moyennant 270 livres 4 sous tournois, et les maçons Jean et Paul Seutin les pierres, pour 79 livres 10 sous ; les travaux ne durèrent que 29 jours et après achèvement, furent visités par M. Vincent Denis, maître charpentier du roi en Hainaut.
Le moulin était ordinairement affermé, moyennant 10 (en 1576-1577) ou 8 (en 1602-1603) muids de blé. Il a cessé d'appartenir au domaine depuis l'engagère de la seigneurie de Quenast. Cet ancien moulin, qui est établi sur la rive droite de la Senne, près de la ferme du château, a été rebâti en 1674 ; il a 3 paires de meules activées par une roue hydraulique en bois. Un second moulin, construit depuis une quinzaine d'années (arrêté en date du 22 août 1844), dans une petite île formée par la rivière, a 4 paires de meules mises en mouvement par une roue hydraulique en fer d'assez grande dimension. Ces deux moulins sont reliés entre eux par une galerie aérienne ; ils sont exploités par le même locataire.
Un grand nombre de femmes filent du lin pour la fabrication de la batiste et de la dentelle ; ce travail leur rapporte 50 à 60 centimes par jour.
Quelques ouvriers quittent la commune pour aller faire la moisson en France.
Mais la véritable industrie de Quenast consiste dans l'exploitation des carrières de chlorophyre que nous avons décrites plus haut et qui appartiennent, sauf une seule, à la société Zaman et Cie. Tous les travaux s'exécutent à ciel ouvert. Les blocs sont d'abord détachés du roc au moyen de la poudre ; puis de longs plans inclinés les conduisent hors des carrières. On les divise alors en fragments moins volumineux, au moyen de masses et d'un marteau nommé refendresse, dont les deux têtes se terminent en coin et dont les faces perpendiculaires au manche ont une forme ovale. Lorsque la pierre est débitée en parallélépipèdes grossiers ayant à peu près la dimension voulue, on les façonne au moyen de 4 marteaux de différents volumes formés d'un prisme carré, dont les deux extrémités ou têtes ont une légère convexité, de l’épinchoir qui a (en plus petit) la même forme que la refendresse, et du têtu qui ressemble au marteau proprement dit, mais dont chaque tête est creusée en gouttière parallèle au manche.
Les pierres sont presque exclusivement façonnées en pavés, que leur longue durée fait rechercher non-seulement en Belgique, mais jusqu'aux États-Unis, et qui sont tellement durs qu'ils se polissent par le frottement. On divise les pavés de Quenast, d'après leurs dimensions, en 7 classes : la 1e classe a 20 centimètres sur 20 ; la 2e, 18 sur 20 ; la 3e, 16 sur 18 ; la 4e, 14 sur 16 ; la 5e, 12 sur 14 ; la 6e, 10 sur 12 ; la 7e, 8 sur 10. On ne fait plus de pavés des deux premières classes ; mais, par contre, on en façonne qui ont 10 centimètres sur 16 et qui, sous le nom de boulisses, sont très recherchés, surtout à Paris, à cause de leur fini.
On emploie aussi le chlorophyre à faire desdalles ; pour en dégrossir la surface, les ouvriers se servent d'une huitième espèce de marteau, la boucharde, dont les têtes, découpées en pointes de diamant, servent à écraser les rugosités de la pierre. L'élévation du prix de façon et la difficulté de se procurer des blocs de grande dimension empêchent l'emploi de ces dalles de se vulgariser. Avec des précautions, on parvient cependant à extraire des masses volumineuses et nous avons vu une magnifique coupe d'une seule pièce, mesurant 70 centimètres de hauteur sur 1 m. 11 de diamètre, qui avait été taillée, uniquement à l'aide du marteau, dans un bloc provenant de la carrière du Bloquiau.
On évalue à environ 1,300,000 par mois le nombre des pavés qui se fabriquent à Quenast. Douze à quatorze cents ouvriers, dont la majorité habite Rebecq, sont occupés aux carrières ; dans ce nombre on compte beaucoup d'enfants, qui gagnent aisément un franc par jour. Tous les travaux se font à l'entreprise : les ouvriers sont divisés en brigades dont le chef traite à forfait avec la Société, à raison de tant le mille, pour l'extraction et la façon des pavés. La Société ne fournit ni la poudre nécessaire pour attaquer le roc, ni les outils ; elle n'a à sa charge que l'épuisement des eaux et le transport des produits. Dix maréchaux-forgerons travaillent à fabriquer ou à réparer les outils.
A la carrière du Pâchis, qui est exploitée par MM. Velge et Cie, il y a 2 machines à vapeur servant, l'une à l'épuisement de l'eau, l'autre à l'extraction des pierres ; elles ont ensemble une force de 15 chevaux. A chacune des carrières du Bloquiau et du Champ d'asile il y a également 2 machines à vapeur d'une force réunie de 24 chevaux. A la carrière aux Bleus, il va 2 machines à vapeur ayant ensemble 16 chevaux de force. Aux carrières de la Waruge et des Pendants, l'extraction s'opère au moyen d'un manège. A la carrière de la Renaissance on construit une machine d'épuisement de la force de 5 chevaux. Ces 6 carrières, exploitées par MM. Zaman et Cie, sont en communication, par leurs plans inclinés, avec un petit chemin de fer qui traverse la commune de Tubise et va aboutir au canal de Charleroi, sur le territoire de Clabecq, où l'on a établi un quai près du hameau de Vraimont. Depuis le canal jusqu'au chemin de Chapeaumont et, par conséquent, sans ses ramifications dans les carrières, ce railway a une longueur de 6,000 mètres. Sa partie supérieure est en plan incliné ; un tambour sert à faire remonter les wagons vides par le poids des wagons pleins qui descendent. Sur le reste du parcours, la traction est faite par une locomotive.
Le chemin de fer industriel des carrières de Quenast traverse la commune sur 2,000 mètres. Projeté dès l'année 1835, ce chemin ne fut ouvert qu'en 1848. Un arrêté royal en date du 30 mars 1847 en a concédé l'exploitation, pour un terme de 90 ans, à MM. Coppens, Zaman et Verheyden, avec la faculté d'y percevoir un droit de transport s'élevant à un franc par 1,000 kilogrammes. L'exploitation, en 1858, a co^té 32,507 francs et produit 76,959 francs.
La route de l'État de Bruxelles à Mons longe le territoire de Quenast sur 250 m. et le traverse sur 1,400 m.
On compte 15 chemins vicinaux et 39 sentiers, mesurant ensemble 39,181 m., tous parfaitement empierrés.
Trois ponts, neuf ponceaux et un aqueduc sont établis sur ces chemins.
Le chemin de grande communication n° 10 traverse Quenast sur 495 m.
Le 20 novembre 1843, la commune a été autorisée à lever sur les chemins empierrés qui sillonnent son territoire un péage s'élevant à 5 centimes par cheval attelé transportant des pierres, sauf sur le chemin dit des Carrières, où le droit se réduit à 2 centimes.
Les guerres des Brabançons contre les Hennuyers, du temps de Jacqueline de Bavière, ruinèrent de fond en comble la « maison et court » et le moulin des comtes de Hainaut à Quenast.
En 1470 et 1477, les soldats de Charles le Téméraire et de Maximilien d'Autriche causèrent de grands dommages aux récoltes du « censeur » ou fermier de la cense domaniale, Jean le Gaest, qui obtint à cette occasion remise de 9 muids de blé sur le prix de son bail. La même faveur lui fut accordée, le 4 avril 1480, pour le même motif, par la chambre des comptes de Lille.
De 1579 à 1582, le domaine ne perçut aucun revenu à Quenast, « à cause de la totalle destruction qui règne au dit lieu par ceste continuelle guerre, estans tous les inhabitans retirés et morts, de fachon que pour le jour de maintenant, l'on ne trouvera y habiter ung seul homme ». A la fin du mois de septembre 1580, les troupes royales, et notamment le régiment du colonel Manny, emportèrent, tous les grains de la récolte, ainsi que le prouva une enquête faite par le greffier des finances Stercke, sur les torts qu'avaient soufferts les locataires des biens du domaine, au quartier de Hal.
Le procès-verbal de délimitation de la commune est du 15 mai 1817. Un premier procès-verbal sommaire avait été rédigé le 45 brumaire an XII.
En décembre 1817, on enfonça le mur de la sacristie de Quenast, et on en emporta un ciboire, après avoir jeté les hosties consacrées, au bord d'un chemin, à une centaine de mètres au N. de l'église ; un calvaire en bois, qui a disparu depuis un an, rappelait l'emplacement de ce sacrilège, dont l'auteur n'a jamais été découvert.
Quenast dépendit, jusqu'en l'an III de la république, du comté de Hainaut et de la châtellenie de Braine-le-Comte. On y suivait la coutume de Mons.
P
ar exception, une partie du village faisait partie de la terre d'Enghien, par suite, à ce qu'il semble, d'une donation faite, en 1253, par Jean d'Avesnes, fils de la comtesse Marguerite de Constantinople, à Walter, fils de Siger, sire d'Enghien, de ses serfs et hommes d'avouerie demeurant près de Quenast et de tout ce qu'il avait près de Bierghes.
La majeure fraction du territoire, ainsi que nous le verrons, passa des sires de Lens aux comtes de Hainaut, qui la réunirent à leurs domaines. Ces princes y avaient un maire et y faisaient percevoir leurs revenus par leur receveur de Hal. Ils conservèrent la possession de ces derniers jusqu'au 31 juillet 1631 qu'ils vendirent au conseiller Vande Wouwere, moyennant 20,000 livres de 40 gros de Flandre, la haute, moyenne et basse justice, ses appartenances et dépendances et les revenus de toute espèce de la seigneurie, en ne se réservant que la souveraineté, le son de cloche, les aides, les octrois, les légitimations, les confiscations de biens appartenant à des ennemis ou à des rebelles, et ce qui pouvait provenir des coupes de bois dans les bois de haute futaie ou sur les chemins et autres lieux communs, à charge de tenir le tout en fief relevant du Hainaut et de payer un cens annuel d'un chapon. Le 15 mai 1638, Marie Clarisse, veuve du conseiller, ajouta 5,500 livres à l'engagère primitive, que Roger, leur fils, accrut encore de 4,600 livres, le 20 août 1642, en stipulant qu'on ne pourrait opérer de désengagement pendant les vingt années suivantes. Jean MaIeingrau porta enfin le taux de l'engagère à 31,500 livres. Le domaine profilait encore, en 1663, du produit de la coupe de la haute futaie à Quenast.
En 1491-1492, le charpentier Wantye Grouzelle fit un « ferme » pour y déposer les « lettraiges des mains fermes » (ou des biens dont les adhéritances se passaient par devant les échevins) de Quenast. Lui et le serrurier Colart Bouret reçurent pour leur travail 10 livres tournois, dont le souverain paya la moitié et la communauté l'autre moitié. Les registres échevinaux de Quenast, pour les années 1680 à 1795, se trouvent actuellement au greffe de Nivelles.
En l'an III, la commune fut jointe au département de la Dyle et au canton de Tubise. En l'an X, on la comprit dans le canton de justice de paix de Hérinnes, et enfin, un arrêté du 30 décembre 1822 l'unit au premier arrondissement de justice de paix de Nivelles.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants:
Quenast appartint d'abord à la famille de Lens, ainsi qu'il résulte de plusieurs donations faites à divers monastères. Au mois de mai 1219, Hugues de Lens. frère de Walter, sire de Lens, pour le salut de son âme et de celles de ses ancêtres, donna à l'abbaye de Cambron une rente annuelle de 20 sous, à prélever sur le cens qu'on lui payait dans son alleu de Quenast, et toute la dîme qu'il y percevait, à la condition que si cette dîme produisait par an moins de 30 muids de grains, mesure de Mons, il devait y suppléer au moyen de son cens (de blando meo ejusdem ville). Hugues vivait encore en 1247. W. (Walter ou Guillaume), chevalier de Mussain, possédait aussi une dîme à Quenast ; il la céda au monastère de Saint-Denis au mois de février 1225-1226, du consentement de son suzerain, Walter, sire de Lens.
Au mois de février 4297-1298, Jean, sire de Lens, vendit la terre de Quenast au chevalier Jean Saussoit, sire de Boussut, par acte passé devant les hommes de fief du comté de Hainaut, au Pré de la Salle, à Valenciennes. Sausset déclara ensuite n'avoir aucun droit sur ce bien et sur la seigneurie du Ploich, parce qu'il les avait achetés des deniers d'Isabelle de Hainaut, princesse de Morée (château de Braine-le-Comte, le samedi après la Saint-Barthélemi, en 1301) ; plus tard le domaine prit possession de Quenast, sauf que, vers l'an 1346, la comtesse Marguerite de Hainaut, veuve de l'empereur Louis de Bavière, en abandonna les revenus, avec ceux de Braine-le-Comte et d'Estroeun, à titre viager, à sa sœur Isabelle, en compensation de deux rentes viagères de 2,000 livres qui étaient dues à cette princesse: l'une en Hollande, l'autre en Hainaut.
Par suite des engagères effectuées au XVIIe siècle, Quenast devint la propriété de Jean Van de Wouwere, chevalier, conseiller des finances, ancien échevin de la ville d'Anvers, où il était né en 1576, et qui avait été dans sa jeunesse l'ami d'Ortelius et de Juste Lipse. Marie Clarisse, sa femme, étant devenue veuve, céda ses droits sur Quenast à son fils Jean-Baptiste, qui y renonça presque immédiatement en faveur de son frère Roger, l’un des six commis de la chambre des comptes, créé chevalier le 10 janvier 1645.
Le village devint bientôt la propriété de Jean Maleingrau, échevin de Mons en 1652, 1653 et 1655 ; conseiller au conseil de Hainaut par lettres patentes du 11 mai 1658 ; député aux conférences de Lille en 1668, et à celles de Courtrai en 1681 ; mort le 26 juillet 1685, et qui eut pour successeurs :
Jean-François de Maleingreau, créé chevalier le 27 novembre 1727, échevin de Mons à plusieurs reprises de 1683 à 1724, mort le 27 novembre 1730 ;
Jean-François-Joseph de Maleingreau, conseiller pensionnaire des états de Hainaut, mort le 22 août 1738 ;
Jean-François de Maleingreau, pensionnaire des états comme son père, mort le 7 août 1701 ;
Félix-Henri-Joseph, baron de Maleingreau de Quenast par création du roi Guillaume Ier, le 27 septembre 1817, membre de l'ordre équestre de la province de Hainaut, mort le 9 septembre 1829 ;
Ferdinand-Henri-Joseph, fils du précédent, mort le 21 mars 1846, ne laissant d'autres héritiers que ses sœurs : Pauline-Florence, femme de M. Philippe-René de Bousies, et Caroline-Emmérence, qui s'est aliiée à Louis Charliers de Buisseret.
La terre de Quenast appartient actuellement aux Bousies, qui n'y ont plus de château, mais une belle ferme.
En 1391, les revenus de la seigneurie comprenaient : la taille que devait la ville (ou village) à la Saint-Remi et qui valait 10 livres 3 sous 7 deniers ; d'autres cens, valant 45 sous 6 deniers, et encore 112 sous blancs ou 6 livres, plus 53 sous 6 deniers de blancs, et 56 sous 16 deniers ; 27 oies et des fractions, valant 70 sous 1 denier ; 106 chapons, dont 2 étaient donnés aux échevins et qui étaient évalués 12 livres 15 sous ; 35 pains, soit 2 sous 11 deniers. La court ou ferme de Quenast, y compris 55 bonniers de terres et un pré, était louée moyennant des redevances en grains et 34 livres 10 sous ; la coupe sur « les warissais», près du bois de Ryphain, produisait 100 sous ; celles dans le bois du Chênoit, 14 livres ; les exploits ou amendes perçues par le maire, 32 sous 6 deniers. Le total s'élevait à 92 livres 16 sous 9 deniers, non compris 4 muids de grains, que les comptes confondent avec les redevances provenant du domaine de Hal. Lors de la vente de la seigneurie, elle avait encore pour dépendances 16 bonniers de terres, 11 à 12 b. de prairies, 18 b. de bois, un moulin à eau.
Les souverains de Hainaut comptaient à Quenast plusieurs vassaux, entre autres, en 1473 : Guillaume d'Amiens, de Soignies, qui relevait de leur cour féodale environ 5 bonniers de terres et de prés, et Colard le Cordier, qui possédait des cens, des rentes, des redevances en chapons.
L'église de Saint-Martin à Quenast a dépendu jadis du doyenné de Hal dans le diocèse de Cambrai. Lors du concordat, elle fut comprise dans l'archevêché de Malines ; on en fit alors, sous le vocable de saint Rombaud, une succursale de la cure de Hérinnes. Actuellement elle dépend du doyenné de Hal et a été replacée sous le patronage de saint Martin.
L'abbaye de Saint-Denis paraît avoir acquis le patronat de Quenast comme dépendance d'une autre église voisine. Elle y avait déjà le personnat, le 8 mai 1219, lorsque les religieux de Cambron furent confirmés par l'évêque de Cambrai dans la possession de leur dîme. Au moyen d'un échange, la première de ces communautés réunit cette dernière dîme, au mois de décembre 1281, à celle qu'elle levait déjà.
En 1663, la dotation de la cure se composait d'un tiers de la dîme, valant, en moyenne, 136 francs par an ; de la menue dime, qui valait 25 francs ; de 3 bonniers de terre, qui valaient 30 francs; de 6 b. de pré, d'un revenu annuel de 250 francs, et de 19 chapons.
En 1787, outre les 250 florins que la dîme lui rapportait, le curé recevait : 14 florins, provenant de la petite dîme ; le produit d'un livre censal, avec droit de congé etc., en tout 922 florins par an. Le curé Remi Quiva, mort en 1606, fit plusieurs fondations, notamment un office de l'octave du Saint-Sacrement, une messe du Vénérable ou du jeudi et une de la Vierge ou du samedi. Si l'on en croit là tradition, cet ecclésiastique aurait prédit, dans son testament, dont on ne retrouve plus le texte, l'extension future des carrières de Quenast et la plus value qui devait en résulter pour les biens légués par lui à l'église. Par son testament, qui porte la date du 24 octobre 4689, Thomas de Maleingreau institua un cantuaire chargé d'une messe par jour, ce qui ne fut exécuté que longtemps après, le 26 octobre 1767, lorsque Jean-François de Maleingreau, seigneur de Quenast, assigna a cet effet des rentes au capital de 9,814 livres. Son parent avait ordonné, en outre, que son service funèbre serait célébré dans la cave (ou crypte?) de l'église, en la chapelle de Saint-Cosme et de Saint-Damien, et que, chaque année, le jour de son décès, il serait distribué aux pau-vres un muid de grains en pains.
Les revenus de l'église s'élevaient, en 1787, à 369 florins ; ils montent aujourd'hui à 1,565 francs et proviennent en partie de 7 hectares 30 ares.
L'ancienne église datait du XIVe siècle ; d'après un passage cité plus haut, il a dû y exister une crypte. Elle a été démolie en 1854, et remplacée, la même année, par un autre temple, édifié sous la direction de l'architecte Coulon. La députation permanente avait autorisé, le 9 septembre 1853, l'acquisition du terrain nécessaire, et un arrêté royal approuva, le 17 octobre de la même année, la construction d'un édifice nouveau, qui devait coûter 41,946 francs.
On arrive à l'église par un escalier de pierres bleues, composé de 17 marches. Le temple repose sur le roc, que l'on rencontre à 20 centimètres de profondeur. Il est d'architecture toscane et de forme basilicale. Le chœur, qu'éclairent deux fenêtres en anse de panier, se termine en hémicycle ; le vaisseau se compose de sept travées, y compris celle de la tour, et présente deux rangées de colonnes à base octogone en pierre bleue. La grande nef est voûtée en plein-cintre ; les collatéraux n'ont qu'un plafond. La façade n'a qu'une porte, surmontée d'une fenêtre cintrée. Plus haut s'élève la tour, qui est carrée, et se termine par une flèche recouverte d'ardoises ; le tout est en briques, sauf que le contour des fenêtres et les angles sont en pierre bleue.
A l'intérieur, au jubé, une plaque de marbre porte un chronogramme : œDeM hanC ConseCrat engeLbertVs, rappelant la consécration de l'église par le cardinal de Malines, consécration qui a eu lieu le 22 octobre 1855.
Les autels latéraux sont dédiés, l'un à la Vierge, l'autre aux saints Cosme et Damien, patrons secondaires. La chaire, où on voit le Sauveur donnant à saint Pierre les clefs du paradis, est de bois sculpté, ainsi que les confessionnaux. Ils ont été exécutés par les frères Goyers, de Louvain. Les orgues, ornées de sculptures et de portraits en médaillons, n'ont d'autre mérite que de provenir de l'église Saint-Barthélemi de Liège. En repavant l'ancienne église, vers 1832, on découvrit un caveau, renfermant trois cercueils qui tombèrent en poussière. L'un d'eux renfermait des ossements humains d'une grandeur peu ordinaire. Dans le mur faisant face à ces cercueils se trouvait une petite pierre qu'on plaça dans le pavement et qui disparut en 1854. D'après ce que nous a dit M. Clément, bourgmestre de la commune, on y lisait : « Ci git messire Rogier Vande Wouwer, seigneur de Quenast. » Les trois cercueils avaient sans doute abrité les dépouilles mortelles de ce gentilhomme et de ses parents.
Au sud de la nouvelle église, sur le terrain de l'ancienne, qui sert encore de cimetière, est couchée une pierre tumulaire, offrant cette inscription : A la mémoire |de messire | Ferdinand-Henri | Baron | De Maleingreau | de Quenast | décédé le 21 mars 1846 | à l'âge de 54 ans. | Ayez pitié de moi mon Dieu | selon votre grande miséricorde. | Ps. 50. | Pater. Ave. | R. I. P.
Le presbytère est situé près de la Senne, à environ 150 m. 0. de l'église ; il est assez spacieux et entouré d'un très beau jardin. La maison neuve qui avoisine l'église appartient au clerc, qui en a fait don à la fabrique, en s'en réservant l'usufruit.
Le revenu de la Table du Saint-Esprit ne s'élevait, en 1787, qu'à 96 florins. Il était fort insuffisant, car la plupart des habitants étaient pauvres et travaillaient aux carrières ; ils tombaient à charge de la bienfaisance dès que l'ouvrage manquait ou qu'un accident venait les frapper.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 99 : 54 garçons et 48 filles. La fête communale se célèbre le dimanche le plus rapproché de la Saint-Martin (ou 11 novembre). La petite « ducasse » arrive quinze jours après la Pentecôte.
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