Le nom de Perwez-le-Marché, qu'il faut peut-être reconnaître dans le Pemiciacum (Perviciacum?) ou Pemacum (Pervacum?) des anciens itinéraires, se présente, dès le XIIe siècle, sous une forme multiple. On écrit parfois Peruveis (1155), Peruez (1168-1178), Peruweiz ( 1171) ou Peruveiz (1199, 1209, 1232, 1207), qui transforme ensuite en Peruves (1315), Peruwes (1447), Peruwelz (1609), Peruwez (1633, 1649, 1708, 1721) ou Peruwez-le-Marché (1080) et Perruwez (1717).
Ailleurs l'u et le v qui suivent la première syllabe se fondent en un w, comme dans : Perweis (1178, 1236, 12T4, 1287, 1316, 1355, 1403, 1482, 1511), Perweiz (1199, 1253, 1322, 1329), Perweiz (1200), Perwez forme qui a prévalu (1232, 1234, 1474, 1496, 1516, 1536, an XI); Perweys, que l'on rencontre très fréquemment, surtout au XIVe siècle (1312, 1357, 1370. 1374, 1378, 1388-1389, 1407, 1426, 1436, 1447, 1464, 1511), Perewez (1373), Perwees (1324), Perweit (1384), Parweys (DE DYNTER, 1504), Perwey (1487), Perwez-le-Marché (an XIII). Le v se substitue au w dans Pervez (1210, 1229, 1234, 1240), Perveis (1223, 1229) ou Perveiz ( 1229), Perveies (1231) et Pervets (1469. 1547). MONSTRELET emploie la forme Pierewes ou Pieruels, qui est tout à fait inusitée.
On trouve en Belgique les communes de Zoerle-Parwys (province d'Anvers), de Pervyse (Flandre occidentale), de Villers-Perwin, de Péruwelz, ou, comme on le prononce d'habitude, Piérwez (Hainaut), et de Perwez-en-Condroz (Namur). Une maison isolée, a Rognée, dans cette dernière province, s’appelle aussi Perwez. En France, une dépendance de Saint-Abraham (dép. du Morbihan) porte le nom de Perrué et l’église où le duc Antoine de Brabant communia avant la bataille d'Azincourt s'appelait Perves. Zoerle-Parwys a pris son nom de notre Perwez, parce qu'il a eu longtemps les mêmes seigneurs; mais telle n'est pas l’origine de celui de Villers-Perwin, qui s'appelait déjà au commencement du XIIIe siècle, Viller-le-Perwin ou le Pervin.
La commune de Perwez-le-Marché est limitrophe de Thorembais-les-Béguines, Geest-Gérompont, de Grand-Rosière, Noville-sur-Méhaigne, Aische-en-Refail (Namur), Grand-Leez (Namur) et Thorembais-Saint-Trond.
Perwez est à 2 1/2 kilomètres de Thorembais-Saint Trond, 4 kilom. de Grand-Rosière et Aische-en-Refail, 4 1/2 kilorn. de Thorembais-les-Béguines, 6 kilom. de Geest-Gérompont et Noville-sur-Méhaigne, 6 1/2 kilom. de Grand-Leez, 41 1/2 kilom. de Nivelles, 43 kilom. de Bruxelles.
L'église de Perwez se trouve située par 50 grades 2483 de latitude N. et 2 grades 7602 de longitude E., d'après la triangulation du Dépôt de la guerre. L'altitude du seuil de la porte de l'église est de 155 mètres 03.
Le procès-verbal de délimitation du territoire de Perwez, ouvert le 11 avril 1812, n'a été clos que le 24 août 1820, s'il faut en croire la copie déposée à la conservation provinciale du cadastre. Mais la première de ces dates semble inexacte et doit probablement être remplacée par le 11 avril 1820. La même irrégularité se reproduit pour le procès-verbal des communes de Mont-Saint-Guibert et de Nil-Saint-Vincent.
Le cadastre divise le territoire de Perwez en quatre sections : la section A ou del Sarte, la section B ou du Village, la section C ou du Moulin, la section D ou de Jauchelette.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 2.904 parcelles, appartenant ù 701 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 117,488 fr. 28 (sol : 98,985-28; bâtiments : 18,503-00) et ayant une contenance de 1,563 hectares 15 ares 25 centiares (imposable : 1,524 hect. 55 a. 33 ca.; non imposable : 38 hect. 59 a 92 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, on évaluait la contenance de Perwez-le-Marché à 1,048 bonniers et celle de Perwez-le-Mont, qui formait une juridiction différente, à 518 b. Dans le premier chiffre les terres étaient comptées pour 927 b. 1 journal, les prés pour 77 b. 1 j. les bois pour 24 b. 2 j., les communaux pour 18 b. 3 j.
A Perwez-le-Mont il y avait 393 b. 1 j. de terres, 42 b. de prés, 79 b. de bois, 3 b. 3j. de communaux.
On comptait à Perwez : en 1374, 167 ménages, outre 50 à Mont-à-Perwez; en 1436, 175 foyers; en 1464, ... foyers; en 1472, 181 foyers; en 1492, 58 foyers; en 1526, 178 maisons, dont 8 inhabitées, 4 à 2 foyers et 2 à 3 foyers; en 1680, 43 maisons, des tavernes et maisons de trafic, 1 brasserie, 1 moulin, et, en outre, 12 maisons à Perwez-le-Mont; au 31 décembre 1856, 557 maisons.
Perwez, qui compte 523 maisons; Jauchelette, 34 maisons. Le bourg de Perwez est bâti sur les bords de la Grande Gête, à l'endroit où ce ruisseau est coupé par la route de Wavre vers Huy, qui forme un coude pour traverser la place. La plus grande partie de l'agglomération se trouve au sud de la chaussée; on y remarque l'édifice qui vient d'être construit pour réunir dans un même local la justice de paix, la maison commune et les écoles publiques. Beaucoup d'habitations respirent un air d'aisance qui mériterait à Perwez la qualification de ville dans un pays où la population serait moins condensée et moins riche qu'en Belgique. L'église est bâtie un peu à l'écart, vers l'ouest de l'agglomération. Nous rattachons au bourg de Perwez, bien qu'on les considère habituellement comme des hameaux, deux espèces de faubourgs qui rejoignent les dernières habitations du centre : le Warichet (Au Warischeaux, 1547), dont le nom vient de pâtures communales, aujourd'hui aliénées en partie, et qui compte 100 maisons situées le long de la Gête, en aval de la place, vers le nord-est, et le Mont-de-Perwez (Mont de Perweis, 1320; Mont à Perwees, 1324; Mont à Perveys, 1374; Mons de Pervets, 1469; Mont à Perweez, 1592, Perwez-le-Mont, 1686), en amont, vers le sud-ouest, qui se compose de 143 maisons. Le petit hameau de Jauchelette, que l'on prononce souvent Jausselette (Jacellete, 1320 environ; Jacelete, 1316, 1324, 1329; Jaucelete deleis Perweis, 1356; Jachelette, 1469; Jauchelette ou Jaucelette, 1547; Jauchelet emprès Perwez, 1592; Jausselette, 1763) et auquel on ajoute parfois la qualification de lez-Pewez, afin de le distinguer de la commune homonyme, se trouve dans la vallée d'un ruisseau dont il porte le nom, à 2,100 mètres E.-S.-E. de l'église de Perwez.
A 1,200 mètres E.-N.-E. de l'église, la Maison Frans; à 1,600 m. N.-N.-E., les deux Fermes d’Agnelée (Aliniees, XIIe siècle; Allengnies 1274, Alignies, 1326; Alengnies, 1328; Alingies, 1329; Aingelez, 1466; Angulée, 1547; Aignelée, 1592; Agnellée, 1666; Cense d'Angnelée, 1763; Aguelée, OUDIETTE), dont une seule a encore une destination agricole et réunit les terres des deux exploitations; â 1,100 m. N.-E., la Ferme d'Al vaux (Cense et seruaige des Vaux, 1582-1583; Maison del Vaulx, en la Vaulx, 1592); â 1,900 m. N.-E., la Ferme de Seumaye (Sumaing, 1153, 1316; Vicus nomine Somania, 1154; Curia de Sulman, 1165; Sumain, 1206, 1229, 1290; Seumaing, 1324, 1448; Cultura de Sumay, 1469; Cense de Sceumay, 1638; Ferme de Seumaye, 1763; Seumay, OUDIETTE) ; â 1,700 m. N.-E., le Moulin de Seumaye (Moulin de Seumay, 1530) ; à 2,000 m. E.-N.-E., la Barrière de l’Ornoit ou Maison Jeunehomme; à 1,600 m. S.-S.-E., la Maison Gustin ; à 1,700 m. S., la Ferme du Gadave ou Gadaffe (Cense Gadaffe dite la Taverne de la Chaulchie, 1592); à 2,600 m. O.-S.-O., la Sarte (La Sarte, 1624, 1763; En la Sart, XVIIe siècle; Cense del Sart, 1787), ferme portant la date de 1760; à 1,500 m. N.-O., Chez Fifi ou Cabaret Gigot; à 800 m. N.-O., le Moulin Gérondal, bâti près de l'endroit où se trouvait la Chapelle des Docteurs, avant la création de la route de Wavre.
Le Marché ou la Place (Le Marché a Perwes, 1337; Dedans la ronde du marchié de Perwez, 1592); Rue de l'Église (1592); Rue du Pont; Rue Saint-Roch; Rue de Froidmont (Au coin de la rue allant à Froidmont et du chemin allant à Louvain, 1469; En Froydmont, al ruelle qui vat au vivier del Carpierre, 1547; En Froidmont, 1592); Rue Colette; Rue du Pont Gilson; Rue Becquevort; le Château ou la Ferme du Château (le Chasteau, 1547; Château de Perwez, 1763), appelé aussi Cense al Thour; Closière du Château; Rue Piconette (En Piconette, 1547; En Piconnet, 1592); la Vieille École; Ferme Derrière l'église; Fort Saint-Martin, tertre assez considérable, qui se trouvait près de la tour de l'église et que l'on a fait disparaître en 1825 (Petit jardin dit le Fossé Saint-Martin, près le cimetière, 1787); Cense du Flamand; la Cahenne, ancienne métairie; Moulin Defrenne; Moulin d’Al vaux; Chapelle Saint-Roch (1763); Dragon, maison; Pont du Dragon; Campagne Saint-Roch; Campagne de Jauchelette; Ferme de Jauchelette ou Ferme Brabant; Chapelle Brabant; Ferme Becquevort; Ferme Hocart entièrement démolie depuis quelques années; Campagne de la Tombe; A l’Arbre; Bois de Gerlet (Bois Gerlet, 1530; Bois de Gerlez, 1666; Bois de Gerlet, 1787); Prés Fontaine (Deleis le Straus et deleis le Perire à Fontaines, 1329); Bois de Seumaye; Champ de Seumaye; Chapelle de Seumaye; Pont de Seumaye; Pont du Moulin; Pont du Warichet; Campagne du Bois des Dames; Campagne de la Bruyère; Pré des Chevaux; Campagne d'Al vaux; les Onze Bonniers; la Grosse pierre, à la limite de Thorembais-Saint-Trond; Campagne aux Truies (A le Troie, 1337; Tiege del Troye, XVIIe siècle; Journal à le Troye deleis le Souchial, 1341); longue val (Pretz de Longueval, Chanpaigne de Longuevaux au tige qui sa pelle la roye de St Tron, 1547; En Longvaulx, XVIIe siècle); Al Douaire ou Doyerie (Dos ecclesie, 1199; Deleis les Doyaires, 1325; Le Douaire, 1787); Derrière le Village; Fond Corpia ou Courpia; Chapelle Hemricourt ou Sainte-Madeleine; Chapelle Baugniet ou N.-D. de Basse- Wavre; Campagne de la Sarte; Bois de Gonval (Bois de Ghonal, 1354; Bois de Gonart, 1624; Bois de Gonal, 1532); Campagne de Gonval (Campaigne de Gonal, XVIIe siècle); Champ de Boisselette; Pré de la Sarte; Bois du Mont; Bois Fastria ou Fostia; Pont du Gadave; Champ du Gadave; Chaussée romaine; Chapelle Sainte-Philomène; Chappelle Bodson; Vieux chemin de Jodoigne; Pont du Curé; Pont Sainte-Madame; Campagnette d'Al vaux; Pont du Lion, remplacé depuis 1857 par une grande route; le Tiége de Mont-Saint-André (on donne le nom de tiége à des chemins assez larges pour que leurs accotements se couvrent d'herbe et servent de vaine pâture); le Tiége des Morts; Pont du Vivier d'Odvrenge, près d'un ancien étang converti en prairie; Haie Magnon; Chemin du Poteau; la Galilée; Pachis Lepage; Pré des Cottes, Pré Chiroux, aujourd'hui cultivé; Pré aux eaux; les Gaux; le Blanc bois, peuplier planté derrière l'église, dans la propriété de M. Constant De Burlet, et s'apercevant de fort loin; Ruelle aux Frênes (Au Fraisne, 1448; closière dite la Hanniére aux Frênes, près du cimetière, 1787); Vivier de Qwa (Rue de Qua, 1592); Drève de la Sarte; Chemin des Saules; Vieux cimetière, à Jauchelette; Vert pré; Sentier Capon; Ruellette Mathèwce; Pont à la Ramée; Sentier Calut; Ruelle Busin; Ruelle Blondeau; Ruelle Minet; Closière De Burlet; Ruelle Malaiseà ; Pré à la Buse; A la Bailleresse (en 1638, on mentionne Melle la Bayleresse); Prés Lamarche.
Place dite le Vieux marché près de la cure et du cimetière (Vies Marchiet, 1325; Vêtus Forum, 1469; En Vieux Marchez, au Courtil del Cure, 1547; En Vieux Marchez, a la Cimentierre, 1547 ; In Veteri Foro, rétro Atrium, 1547; Viel Marchié, 1592; Vivier du Marchez, 1547); Courtil al Tour, bien situé « emprès de la maison du seigneur de Perrets, à l'opposite du Chasteau », et sur lequel ce seigneur devait à l'abbaye d'Heylissem une redevance annuelle de 17 douzains d'avoine (1547); Court del Marechet (1358; Curia domini de Pervetz in Foro, 1469), où siégeaient les échevins du seigneur de Perwez; Courtil al Fraisne, propriété de Godefroid de Brabant. qui se trouvait entre l'église et la grande ferme appartenant, en 1469, à Jean de Brabant (in Perrets, subtus ecclesiam ibidem, inter curtem investiti loti, juxta magnant curtem ibidem Joannis de Brabantia); L’Hôpital, qui a existé jusqu'au siècle dernier : la Léproserie ou Maladrerie (Leprosaria, 1469; Maladie, 1592); Chaussée (elle franchise de Perweis, a savoier d'un manuer ki siet sor la Chacie deles le mauwer ki fu...., 1325; Domus... in Pervetz, supra via lapidea ibidem, interhospitale ibidem versus Namureum et juxta..., 1469; A l Chausie, XVIIe siècle), qu'il ne faut pas confondre avec la Chaussée romaine; Court de l’Abbaye (In monte de Pervets, in opposito domus dicte de l’Abbaye, 1469; Domus de l’Abbye, appartenant à Jean le Flamen, 1469); Courtil de Pellenberghe (Cortil de Pellenbergge, 1315; Meis de Pelebeghe, 1325; Pellebeke, 1439); Courtil de Floy, à aignelle ou Agnelée (XVIIe siècle); Rue de Floix (1547); Rue de Weez (1592); Curtis Pulle, à Jauchelette (1469); Cense Groesbeke, à Jauchelet (1592); Courtil del Sart, à Jauchelette (1549); Vuarischeaux de Jauchelette (1517); En Ardenelle, Deleis le Viver de Seumang (1358); la Foresterie (1316); Effremisart, près de la Terre delle Ostellerie (1329); le Chaine d'Alengnies (1328); Deseur le Gibet de Mont, Boghon-preit, A le Longrete haye, cités en 1351; le Seuchial (1341; Seuchia, Seuchiau ou Seucheaux, 1517); Pontoize (Cultura ad Pontoize, prope communem viam qua itur ad leprosariam, 1469); Bois Ottart (1469, 1547; Vers le Bois Osta, au Tiege del Maladrie, (1592); Hotteal, lieu voisin de ce bois (1547); Pouillu-fossé (1421); As Omettes (1415); Voye de Saint-Trond (1547); Quicquoimont (1592); En Moncheau (1592); Pré aux Brebes (1666); Fosse Baillet, près le bois des Dames (1638); Long Queusne ou Long Chêne (1638); Campaigne del Fouztenie, Tiege del Troie, A Forchemont, Alle Fosselle, cités au XVIIe siècle; Bois à la Benne; closière dite la Hannière aux Rats, mentionnés en 1787.
A l'exception de deux plis de terrain, où coulent la Grande Gète et la Jauchelette, le sol de Perwez forme une belle plaine dont quelques rides n'altèrent pas sensiblement la régularité. Le point culminant du territoire se trouve à 3,000 mètres S.-O. de l'église, à l'emplacement de l'ancien bois de Gonval, vers l'endroit où la Chaussée romaine quitte Thorembais-Saint-Trond pour pénétrer sur Perwez. Le limon hesbayen règne sur presque toute l'étendue de la commune et constitue un sol très fertile. On rencontre du sable quartzeux bruxellien sur deux points de la rive droite de la Grande Gète : vers le Warichet et vers les anciens bois de Gerlet et de Seumaye. On en voit aussi à Jauchelette, à l'est de la ferme Brabant, où il a environ 3 mètres. Le terrain rhénan est représenté a Perwez par l'étage inférieur du système gedinnien. Le quartzite se montre sur une longueur de deux à trois cents mètres à la rive droite de la Jauchelette, près de la ferme Brabant, où on l'exploite pour faire des pavés. Il existe également à fleur de terre dans le centre de Perwez : les caves d'une maison nouvellement bâtie près de la Justice de paix ont dû être creusées dans le roc, à l'aide de la mine. Ce n'est pas seulement dans le fond des vallées que l'on rencontre le quartzite : on l'a extrait de deux carrières situées, l'une à 50O mètres N., l'autre à 700 m. N.-N.-O. de l'église. Il se prolonge probablement sous les sables bruxelliens que recouvre le limon diluvien.
Le territoire de Perwez appartient au bassin de l'Escaut et est longé, dans sa partie méridionale, par la ligne de partage du bassin de la Meuse. Les cours d'eau qui arrosent cette commune sont la Grande Gête, le Thorembais et la Jauchelette.
La Grande Gête ou, comme on l'écrit d’ordinaire, Grande Gette prend sa source à la ferme du Gadave, contre la Chaussée romaine; reçoit le tribut des fontaines des Prés Lamarche (r. g.), des Dragons (r. dr.) et de la Closière du Château ou du Tour d'eau (r. g. ); baigne l'ancienne ferme du Château; traverse le bourg de Perwez et la route de Wavre vers Huy, en coulant sous une voûte de 53 mètres de long, qui a été construite en 1857 et a coûté 7,000 francs à la commune; active le moulin d'Al vaux par une chute de 5 mètres 85; longe le Warichet; active le moulin de Seumaye par une chute de 4 mètres 13; et pénètre sur le territoire de Geest-Gerompont, après un parcours de 4,300 mètres, dans la direction, d'abord du N., puis du N.-E. La carte manuscrite de Ferraris nous apprend que la Gête sourdait plus haut au siècle dernier : elle remontait au delà de la ferme du Gadave en passant au sud du bois du Fastria et en suivant à peu près la limite du comté de Namur, qui est encore celle de la province de même nom; puis elle pénétrait sur le territoire d'Aische-en-Refail, passait à la Respaille et allait prendre sa source à la lisière du bois du Mont.
Le Thorembais vient de Thorembais-Saint-Trond; passe à côté de la ferme de la Sarte, où il reçoit (r. dr.) le tribut d'une source descendant des prairies voisines; et retourne à Thorembais-Saint-Trond, après un parcours de 900 mètres dans la direction du N. Ce ruisseau est désigné, dans le nivellement général des cours d'eau du Brabant, sous le nom insignifiant de Grand ri, dont on ne se sert dans aucune des localités qu'il traverse; on l'appelle plus souvent Petite Gête ou Petite Gette.
La Jauchelette prend sa source à la Fontaine Hocart; traverse le hameau auquel elle a donné son nom; se grossit (r. g.) des eaux de la fontaine du Bosquet; forme la limite de Grand-Rosière; et abandonne le territoire de Perwez, après un parcours de 1,850 mètres, dont 250 mitoyens, dans la direction du N.-N.-E. Au siècle dernier, la Jauchelette remontait jusqu'au delà de la chaussée romaine et avait sa source à un petit étang sur le territoire d'Aische-en-Refail.
Les sources dont l'eau est employée par les habitants sont la Fontaine Collart, la Fontaine de la Closière du Château ou du Tour d'eau et la Fontaine du Bosquet ou de Jauchelette. La Fontaine Cultiau, au Warichet, est supprimée.
Il existait autrefois dans la commune un certain nombre de pièces d'eau, telles que le Vivier du Marché, propriété de seigneur et qui n'avait pas moins de 6 journaux de superficie, en 1530; les Viriers Del Vaux ou Etangs delle Vaulx, autre bien annexé à la seigneurie, d'une étendue de 2 bonniers en 1530 et qui était déjà à sec en 1721; l’Etang de Seumaye (Viver de Seumang, 1358), qui subsiste encore en partie.
On comptait à Perwez : en 1709, 479 habitants; en 1784, 1,105 habitants : 2 prêtres, 2 religieux, 233 hommes, 257 femmes, 170 garçons et 173 filles âgés de plus de 12 ans; 150 garçons et 172 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 1,202 personnes : 2 prêtres, 2 religieux, 427 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 441 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 154 garçons et 176 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 1,405 habitants; au 31 décembre 1831, 2,260 habitants; au 31 décembre 1856, 2,250 habitants (wallons). Les registres de l'état civil remontent à 1699.
Des quatre-vingt-cinq hectares de bois qui existaient encore il y a trente ans, il ne reste plus rien aujourd'hui : tout a été défriché. Quatre bois appartenaient au seigneur de Perwez : le Bois de Mont, de 33 bonniers; le Bois de Gonal, de 32 b.; le Bois Fostreau, de 6 b.; le Bois Gerlen ou Gerlet, de 10 h.; ce dernier fut abattu vers l'année 1785. Le Bois à la Benne dépendait de la terre de Walhain; le Bois de Seumay, dont la destruction est récente, près de la ferme du même nom. La forêt Ottar existait aux XVe et XVIe siècles; le Bois de l’Ornoy, à Jauchelette, vers Grand-Rosière, disparut vers 1787.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient, de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont: la Ferme de Jauchelette (140 hect.), tenue par M. Brabant (Ch.-J.), appartenant au duc d'Arenberg; la Ferme d'Al vaux (135 hectJ, tenue par M. Leurquin (J.-Fr.), propriétaire; la Ferme d’Agnelée (115 hect.), tenue par M. Cézar (L.), appartenant à l'exploitant et àM. Goetseels (Gr.); la Ferme de Seumaye (100 hect.), tenue par M. Leclercq (J.), appartenant au duc d'Arenberg; la Ferme de Braibant (70 hect.), tenue par M. Lepage (H.), propriétaire; la Ferme del Sarte (65 hect.), tenue par la veuve Guillaume Denis, née Desneux (M.-Th.), appartenant à Me Crombez-Lefebvre; la Ferme du Moulin d'Al vaux (60 hect.), tenue par M. Hiquet ( J.-J. ), appartenant à M. Trémouroux, d'Orbais, ancien représentant de l'arrondissement de Nivelles. La belle et grande ferme de Seumaye constitua jadis un des principaux domaines de la riche abbaye d'Heylissem; Agnelée appartenait à l'abbaye de Florennes.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé :
L'ancienne verge linéaire a 10 1/2 pieds de Louvain.
Il existe à Perwez quatre moulins à farine travaillant avec deux paires de meules : la Grande Gête en active deux, le vent fait mouvoir les deux autres. Les moulins à eau sont : le Moulin de Seumaye ou Moulin de Mérode, dont la retenue est à l'altitude 130 mètres 08, et le Moulin d'Al Vaux ou Moulin Trémouroux, dont la retenue est à 140 mètres 20. Ils ont chacun qu'une roue hydraulique. Ces deux moulins furent longtemps annexés à la terre de Perwez; en 1530, ils rapportaient par an au seigneur : le premier. 20 muids de blé; le second, 24 muids. En 1729, ils étaient loués : le premier, 100 fl., le second, 80 fl. Celui de Perwez n'appartient plus aux d'Arenberg; celui ou ceux de Seumay, car primitivement il y en avait plusieurs, existaient déjà en 1153 et furent alors donnés aux religieux d'Heylissem. En outre il se trouvait un moulin à Jauchelette, dont on mentionne remplacement, en 1469 (Triscum et locum molendini de Jachelette).
Les moulins à vent sont : le Moulin Defrenne et le Moulin Gerondal.
Trois brasseries importantes sont en activité et produisent une bière renommée dans le Brabant wallon.
On compte en outre deux tanneries, de moyenne importance, dont l'une a quatre fosses, l'autre trois.
Il a existé deux huileries, qui sont aujourd'hui inactives (en 1448, on mentionne le stordeur à Jaschelet) et une teinturerie en bleu.
En dehors de ces usines, la coutellerie occupe une cinquantaine d'ouvriers. Au moyen âge, la draperie a dû être florissante, car, en 1530, outre la halle aux grains il y avait une halle aux draps. Au siècle dernier, les habitants s'occupaient de la bonneterie et recevaient chaque année, en masse, une certaine quantité de laine, avec décharge de tout droit d'entrée.
Pendant l'hiver, une grande partie des ouvriers agricoles quittent la commune pour aller travailler dans les établissements industriels du Hainaut.
De temps immémorial, Perwez est doté d'un marché; déjà, au commencement du XIVe siècle on y mentionne, non-seulement une place dite le Marché, mais une seconde place, portant le nom de Vieux ou Ancien marché (Vetus forum). Il y avait marché franc et privilégié le mardi. Le 20 août 1511, les habitants obtinrent de l'empereur Maximilien d'Autriche l'établissement d'une fête marchande ou foire franche, qui continua depuis lors à se tenir le 1er octobre. Un arrêté royal du 30 décembre 1831 a autorisé l'établissement 1° de deux marchés hebdomadaires aux grains et autres comestibles (le mardi et le vendredi), 2° de trois autres foires annuelles (le 1er lundi de juillet, le 8 septembre et le 1er lundi de carême); en cas de fête, les marchés ou les foires sont remis au lendemain.
Le chemin de fer de Tamines à Landen, encore en construction, traverse le territoire de Perwez sur une longueur d'environ 5.000 mètres. Il passe près des fermes de la Sarte, de Derrière l'église, d'Al vaux et de Seumaye. Il aura une station au bord de la route de Wavre, près de la maison commune.
Outre la chaussée romaine, qui borde au sud le territoire de Perwez sur une étendue de 5,500 mètres environ et sépare cette commune de celles d'Aische-en-Refail et de Noville-sur-Méhaigne, il y avait, dans le bourg une voie pavée qui s'appelait la Chacie, en latin Via lapidea.
L'un des grands chemins qui se dirigent au nord parait avoir aussi été empierré, très probablement dès l'époque romaine. On le nomme encore Chemin de Perwez; au XIVe siècle, vers Glimes, il portait la dénomination de Chaucie de Perewez ou Chaussée de Perwez et, dans les cartes militaires du temps de Louis XIV, sous le nom de Basse chaussée, il forme un embranchement de la Haute chaussée ou chaussée de Bavai vers Cologne, qu'il rejoignait à Tongres.
La route de l'Etat de Wavre vers Huy traverse Perwez sur 3,000 mètres; une barrière y est établie près de l'ancien bois de Seumaye.
On compte 50 chemins et 61 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 84,324 mètres, dont 6,000 environ sont pavés.
Le chemin de grande communication n° 73 traverse la commune sur 1,758 mètres.
Au nom de Perwez se rattache une des questions les plus intéressantes de la géographie ancienne de la Belgique. Cette localité représente-t-elle la station de poste appelée dans l’Itinéraire d’Antonin Perniciacum et, dans la Table de Peutinger, Pemarum ? C'est l'opinion d'Ortelius, de Divaeus, de Gramaye et de Desroches, et, en effet, en substituant dans ces documents un u ou un v à I'n, cette légère correction produit une dénomination presque identique à celle que porte Peruwez ou Perwez depuis sept siècles : Perviciacum ou Pervacum. La Table présente des altérations bien plus graves, connue, pour n'en citer qu'un exemple, Vodo dorgiaco, pour Vodgoriacum (Waudrez).
On a objecté que les distances des deux itinéraires ne coïncident pas avec la position de Perwez, mais il est à remarquer qu'aucune autre localité ne se rapproche, par son nom, de Perniciacum ou Pernacum, si ce n'est Branchon, comme l'a fait remarquer d'Anville. Mais connaît-on une forme ancienne et différente de ce nom? C'est une question que n'a pas été discutée, un point qui reste à débattre. L'Itinéraire et la Table marchent d'accord pour les distances jusqu'à Vodgoriactum; à partir de cette localité, il y a discordance entre les deux documents : dans le premier, Perniciacum est à 22 lieues gauloises de Geminiacum, à 32 de Vodgoriacum et 14 d'Aduaca; dans le second, Pernacum est à 14 lieues de Geminicus vicus, à 30 de Vodgoriacum et à 16 d’Atuaca, L'assimilation de Vodgoriacum à Waudrez et de Geminiacum à Brunehaut-Liberchies (commune de Liberchies) parait incontestable et se concilie parfaitement avec les mesures indiquées par l'itinéraire. Identifier Perniciacum à Perwez est également possible, à la seule condition de remplacer le chiffre XXII (distance jusqu’a Geminiacum) par XII et le chiftre XIV (distance jusqu'à Aduatuca), par XXIV. Il ne s'agit que de transposer un X. En réalité, si on place l'ancienne station romaine au sud du bourg actuel, à proximité de la maison Gustin, on mesure, d'un côté, 26,600 mètres (ou 12 lieues de 2,218 m.) jusqu'à Brunehaut-Liberchies, et, de l'autre côté, 52,000 m. (un peu moins de 24 lieues) jusqu'à Aduatuca ou Tongres.
La distance globale entre Bavai et Waudrez et Tongres se retrouve sur la Table, mais, dans ce dernier document, les distances partielles se concilient peu avec la géographie des temps postérieurs. En les supposant exactes, nous aboutirions à des localités actuellement désertes : Geminiacum aurait existé au nord de Sombreffe, près de la limite de Marbais, et Perniciacum, au nord d'Ambresin. Or, n'est-il pas à supposer que ces stations romaines ont continué à former des agglomérations d'habitations ? N'est-il pas historiquement prouvé que la plupart des localités de cette catégorie ont conservé une certaine importance? Perwez fournirait une preuve de cette vérité. Son église, qualifiée d'église mère, était une des plus importantes de la contrée, et, circonstance remarquable, de temps immémorial il existait à Perwez un marché, puisque, dès l'année 1315, on y mentionne un Vieux marché.
L'archéologie et la tradition attestent encore l'ancienneté du bourg. Sans tenir compte des nombreuses antiquités : débris de vases, de briques, de tuiles, que l'on recueille à chaque pas le long de la chaussée romaine ou Haute chaussée, nous ferons remarquer que plusieurs autres endroits en recèlent aussi, notamment Jauchelette, où l'on a trouvé un vase vers 1832 ou 1833, à une profondeur de 10 ou 12 pieds; la Sarte, où l'on mis au jour une grande tuile à rebords; vers la ferme d'Agnelée, où, pendant des travaux de labour, des chevaux sont tombés dans une ancienne cave, au milieu de la campagne. De vieilles cartes indiquent au sud de Jauchelette un tumulus dit la Tombe de Perwez, tombe qui est aujourd'hui peu apparente, car elle n'a pas plus d'un mètre de haut; elle se trouve à quelques mètres de la grande chaussée et a donné au champ environnant, limité par le hameau de Jauchelette, la chaussée et le chemin d'Aische, le nom de Champ à la Tombe. Au nord de Seumay, il y a eu aussi des tumulus, mais en dehors du territoire de Perwez, sur Petit-Rosière. Nous avons déjà parlé de la Basse chaussée, qui se séparait de la Haute, soit aux Cinq-Etoiles, soit au sud même du bourg; l'existence de cette seconde voie de communication est une nouvelle preuve de l'importance de Perwez dans les temps les plus reculés.
Citons encore, comme objets curieux à signaler, le Cimetière de Jauchelette et la Grosse Pierre. La Grosse pierre est placée à la limite de Thorembais-Saint-Trond; elle porte à sa face supérieure, en lettres presque effacées, les mots suivants : JE FAICT LE CHESNE GUILAUME. Peut-être faut-il y voir le témoignage d'une délimitation établie par Guillaume de Louvain, seigneur de Perwez, délimitation qui aura été primitivement marquée par un chêne? La carte manuscrite de Ferraris ne mentionne pas cette borne, mais indique la Pierre d'Anglé, à 6 ou 700 m. S.-O. de la ferme d'Agnelée. Quant au cimetière, il occupe une parcelle de terre bordée de trois côtés par un ravin, appelé en partie le Chemin du Vieux Cimetière, à 50 m. environ à l'O. de la ferme Braibant. A-t-il été établi en cet endroit autour d'une chapelle qui a disparu? La tradition le prétend, sans qu'aucun document ne confirme le fait. Le sol ne fournit aucun vestige de construction, tandis que les ossements y foisonnent. Ils ont, dit-on, été déposés là à la suite d'une bataille; le fait est possible, toutefois les débris ne portent pas de traces de lésions.
On prétend qu'il y avait jadis, à Perwez, quatre abbayes: Seumay, Gerlay, la Sarte et l'abbaye Occar. Il y a là une étrange exagération, sauf pour Seumay, où, en effet, a existé une communauté de norbertines. Peut-être faut-il voir dans ces quatre monastères supposés autant d'exploitations antiques, dont les restes auront plus tard été pris par le vulgaire pour des vestiges d'établissements religieux.
C'est au XIIe siècle que commence l'histoire de Perwez. Vers le milieu de cette période, la grande ferme de Seumay, qui appartenait alors à la famille de Wavre, fut cédée aux prémontrés d'Heylissem. Une autre partie du territoire était la propriété des puissants seigneurs d'Orbais, dont l'héritière épousa Guillaume de Louvain, frère du duc Henri Ier. Celui-ci abandonna à Guillaume les biens et les droits qu'il possédait à Perwez et aux alentours, et ainsi se forma la terre de Perwez, dont les possesseurs exerçaient la justice à tous les degrés, non-seulement à Perwez, mais à Hottomont, dans les deux Rosières et dans une partie d'Orbais. On ignore complètement l'époque à laquelle Perwez fat doté de franchises. Selon toutes les probabilités, ce fut pendant le XIIIe siècle et grâce à l'initiative bienveillante ou calculée des seigneurs issus de Guillaume de Louvain. Un généalogiste nous apprend, mais sans nous en donner la preuve, que Thierri de Hornes, sire de Perwez, de concert avec sa mère, Ermengarde de Clèves, confirma les privilèges du bourg en l'année 1340, et, en 1343, porta des lois pour améliorer la condition des habitants de la campagne, dans la même localité.
A en juger par les notions incomplètes que nous fournissent différents dépôts d'archives, Perwez prit à cette époque un assez grand développement. Le bourg vit s'élever une halle aux grains, une halle aux draps, an hôpital, une léproserie; il y exista, au moins pendant quelque temps, un béguinage. Toutefois, ce serait se tromper étrangement que d'admettre avec Gramaye que l'on comptait à Perwez, avant les troubles de religion, 2,000 maisons, qui disparurent dans trois incendies successifs. Si l'on réduit ce chiffre au dixième, on sera plus près de la vérité, comme l'attestent les dénombrements cités plus haut.
Le marché de Perwez était très fréquenté, le bourg se trouvant au milieu d'une contrée très fertile, et étant situé sur les limites du pays de Namur et à peu de distance du pays de Liège. Des marchands brabançons et autres ayant manifesté l'intention d'y venir et d'y envoyer des denrées et d'autres marchandises, si l'on y instituait une fête marchande ou foire, les habitants s'adressèrent dans ce but au gouvernement. Par un octroi qui est daté du 20 août 1511 et qui porte en tète le nom de l'empereur Maximilien, agissant comme tuteur de son petit-fils, l'archiduc Charles (depuis Charles-Quint), on accorda au bourg de Perwez une foire qui devait durer trois jours et commencer le jour de Saint-Rémi (1er octobre), à midi. Personne ne pouvait y être arrêté pour dettes, sinon pour dettes contractées pendant la foire ou pour sommes dues au souverain; la franchise accordée ne détendait pas non plus aux personnes bannies du Brabant ou aux ennemis du prince.
A l'époque de la surprise du château de Namur par don Juan d'Autriche, en 1577, des troupes â la solde des états généraux se trouvaient à Perwez. Ce fut de ce côté que se dirigèrent les ducs d'Aerschot et d’Havré lorsqu'ils quittèrent don Juan, après sa tentative de s'emparer du château d'Anvers. Octavio Gonzaga se mit à leur poursuite, sans parvenir à les atteindre.
Aux malheurs des guerres de religion succédèrent des temps plus tranquilles. Nous voyons alors des contestations surgir pour la répartition des impôts. La riche abbaye d'Heylissem, qui possédait dans la localité la dîme presque entière et des champs très étendus, se plaignit de ce que la communauté de Perwez augmentait sa cote dans les charges publiques. Le fermier de Seumay, à ce que prétendait l'abbé, ne pouvait être taxé qu'à proportion de 120 bonniers; or, en 1629, on comprit dans la répartition les bois de l'abbé, et, en 1635, on imposa la ferme à raison de 150 bonniers. L'abbé fit remarquer que ces vexations auraient pour résultat de provoquer l'abandon de ses biens par les fermiers, et le gouvernement, plein de sollicitude pour le pauvre prélat, ne manqua pas de faire droit à sa requête (26 octobre 1638).
Pendant les guerres du temps de Louis XIV, Perwez fut constamment surchargé de logements militaires, par suite du voisinage de la chaussée romaine, la seule voie de communication qui existât entre la partie du Hainaut devenue française et le plateau de la Hesbaye, théâtre ordinaire des opérations militaires. Lorsque Louis XIV marcha à la conquête de la Hollande, il campa à Perwez, le 12 mai 1672; Pellisson, dans ses Lettres historiques, nous apprend que le ruisseau y était si petit que l'eau suffit à peine pour la cavalerie de l'armée. Le monarque français séjourna encore à Perwez, du 10 au 12 juillet 1675. D'après la tradition, le bourg fut brûlé par le maréchal de Boufflers et des combats sanglants se livrèrent dans les campagnes voisines.
Ces scènes de carnage se renouvelèrent vers le milieu du XVIIe siècle. Le 1er août 1746, le général Trips, à la tète d'un détachement d'infanterie et de hussards, attaqua à Perwez un parti français, qui se retira dans l'église, où il fut égorgé presque en entier. Dans la matinée du 15 du même mois, les Français reparurent; ils repoussèrent au delà du ruisseau les hussards autrichiens, puis expulsèrent du bourg un corps de fantassins qui en défendait l'entrée et qui était soutenu par de l'artillerie placée sur le plateau voisin.
En 1782, si les renseignements que l'on nous a fournis sont exacts, l'hôpital brûla avec quelques maisons du voisinage, lors du passage de la garnison hollandaise de Namur. Des soldats galeux, que l'on avait placés à l'hôpital, ayant mis le feu à la paille sur laquelle ils couchaient, l'incendie se communiqua au bâtiment, qui fut détruit et n'a plus été réédifié.
Pendant la révolution brabançonne, les habitants du bourg témoignèrent beaucoup d'attachement au gouvernement autrichien. Après la victoire des patriotes à Bruxelles, le général des états, Vander Mersch, entra dans Louvain, puis se porta vers Namur par la chaussée qui, depuis quelques années, reliait ces deux villes. A son approche, la communauté de Perwez lui envoya une députation qu'il accueillit avec bienveillance, malgré les exhortations d'un doyen des métiers qui accompagnait l'armée et qui était fâché, selon Dinne, de ce que l'on ne rasait pas Perwez.
En l'an III, le bourg devint le chef-lieu d'un canton du département de la Dyle, canton qui comprit quatorze communes : Bornal, Glimes, Grand et Petit-Rosières, Hottomont, Maleves, Mont-Saint-André, Noville-sur-Méhaigne, Orbais, Sainte-Marie lez-Opprebais, les deux Thorembais et Wastines. En l'an IV, on y joignit une seconde commune ayant appartenu au comté de Namur (Noville était la première), celle d'Aische-en-Refail. Lors de la convocation des assemblées primaires ou assemblées électorales, dans les années V, VI et VII de la république, celle du canton de Perwez, pompeusement baptisée du nom d'Assemblée primaire de la Paix, se tint dans l'église paroissiale de Perwez. Les institutions républicaines n'existaient que de nom dans la contrée, où la population était complètement attachée à l'ancien régime. Le curé du chef-lieu, Charles-Joseph de Busscher, ancien religieux de l'abbaye d'Heylissem, figura parmi les prêtres qui furent déportés à Rochefort en l'an VII.
La réorganisation cantonale de l'an X étendit considérablement l'étendue du canton de Perwez. On en retrancha Aische-en-Refail, mais on y joignit : Blanmont, Chastre-Notre-Dame-Alerne, Cortil, Saint-Géry, Hevillers, Mont-Saint-Guibert, Noirmont, Villeroux, provenant du canton supprimé de Mellery; Corbais, Saint-Lambert-Libersart, Nil-Saint-Martin, Nil-Saint-Vincent, Tourinnes-les-Ourdons, Walhain-Saint-Paul, Sart-à-Walhain, constituant une fraction de l'ancien canton de Nil-Saint-Martin, et Geest-Gerompont, séparé de l'ex-canton de Jauche. La justice de paix englobait alors 28 communes, dont le nombre est aujourd'hui réduit à 18, plusieurs localités ayant été réunies l'une à l'autre. En l'an XIII, le canton de Perwez comptait 11,781 habitants; le chef-lieu avait une cure primaire et était la résidence d'un receveur des droits réunis.
En 1817, on a créé un canton de milice ayant Perwez pour chef-lieu et présentant la même étendue que le canton de justice de paix. Perwez figura, en 1832, parmi les localités qui obtinrent un drapeau d'honneur pour services rendus à la cause nationale, deux années auparavant.
La terre de Perwez faisait jadis partie de la mairie d'Incourt (et non de celle de Jauche, comme on le lit dans le Guide fidèle), dans le Brabant wallon. Les droits du seigneur étaient fort étendus, non-seulement à Perwez même, mais dans toute la baronnie de ce nom, qui comprenait les deux Rosières, Hottomont et une partie d'Orbais.
« En la paroisse de Perruwez, disent d'anciens comptes des baillis de Nivelles, le damoisel de Perwez a la seigneurie haute et basse, et peut, si comme il dit, un homicide rendre le pays de Brabant d'un beau fait advenu en sa terre (c'est-à-dire, permettre le retour dans le duché d'un homicide ayant commis un crime dans la terre de Perwez), et monseigneur y a son de cloche (le droit de sonner la cloche en cas de guerre), les hommes pour aller en l'host (le service militaire, tailles et corvées, et se jugent toutes les amendes selon la loi de Nivelles ».
Contrairement à cette dernière phrase, nous voyons Perwez et Mont-à-Perwez figurer, au siècle dernier, au nombre des localités d'où on allait en appel à Louvain. Au XVIe siècle, une troisième opinion se manifeste à ce propos : des trois hautes-cours établies au nom du seigneur, deux, celles de la franchise et de Jauchelette, suivaient la coutume de Louvain, tandis que celle du Mont suivait la coutume de Liège, mais en appelant à Louvain, en cas de doute.
Les « escevein de Perweis » ou, comme on les appela plus tard, les échevins « delle franke ville de Perwes », étaient à la fois les juges et les administrateurs de la franchise. Avec eux siégeaient deux bourgmestres, qui étaient probablement élus par les bourgeois; ils existaient encore en 1592; en 1618, on n'en mentionne plus qu'un, puis ils disparaissent complètement. Les cours du Mont et de Jauchelette avaient une juridiction plus bornée, restreinte, selon tonte apparence, aux localités dont elles retenaient le nom.
Le premier sceau de l'échevinage de Perwez présente un écusson mi-parti de Brabant ( à un lion rampant) et de Louvain (à une fasce). L'exergue porte : S OMUNE SCABINORUM DE PERW... (sceau commun des échevins de Perwez); au revers on voit un contre-scel offrant une fleur de lis encadré dans un cercle, avec la légende SCABINORUM (des échevins).
En 1315 ou 1316, le sceau se modifie faiblement: les armes de Louvain s'y chargent de trois trompes ou cors de chassé, emblèmes de la famille de Hornes, qui acquiert à cette époque la baronnie. Quelques années après apparaît un écusson écartelé : 1 et 4 de Louvain, 2 et 3 de Brabant. C'est alors que les Mirabelli dits de Haelen succèdent aux de Hornes (1325, 1326, 1343, 1344). Bientôt, avec le retour de ceux-ci, reparaît le second sceau; mais, cette fois, les trois cors sont brisé d'un lambel (1355, 1359, 1371, 1404, 1439, 1487), et le contrescel présente un autre cor, dans un encadrement trilobé. L'exergue porte : S. S..... DE PERWEEIS (sceau des échevins de Penveeis). Les « échevins de la franke ville de Perwey » (1487) s'intitulèrent plus tard « échevins de la haulte court et franche ville de Perwez » (1525).
Les « maire et esquevins del court du Mont à Perweys » (1447, 1448) ou « de la haulte court de Mont à « Perweis » (1463) avaient un sceau particulier dès 1316. On y voyait, outre les trois cors ou trompes, un chef chargé de trois oiseaux marchant de gauche à droite, et, sur le contre-scel, un autre oiseau. On lisait autour du sceau : S. SCABINORUM DE MO.... PERUWEZ; autour du contre-scel, SECRETUM.
Dans le principe, les « échevins delle curt de Jacelette » (1316) ou « de la court de Jacelette » (1329) n'avaient pas de sceau commun et réclamaient, au besoin, pour authentiquer les actes passés devant eux, l'intervention de ceux de Perwez. En 1356, ils s'étaient fait confectionner un sceau, dont nous n'avons jamais vu d'empreinte.
Un arrêté royal du 4 octobre 1845, octroyé à la demande du conseil communal, a autorisé Perwez à porter pour armoiries, « conformément à l'ancien usage » : d'or à trois cornets de gueules, virolés d'argent et remplis de sinople, surmontés d'un lambel d'azur, au franc canton de gueules, charge de treize besans d'argent posés 3, 2, 3, 2, 3. Il fut permis au bourg de prendre pour devise ces mots : AMOUR DE LA PATRIE. L'exergue porte : ADMINISTRATION COMMUNALE DE PERWEZ-BRABANT.
L'ancien greffe de Perwez, Hottomont, Grand-Rosière, Orbais etc., pour les années 1664 à 1795, a été transporté aux Archives du royaume, ainsi que tous les autres greffes qui étaient déposés au tribunal de première instance de Nivelles. Les actes passés devant cette juridiction se rédigeaient déjà en roman ou français, en 1280.
La terre de Perwez, de même que la mairie d'Incourt, ressortissait, sous le rapport des aides, au quar-tier de Jodoigne (1383) et, plus tard, au quartier de Louvain.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Ce budget, comme il est facile de s'en assurer, est un budget tout à fait exceptionnel. Le chiffre élevé des recettes résulte d'une somme de fr. 35,397-52, provenant en partie, de la vente des biens communaux; en partie, de subsides fournis parle gouvernement. L'étendue des biens communaux, qui étaient autrefois très considérables, surtout aux environs de la ferme de Seumay, est réduite à 1 hectare 19 ares 40 centiares. Un mesurage de dîmes, de l'an 1763, porte l'étendue des communaux à 26 bonniers 1 journal; les dernières de ces propriétés, ou peu s'en faut, ont été aliénées en 1857 et 1858. En 1857, on a construit sur les plans de l'architecte Coulon, un édifice qui a coûté environ 90,000 fr. et qui réunit les locaux de la maison commune, de la justice de paix et de l'école primaire communale pour les deux sexes. Il se compose de trois bâtiments encadrant une cour dont le quatrième côté est fermé par des grilles en fer. Un mur longitudinal divise cette cour en deux préaux : au nord se trouve l'école des filles; au sud, celle des garçons. Le corps de logis principal s'élève entre les deux classes; il a trois étages; le rez-de-chaussée et le second étage sont réservés aux logements des instituteurs et institutrices; le premier étage, auquel conduit un vestibule s'ouvrant sur la façade de l'édifice est occupé par l'administration communale et la justice de paix, qui disposent, chacune, d'une grande saIle et de deux cabinets.
Un détachement de gendarmes est caserné à Perwez.
La baronnie ou seigneurie de Perwez constituait une des plus belles terres du Brabant wallon. S'étendant sur cinq paroisses, dotée de grandes prérogatives, presque constamment possédée par de puissantes familles, elle formait en quelque sorte la principale barrière da duché vers le Namurois. Son origine ne date que de l'an 1200 environ; elle fut alors donnée en apanage, par le duc Henri Ier, à son frère Guillaume.
Avant cette époque, la plus grande partie du territoire voisin de Perwez était partagée entre les sires d'Orbais, les Wavre et les Sombreffe. Les chevaliers de Walhain n'étaient pas encore sortis de l’obscurité, alors que les de Wavre endettaient leur patrimoine au profit de différentes communautés religieuses, alors que s'éteignait la lignée masculine de la branche aînée des d'Orbais. L'église de Perwez et ses dépendances reconnaissaient pour maître le duc Godefroid III, qui les donna en fief au comte de Duras; celui-ci en investit Enguerrand d'Orbais, qui, à son tour, en transporta la moitié à Godefroid de Sombreffe. « Comme par une inspiration divine », tous ces personnages renoncèrent à leur tenure féodale et le duc Godefroid, à qui elle fut remise en dernier lieu, donna le patronat de l'église à l'abbaye d'Heylissem (1171).
Guillaume de Perwez, fils de Godefroid, réunit aux droits que lui abandonna son frère ainé Henri Ier ceux que lui apporta sa femme Marie d'Orbais, car son alliance avec la famille de ce nom, signalée comme probable par Butkens, est très réelle; seulement l'auteur que nous venons de citer et dont la sagacité ne s'est pas trouvée ici en défaut, s'est trompé sur le nom de la femme de Guillaume. Elle ne s'appelait pas Aleyde, mais Marie, comme il résulte de l'acte par lequel, au mois de mai 1220 et de concert avec son fils Godefroid, elle donna à l'église de Lérinnes une dîme située au hameau de ce nom, et où il est question de son père Enguerrand.
Guillaume fut un guerrier vaillant et redoutable. En 1202, envoyé par son frère pour défendre Bois-le-Duc contre les comtes de Hollande et de Gueldre, il fut fait prisonnier dans cette ville; Henri 1er, accouru avec une puissante armée, assaillit les vainqueurs et rendit Guillaume à la liberté. Pendant la guerre qui éclata, en 1212, entre le Brabant et l'évêché de Liège, il se distingua par son humanité. Lors du sac de Liège par les Brabançons, il fit de grands efforts pour arrêter les violences des pillards; puis, à la bataille de Steppes, il conseilla à son frère de se réconcilier avec l'évêque Hugues de Pierrepont.
Par son mariage avec Marie d'Orbais, Guillaume était devenu l'avoué du monastère de Gembloux. Ses vexations obligèrent l'abbé et ses vassaux à recourir au duc Henri Ier, qui vint en personne à Gembloux, avec l'abbé de Villers et d'autres personnes d'une sagesse éprouvée. Afin de constater de quelle manière sire Bernard d'Orbais et son fils, sire Enguerrand, exerçaient leur office d'avoués, on consulta les vassaux les plus âgés et les plus instruits du monastère : les chevaliers Lambert de Sterbeke, Werric de Lonzée, Godescalc d'Ambresin et Jean Sartel de Cortil, ainsi que Gérard de Ripemont; puis on soumit la question aux nobles ou barons du duché et aux échevins de Gembloux, qui déterminèrent les droits de l'avoué. Guillaume et son fils s'engagèrent à maintenir leur décision (charte du duc, du mois de septembre 1217); mais, depuis lors, les seigneurs de Perwez perdirent, nous ne savons comment, la possession de l'avouerie, que l'on trouve ensuite entre les mains des seigneurs de Walhain.
A l'intérieur de ses domaines, il ménagea peu les immunités et les domaines monastiques. « Trompé par les suggestions de quelques-uns », il usurpa la possession de la dîme de Tourinnes, qu'il reconnut ensuite appartenir à l'abbaye d'Heylissem (charte sans date, où Guillaume ne se qualifie que de frère du duc de Lotharingie). Il s'adjugea également la possession de ce que l'on appelait à Perwez Dos ecclesiæ, la Dotation de l'église; sept hommes de bonne réputation (septem viri bone opinionis) ayant déclaré que ce bien appartenait au temple paroissial, il y renonça également, en 1199. Citons encore les vexations que Guillaume fit peser, «contrairement à l'équité et au droit», sur les biens et les tenanciers du monastère de Villers à Thorembais, Cocquiamont et Glatigny, et dont il se repentit plus tard.
Le premier seigneur de Perwez était déjà mort en 1224 et fut enseveli à Villers. Il laissa plusieurs fils, entre autres Godefroid, Amorra ou Enguerrand, seigneur de Dongelberg; le chevalier Guillaume, qui est cité avec les précédents en 1236, mais qui n'avait pas alors de sceau, et Henri, prévôt de l'église Saint-Pierre de Louvain, le même peut-être qui fut, après Guillaume, seigneur de Ruysbroeck, près de Hal. Sa femme Marie se remaria à un chevalier, nommé Baudouin Caberos, avec qui elle vivait en 1231, et qui, à son tour, la rendit mère de deux enfants : Gobert et Jean de Perwez. Ceux-ci se qualifient à la fois de clercs et de nobles hommes; en présence de Jean, évêque de Liège, ils cédèrent leurs dîmes de Perwez à Rodolphe, « maître » de la maison (ou couvent) de la Ramée (acte passé à Thuin, en 1234, le lendemain du jour où l'on chante ad te levavi; renouvelé, en 1230, au mois d'août, devant les fils de Guillaume de Perwez, et, le samedi avant la Saint-Gilles, devant le duc de Brabant). Gobert devint prévôt de Sainte-Gertrude de Nivelles et de Notre-Dame d'Anvers et vivait encore en 1264; Jean fut chanoine de Louvain.
Godefroid et Enguerrand de Perwez épousèrent deux sœurs : le premier, Alice, le second, Agnès, filles et héritières de Gérard, sire de Grimberghe. Dans une réunion solennelle qui se tint dans la chapelle de Saint-Michel, à l'abbaye de Villers, le jour de Saint-Pierre ès liens de l'année 1224, en présence du duc, de son fils Henri, de plusieurs hommes nobles etc., Godefroid, rappelant et renouvelant un des actes de son père, renonça à toutes ses prétentions sur les domaines du monastère à Thorembais, en ne s'y réservant que ses droits sur la familia Sancti Pétri, c'est-à-dire sur les hommes de Saint-Pierre de Louvain, ainsi que sur ses serfs propres et sur les serfs de Saint-Pierre.
Godefroid, à l'exemple de son père, se montra dévoué à la famille ducale. Il fut l'un des arbitres qui négocièrent, en 1238, une convention entre Henri II et Walter Berthout; après avoir pris part à la conquête du pays de Daelhem, il figura dans les traités qui suivirent, et où le duc le qualifie de « son cher parent » (23 février 1243-1244). En 1248, il est cité à la fois dans l'acte de confédération, signé à Walsberghe , par l'évêque de Liège, le duc Henri III, le comte de Gueldre et le comte de Los, et dans des diplômes émanés du roi Guillaume de Hollande, pendant le siège de Nimègue. Lors du congrès qui se tint à Bruxelles, en 1256, on le désigna pour examiner si la conduite tenue par l'évêque de Liège à l'égard des habitants de Saint-Trond était conforme à la dernière paix conclue à Bruxelles, entre Henri de Gueldre et Henri III, et, le 13 octobre, il promit d'observer le traité qui venait de réconcilier, du moins en apparence, les d'Avesnes et les Dampierre. Le duc Henri II récompensa ses services en lui donnant, en accroissement de son fief, une redevance annuelle de 200 muids d'avoine, qui devait être réduite de moitié après sa mort (charte datée du dimanche des Rameaux, en 1240), mais qui passa en entier à ses fils, après lesquels elle fut réunie au domaine ducal (voir une charte du duc Jean II, du mois d'août 1295). Godefroid fut également seigneur de Hougaerde, qu'il vendit, en 1248, à Henri, élu de Liège. A la demande du duc Henri III, dont il était un des conseillers, le pape Innocent IV autorisa son légat, Henri, cardinal de Sainte-Sabine, à octroyer au seigneur de Perwez la faculté de prélever dans ses domaines les dîmes novales (bulle datée de Pérouse, le 11 mars 1253). Comme Guillaume de Perwez, Godefroid se montra peu scrupuleux. Il s'empara, au détriment des religieuses de Cortenberg, des dîmes du village de ce nom, d'Erps, de Campenhout, qu'il restitua en 1244. En février 1253-1254, avec le consentement de son fils Guillaume et par l'intermédiaire de Godefroid de Louvain, seigneur de Gaesbeek, il abandonna 40 bonniers de terre, situés à Leeuw-Saint-Pierre, aux abbayes d'Afflighem et de Villers, à la condition qu'elles indemniseraient ceux à qui il avait porté dommage et qu'elles feraient prier pour le repos de son âme et de celle de sa femme (acte daté de Tervueren). Il mourut en 1257, sept ans après sa femme, qui lui avait donné cinq enfants : Gérard, qui mourut très jeune; Guillaume, qui prit le nom du précédent en recevant le sacrement de confirmation; Godefroid II; Marie, femme de Philippe de Vianden, et Ade, qui mourut sans avoir eu d'enfants de Gérard de Marbais.
Gérard (Guillaume) cessa de vivre en 1259. En 1254, il s'était constitué répondant, envers le roi des Romains Guillaume de Hollande, d'une somme de 2,500 marcs d'esterlins, due par le comte Renard de Bar, qui avait été pris dans une bataille livrée par les Flamands aux Hollandais. Il fit vœu de se rendre à la Terre-Sainte; mais, dans l'impossibilité d'accomplir ce pèlerinage, il légua aux abbés d'Afflighem et de Grimberghe 100 livres de Louvain, à charge de les remettre à un chevalier honnête, « qui accompagnerait le premier passage au delà de la mer » (veille du jour de tous les Saints 1259). Cet acte fut signé à Rumpst; parmi les témoins figurent le cuisinier Walter et un autre serviteur de Gérard.
Godefroid II, son frère et son héritier, fut chargé d'administrer le duché de Brabant pendant la minorité des enfants du duc Henri III, de concert avec Walter Berthout, seigneur de Malines. Il n'exerça toutefois que fort peu de temps ces importantes fonctions, car il mourut en 1265, et non pas, comme le dit Butkens, le 31 juillet 1264. Il était présent lorsque le comte de Flandre, Guy de Dampierre, fit hommage à l'évêque de Liège pour les terres de Bornhem et de Grammont, qu'il avait jusque-là tenues en alleu; il fut aussi l'un des témoins de l'acte par lequel l'évêque de Liège, du consentement de Baudouin II, empereur de Constantinople, investit le même comte de Flandre du fief de Sanson (veille du jour de saint Jacques apôtre, en 1263). Par son testament, qui est daté du jour de saint Jacques et de saint Christophe, au mois de seval ou juillet 1264, il destina, « pour remède de ses forfaits », 1,200 livres de Louvain en la terre de Grimberghe, 200 livres provenant de la première coupe qui aurait lieu dans ses bois à Schelle, et tout ce qu'il tenait en fief à Leeuw de son cousin Henri, seigneur de Gaesbeek; 500 autres livres, à prendre sur le produit de ses bois à Buggenhout et sur ses revenus à Ninove, devaient servir à entretenir un chevalier ou un écuyer, qui se rendrait pour lui en Palestine, comme il s'y était engagé en prenant la croix.
La vie de ce seigneur de Grimberghe ne fut pas, à ce qu'il semble, moins souillée de violences que celle de son père. En outre, après avoir épousé Marie d'Audenarde, il la répudia, et, tandis qu'elle s'unissait à Jean de Nesle, seigneur de Féluy, il s'allia en secondes noces à Félicité du Traynel, veuve de Godefroid, seigneur de Château-Porcien. Les deux enfants qu'il eut de celle-ci : Henri et Aleyde, ne furent point, sans doute, considérés comme légitimes, puisque ce ne furent pas eux, mais leurs tantes, Marie et Ade, qui se mirent en possession de leur héritage, à la faveur, peut-être, des troubles qui agitaient alors le Brabant. Félicité du Traynel ne conserva que Hoboken et Eeckeren, terres qui retournèrent bientôt aux Vianden, les enfants étant morts jeunes. Elle fut l'une des principales bienfaitrices du couvent de Val-Duchesse, à Auderghem, et mourut le 18 octobre 1283.
La comtesse de Vianden se qualifie quelquefois de dame de Perwez, notamment dans des actes de 1280 et 1285, mais la terre de ce nom appartient réellement a sa sœur Ade et à son mari Gérard de Marbais, seigneur de Bruec. En cette qualité, Ade, de concert avec Robert, abbé de Villers, confirma à l'abbaye d'Heylissem la possession de la cour de Sumain (21 décembre 1290); un autre abbé de Villers fut désigné par Ade pour son exécuteur testamentaire et eut à ce sujet, avec Gérard de Marbais, châtelain de Bruxelles, quelques contestations qui se terminèrent par un accord portant la date du 5 mai 1310.
Après Ade de Perwez, la terre de ce nom fut possédée, on ne sait à quel titre, par Ermengarde de Clèves, dame de Hornes, qui la tenait du duc en fief, en l'année 1312. Gérard, sire de Hornes, dont Ermengarde fut la seconde femme, vendit Perwez à Jean de Haelen dit de Mirabelli, receveur de Brabant, et celui-ci le laissa à son fils, Simon de Mirabelli dit de Haelen, qui joua un grand rôle en Flandre à l'époque des Arlevelde, scella, en 1333, la vente de la ville de Malines au comte de Flandre Louis de Crécy, et, en 1339, le traite d'alliance de ce pays et du Brabant; occupa, de 1340 à 1343, les éminentes fonctions de ruward, et enfin fut assassiné, le 9 mai 1346, par les partisans du comte Louis de Mâle, fils de Louis de Crécy.
Antérieurement à sa mort, peut-être parce que le duc de Brabant Jean III avait cessé d'être l'allié des Flamands soulevés contre leur prince, Simon avait perdu la possession de Perwez, que nous trouvons entre les mains de Thierri de Hornes, fils de Gérard et d'Ermengarde, seigneur de Cranendonck et de Gestel.
Par ses ascendants Thierri avait des droits à revendiquer sur différents domaines. Lui et son frère renoncèrent, deux jours après la Saint-André, en 1355, à leurs prétentions sur la terre de Heusden, moyennant une rente annuelle de 400 royaux que leur promit le duc de Brabant Jean III; en 1369, par un acte daté de Bruxelles, le soir de la conception de la Vierge, Thierri s'engagea envers la duchesse Jeanne, fille de Jean III, à se soumettre à ce qu'elle déciderait au sujet de ses réclamations sur les biens de Mathilde de Gueldre, comtesse de Clèves. Ce seigneur, qu'entourait une grande considération, fut appelé, en 1357, à être l'un des arbitres chargés de régler une contestation qui s'était élevée entre les Hornes et les Abcoude, et, en 1364, à déterminer les droits respectifs de ceux-ci et des sires de la Leck sur la terre de Putte et de Stryen. Thierri servit le duc Wenceslas de Luxembourg et sa femme, la duchesse Jeanne de Brabant, dans les combats et dans les conseils. Il fut l'un des signataires de la joyeuse entrée de ces princes et de la grande charte de Cortenberg, comme l'un des défenseurs de leur cause contre Louis de Mâle et Guillaume de Juliers. Le 25 novembre 1357, on lui paya 800 vieux écus sur 2,400, qui lui étaient dus pour ses services dans la guerre contre la Flandre; il combattit à la bataille de Bastweiler, et les pertes que lui causa cette journée furent évaluées, en 1374, à 12,166 moutons d'or. Thierri ne ménagea pas les tailles, les corvées et les exactions aux biens que les ecclésiastiques possédaient dans ses domaines de Perwez; pour se défendre en justice contre lui, les abbés et les religieux de Waulsort, d'Heylissem et de Saint-Gilles près de Liège scellèrent, le 19 novembre 1355, un accord par lequel ils promirent de payer les dépenses que cette contestation leur occasionnerait, dans les proportions suivantes : Waulsort 3/10, Heylissem 3/10, Saint-Gilles, 2/10.
Thierri avait épousé Catherine Berthout, héritière des terres de Duffel et de Gheel. Son fils ainé, Guillaume, hérita d'abord de Perwez (relief de 1379-1380), mais bientôt il abandonna cette terre et une rente annuelle de 400 royaux sur le tonlieu de Maestricht et de Rolduc à son frère Henri, qui en fit le relief à Tervueren, le 2 décembre 1331. Celui-ci vendit Perwez, sept ans après, à Jean, sire de Bouchout, aliénation qui resta sans effet et pour laquelle il ne s'opéra pas de relief.
Un des oncles des seigneurs de Perwez et de Duffel, Arnoul, fut successivement élu évêque d'Utrecht (1371) et de Liège (1378), et sut gouverner avec modération et fermeté dans des temps difficiles. Cette circonstance augmenta encore l'influence dont jouissait sa famille dans l'évêché de Liège et prépara les événements qui coûtèrent la vie à Henri de Hornes et à son fils Thierri. Lorsque Jean de Bavière, jeune prince d'un caractère indomptable et sanguinaire, succéda à Arnoul, ce fut au sire de Perwez qu'il confia les fonctions de sénéchal, et lorsque, en 1408, il se brouilla avec la cité de Liège, il l'accepta pour arbitre, lui et le sire de Montjardin. Mais, à partir de ce moment, Henri abandonna Jean de Bavière, et, tandis que son fils Thierri, à peine âgé de 18 ans, était élevé à l'épiscopat, il fut créé pour trois années mambour ou régent (27 septembre 1406).
Cette révolution fut l'œuvre des villes, indignées de ce que Jean de Bavière, contrairement aux canons de l'Eglise et à ses promesses solennelles, ne daignait, ni prendre les ordres sacrés, ni résigner l'évêché. Leur choix fut approuvé par l'antipape Benoit XIII et par l'empereur Wenceslas; mais Jean de Bavière, soutenu par la majorité du chapitre de Saint-Lambert, prit les armes pour la défense de ses droits. Si l'on en croit quelques chroniqueurs, le sire de Perwez joua dans ces événements un rôle peu honorable. Un maître de la cité (ou bourgmestre) de Liège, Jean de la Chaussée, aurait passé à Perwez en prétextant un pèlerinage à Hal, et tenté l'ambition de Henri en lui représentant comme certaine l'élection de son fils; après un premier refus, le seigneur aurait cédé aux obsessions de sa femme, Marguerite de Rochefort, dame d'Ochain. Ce récit, dû à Rodolphe de Rivo, concorde peu avec le portrait que Suffrid Pétri nous a laissé de Henri de Perwez : « homme beau et intègre, dit-il, très expert dans l'art de la guerre et qui était soutenu par l'opinion publique ». Henri avait alors plus de 60 ans et était déjà courbé par l'âge et les fatigues.
Henri avait su maintenir, en Brabant, la position que ses ancêtres y avaient prise. En 1397, il contribua à défendre Bois-le-Duc contre les Gueldrois, et, l'année suivante, il fut l'un des chefs de l'armée qui assiégea Ruremonde. En 1406, il était sénéchal ou drossard du duché, lorsque le duc Antoine de Bourgogne le nomma châtelain de Louvain (10 février 1405-1406). Quoiqu’appartenant à une lignée intimement unie à celle de Bavière, le duc Antoine ne se prononça pas dans la lutte qui commença bientôt, à cause des relations intimes de ses grandes villes avec les cités liégeoises.
Le mambour conduisit d'abord la guerre avec vigueur; il s'empara de Saint-Trond, puis de Bouillon, et mit trois fois le siège devant Maestricht. Le 17 octobre 1407, une trêve qui devait durer sept semaines fut moyennée par la médiation du duc Antoine, mais bientôt elle fut violée et chacune des parties belligérantes accusa l'autre de cette rupture. Les Liégeois se trouvaient encore devant Maestricht lorsque Jean sans Peur, duc de Bourgogne, et le duc Guillaume de Bavière, comte de Hainaut et de Hollande, entrèrent en Hesbaye. Ils levèrent aussitôt le siège de cette ville et, avec plus de précipitation et de courage que de prudence, ils allèrent à Othée livrer une bataille où ils furent complètement vaincus et où ils perdirent 8,368 hommes, comme nous l'apprend un écrivain contemporain, Jean de Stavelot. Henri de Perwez se conduisit de manière à justifier les éloges que l'on donnait à son caractère. Après avoir prodigué à ses soldats d'excellents conseils dont ils ne tinrent compte, il s'élança au plus fort de la mêlée et y tomba percé de coups, ainsi que l'évêque Thierri et un autre de ses fils. A la fin de la bataille, les têtes de ces trois infortunés furent présentées au vainqueur et placées au haut d'une lance.
Le jour même où cette bataille se livra, le 23 septembre 1408, le duc Antoine arriva à Tirlemont. Quoique ce prince ne se fût pas prononcé contre les Liégeois et que le sire de Perwez n'eût posé aucun acte hostile au Brabant, la baronnie de Perwez fut séquestrée et le bailli de Nivelles et du Brabant wallon y établit, en qualité de bailli et receveur, un nommé Thierri de Rosières. On vit se produire alors, dans la chambre des comptes, une de ces maximes despotiques de provenance étrangère, dont le simple énoncé aurait pu prémunir les Brabançons d'alors contre les tendances de la maison de Bourgogne : « Et dit-on, est-il marqué en marge du passage où l'on parle du séquestre de la terre de Perwez, que tout homme, de quelque pays, état ou condition qu'il soit, qui perpètre aucun fait, soit au pays de Brabant ou ailleurs, et qu'on le trouve en ce pays, il doit être dudit fait exécuté ou au moins puni en telle manière qu'il l'aurait été au lieu où le méfait fut perpétré. Et pareillement doit procéder de là confiscation de ses biens, s'il en a en Brabant. Ainsi soit sur ce avisé, et le droit de monseigneur gardé en ce cas, avant que remise soit faite de ces biens ». La confiscation ne fut pas maintenue.
Jean de Hornes, le fils et le successeur de Henri, avait également guerroyé dans les rangs des Liégeois. A la bataille d'Othée, il arrivait de Tongres avec 2,000 combattants lorsque la victoire se décida en faveur des Bourguignons; ses troupes se hâtèrent de regagner Tongres; quant à lui, il s'enfuit en Brabant. Bien qu'il n'ait opéré le relief de Perwez que le 17 mai 1426, il figure déjà parmi les barons du duché qui scellèrent l'union des états, en 1415, et la condamnation des conseillers du duc Jean IV, le 15 août 1420. Jean récupéra la terre de Duffel, que Marie, sa cousine, avait aliénée, et mourut le 18 juin 1447.
De son alliance avec Marguerite de Ryferscheydt, alliance qu'il contracta le 7 août 1420, naquirent un fils, nommé Henri (seigneur de Perwez par r. du 20 septembre 1448). et deux filles, Elisabeth, femme de Jean, baron de Kotselaer, et Adelaïde, femme de Jean de Mérode, seigneur de Petershem. En 1477, pendant les troubles qui agitèrent la ville de Bruxelles, Henri de Hornes, qui était alors sénéchal de Brabant, essaya à plusieurs reprises d'apaiser la fureur du peuple et ses efforts ne furent pas toujours infructueux. Il fut l'un des capitaines que l'on chargea de défendre la petite ville d'Avesnes contre le roi de France Louis XI; irrité de ce que les bourgeois avaient fait feu sur un parlementaire, il sortit de cette place, le 11juin 1477, en disant: « Ah les vilains! je saurais bien faire mon appointement sans eux ». Relâché moyennant une rançon de 3,000 couronnes d'or, il fut armé chevalier par l'archiduc Maximilien, et pris de nouveau par les Français à la bataille de Thérouanne, le 25 juillet 1479. Par lettres patentes datées d'Anvers, le 18 juin 1482, Maximilien le nomma châtelain et amman de Grave et du pays de Cuyck. Il mourut le 22 mai 1483 et reçut la sépulture près de son père, dans l'abbaye de Roosendael. entre Waelhem et Duffel.
Henri de Hornes n'avait eu d'enfants, ni d'Elisabeth de Rivieren, veuve de Jacques de Wassenaer, ni d'Antoinette de Gavre, auxquelles il avait assigné pour douaire, sur la terre de Perwez : à la première, une rente viagère de 600 florins du Rhin (r. du 16 juin 1453), à la seconde, une rente de 500 florins (r. du 12 novembre 1469). Le 6 juillet 1482, il légua Perwez a son neveu, sire Jean de Rotselaer, seigneur de Vorselaer et de Réthy, chevalier, et à sa femme, Clémence de Bouchout, pour en jouir après son décès, s'il mourait sans enfant légitime, et à la condition que s'il lui arrivait d'être fait prisonnier, il pourrait demander aux habitants de la baronnie une aide pour le payement de sa rançon.
Jean fut père de Henri (r. de 20 octobre 1496), mort sans enfants à Paris, en l'an 1500, et d'Elisabeth (r. du 12 juillet 1504), femme de Michel de Croy, seigneur de Sempy, chevalier de la Toison d'or, puis de Thomas Scotelman, son maître d'hôtel (qui releva son usufruit le 22 octobre 1529). Celui-ci fut frappé d'une amende énorme, en 1542, pour avoir commis un homicide, comme nous le dirons à l'article CHASTRE. Jean, sire de Mérode, de Leefdael, de Gheel, hérita de Perwez et de Duffel en qualité de descendant d'Adelaïde de Hornes (r. du 28 octobre 1529), et légua en mourant, aux pauvres de Gheel et de Westerloo une rente annuelle de 200 florins du Rhin, hypothéquée sur Perwez.
Ses cousins, sire Henri de Mérode, chevalier, sire de Pétershem, et Richard, frère de Henri, lui succédèrent (r. du 18 juillet 1550); puis vint le fils de Henri et de Françoise de Bréderode, messire Jean de Mérode (r. du 20 février 1553-1554), qui prenait ordinairement le titre de baron de Pétershem, quoiqu'il fût aussi comte d'Oelen et baron de Mérode; il était en outre seigneur de Perwez, de Leefdael, de Duffel, de Gheel, de Westerloo, d'Ysselmonde. Ce seigneur joua un rôle important pendant les troubles des Pays-Bas et resta attaché à la cause des états jusqu'à la soumission de nos provinces à Philippe II. Le baron de Pétershem se maria deux fois : d'abord à Mencie de Berghes, marquise de Berghes ou Berg-op-Zoom, comtesse de Walhain, puis à Marguerite de Pallant. La première de ces alliances amena la réunion des deux belles terres de Perwez et de Walhain, qui repèrent près d'un siècle aux mêmes maîtres, les Witthem : Béatrix de Cusance, arrière-petite-fille du baron de Pétershem, aliéna la propriété de la première en retenant celle de la seconde. Par un acte passé en présence de son mari, elle céda à sa sœur Marie-Henriette de Cusance, dite de Belvois ou de Beauvoir, comtesse de Champlitte : 1° la baronnie de Perwez, 2° le village de Glimes, 3° une moitié de celui d'Opprebais et tous les biens qui y étaient annexés avant l’incorporation d'Opprebais au comté de Walhain, 4° la haute justice d'Opprebais, 5° le château et la seigneurie de Beersel etc. (r. du 16 juin 1649).
La comtesse épousa Ferdinand de Rye, marquis de Varambou, puis le prince Charles-Eugène d'Arenberg. Elle laissa Perwez, Beersel, etc. à sa fille, Marie-Thérèse, princesse d'Arenberg, comtesse douairière d'Egmont (r. du 22 avril 1702), qui eut pour héritier son neveu, Léopold-Philippe-Charles-Joseph, duc d'Arenberg (r. du 17 février 1717), et celui-ci en gratifia son fils, le prince Charles, alors général-major au service d'Autriche, afin de lui assurer son entrée aux états de Brabant (r. du 12 septembre 1750). Le duc Louis-Englebert fit le relief de Perwez le 5 novembre 1778, et ses descendants possèdent encore l'antique domaine des Perwez, des Hornes et des Witthem.
La baronnie de Perwez, qui devait le service féodal par 2 hommes d'armes à trois chevaux chacun, valait, au XVe siècle, 800 florins du Rhin, outre 20 florins, constituant le rendement annuel des dépendances du château. Un dénombrement de l'an 1530 en détaille plus amplement les dépendances : elle avait haute, moyenne et basse justice, un bailli, un maire, un receveur, des sergents, trois hautes cours, Perwez. Perwez-le-Mont et Jauchelette, connaissant de toutes amendes et forfaitures, « depuis si longtemps qu'il n'y avait connaissance du contraire » ; un cens de 68 livres 18 sous 12 deniers, 467 1/2 chapons, 12 muids 1/2 douzains de blé, 69 muids 5 douzains d'avoine; une cour féodale, un château, quatre moulins banaux (dont un à Rosières-Saint-Symphorien), une brasserie, une halle aux draps, une halle aux grains, où le seigneur avait droit de louche (c'est-à-dire de prélever une grande cuiller par sac), halle qui s'affermait moyennant 28 livres; l'afforage des vins ou taxe par pièce déclarée et vendue dans le bourg, des terres, des étangs, des bois, une garenne etc.
En 1729. le cens valait : à Perwez, 36 florins 3 sous, 223 1/2 chapons, un muid de blé, 18 muids 3 setiers 1 setier houblimé ou douzain d'avoine; à Perwez-le-Mont, 9 fl. 18 s., 47 1/2 chapons, 16 muids d'avoine; à Jauchelette, 8fl. 4 s., 43 1/2 chapons, 1 muid 1 setier 1 douzain d'avoine; aux Deux-Rosières et à Hottomont, 2 fl. 12 s., 39 chapons, 2 poules, 32 setiers 1 douzain de blé, 15 1/2 muids 2 setiers 1/2 quartaut d'avoine; à Orbais, 12 fl. 2 s., 124 chapons, 2 poules, 2 1/2 oisons 17 setiers moins un douzain de blé (dont 7 setiers dus par le seigneur de Malèves), et 127 muids 1 setier 2 douzains 1/4 quartaut d'avoine, plus 57 setiers 1/2 douzain 1/4 quartaut dus par le même seigneur. Dans ces rentes et redevances n'étaient pas compris 6 douzains de blé dus par l'abbaye d'Heylissem, 6 dus par l'abbaye de Florennes, et 2 muids dus par des afforains (ou étrangers) aux Deux-Rosières et à Hottomont, mais qui ne se percevaient plus depuis longtemps.
Parmi les tenures de la Cour féodale nous citerons : la seigneurie de Grand-Lez, celle de Bornal, celle d'Omal, la Tenure delle Porte, à Rosières-Notre-Dame; deux fiefs assez considérables à Leuze (comté de Namur), la terre d'Acremont, à Walhain; des terres et cens à Villeroux, la Tenure du Chesnoy, Ottignies; une cour féodale de 35 hommages etc.
On a prétendu que les seigneurs de Perwez battirent monnaie. C'est une erreur. Si quelques-uns d'entre eux exercèrent cette prérogative au XIVe siècle, ce fut en qualité de seigneur de Cranenborch.
Le château, avec sa vieille tour, les eaux qui l'environnent encore, son jardin, courtil, pâturage et pourprise, contenait environ trois bonniers, en 1530. André-Guillaume Bureau de Saint-André, secrétaire et trésorier du duc d'Arenberg, agissant au nom de celui-ci, le vendit à Antoine Burlet, receveur du duc, avec 2 bonniers 1 journal de prairies, dits les Viviers Delvaux, et 7 1/2 b. de terre (12 septembre 1721). Après Antoine Burlet, il passa à son fils Lambert (r. du 1er avril 1751). Il fut ensuite rétrocédé aux d'Arenberg. On l'appelait aussi la Ferme de la Thour ou Cense de Burlet, qui était distincte, en 1764, d'une Nouvelle Cense Burlet. Aujourd'hui ce n'est plus qu'une ferme non exploitée, appartenant aux héritiers Naniot. Elle est située à 150 m. S.-E. de l'église et porte encore le nom de Château de Horn. La porte cochère, où l'on voyait jadis une pierre armoriée, est surmontée d'une espèce de clocheton pyramidal carré; à l'intérieur de la cour, les ancres des corps de logis forment la date 1672, par laquelle on a voulu peut-être rappeler le souvenir du séjour de Louis XIV. Les bâtiments, dont quelques parties paraissent plus anciennes que cette époque, sont entourés d'un fossé. Il s'y trouvait une chapelle, ayant un office castral, doté notamment de la dîme sur 128 b. de terres à Jauchelette et sur 110 b. 8 journaux aux Trois-Étoiles, sur Thorembais-Saint-Trond (revenu total en 1787,315 fl.), et chargé de deux messes par semaine. Cet office existait déjà en 1267.
La brasserie était jadis banale pour les habitants de la franchise; elle s'affermait moyennant 30 livres, en 1530; en 1720, il n'en restait plus que les masures, qui se louaient 24 florins. En 1720, les droits de soixantième, de rewardage etc. produisirent 12 fl. 14 s.; quant à l'afforage du vin, il ne donna aucun revenu, car depuis longtemps on ne vendait plus de vin à Perwez.
Les dépendances en terres et en prés n'étaient pas très considérables. Il était défendu de pâturer dans les bois, dont nous avons indiqué l'étendue à l'article AGRICULTURE; les herbages du Vivier d'Odvrenge (voyez THOREMBAIS-SAINT-TROND) s'affermaient. La garenne de Perwez était d'un produit très médiocre, au XVe siècle, parce que les seigneurs habitaient rarement le bourg; mais, ajoute un document de ce temps, si on le voulait, on y prendrait par an plus de 1,000 conins ou lapins et des coqs de bruyère sans nombre. En 1530, la principale garenne de conins se trouvait dans le bois d'Hottomont, « où il y a une grande tombe ». En 1720, on ne pouvait louer la chasse de la baronnie.
En 1729, le revenu s'élevait, au total, à 3,098 fl. 3 s. La dépense montait à 4,695 fl.; dans cette somme les rentes absorbaient 4,050 fl. et les gages du receveur 154 fl. 18 s. Chacun des deux gardes de bois recevait 25 fl. En 1740, la situation financière était bien meilleure, par suite de l'extinction de plusieurs fortes pensions viagères; les recettes montaient à 3,293 fl. 4 sous, tandis que les dépenses n'excédaient pas 2,779 fl.
Nous avons dit que les de Wavre eurent des biens à Perwez. Siger de Wavre y posséda le domaine de Somania ou Seumay, qu'il céda à l'abbaye d'Heylissem, avec ses dépendances en courtils, moulins, prés, aunaies et bois, en n'y retenant que l'avouerie ou le droit de protection en faveur du monastère. L’abbaye de Villers s'émut d'abord de cette acquisition, parce qu'elle avait, à peu de distance, une autre grange ou exploitation rurale, celle d'Hemilimont ou Mielmont; mais Gérard, abbé d'Heylissem, et Udelin, abbé de Villers, décidèrent, en 1153, que l'une et l'autre subsisteraient, autant que possible sans se nuire. L'année suivante, l'évêque de Liège Henri, et, en 1174, Alexandre, l'un de ses successeurs, approuvèrent l'acquisition du bien de Seumay, où les religieux d'Heylissem installèrent, vers l'an 1200, une communauté de leur ordre, les Norbertines. Les sœurs de Seumay sont citées dans plusieurs actes, mais elles s'éteignirent bientôt, et leurs propriétés se confondirent de nouveau dans celles de la maison-mère, dont leur communauté dépendait entièrement, aussi bien au spirituel qu'au temporel (ecclesia de Sumain, que cum omni integritate tam in spiritualibus quam in temporalibus ad ecclesiam Helencinensem rpertinet, dit une charte de l'an 1229).
Heylissem possédait à la fois, à Perwez, une juridiction, des dîmes et des biens fonds. La juridiction s'exerçait par un échevinage particulier, dont les membres recevaient de l'abbé, tous les ans un muid de blé et deux chapons et dont le sceau offre la représentation de l'apôtre saint Pierre (1505, 1514). Les cens, qui se payaient à la Saint-Etienne, furent renouvelés en 1547, « suivant les plaids généraux de Jaucelette ». La dîme, acquise, en partie avec le bien de Seumay, en partie d'Enguerrand d'Orbais en 1165, en partie de la famille de Sombreffe, s'étendait sur plus de 993 b. (dans 636 b. la dîme se partageait par moitié entre les monastères d'Heylissem et de la Ramée), non compris le dîmage de Limelette, contenant 360 autres bonniers, situés à Thorembais-Saint-Trond, mais dans la paroisse de Perwez. Les biens fonds consistaient en une belle et grande ferme, avec 151 b. de dépendances : 114 b. de terres, 19 de prairies et 18 de bois, et qui fut vendue par la république française au prix dérisoire de 13,400 livres, tandis qu'elle en valait au moins 250,000. On continua à y dire la messe dans une chapelle jusqu'à la mort du propriétaire François Delvigne, en janvier 1812, comme nous l'apprend une réclamation faite par sa veuve, du nom de Fastré. En 1448, la terre de Seumay produisit 57 muids 5 1/2 douzains de blé, 33 muids 3 1/2 douzains d'avoine, 49 chapons, et, en argent, 104 griffons. En 1609, le corps de logis principal, qui était en ruines, fut rebâti en briques.
Des chartes du XIIIe siècle nous montrent les sires de Sombreffe en possession d'une moitié des dîmes de Perwez. En 1209, au moment de mourir, Jacques de Sombreffe en fit don aux religieuses de Seumay. Cette cession fut faite du consentement de la femme et des enfants de Jacques, et sanctionnée plus tard par ses trois fils; Godefroid et Jacques, « nobles hommes de « Sombreffe », et Daniel, qui devint clerc ou prêtre. Il est probable que la juridiction de Perwez-au-Mont provient des Sombreffe, car la partie principale de leur écusson, le chef aux trois merlettes, se retrouve dans le sceau de cette juridiction. La seigneurie du Mont-de-Perwez appartenait, en 1320, au chevalier Rodolphe d'Orfesées (ou Warfusée).
Le chevalier Thierri, « noble homme de Bierbais » (sur Hévillers), fut également vassal des seigneurs de Perwez, pour une partie des dîmes. Au mois de février 1231-1232, il hypothéqua sur ce revenu à l'abbaye de la Ramée une somme de 440 livres de Louvain; puis il en fit une cession définitive, en l'an 1234. Les religieuses de la Ramée acquirent encore, de la même manière, les dîmes novales de la paroisse, que Walter de Bierbais, sa femme et ses enfants prélevaient, mais cet achat leur attira un procès contre l'abbaye d'Heylissem. Deux prêtres choisis pour arbitres, maître Simon, de Libertange, et Gérard, de Jodoigne-Souveraine, décidèrent que les trois quarts de ces dîmes novales appartiendraient à la communauté d'Heylissem et le quart restant à celle de la Ramée (acte passé dans l'église de Saint-Médard, de Jodoigne, le jour des Cendres, en l'année 1232). Le produit moyen de cette portion de dîme s'élevait à 426 fl., en 1787.
Quelques chevaliers de Perwez paraissent dans d'anciens actes. En 1155, Hellin de Peruveis donne trois bonniers de terres à l'abbaye d'Heylissem; en 1172 vivaient Mathieu et Amoul de Perveiz, chevaliers et hommes libres; un acte de l'an 1200 mentionne des donations faites à l'abbaye de Villers en présence d*Enguerrand de Perwez et par Ansold de Perwez, ce dernier qualifié d'ancien maire de Perwez, dans un acte de l'an 1199; en 1223, Conon, seigneur de Hers, donne en aumône au monastère d'Aline la terre que frère Gilbert de Peruwes et ses fils Simon et Denis, convers de cette abbaye, avaient tenue à cens du seigneur de Perwez; en 1240 on cite Herbrige de Pervehs.
Plus tard, on mentionne le Mez ou Manoir de Pellenberghe ou Pellebeke, qui appartenait, en 1325, à Marie de Pellenberghe, et avait une cour censale, dont les masuwiers ou tenanciers faisaient sceller leurs actes par les échevins de Perwez (1316, 1439). En 1373, Gérard Gilechon de Perwez avait aussi une cour de masuwiers, qui empruntait également le sceau échevinal du bourg.
En 1536, une dame, nommée Jeanne Delvaulx, relevait du sire de Perwez 20 bonniers de bois, 2 b. de bruyères et3 b. de prairies et d'étangs. Elle était, selon toute apparence, issue de la famille qui a laissé son nom à la Ferme Del Vaulx, grande exploitation qui est bâtie à peu de distance de la Gette, en aval du bourg. Les bâtiments principaux entourent une cour quadrangulaire, dans laquelle on pénètre en passant sous un donjon carré. Au-dessus de la porte sont encastrés deux écussons superposés : l'écusson supérieur dont le cimier se compose d'une tête de cheval harnaché, est divisé par un trait en deux parties : un chef chargé d'un aigle aux ailes éployées, une partie inférieure offrant une main tenant une sorte de courroie ou de bride; l'écusson inférieur est écartelé 1 de Brabant, 2, 3 et 4 de Hornes, et en abîme est placé encore une trompe ou cor de chasse. Latéralement, au bas de l'écusson, on lit tombevr — 1628. Cette ferme est aujourd'hui exploitée par M. Leurquin.
Le chapitre de Notre-Dame, de Namur, levait à Perwez la dîme sur 27 b. 2 j. de terres et 5 b. 1 j. de prairies; il y avait un maire et des masuwiers, qui se servaient d'un sceau commun pour leurs actes (1356).
La Ferme d'Agnelée, ou, comme on le disait autrefois, d'Alengnies ou Alignies, était une propriété de l'abbaye de Florennes. En l'année 1155, on mentionne la villa que dicitur Aliniees. Les Archives du royaume possèdent un registre aux actes passés devant la cour d'Agnelée, pour les années 1714 à 1770. La cense d'Agnelée, avec 92 b. de dépendances, fut vendue comme bien national, le 2 germinal an VI et moyennant 60,000 livres, à Pierre-Joseph Libotton, Philippe Boon et Guillaume Mataigne.
L'église de Saint-Martin, de Perwez, avait rang d'église entière. Sans être patron secondaire, saint Jean-Népomucène y est en vénération. Elle dépendit du doyenné de Hanret, tant lorsqu'elle faisait partie de l'évêché de Liège qu'après l'érection de l'évêché de Namur. A la suite du concordat, elle devint une cure primaire, ayant pour succursales les églises de Chastre, de Cortil, de Geest-Gerompont, de Grand-Rosière, de Mont-Saint-André, de Nil-Saint-Martin, de Nil-Saint-Vincent, de Noville-sur-Méhaigne, d'Orbais, des deux Thorembais, de Tourinnes-les-Ourdons et de Walhain. Depuis une vingtaine d'années, le doyenné de Perwez a la même étendue que le canton judiciaire, sauf que les paroisses de Geest-Gerompont, de Petit-Rosière et de Mont-Saint-André, ressortissent au doyenné de Jodoigne. On y compte actuellement 24 succursales.
La paroisse de Perwez n'avait pas la même étendue que la commune. Sous le rapport spirituel, elle empiétait considérablement sur Thorembais-Saint-Trond, où elle comprenait le dîmage de Limelette, d'une étendue de 369 bonniers 3 journaux, et le dîmage des Cinq-Etoiles, s'étendant sur 110 b. 3 j. Son ressort total englobait 1,515 b. 2 j. de terres, 263 b. 1 j. de prés, pâtures, maisons, dépendances, 159 b. 1 j. de bois, 45 b. de communes, ensemble 1,983 bonniers, où il n'y avait d'exempts de dîme que le château seigneurial (1 b. 3 j.) et une maison de Jauchelette (1 b. 1 j.). Il faut noter qu'à Perwez la dîme était prélevée par les décimateurs de Thorembais-Saint-Trond sur 9 à 10 b. par le curé de Petit-Rosière sur 50 b., et par le grand-doyen de Liège et le curé d'Aische-en-Refail sur 180 b. (ailleurs, 146 b.). Dans cette dernière direction, c'était le curé d'Aische qui administrait les sacrements aux habitants, « lorsqu'il y avoit là des habitants », dit un document de l'année 1763; il résulte de cette phrase que les abords de la chaussée romaine ont été plus peuplés qu'ils ne le sont actuellement.
Le patronat de l'église de Perwez fut donné à l'abbaye d'Heylissem par le duc Godefroid, en l'année 1171, et la possession en fut confirmée au même monastère par l'archidiacre de Liège Brunon, dans une réunion du concile de Hanret; par les papes Calixte III (bulle datée de Saint-Flavien, le 20 septembre 1168-1178) et Innocent IV (en 1254), par les évêques de Liège Alexandre (en 1178) et Albert (1199), par le légat du Saint-Siège Jacques, évêque de Préneste. La cure de Perwez était régulière, c'est-à-dire desservie par un religieux; les abbés d'Heylissem en étaient les collateurs, et plus d'un d'entre eux fut curé du bourg.
Une enquête ayant été ouverte sur la valeur de la cure de Perwez, le doyen du concile de Hanret et le prévôt d'Heylissem l'évaluèrent à 40 muids 3 douzains de grain nud (ou dépouillé de paille), valant 7 sous monnaie de Liège le muid (déclaration de l'archidiacre de Liège H. de Salento, en date du mercredi après la Saint-Martin 1322). En 1787, elle était richement dotée. Le curé jouissait du livre censal de Seumay (valant, par an, 97 fl. 10 s.), de la moitié de la dîme castrale de Jauchelette, de la moitié d'une dîme à Perwez-le-Marché et Perwez-le-Mont, dont l'autre moitié se percevait au profit de l'hôpital Saint-Nicolas, de Nivelles; de bien-fonds comprenant plus de 50 bonniers (15 b. 1 j. dits le Douaire, 30 autres bonniers 2 journaux de terres, 1 j. de verger, le petit jardin dit le Fossé Saint-Martin, 3 j. de closière dite la Hannière aux Frênes, 9 j. de prairies et un petit bois), le tout produisant un revenu de 1,538 florins. Parmi les charges incombant au curé figurait l'entretien d'un vicaire, à qui il donnait 280 fl., et qui recevait, en outre, quelques rentes, plus, comme supplément de compétence, 63 fl. et 2 paires de bas et de souliers donnés par Heylissem, soit ensemble 387 fl.
Dès l'année 1025,1a chapellenie de Sainte-Catherine était annexée à la prévôté de la cathédrale de Namur; celle de Saint-Jean-Baptiste fut unie à la fabrique de l'église et on joignit à la cure les bénéfices de Sainte-Anne et de Sainte-Elisabeth. La marguillerie recevait la dime sur 4 b. 3 j. de terres; elle possédait un bonnier et demi et jouissait d'une redevance de 2 douzains de seigle (en argent, 1 fl. 12 s. 1 d.), payée par la baronnie pour l'anniversaire de Henri de Hornes et d'Aleyde de Rochefort, anniversaire qui se célèbre encore de nos jours. Ce bénéfice valait 200 fl. 12 s. par an. A l'église appartenaient 5 j. de terres et un demi b. de pré (actuellement 2 hect. 94 ares). Ses revenus s'élevaient : en 1787, à 127 fl. 9 s.; en 1846, à 1,900 fr.
Le défaut d'entretien de l'église provoqua fréquemment des plaintes. En 1207, les paroissiens ayant, à plusieurs reprises, fait remarquer au doyen et aux prêtres de l'archidiaconé que le temple n'était pas recouvert et ne possédait pas de cloche décimale, le concile de Hanret se réunit et, dans une assemblée où furent appelés tous les décimateurs de Perwez : les abbés d'Heylissem et de la Ramée, le prévôt de Nivelles, les mambours de l'hôpital de Sainte-Gertrude et de l'église de Notre-Dame de la même ville, et le chapelain du seigneur de Perwez, il fut décidé que chacun de ces décimateurs serait tenu d'entretenir la toiture de la nef et de fournir une cloche décimale, à proportion de sa part dans la dîme (jour de la Saint-Denis, en 1267).
A quelque temps de là, une nouvelle contestation surgit entre Heylissem et la Ramée, d'une part, et les paroissiens, d'autre part, au sujet de l'entretien des appendices (croisillons, basses-nefs ?). La solution de la question fut confiée au doyen du concile de Hanret, Nicolas, investi ou curé de Ramillies, et à sept autres investis : Wautier, de Noville-sur-Méhaigne; Nicolas, de Geest-à-Gerompont; Henri, de Noville des Francs hommes; Jean, de Franquenée; Pierre, de TilIiers; Francon, de Rosières-Notre-Dame, et Jean, de Taviers. Ces ecclésiastiques, après un examen sérieux, déclarèrent que si, d'une part, c'était aux décimateurs à entretenir la toiture de la nef, nef qui consistait dans la partie moyenne de l'église, soit, ce qui est compris, entre les deux appendices, entre les quatre principaux murs, plus une croisée, de la hauteur de cette partie moyenne (declaraveruntque médiam partem ecclesie, videlicet illam partent que consistit inter duo appendicia predicta, inter quatuor muros principales ipsiuts ecclesie, ac crucem unam altitudinis ipsius medie partis et eidem parti medie junctam, fuisse et esse navem); d'autre part, c'était aux paroissiens à maintenir en bon état les deux appendices se trouvant à l'est et à l'ouest de la nef, depuis cette nef jusqu'à terre (descendens a navi usque ad terram). La partie en défaut d'exécuter le jugement devait payer 100 livres de marcs à l'archidiacre et au seigneur de Hornes. Les paroissiens promirent immédiatement de reconstruire les appendices dès qu'ils auraient l'argent nécessaire et de les entretenir dorénavant, à perpétuité. Acte en fut passé dans l'église même de Perwez, le 2 juillet 1320. Pour en comprendre les clauses, il faut de toute nécessité admettre que le chœur de l'église faisait face, non à l'est, mais au nord ou au midi.
En 1609, on fit de grandes réparations à l'église, qui fut consacrée le 17 juin 1618 par Jean Dauvin, évêque de Namur. En 1708, on y travailla de nouveau, et les dépenses faites à cette occasion s'élevèrent assez haut, puisque le chapitre de Nivelles y intervint pour 100 patacons (résolution du 27 avril 1708). Le 6 mai 1719, la tour fut visitée par Me Philippe, charpentier de l'abbaye d'Heylissem, et Me Jacques, maçon de l'abbaye de La Ramée. L'édifice était tout à fait insuffisant, et les décimateurs ne s'entendaient pas, soit entre eux, soit avec les paroissiens, pour l'exécution des travaux nécessaires. Une sentence du conseil de Brabant, du 14 juillet 1755, les ayant condamnés à payer les réparations, non-seulement de la nef et du chœur, mais encore des asseintes ou bas-côtés, on décida, en 17613, après de nouvelles contestations, que l'on effectuerait un nouveau mesurage de la dîme. L'usage répartissait les charges décimales de la manière suivante : Heylissem en supportait un tiers, la Ramée, un second tiers; l'hôpital de Saint-Nicolas, de Nivelles, un sixième; le chapitre de Notre-Dame de Namur, de concert avec le bénéfice castral, le dernier sixième. De nos jours, en 1840 et années suivantes, on a encore opéré d'importants travaux de restauration à l'église; les murs extérieurs ont été exhaussés, afin que l'on pût agrandir les fenêtres; les plafonds ont été renouvelés et ont reçu plus d'élévation; le pavement a été refait.
L'église est en forme de basilique à trois nefs, de style renaissance. Cet édifice n'a rien d'intéressant que son chœur ogival en pierre, formant une abside à cinq pans contenue par des contreforts. A l'intérieur on a masqué le chevet, pour mettre le chœur en harmonie avec le reste de l'édifice. Deux rangées de lourdes colonnes toscanes divisent le vaisseau en quatre travées et supportent la voûte en berceau qui recouvre la nef principale et se prolonge jusqu'au chevet ; les collatéraux ne sont pas voûtés, ils sont éclairés par des fenêtres en plein cintre. La tour qui se trouve au bas de l'édifice porte des traces de trois constructions successives et de plusieurs restaurations. La base est en grès jusqu'au faîte de l'église; la porte, pratiquée d'abord à l'ouest, où elle a été remplacée par un calvaire, s'ouvre aujourd'hui au midi dans un mur de 2 mètres 30 d'épaisseur. Les faces septentrionale et méridionale sont percées chacune d'une baie en plein cintre. Plus haut commence une maçonnerie en briques, qui date sans doute du siècle dernier, et sur laquelle repose une dernière zone, haute de six mètres, que l'on a bâtie en 1840. On a démoli, à cette époque, la flèche qui surplombait de vétusté et on l'a remplacée par une construction assez bizarre, que l'on ne saurait mieux comparer qu'à deux campanes ou cloches octogones superposées et séparées par une galerie à jour ou lanterne, de laquelle on jouit d'un magnifique panorama.
Le jubé et l'orgue proviennent du couvent de Lérinnes et datent de 1752; l'orgue est l'œuvre du facteur Collin le Nivelles. L'horloge provient du couvent des récollets de Nivelles; elle a été faite par un religieux, le père Descotte, comme l'indique une inscription gravée sur l'une des barres. Le 2 janvier 1601, un accord fut conclu pour la fonte de trois cloches entre les bourgmestres de Perwez et les mambours de l'église et Henri Hierbier, bourgeois de Namur; mais ces trois cloches n'existent plus; celles qui les ont remplacées datent de 1820 : les deux plus grosses ont été données par les habitants, qui ont cédé à cet effet l'indemnité payée par le gouvernement prussien pour logements militaires en 1815. La petite cloche a été donnée par le curé.
La chapelle de Saint-Roch est assez ancienne; une vieille croix de pierre est encastrée au-dessus de la porte. Un acte du 4 mars 1325, passé devant les échevins de Perwez, mentionne la maison et pourprise dite En vries Marchiet, appartenant à Emma de Vies Marchiet et qui était située « près de la maison ki fut les beggines de Vies Marcliiet, et ki jouwint (joint) asi (aussi) a le voie ki vat à la chambre condist emont ». Il y a donc eu un béguinage, en cet endroit.
L'hôpital et la léproserie de Perwez ont laissé si peu de traces qu'on ignore jusqu'à leur situation.
La table des pauvres ou bureau de bienfaisance, qui a hérité de leur dotation, possédait : en 1787, 05 b. de terres et 7 b. 1 j. de prés; ses propriétés englobent aujourd'hui 66 hect .05 ares. En 1787, ses revenus montaient à 1,330 fl. 6 s.; sur cette somme on dépensait : 85 fl. 3 s. en gages du receveur, 30 fl. 12 s. en frais de régie, 834 fl. 14 s. en distributions de grain aux indigents, 200 fl. en frais de médecins et de chirurgiens; 100 fl. étaient payés au maître d'école à charge par lui d'instruire les enfants pauvres.
Une fondation particulière, dite la Table des Cottes (Tunicæ de Pervets. 1547), avait un mambour distinct, qui en employait les ressources à acheter des vêtements pour de pauvres veuves.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Une double école, de style monumental, a été bâtie en 1857 près de la maison commune, comme nous l'avons dit plus haut.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 200 : 149 garçons et 117 filles.
Il existe à Perwez une société musicale.
Les fêtes locales se célèbrent le 1er dimanche de juillet et le dimanche après la Saint-Martin.
Il a paru à Bruxelles, pendant quelques années, à partir de 1853, un journal intitulé : Bulletin du canton de Perwez ou Bulletin des cantons de Perwez et de Jodoigne. Ce journal a publié sur ces contrées quelques articles d'histoire ou de statistique, articles de peu d'importance. Ce que l'on dit de Perwez dans les Notices historiques sur les localités du Brabant wallon, insérées dans l’Électeur de la Dyle, du 14 août 18-12, ne contient aucun détail nouveau.
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