La commune de Thines, qui a pour homonymes celles de Thisnes-lez-Hannut et de Thynes-lez -Dinant, a vu son nom s'écrire successivement : Thienes ( 1209, 1614), Tenis (1231), Thiennes (1404, 1602, 1611), Tiennes (1412), Thynes (1489), Thines (1547), Thienne (1566), Thine (1576), Thynnes (1582), Thisnes (1602), Thinnes (Vander Stegen).
L'orthographe primitive porterait à rattacher ce nom au mot wallon tienne, qui signifie montagne, si la prononciation Tine, où l’e ne se fait nullement sentir, n'engageait plutôt à le rapprocher de Thienen, désignation flamande de Tirlemont.
La commune de Thines est limitrophe de celles de Baulers, Vieux-Genappe, Loupoigne, Houtain-sur-Dyle et Nivelles.
Thines est à 3 kilomètres de Baulers et de Nivelles, 4 k. de Houtain, 5 1/2 k. de Vieux-Genappe, 6 k. de Loupoigne, 31 1/2 k.de Bruxelles.
L'église de Thines se trouve située par 56 grades 22 de latitude N. et 2 grades 26 de longitude E. L'altitude du seuil de la porte de l'église est de 129 mètres.
Le cadastre divise le territoire de Thines en 4 sections : la section A ou du Village, la section B ou du Bois de Vaillampont, la section C ou du Château de Vaillampont, la section D ou de la Vieille Cour.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 367 parcelles, appartenant à 68 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 50,763-37 fr. (sol : 48,309-37 ; bâtiments : 2,454-00) et ayant une contenance de 766 hectares 25 ares 30 centiares (imposable : 752 hect. 33 a. 50 ca. ; non imposable : 13 hect. 91 a. 90 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834:
On comptait : en 1374, 48 ménages ; en 1436, en 1564 et en 1472, (voyez Baulers) ; en 1492, 19 foyers ; en 1526, 22 maisons ; en 1686, 16 maisons, plus 2 fermes, 1 moulin, 1 franche taverne, 1 forgerie de maréchal ; en 1856, 73 maisons.
Le village de Thines se compose d'une suite de maisons et de fermes qui s'élèvent sur la rive droite du ruisseau du même nom que la commune. Bien que ces habitations soient échelonnées sur une longueur de 1,200 à 1,300 mètres, on ne peut considérer comme de véritables hameaux les principaux groupes qu'elles constituent et qui sont, en commençant par le sud, le Paré, le Culot de la Pied-sente, Thines, le Culot du Mouin et les Baraques.
A 2.000 mètres E.-N.-E. de l'église, le Rouau ou Ruaut, cabaret sur la route de Genappe que l'on nomme aussi la Maison du Bois et la Correspondance des Gendarmes ; à 1,800 m. S.-E., la Ronce (en wallon , Ronche) ; à 1,000 m. S., Vaillampont ( Valionpont, 1209, 1220 ; Valienpont, 1265, 1364 ; Valianpont, 1284 ; Waillanpont, 1290 ; Valliopont, 1335 ; Valeonpont, 1370: Valiompont, 1601 ; Vaillampont, 1649, 1741), ancienne commanderie de l'ordre de Malte, dont les bâtiments sont occupés aujourd'hui par deux fermes ; à 1,200 m. S., la Ferme de la Brassine ; à 1,900 m. S., les Maraches ; à 2,200 m. S., la Ferme de la Vieille Cour.
Dix bonniers ; Plat pré ; Fond du Culo t; Fond de l'Aunoit ; Bois de Bourdia ; Grosse borne ; Buisson mon cousin ; Bois de Vaillampont ; le Rapoil ; Jérusalem ; Cinq bonniers ; Pré des vaches ; la Boulette ; le Sarti ; le Tri ; Rue Mahaux ; Chemin du Clerc ; Bois du Hasoy ; Chemin de Bruxelles ; Chemin des vaches ; Chemin du Grand Bailli ; Chemin de la Bruyère ; Ferme Conreur ; Moulin de Thines ; Chapelle Sainte-Anne ; Chapelle Saint-Hubert ; Chapelle Thumas ou de la Sainte-Famille ; Chapelle Binet ou de la Sainte Vierge.
Prestre haie (1231) ; la Garenne (1773).
Le terrain est généralement sec et fertile ; il est peu accidenté, sauf aux abords du ruisseau de Thines, qui coule dans une vallée assez profonde. Le point culminant parait être près de la ferme de la Vieille Cour. Le territoire est presque entièrement recouvert par le limon hesbayen du système diluvien ; une bande étroite du système bruxellien se montre sur la rive droite de la Thines. On extrait sur plusieurs points de la marne employée à amender les terres.
Tout le territoire de Thines appartient à l'extrémité supérieure du bassin de l'Escaut ; le seul cours d'eau qui arrose cette commune est la Thines.
La Thines prend sa source près de la ferme de la Vieille Cour, passe au pied de l'ancienne commanderie de Vaillampont, traverse, la roule de Nivelles à Namur, reçoit (r. dr.) le tribut de la fontaine Thumas au centre du village, active le moulin de Thines par une chute de 6 m. 80, à peu de distance au-dessous de l'église, devient mitoyenne avec Baulers, puis entre complètement sur le territoire de cette commune. Son parcours, qui suit la direction du S. au N., est de 3,550 mètres, y compris 150 m. mitoyens avec Baulers.
Les principales fontaines sont celles de Sainte-Marguerite, Thumas, Cul Lorin (Laurent) et Madame, Gilles.
Il y a de petits étangs à la ferme de la Vieille Cour et au moulin de Thines.
On comptait, en 1784, dans la commune, 276 habitants : 1 prêtre, 405 hommes, 83 femmes, 40 garçons et 47 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 252 personnes : 1 prêtre, 85 hommes, 86 femmes, 37 garçons et 43 filles âgés de moins de 12 ans) ; en l'an XIII, 240 habitants ; au 31 décembre 1831, 350 habitants ; au 31 décembre 1856, 384 habitants.
Les registres des naissances commencent en 1610 ; des décès, en 1669 ; des mariages, en 1758.
Une grande partie du territoire de Thines était couverte de bois. Vers l'est se trouvait celui du Hasoy (Hassoit 1403 ; Hasoit, 1416 ; Azoy, 1686, 1687), que les ducs de Brabant et le chapitre de Nivelles possédaient par indivis et qui formait, avec ceux dits de Nivelles (au sud de la ville de ce nom), de Bossut et de Hez (sur Baisy), une juridiction séparée. Le bois du Hasoy s'étendait aussi sur Loupoigne, où se trouve la ferme dont il avait emprunté le nom. En 1761, il comprenait encore 83 bonniers, où le fond était uni et des meilleurs, la raspe plus belle que dans le bois de Bossut, parce qu'elle était mieux gardée, et la grande futaie, tant en chênes qu'en hêtres, très forte.
Le bois de Nivelles empiétait jadis sur Thines, mais le duc Jean Ier, du consentement de son fils Jean et du chapitre de Nivelles, en vendit 112 bonniers aux « maître et frères de Vaillampont, de la chevalerie du Temple », afin de payer l'argent dû à des personnes « de qui il avoit ce bois racheté » et de « rapproprier le bois qu'on dit de Nivelles, lequel étoit gasté et abandonné à bêtes et à hommes qui le vastoient » (ou dévastaient). Ces 112 bonniers se trouvaient en partie « dallez le voie si com on va de Nivelles à Genappe » et en partie « devant le Vieucourt ». Ils furent mesurés « au pied et à la verge de Rognon ». Les Templiers les payèrent 100 sous de Louvain le bonnier, s'engagèrent à payer dorénavant au domaine ducal un cens de 2 deniers par bonnier et renoncèrent à tous leurs droits et usages dans les bois voisins. Ils furent autorisés à défricher et à vendre le bois, et à y établir des forestiers ayant les mêmes droits que ceux du duc dans la forêt de Soigne (charte du mois d'août 1290).
En 1773, l'ordre de Malte (qui avait hérité des Templiers) avait encore à Thines le Bois de Sartiau (Bois de Sarteau, dit à présent de Vaillantpont, suivant un acte du 25 août 1662) et celui de la Bruyère, qui comprenaient, le premier 51, le second, qui était enclave dans le bois du Hasoy, 65 bonniers. A propos d'un arbre à moitié abattu par l'orage, il s'éleva un procès, qui fut terminé par une transaction passée par devant les jurés des bois du domaine et du chapitre de Nivelles et les échevins de Thines (Nivelles , le 25 août 1662), puis approuvée par le chapitre de Nivelles, par frère Gabriel Daunet Desmaretz, commandeur de Chantraine, et par la chambre des comptes de Brabant. Il se fit alors un nouvel abornage entre le bois du Hasoy d'une part, ceux de Sartiau et de la Bruyère d'autre part. Tous les trois ont disparu, et ces 200 bonniers de forêt sont réduits à un petit bois âgé de six ans et d'une contenance d'un hectare, nommé le Bosquet de la Brassine.
Les grandes exploitations agricoles sont : la Ferme de la Vieille Cour (180 hect.), tenue par M. Tumerelle (H.), appartenant à la comtesse de Grunne ; la Ferme de la Brassine (115 hect.), tenue par M. Deburges (P.), appartenant à M. Charles Glibert, de Bruxelles ; la Basse-Cour de Vaillampont (102 hect.), tenue par M. Dineur (H.), appartenant au comte Émile Cornudet ; l’Hôtellerie ou Ferme Coureur (93 hect.), tenue par M. Glibert (H.), appartenant à l'hospice du Saint-Sépulcre, de Nivelles, et qui, avec 103 bonniers de terres et 10 bonniers de prés, était louée 1,645 florins en 1787 ; le Château de Vaillampont (80 hect.), tenu par M. Dekein (J.-J.), appartenant à Melle Charlotte Dîneur ; le Moulin de Thines (77 hect.), tenu par M. Orens (H.) propriétaire.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Thines par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Nivelles.
La seule usine est un moulin à grain (le Neuf molin de Valionpont, cité en 1271), mû par l'eau et ayant 3 paires de meules.
La route de Nivelles à Namur longe le territoire de la commune sur 650 m. et le traverse sur 2,350 m ; celle de Nivelles à Wavre le traverse sur 2,200 m.
On compte 15 chemins vicinaux et 18 sentiers, mesurant ensemble 24,014 m. dont la dixième partie environ était pavée au 31 décembre 1859.
Thines n'apparaît dans l'histoire qu'au XIIe siècle, lorsque les Frères du Temple s'y établirent. En 1181, le duc Godefroid confirma à ceux-ci (fratribus Templi manentibus apud Nivellam) leurs possessions et s'engagea à les protéger. Le nouvel établissement prit le nom de Vaillampont et s'accrut bientôt à tel point que presque toute la localité en devint une dépendance.
Thines fut souvent un lieu choisi pour le campement des armées. Vers l'année 1374, le duc Wenceslas prit position à Vaillampont, d'où son armée exerça de grands ravages en Hainaut, ainsi que nous rapprend un traité négocié entre ce prince et le duc Aubert de Bavière.
Lors de la guerre que Jean IV fit au comte de GIocester et à Jacqueline de Bavière, les biens de l'ordre de Malte, en Brabant, subirent des pertes énormes, pour plus de 3,000 florins de Rhin. Les maisons qui lui appartenaient furent dévastées et ses terres fourragées (charte de Philippe de Saint-Pol, du 31 août 1429), notamment à Thines, sans doute, car les hostilités étaient surtout engagées à proximité du Hainaut. Après les troubles de 1488 et 1489, Thines avant été de nouveau ravagé et incendié, la commanderie de Chantraine et l'hôpital du Saint-Sépulcre, à Nivelles, obtinrent remise pour trois années, la première, des cens qu'elle devait au domaine, comme propriétaire du fief de Rognon ; le second, des cinq jours de corvées que la ferme de Thines devait au même domaine.
Lorsque le prince d'Orange marcha au secours de Mons révolté contre le duc d'Albe, en septembre 1372, il passa par Thines, dont la population fut en partie ruinée, puis décimée par les privations. Les soldats chargés de la défense du pays contribuèrent encore à aggraver la misère des campagnes, et les sauvegardes qui furent fréquemment délivrées au village de Thines et aux maisons el censes de l'ordre de Malte (23 avril 1374, 27 mars 1594, 22 janvier 1597, 7 avril 1600, 2 novembre 1637) restèrent souvent impuissantes.
A cette époque, un différend d'une extrême gravité s'éleva entre frère Jacques de Mesme, dit Marolles, commandeur de Chantraine, et les États de Brabant. Le receveur de ces derniers prétendait que les biens de la commanderie devaient participer au paiement de la cote du village dans l'aide ; le commandeur, de son côté, arguait de la guerre que l'ordre soutenait alors contre les infidèles dans l'intérêt général de la chrétienté, de l'exemption générale dont il jouissait partout ailleurs en Brabant, du peu d'importance de la somme en litige, la cote de Thines n'étant que de 48 florins par an dans une aide de 720,000 florins. Albert et Isabelle jugèrent en faveur de l'ordre (Nieuport, le 27 mars 1602). Mais comme l'aide avait été imposée aux privilégiés comme aux non privilégiés, les États tinrent bon ; de nouveaux ordres leur furent encore adressés de la part des archiducs le 12 mai 1602 elle 30 juillet 1605. Vainement les États, à qui s'étaient joints l'abbesse de Nivelles, en qualité de surintendante de l'hôpital du Saint-Sépulcre, et la communauté des habitants, alléguèrent que la commanderie possédait la plus grande partie du village et, sauf depuis 12 à 13 ans, avait toujours contribué dans les aides ; que la localité était peu importante et serait désertée par les habitants si ceux-ci restaient seuls chargés de payer l'impôt; ils furent déclarés non recevables (14 juin 1614).
En l'an VIII, les habitants de Thines demandèrent, mais sans succès, la réunion de leur commune à celle de Nivelles. La limite de Thines vers le territoire de cette ville a été fixée par des arrêtés en date du 22 prairial an XII et du 30 juillet 1807, et celle vers Houtain-le-Mont en 1808, par un décret du 11 janvier de cette année et un arrêté du 11 mai suivant.
En 1815, on établit à Vaillampont un hôpital où on plaça environ 140 malades faisant partie des troupes alliées, la plupart galeux ; ils causèrent quelques dégâts dans la commanderie.
Le village de Thines ressortissait anciennement à la mairie de Nivelles. « Toutes les amendes s'y jugeaient selon la loi de la cour des hommes de Genappe ».
Ces amendes, suivant les anciens Comptes de la mairie de Nivelles, appartenaient en entier au souverain. A partir de l'année 1606, on les signale comme une propriété du commandeur de Chantraine, dont le nom est remplacé, en 1649, par celui de commandeur de Vaillampont. Nous ignorons comment la seigneurie de Thines devint haut-justicière. Elle ne l'était pas encore au seizième siècle, mais elle essayait de le devenir. Le maire du village ayant condamné un nommé Jérôme Hustein à porter un cierge d'une livre entre deux sergents, en guise d'amende honorable, et à se rendre ensuite en pèlerinage à Saint-Jacques en Galice et à Saint-Nicolas de Warangeville ; cette sentence ne put recevoir d'exécution. Hustein, qui était sergent juré du souverain, s'adressa au lieutenant du bailli du Brabant wallon, et, à la demande des hommes de fief de Genappe, cet officier l'exempta d'effectuer les pèlerinages mentionnés plus haut, afin de montrer au maire de Thines « qu'il n'avoit semblable connaissance » (1547-1549). Celui-ci ne se tint pas pour vaincu, car, vingt ans plus tard, Melchior Duchaisne, son successeur, disputait encore au souverain, représenté par le lieutenant-bailli, la jouissance des amendes et des confiscations. La contestation sera sans doute restée indécise et le domaine aura laissé tomber ses prétentions ; un de ses agents soutenait cependant, à la fin du siècle dernier, que la commanderie n'avait à Thines qu'une basse seigneurie ou seigneurie foncière.
Le gruyer de Brabant ayant cité devant le consistoire de la Trompe, à Bruxelles, un des fermiers de la commanderie, dont le bétail était entré dans les jeunes tailles du bois de Vaillampont, le commandeur considéra cet acte d'autorité comme un empiétement sur ses droits et en demanda l'annulation au conseil de Brabant, qui invita le gruyer à répondre à cette réclamation (20 décembre 1641). On voit que l'autorité du souverain allait toujours en s'affaiblissant à Thines, grâce aux empiétements successifs des commandeurs. Le greffe de Nivelles possède les registres aux adhéritances des échevins de Thines à partir de l'année 1612.
D'abord compris, le 14 fructidor an III, dans le canton de Nivelles, Thines, de même que Baulers, en fut séparé, le 27 frimaire an IV, pour être annexé à celui de Genappe. Le 19 nivôse an X, on les plaça tous deux dans le deuxième arrondissement de justice de paix de Nivelles. Depuis les commencements de la domination française, le village s'est agrandi de la majeure partie du bois du Hasoy, qui faisait partie d'une autre juridiction, ainsi que nous l'avons dit plus haut.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
La maison de Vaillampont dut ses principaux accroissements à un chevalier de la famille d’Arquennes, famille qui possédait de grands domaines aux environs de Nivelles, aux seigneurs de Trazegnies et aux châtelains de Bruxelles, qui possédèrent longtemps, par indivis, ce que l'on appelait le fief de Rognon, aux portes de la même ville.
En 1209, Franco d'Arquennes, sa femme Agnès et leurs fils cédèrent aux Templiers tout ce qui constituait le fief de Thines, sans y retenir le moindre cens ou la moindre juridiction, de l'aveu de Hugues d'Arquennes, leur suzerain, de Walter de Rosaive, suzerain de Hugues, et du duc Henri Ier, leur suprême seigneur. Le châtelain Godefroid, en présence des échevins de Rognon el de ceux de Nivelles, renonça au droit de gîte qu'il réclamait de la maison de Vaillampont (1213), et Othon de Trazegnies, qui avait hérité de son père, Égide, la moitié du village, scella une renonciation semblable s'étendant à la fois aux gîtes (herbergagia), aux exactions et à ses prétentions de toute nature, le cens seul excepté ; sa charte reconnaît en outre aux frères le droit de prendre le bois mort, et de faire pâturer le bétail dans le bois de Nivelles, à charge de payer par an un pain et une poule (avril 1220).
Bien que Henri Ier eût pris sous sa protection les frères du Temple demeurant près de Nivelles (fratres Templi juxta Nivellam degentes), ils eurent quelquefois à se plaindre de l'autorité ducale. On les voit, en 1265, plaider contre la duchesse Aleyde et ses fils, par devant des juges institués par le Saint-Siège. En 1234, Vaillampont était dirigé par un précepteur du nom de George (Georgitis, præceptor mililiæ templi domus de Valionpont).
Lors de la suppression de l'ordre, Vaillampont fut donné à l'ordre de Malle et annexé à la commanderie de Chantraine, près de Jodoigne. Lorsque, en 1335, les monastères de Brabant et leurs biens furent exemptés d'exactions arbitraires, moyennant un nombre fixe de corvées par an, cette maison et celle de Walsbergen (sur Wommerson) furent taxées à 20 corvées, tandis que Mont-Saint-Jean (sur Waterloo) et Villeroux (sur Chastre) ne le furent qu'à 10 corvées.
La plupart des commandeurs de Chantraine furent, plus tard, choisis parmi les chevaliers français, aussi ne les voit-on qu'exceptionnellement résider en Belgique. Toutefois, Jacques Martinet dit Pinabau (qui mourut en 1640) y demeura, et De l'Au, seigneur de Bettembourg, agent du commandeur de Colbert, y séjournait en 1687. En 1773, les revenus de la commanderie paraissant excessifs, on en fit trois commanderies distinctes : celles de Vaillampont, de Chantraine et de Tirlemont. Vaillampont eut pour dernier chef M. Charles-François de Prudhomme d'Hailly, chevalier de Nieuport, membre de l'Académie des sciences et belles lettres de Bruxelles.
Sa dotation, dont le produit s'élevait à 13,190 florins de Brabant, comprit tous les biens de l'ordre aux environs de Nivelles, de Genappe et de Chastre, et notamment la seigneurie de Thines, avec haute, moyenne et basse justice (sauf remise du condamné au grand bailli du Brabant wallon), la nomination du maire, des échevins, du greffier, la chasse, la pèche, le droit de congé, des cens et des rentes, le château ou commanderie, les fermes de la Basse-Cour, de la Brassine et de Vieux-Cour, qui se louaient, la première avec 165 bonniers de terres et 10 de prairies ; la deuxième, avec 80 bonniers de terres et 11 de prairies ; la troisième, avec 193 bonniers de terre et 28 de prairies ; un bois de 116 bonniers, 4 bonniers d’étangs, une brasserie, une forge. Les biens de Vaillampont devaient au domaine 18 sous de Louvain, par an, des corvées, et un cens particulier en faveur de la vénerie, consistant en 3 florins d'or, un gîte (rédimible moyennant 9 livres 17 sous) et un muid de blé.
La république française les confisqua et les morcela. La Basse-Cour et le château furent vendus, le 12 pluviôse an VI, la première, moyennant 158,000 livres, le second, moyennant 37,000 livres, à Jean-Joseph Des Landes, «pour lui ou son command ». Depuis, ces biens, retournèrent au domaine, par défaut de paiement ; la Basse-Cour fut achetée par le citoyen Chanvais, au prix de 70,500 livres (23 floréal an VIII) ; son propriétaire actuel est M. le comte Emile Cornudet. Quant au château, après avoir appartenu à M. Léonard Vandevelde, de Bruxelles, il fut acheté, en 1824, avec ses dépendances, par M. Dineur, père.
Cette commanderie forme un ensemble de constructions qui occupe un coteau à l'est de la Thines et qui se divise en trois parties : au sud, le château ; au nord, la Basse-Cour, qui se compose de vieux bâtiments très-vastes ; et entre les deux, un pavillon, avec l'ancienne chapelle. Après de longues années d'abandon, le château, diminué de cette partie mitoyenne, a été restauré et converti en ferme. On y remarque le corps de logis principal, dont la façade orientale, percée de gigantesques croisées, conserve les armoiries des Caumartin ; à l'inférieur un escalier en forme de vis, construit de pierres bleues, s'élève jusqu'au grenier. En retour vers l'ouest se trouvent deux petits bâtiments, dont les fenêtres septentrionales ont été murées parce qu'elles prenaient le jour dans la cour du pavillon ; la façade dont elles faisaient partie était assez élégamment bâtie et est encore ornée de deux pierres sculptées. La première de ces pierres offre la croix de Malte entre deux écussons, et la date 1639 ; la seconde, un autre écusson soutenu par deux Hercules.
L'ancienne chapelle, où l'on avait réuni plusieurs fondations et où on disait la messe tous les jours, a cessé de servir au culte pendant la domination française ; elle s'élève en prolongement du château, vers le nord, et sert aujourd'hui de remise et d'écurie. Elle était terminée par une abside à trois pans et éclairée par des fenêtres cintrées que l'on distingue encore à l'est et sur lesquelles se lit la date 1663. On y avait accès par un vestibule allant de la cour au jardin et où se trouve la porte d'entrée de la chapelle, avec l'année 1632. Pour percer la porte de la remise on a dû enlever de la muraille du chœur une belle pierre grise sur laquelle se trouve l'inscription suivante: « Reverend seigneur F. Hierosme de hornbelieres chelz | et thresorier de l'ordre de sainct Jehan de | Jherusalem commandeur de chantraine et de | sours fist fere ceste chapelle en lhonneur | de nostre dame de lorelte en lan | de nostre seigneur MVeXXXI | et trespassa lan MVeXXXIlI le | XVI dapril. priez dieu pour son ame ». Au centre de cette inscription se trouve un écusson écartelé, et au-dessous de l'inscription, sur la moulure qui l'entoure, on lit : Transférée à Vaillampont, le 7 septembre 1759. Cette chapelle est séparée par une grande cour d'un pavillon carré construit tout récemment sur les plans de M. l'architecte Coulon et où habite Mlle Charlotte Dineur, à qui appartient aussi l'ancien château. On conserve dans ce pavillon deux portraits de commandeurs, dont l'un porte ces mots : Fr. Antoine Manoel de Vilhena soixante et cinq. Cd Me 1722. Deux autres portraits de commandeurs existent également à la Basse-Cour. Le parquet du salon, orné d'une grande croix de Malte, provient d’une des pièces du château. L'abbaye de Villers avait à Thines une seigneurie foncière.
Le territoire de Thines fit d'abord partie de la paroisse de Nivelles. Lorsque celle-ci fut partagée en un grand nombre de fractions, dans l'année 1231, il en forma une, et on assigna au prêtre, chargé de la desservir, la partie delà dîime qui y appartenait à l'investi ou curé de Nivelles, toute la petite dîme et deux bonniers situés au lieu dit Prestre haie. Ce ne fut toutefois qu'en 1590, en vertu d'une décision de l'évêque de Namur, que Thines devint une paroisse tout à fait séparée de celles de Nivelles ; le chapitre de cette ville nomma alors curé Nicolas Tyrmont (2 mai 1590).
Après le concordat, le village ayant été réuni à la paroisse du Saint-Sépulcre à Nivelles, le conseil communal sollicita la conservation de l'église, en s'engageant à payer par an 500 francs au prêtre qui y exercerait les fonctions de curé (22 novembre 1803, 24 novembre 1823). Mais elle ne fut officiellement reconnue comme chapelle que le 28 septembre 1825, et on ne l'érigea en succursale que le 11 juillet 1842.
La grande et petite dîme de Thines « près de Vaillampont et Vieuxcourt », rapportait, en l'année 1787, 811 florins au prévôt de Nivelles ; dans d'autres documents, on attribue la propriété de ce revenu au chapitre de Saint-Paul, dont le prévôt était le chef. Le patronat appartenait aux curés de Nivelles, dont la paroisse de Thines formait un vicariat perpétuel ; en 1787, ce dernier payait à chacun de ces curés, qui étaient alors au nombre de trois, une redevance consistant en un muid de froment pour le curé de Notre-Dame, en 4 chapons pour celui de Saint-Nicolas, et en 2 chapons pour celui de Saint-Jacques. Le curé donnait en outre au marguillier deux muids de seigle et deux d'avoine, et jouissait d'un revenu annuel de 821 florins 14 sous, dans lequel un canton de la grande dîme figurait pour 720 florins 17 sous, et la menue dîme pour 50 florins. La fabrique avait un revenu de 99 florins, qui s'élèvent actuellement à 684 francs ; elle possède un hectare 70 ares.
L'église de Sainte-Marguerite à Thines est petite et délabrée, et ne consiste qu'en une nef et une abside. Elle reçoit le jour par huit fenêtres qui sont cintrées, sauf deux vers le sud, qui ont conservé leur forme élancée et ogivale. En 1613, le conseil de Brabant condamna le chapitre de Nivelles à contribuer « aux réfections et à l'entretien de cet édifice, à rate du revenu de la dîme » (26 février) ; puis l'obligea à abandonner à cet effet deux années du revenu total de sa dîme à Thines et à fournir à l'église une cloche pouvant être entendue dans tout le ressort du dîmage (10 septembre).
Vers l'année 1774, on travailla de nouveau à l'église et à la cure.
L'ornementation de ce petit temple paroissial se réduit à peu de chose. Les trois autels sont dédiés : le principal, au Saint-Sacrement, et les autels latéraux, à la Vierge et à sainte Marguerite. Un devant d'autel et un lutrin provenant de la chapelle de Vaillampont décorent le jubé qui est plus que rustique, et sous lequel sont placés deux beaux confessionnaux en chêne qui ornaient jadis l'église de Notre-Dame, à Nivelles. Au-dessus du petit portail latéral donnant accès à l'église, on lit, sur une pierre avec écusson : F. P. Bastin Cuveli, 1635, alors manbours, inscription qui rappelle probablement la date de l'édification du porche. Le baron Le Roy signale à Thines l'existence d'une tombe élevée, de marbre, avec inscription en lettres gothiques, en mémoire d'Edmond d'Emmechoven, maître de Chantraine, mort le 29 juin 1468, mais ailleurs le même écrivain place ce monument dans l'église de Saint-Jean près du château de Louvain.
Au pied du maître-autel, à gauche, deux pierres portent :
1°. Icy gist noble personne | Marc Antoine Du Four | ayant en son vivant eslé | admodialeur de la comman | derie de Chantrayne par | l'espace de 35 ans qui trespas | sa le 16 janvier 1616. Prie Dieu | pour son âme. — Quartiers: Du Four, Ango, Hohart....
2° Icy gist mamoiselle | Anne de Maillen qui | trespassa le Ve de mars | 1596. Pries Dieu pour | son âme. — Quartiers : Maillen, Charlet, DuFour, Marot, Moset.
Sur une pierre encastrée dans le pavement de la nef on lit, autour d'un écusson :
Cy repose le corps de feue madame Barbe-Margueritte Immens espouse à Balduin de Lau, escuyer, seigr de Bettembourg, agent de l'ordre de Malte, laquelle trespassa le XVIII Xbre MVIe LXXXVI.
L'église se trouve entre la cure qui s'étend vers le nord et le cimetière qui la borne à l'est. Dans ce dernier on remarque une vieille croix de pierre assez élégante, et un monument de marbre blanc, adossé à l'église, avec l'inscription suivante : A la mémoire de Monsieur | Jean-Albert-Joseph Dineur né à | Wilterzée le 9 avril 1765, fermier de Waillampont | sous Thines pendant l'espace de 55 ans | pieusement décédé en cette commune le 2 décembre | 1849 ] et | de dame Marie-Rose Josine son | épouse née à Witterzée le 11 février 1764 | pieusement décédée à Thines le 22 février 1827.
En l'année 1787, le village ne possédait pas « un liard » pour les pauvres, circonstance qui était d'autant plus affligeante que presque tous les habitants vivaient dans la misère.
Le budget du bureau de bienfaisance pour l'année 1859 a été fixé comme suit :
Une chambre commune avec école a été construite près de l'église en 1850.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis parla commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 53 : 31 garçons, 22 filles.
La fête communale se célèbre le dimanche après le 20 juillet.
Avec le soutien de la Province du Brabant Wallon |