Le village de Tourinnes-les-Ourdons porta d'abord le simple nom de Tourinnes, qu'on trouve écrit d'un grand nombre de manières différentes. On a dit successivement Turinis (1120 environ), Tornines (1199, 1204, 1225), Tournines (1243), Tourinnes (1282,1036, VANDER STEGEN), Turnines (1296), Tourin (1404, 1492) et Tourines (1492, 1570-1571). D'ordinaire on ajoute la qualification de les Odons (Tornines-les-Odons, 1231, 1237), les Ordons (Turnines les Ordons 1296; Thorines-les-Ordons, 1474; Tournes-les-Ordons, 1567-1571; Thourines-les-Ordons, 1636) ou les Ourdons (Thoerinnes-les-Ourdons, 1403-1404; Tournines-les-Ourdons, 1412, 1544-1545; Tongrinnes-les-Ourdons, 1423-1426; Thournines-les-Ourdons, 1607-1619; Thourinne-les-Ourdons.). Un document flamand porte Touryn (1436) et d'autres traduisent les Ourdons par by Ordon (Tourinnes by Ourdon, 1663; Tourines by Ordon, 1728), comme s'il s'agissait d'une question de proximité. Depuis la réunion des communes de Tourinnes-les-Ourdons et de Saint-Lambert-Libersart, on a écrit, tantôt Tourinnes-Saint-Lambert, tantôt Tourinnes-les-Ourdons-Saint-Lambert-Libersart.
Il existe en Belgique d'autres Tourinnes : Tourinnes-la-Grosse (Brabant) et Tourinne-la-Chaussée (priov. de Liège). Notre commune n'a pas d'homonymes hors du pays; toutefois on rencontre, en France, quelques Thorins et beaucoup de Thorigny et Thorigné, et, en Russie, des Tourinsk. Plusieurs des variantes citées au paragraphe précédent confirment l'opinion de M. Grandgagnage, qui rattache Tourinnes aux Deurne ou Doorne, qui sont aussi communs dans la Belgique flamande que l'est en France le nom de l’Épine.
La commune de Tourinnes-les-Ourdons est limitrophe de celles de Chaumont, Opprebais, Malève, Orbais, Thorembais-Saint-Trond, Sauvenière (Namur), Walhain, Nil-Saint-Vincent et Corroy-le-Grand.
Tourinnes est à 3 1/2 kilomètres O. d'Orbais et N.-E. de Walhain, 4 kilom. E. de Nil-Saint-Vincent, 5 kilom. S. de Chaumont, O.-S.-O. de Malève et O. de Thorembais-Saint-Trond, 5 1/2 kilom. S.-E. de Corroy-le-Grand, 8 kilom. S.-O. d'Opprebais et N. de Sauvenière 8 1/2 kilom. O.-N.-O. de Perwez, 37 1/2 kilom. E. de Nivelles, 41 kilom. S.-E. de Bruxelles.
L’église de Tourinnes se trouve située par 56 grades 27 de latitude N. et 2 grades 65 de longitude E.
L'altitude de la porte de l'église est de 149 mètres 51.
Le territoire de Tourinnes formait autrefois deux communes : celles de Tourinnes-les-Ourdons et de Saint-Lambert-Libersart, qui ont été réunies par un arrêté royal du 1er mars 1822. Un procès-verbal de délimitation très sommaire avait été dressé le 7 floréal an XII pour Tourinnes-les Ourdons; il renferme une protestation du maire de Walhain-Saint-Paul, qui fait observer qu'il existe une contestation ou « procès pendant au ci-devant conseil souverain de Brabant entre la dite commune de Walhain-Saint-Paul et celle de Tourinnes-les-Ourdons pour obtenir la propriété de la commune de Broux ou au Broux que le maire du dit Tourinnes désigne dans sa démarcation, ou contre laquelle il proteste formellement jusqu'à définition de la cause avec dépens ». Des procès-verbaux plus détaillés ont été dressés pour Tourinnes le 5 thermidor an XIII et pour Saint-Lambert le 30 fructidor an XII. La limite entre Tourinnes et Walhain-Saint-Paul a été fixée par un arrêté du préfet du 27 brumaire an XIV.
Le cadastre divise le territoire de Tourinnes en quatre sections : la section A ou de Saint-Lambert-Libersart, la section B ou des Tombes, la section C ou du Village de Tourinnes, la section D ou de Lérinnes.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 2,404 parcelles, appartenant à 499 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 87,066 fr. 91 cent. (sol : 80,252 fr. 91; bâtiments : 6,814 fr. 00) et ayant une contenance de 1,256 hectares 89 ares 20 centiares (imposable : 1,232 hect. 68 a. 70 ca.; non imposable : 24 hect. 20 a. 50 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834:
En 1686, Tourinnes comprenait 558 bonniers 1 journal, dont 450 b. 2 journaux de terres, 17 b. 3 j. de prés, 60 b. de bois, 29 b. 1 j. de broussailles, 3 j. d'étangs; et Saint-Lambert-Libersart 133 b. 2 j., dont 122 b. 2 j. de terres et 11 b. de prairies.
On comptait : à Tourinnes-les-Ourdons, en 1374, 81 ménages, plus 38 à Lérinnes; en 1436, 43 foyers; en 1464, 61 foyers; en 1472, 8 (sic) foyers; en 1492, 28 foyers; en 1526, 68 maisons, dont 2 à 2 foyers, plus le prieuré de Lérinnes; en 1686, 64 maisons; — à Saint-Lambert-Libersart, en 1374, 24 ménages dans une partie et 36 dans l'autre; en 1436, 13 foyers; en 1464,19 foyers; en 1472, ménages; en 1492, 12 foyers; en 1526, 23 maisons, dont 2 à 2 foyers; en 1686, 7 maisons-, — dans la commune, au 31 décembre 1856, 314 maisons.
Le recensement de 1846 en avait dénombré 332; cette diminution se constate dans plusieurs antres localités des environs de Perwez et résulte du départ d'un grand nombre d'habitants pour les Etats-Unis : les émigrants ont vendu leurs immeubles et les maisons ont été démolies pour en rendre l'emplacement à la culture.
Tourinnes-les-Ourdons, qui compte 102 maisons; Saint-Lambert, 39 maisons; Libersart, 34 maisons; la Commune, 19 maisons; Lérinnes, 98 maisons; Saiwière, 22 maisons.
Le village de Tourinnes est bâti presque en entier sur la rive droite du Ri des Mottes Bridoux; il n'a, sur l'autre rive, qu'un petit nombre de maisons et une école.
L'église de Saint-Lambert n'est qu'à 750 mètres O. de celle de Tourinnes et les deux villages se rejoignent de manière à ne former qu'une seule agglomération. Saint-Lambert est traversé par le Nil, à l'endroit où ce ruisseau vient de quitter Walhain et reçoit le Ri des Mottes Bridoux. Un chemin le sépare des dernières maisons dépendantes de Saint-Paul (commune de Walhain).
Libersart (Libesart, 1378, 1383; Liebersart, 1380; Libiersart, 1403-1404, 1636; Liebesart, 1499-1500; Libersau, 1495) est situé à 1,500 mètres N.-N.-O. de l'église de Tourinnes, sur la rive droite du Nil. Le Nil, en venant de Saint-Lambert et avant d'arriver à Libersart, longe quelques maisons de la Commune, qui se trouve sur sa rive droite, à 1,400 mètres S. de l'église de Tourinnes. Ce hameau s'appelle vulgairement la Commune aux Pourceaux (Commune des Poursaux, 1752), parce que jadis on y menait paître les porcs sur les biens communaux.
Le hameau de Lérinnes (Lerinnes, 1225, 1232; Lerines, 1233, 1237, 1241, 1285, 1492, 1544-1545) forme une longue rue, qui commence au village de Sart-lez-Walhain (commune de Walhain), suit constamment la rive droite du Ri des Mottes Bridoux pendant deux kilomètres et se termine près de l'ancien couvent de Lérinnes à 1,000 mètres S.-S.-E.de l'église de Tourinnes.
Saiwière se compose de quelques habitations situées à 1,500 mètres S. de l'église de Tourinnes, très près de Lérinnes, dont on le sépare parce qu'il est bâti sur l'autre rive du Ri des Mottes Bridoux.
A 500 mètres N.N.-E. de l'église de Tourinnes, la Ladrie (la Maladrerie, à Thourines, 1495; Campagne de la Maladrerie, 1753); à 900 m. N.-N.-E., les Maisons au Pendu; à 2,700 m. N.-N.-E., la Maison Picaude, sur la route de Wavre à Perwez; à 500 m. E.-S.-E., Baptiste Pierrot; à 2,100 m. S.-S.-E., la Maison du Garde Frère Pierre; à 800 m. S.-S.-E., l'ancienne Abbaye de Lérinnes; à 2,300 m. S.-S.-E., la Maison du Garde Crombez; à 1,100 m. S., Aurimont, écart; à 1,800 m. S., la Ferme du Pré des Basses; à 700 m. S.-S.-O., le Moulin de Tourinnes ou Moulin Hanquet; à 700 m. O.-S.-O., la Maison Léo; à 1,300 m. N.-O., le Moulin de Saint-Lambert.
Papeterie; Long battis; Bonnier cornu; Marnière; Gorlette; Haie du Chêne (Haye de Chesnes, 1686); Sept bonniers; Tombes de Libersart (Chemin qui va a Tombe, 1495; Aux Tombes à Libersart, 1686); Chapelle Daix ou N.-D. auxiliatrice; Battis Scrame (Baptiste Cronne, d'après le cadastre); Grande ferme; Petit champ (1627 environ); le Pendu (XVIIe siècle, 1752); le Mai; le Pont (Au Pont, à Libersart, 1686); Sèche pâchis; Ferme du Château; Basse cour ou Ferme Nivaille; l’Hokmaek ; Au Goffe; Cortil Haguette ou Waguette; Ferme a l’Anglée; la Chasse (Al Chesse, l686); Beaufays (Entre Beaufay et les Tombes, 1686); Bruyère de Beaufays; la Fenasse ( 1627 environ; Campagne del tombe al Feuasse, près du Batthy, XVIIe siècle); Chapelle Saint-Pierre; Champ Saint-Pierre; Bonnier pierreux; Bois Halinet (Bois Walhinet, 1686, 1787); Cul du sac; Mal-grasse; la Bouilloire (Campagne del Boloire, 1686); Fosse aux iles; Tri de Marche; Bois du Bigot; Champ de la Sainte; Puits des Turcs (Puis des Turques, 1752); Champ du Petit bois; l’Erkinne; la Marsaille (A la Marselle, 1752); Derrière la Cure; Préa (Au Préa, 1627 environ; Campagne de Préal, 1686); Tri Colart; Taille aux Cailloux; Bois des Fiefs; Au Tri; Champ d'Hannut (Campagne du Hanut et Bois Hanut, 1752; Campagne d'Hannut, 1787); Douze bonniers (1752); Six bonniers (Bois dit les Six bonniers, 1752); Dix-huit bonniers; Chapelle des Trois Tilleuls (Champ des Trois Tillieux, 1627 environ; les Trois Tilleuls, 1495) ou Notre-Dame ; Au Brou (Champ des Broux, à Tourinnes, 1686; Campagne de Brou, 1649); Rue d'Enfer; Bois Frère Pierre; Bois juré (Juxta silvam que dicitur li Bois jureis, 1359; Bois juré, 1686); Bois Fisco; Bois Lebrun; Champ du Tri; Gigot au bois; Bougeau (Try Bouchau, 1686); la Ronce (Campagne del Ronce, 1752); le Vivier (Campagne du Vivier, 1752); Pré des Basses; Ferme Del Stanche (Cense delle Stance, à Lérinnes, 1544-1545); Fond des Saussalles (Al Sauselle, 1495 ; Campagne de Sausalles, 1752); Ferme de la Commune; Pré Valériane; Pont Valériane; Ferme de Glimes ou Valériane; Champ du Buisson; Laide voie; Chapsia; Battis des Hayettes; Ruelle Bara; Battis de l’Abbaye; Chapelle Saint-Fiacre; Battis du Tri; Grand Malpas (Malpas, 1686; Prez à Malpa, 1752); Chemin des Charrons; Ruelle brûlée; Chemin de Louvain; Damoiselle Ide (Damjelle lte en wallon; Bois dame Ialette, 1752; Bois damoiselle Ide, 1652; Bois de Damoisellette, 1787); Battis Saint-Pierre; Saint-Frumont; Pont de la Chasse; Petit Malpas (Près au Petit Malpa, 1752); Bois Marette; Pont Michaux; Pont du Cati; Barrière de Pencez; Battis d'Orbais; Ruelle a la Boulette; Fond des Tris; Bois du Curé (1821); Bois planté (1086; Buais planteit, 1340; Bois planteit, inter Maleviam et Nythum petrosum, prope Tourines les Odons, 1363; Battis des Planté, 1686 Trouée des Braconniers; le Mortier (Campagne du Mortier, 1686); Courte haie; Pont de Libersart; Prairie des Cochons; Prés Ronsin (Prez Ronsin, 1752); Pâchis du Capitaine; Pont Léo; Pont du Mestrer; Ruellette Pâquet ; Derrière les Cortils; les Cortils ; la Culée ; Ruellette Colon; Pré Del Stanche (Vivier del Stanche, 1680); la Tannerie; Ruellette Gruselle; Fosse Mathy; Commune del Mai (Commune del Mez, 1699); Pré aux Ormeaux; Chapelle Marie du Charron ou N.-D. de Bon Secours, à côté d'une antique aubépine; Chapelle Saint-Donat; Chapelle du Clerc ou N.-D. des Affligés; Chapelle Saint-Joseph; Chapelle Saint-Thibaut; Tilleul de Saint-Lambert, près de la ferme du Château, ayant 5 mètres 50 de circonférence au niveau du sol.
Mont de l'Abbaye (1752); Bois Saint-Antoine (1752); Belle-Haie, maison, avec 4 bonniers (1484); Etang de la Belle Haye, de 3 journaux (1752); Prez du Berger (1752); Fosse au Bilqui (1627 environ); Au Botriau (1532; Au Botreau, à présent Au Petit Malpas, 1753); la Terre Bourlot (1752); le Bouttechau (1686); la Bruyère, bien communal (1821); la Carnapette (1752); Au Cerisier (1752); Preit César, près de la cense Del Stanche, (1757); Au Chambrette (1495); Champs de Chaisne (1680); Vallée de Chesne de Saint-Paul (1686); Terre au Clocquy (1680); Cortil dit les Copulsées (1686); Demi-bonnier (1752); Campagne Dethel quime ou Fosse au Thy (1753); Seigneurie de Deukem ou d'Udekem (Court Leunis Deukem, 1662; Court Deukem, 1679; Seigneurie de Dechem, 1686); Terre aux deux buissons (1752); Campagne de l'Épine (1752); Campagne d'Evelette (1787); le Fousseau ry ou Fous au Ry (1627 environ); Franche taverne (1686; Taverne de Thourinnes, 1544-1545); Chapelle frère Jean (1752); Grand bois, à la Chapelle Saint-Jean (1752); la Grande Campagne (1752) ;Grand prez (1752); Champ du Gros bonne (1027 environ); En Hanreche (1495); Campagne aux Hayettes (1086, 1752); Hospital de Thourines (1544-1545) ou la Maladrerie (1495); Cortil Hougardy (1080); Al Hove (1686; Cour del Hove, 1636; ou Fief del Hove); Voye du Bois Jamotte (1648); A la Justice (1752); Terre aux Lais chemins (1752); le Long journal (1086); la Longue terre, en la Campagne dite le Mont de l'abbaye (1752); Journal Malfait (1752); Champ de Marchale (1627 environ); Bruecque Sainte-Marie (1495); Melroy, seigneurie (1643; Court de Malroix, XVIe siècle); Au Mespelroux (1627 environ); En Minonvault (1574); Campagne derier les Mottes (1690, 1753) ou les Mottes, près de Lérinnes; Etang au Neuf pont, près de la Chapelle Saint-Jean (1752); Preit des Nooz (1757); champ des Perdus ( 1627 environ); Cortil de la Pilate (1643); Pisbroux (Piechebroux,à Saint Lambert, 1570-1571; A Pisbroux, 1686; Commune de Peschi-brouck, 1753); Pouillu fosse (1686); Preit aux Queues (1086); Al Rosseroul (1686); Boniers Saint-Sauveur (1618); Campagne del Sarte, au Gros bonne (1752); le Sartiau, lieu autrefois habité, plus tard converti en terres et bois ( Ville de Sartiau, 1544-1545; Au Saurteau, 1660; Sartial, 1669, 1723; Bois de Sarteau, à Urbain, contenant 5 1/2 b.; Sartiau, bois de 3 bonniers, 1752); Meez du Sarteau (1686); Champagne del Saulx (1080); le Sceupia (1643); Campagne de Seusiau (1787); Al Spinette Cannelle (1686); Campagne de la Taille Collaux (1752); la Tierce de Bonier (1752); Au Tiglet ( 1080); Chemin des Tombes à Orbais, qui traversait le Pré des Turcs (1648, 1752); Try de Saint-Servais (1699); Pachis des Vaches (1752); Cense Vallée Vivier de Lerines (1544-1545); Champ Walhain (1627 environ); Closiere Walloux (108ti); Bois Wilmet (1752).
Le terrain est généralement uni et n'offre que des ondulations peu sensibles. Le point culminant se trouve vers l'extrémité méridionale de la commune, près du Bois juré, à l'altitude de 167 mètres.
Tout le territoire est recouvert du limon hesbayen, reposant sur le sable bruxellien. Une sablière, dont l'ouverture ne remonte qu'à peu d'années, est exploitée, au N.-E. de la Ladrie, par un puits et des galeries souterraines. André Dumont indique le terrain laekenien comme sous-sol du bois Halinet.
Hydrographie. Tout le territoire de Tourinnes appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : le Nil, le Ri des Mottes Bridoux et le Ri de la Belle haie.
Le Nil ou Spèche, qu'à Tourinnes on appelle communément le Grand ri, vient de Walhain et reçoit le Ri des Mottes Bridoux (r. dr.) au moment d'entrer sur le territoire de Tourinnes, près de la maison Léo, baigne Saint-Lambert, la Commune et Libersart; devient limitrophe de Nil-Saint-Vincent; et passe entièrement à cette commune, après un parcours de 4,200 mètres, dont 700 mitoyens. Le cours de ce ruisseau est si sinueux qu'on le réduirait au tiers de sa longueur en le ramenant à une ligne droite; ces méandres occasionnent de fréquentes inondations.
Le Ri des Mottes Bridoux ou Petit ri prend sa source au Vivier Bridoux, derrière l'église de Sart-lez-Walhain; marque d'abord la limite entre Walhain et Tourinnes, puis passe sur le territoire de cette dernière commune, en longeant le hameau de Lérinnes qu'il sépare de Saiwière et d'Aurimont; reçoit le Ri de la Belle haie (r. dr.) près de l'ancienne abbaye de Lérinnes; arrose le village de Tourinnes; et se réunit au Nil (r. dr.) près de la maison Léo, après un parcours de 3,450 mètres, dont 450 mitoyens, dans la direction d'abord du N. puis de l'O.-S.-O.
Le Ri de la Belle Haie vient de Thorembais-Saint-Trond et sert de limite d'abord à cette commune, puis à celle d'Orbais; entre à Tourinnes près du Champ d'Hannut; passe à l'abbaye de Lérinnes; et se réunit au Ri des Mottes Bridoux (r. dr.), après un parcours de 2,450 mètres, dont 1,600 mitoyens, dans la direction d'abord du N.-N.-O., puis de l'O.-S.-O. Nous ne mentionnons ce ruisseau que pour mémoire, car il est presque constamment à sec.
En 1686, on mentionne à Libersart le Rydel Lâche.
Les habitants de Lérinnes emploient l'eau de la Fontaine de la Pierre.
Il existait autrefois, à proximité du couvent de Lérinnes, plusieurs pièces d'eau, telles que l’Étang dit Prêt du Couvent, l'Étang de la Belle Haye, l’Étang du Neuf Pont.
On comptait : à Tourinnes, en 1709, 296 habitants; en 1784, 562 habitants : 2 religieux, 201 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 194 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 91 garçons et 74 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, ? personnes); en l'an XIII, 794 habitants; — à Saint-Lambert-Libersart, en 1709, 96 habitants; en 1784, 169 habitants : 1 prêtre, 31 hommes, 33 femmes, 32 garçons et 25 filles âgés de plus de 12 ans, 25 garçons ct 22 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse,? personnes); en l'an XIII, 242 habitants; — dans la commune, au 31 décembre 1831, 1,501 habitants; au 31 décembre 1856, 1,591 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil remontent, pour Tourinnes, à 1594; pour Saint-Lambert, à 1629.
Les bois occupaient jadis une étendue notable de terrain. Au N.-E. de Tourinnes se trouvait le Bois Planté, qui s'étendait sur les limites respectives de Tourinnes, d'Orbais, de Malève, d'Opprebais et de Chaumont. Il y eut, au sujet de ce bois, une contestation entre les religieux d'Heylissem et ceux de Villers; d'après un acte de l'an 1363, ces derniers n'en devaient pas la dîme aux premiers. Au S.-E., le Bois de Buis occupait tonte la lisière de la commune, à partir de la Chapelle de Frère Pierre. Le Bois Walhinet, à Libersart, n'avait que 3 journaux, mais le Bois Frère Pierre comprenait 35 bonniers. Parmi les bois appartenant au couvent de Lérinnes, le Bois Hanut avait 6 b. 2 j., le Bois le Sartiau 3 b. 1 j., le Grand Bois 14 b., le Bois S. Anthoine 3 j. Actuellement il ne reste plus que trois petits bosquets, ayant ensemble à peine un hectare.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont actuellement : la Ferme de Lérinnes (150 hect.), tenue par la veuve Louis Severin, appartenant à MM. Ghion de Taviers; la Grande Ferme ou Ferme de Libersart (130 hect.), tenue par MM. Brion frères, appartenant à M. Sauvage-Vercour; la Ferme Del Stanche (74 hect. ), tenue par la veuve Ch. Maievé, appartenant à M. Crombez; la Ferme De Longueville (55 hect.), tenue par la veuve Alb. De Longueville, propriétaire; la Ferme de la Basse Cour (51 hect.), tenue par M. Corlier (Ch.-Ant.) propriétaire.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L’ancienne verge linéaire a 22 1/2 pieds de Liège, sauf à Saiwière et Aurimont, oùi elle mesure 18 1/2 pieds de Louvain.
Il y a deux moulins à vent : le Moulin de Tourinnes et le Moulin de Saint-Lambert, qui ont chacun deux paires de meules à moudre le grain et la drèche. Le premier a été bâti par M. Hanquet, près du chemin de Tourinnes à Walhain, en vertu d'un arrêté de la Députation permanente, du 3 septembre 1840; quant au dernier, Maurice Collet l'a érigé en vertu d'un octroi du souverain, dépêché le 19 juillet 1758 et qui stipule, au profit de la recette du domaine de Bruxelles, un cens de 30 florins de 40 gros par an, plus, en cas de mutation, un double droit. A cette époque, il n'y avait pas de moulin à grain à une lieue à la ronde. On compte 4 brasseries, dont une est inactive. Des ouvriers maçons vont travailler à Bruxelles et à Charleroi. La préparation du lin occupe actuellement une partie des habitants.
La route de l'État de Wavre vers Huy traverse Tourinnes sur 600 mètres.
On compte 38 chemins et 71 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 82,119 mètres, dont 13,000 sont pavés.
Le chemin de grande communication n" 30 traverse la commune sur 5,474 mètres, y compris l'embranchement vers le chemin n° 31; le chemin n° 31, sur 106 mètres.
Le vaste territoire de Tourinnes présente sur plusieurs points des traces d'antiquités. Les plus remarquables consistent en deux beaux tumnlus, que l'on appelle les Tombes de Libersart. Ils se trouvent à 1,700 mètres N. de l'église de Tourinnes, au point de jonction de cinq chemins. Ils sont éloignés d'environ 150 mètres l'un de l'autre et la ligne qui les réunit est orientée approximativement de l'E.-S.-E. à l'O.-N.-O. Lorsque la tombe d'Hucurnette, sous Chaumont, et les Tombalettes de Nil existaient, ces tumnlus formaient un triangle dont le sommet se dirigeait vers le nord et dont le plus grand côté, celui qui faisait face au sud, se développait sur un espace de 1,200 mètres environ. Tous ces monticules avoisinaient des chemins et se trouvaient dans des déclivités de terrain, preuve qu'ils n'avaient pas été destinés à servir à des signaux. En dépit des ordres que le propriétaire avait donnés, la charrue a singulièrement entamé les Tombes de Libersart et a réduit leur diamètre à environ 30 m. La plus occidentale s'élève à 6 mètres de hauteur, l'autre à 8 m. Afin de les sauvegarder, M. Van Schoor, bourgmestre de Grand-Manil, les a fait entourer d'une haie vive.
Le plateau qui s'étend au N.-E. et à l'E. de Tourinnes parait avoir été occupé jadis par un établissement romain. On peut suivre jusqu'à Longueville les vestiges de constructions aujourd'hui détruites et qui ont appartenu, disent les paysans, à une ville des Sarrasins. Près d'un chêne isolé, à 1,400 m. E.-N.-E. de l'église paroissiale et à 450 m. S.-E. de la chapelle Marie du Charron, existait un puits, aujourd'hui comblé, qui porte depuis longtemps le nom de Puits des Turcs et au sujet duquel on raconte la fameuse légende de la gatte d'or. Un jour, le meunier de Libersart offrit, dit-on, d'y descendre à ses risques et périls, consentant, s'il trouvait quelques objets de prix, à en partager la valeur, par moitié, avec la commune. Un autre habitant de l'endroit tomba un jour dans une cave abandonnée, où il recueillit de la ferraille et des poteries, qu'il s'empressa de vendre; il parla aussi, mais avec mystère, d'un coffret qui aurait fait partie de sa trouvaille. Des tuiles romaines recouvrent, en grand nombre, une terre cultivée qui est située à 1,000 m. N.-E. de l'église de Tourinnes, an S.-O. de la chapelle Marie du Charron; on a découvert en cet endroit des fondements, bien qu'on ne se rappelle pas qu'il y ait existé des habitations.
Le nommé De Vleeshawer, demeurant à la Commune, a trouvé dans la Terre à la Chapelle, propriété de M. Van Schoor, des fragments de tuiles romaines et un pavement en carreaux rouges d'environ 60 centimètres de côté; six de ces carreaux étaient encore assez solides pour qu'il ait pu les employer à un nouvel usage.
Un relevé de biens de l'année 1757 mentionne « un preit marécageux, situé près de la Belle Haye, dit le Preit César, grand demi-journal ou environ, joignant d'amont au chemin vers Wavre, d'aval au couvent (de Lérinnes), et vers Namur à la Cense del Stanche ». En citant cette particularité, nous n'omettrons pas de dire que César est une dénomination patronymique dont nous avons retrouvé maint exemple, en Brabant. Non loin du même couvent, vers le nord, il y avait des Mottes et, à proximité, un champ nommé la Campagne derrière les Mottes, peut-être d'après d'autres tumnlus aujourd'hui disparus.
L'immense paroisse de Tourinnes comprenait, dans le principe, toute la vallée du Nil au delà de Nil- Saint-Martin. On y rattachait, sous le rapport spirituel : Walhain, qui devint plus tard une seigneurie célèbre; le petit village de Sart-lez-Walhain, Lérinnes, où un chevalier, nommé Gilles de Lérinnes, fonda, vers l'an 1230, un couvent de Trinitaires; Saint-Paul et Saint-Lambert, qui empruntèrent leurs noms respectifs aux patrons de leurs oratoires, et Libersart, qui dut son nom à un guerrier nommé Libert, peut-être Libert de Chastre, qui vivait au commencement du XIIIe siècle. Dans cet espace, la juridiction était très partagée et les domaines possédés par les vassaux des ducs de Brabant s'y entremêlaient avec ceux des feudataires de Walhain, de Perwez etc.
Le premier seigneur de Perwez, Guillaume, frère du duc Henri Ier. « s'étant laissé circonvenir par de mauvais conseils », revendiqua la possession de la dîme de Tourinnes, mais l'abbaye d'Heylissem lui ayant prouvé le peu de fondement de ses droits, il y renonça par une charte sans date, charte qui remonte, parait-il, à l'année 1199.
Tourinnes et Lérinnes souffrirent beaucoup des guerres du règne de Maximilien d'Autriche; ces localités obtinrent, en 1492, une remise de 5 livres 11 sous sur leur cote dans l'aide.
En 1499-1500, un nommé Jean de Libersart ayant fait emprisonner quelques témoins, afin d'empêcher l’exécution d'une sentence en appel rendue à Louvain, dans un procès qu'il soutenait contre Jean de Dion et consorts, fut condamné par les magistrats de Louvain, pour cette injure au souverain et à la ville, à se rendre, dans les quarante jours, en pèlerinage à Rorne.
En 1596, le ministre de Lérinnes, Hugues de Vosse ou Voes, fut fait prisonnier par les Hollandais et conduit à Bréda, où on lui déclara que, pour être relâché, il aurait à payer 1,500 florins. Afin de se procurer cette somme, il donna procuration pour pouvoir aliéner des biens fonds, en présence d'Engelbert Van der Vorst, maire de la Jauche (la mairie de Gheten, dont Landen était le chef-lieu), de Jean de Beruwar, receveur de Landen, et de Gérard de Beruwar, bourgmestre de cette ville, ses compagnons d'infortune, comparaissant à défaut de notaires (14 septembre 1596). Ce fut en cette occasion que les religieux de Lérinnes engagèrent à Jean Pasquet, capitaine d'une compagnie de bourgeois de Namur, et moyennant 50 fl. bonnier, une pièce de terre, de 7 1/2 b., située à Roux-Miroir.
Au commencement du XVIIe siècle, de nombreuses contestations s'élevèrent au sujet de l'étendue te droits que le couvent de Lérinnes possédait à Tourinnes. D'après les religieux, ils avaient toujours eu part à l'administration de la justice dans ce village, depuis que Gilles de Lérinnes leur avait fait don de deux seigneuries qui se trouvaient, l'une à Tourinnes mène, l'autre à Lérinnes. Ils en avaient joui paisiblement, ajoutaient-ils, jusque vers l'an 1619 ou 1620, qu’à la mort de quelques échevins de ces seigneuries, les officiers du comte de Walhain les remplacèrent par d'autres, « malicieusement et subrepticement », à l'exclusion totale de la communauté. Celle-ci, croyant des démarches auprès du comte et de la comtesse auraient amené le redressement de ses griefs, s'abstint de recourir au conseil de Brabant. Les mêmes officiers accomplirent bientôt un second acte d'usurpation. Ils plantèrent un pilori à l'endroit où les échevins du prieuré tenaient d'ordinaire leurs plaids « généraux et particuliers » et exerçaient des actes de juridiction de toute espèce. Cette pose de pilori s'opéra violemment et, lorsque les religieux et gens voulurent s'y opposer « par force de leurs mains et protestations de leurs bouches », leurs adversaires leur mirent l'arquebuse sur la poitrine et les obligèrent à se tenir en repos. A quelques jours de là, ceux de Lérinnes, voyant que l'on ne prenait plus garde au pilori, le scièrent en plein jour et l'emportèrent au prieuré. Les officiers du comté de Walhain, de leur côté, obtinrent du conseil de Brabant une défense de toucher à leur pilori et firent creuser une fosse pour en planter un nouveau; les religieux, avertis de ce dernier fait, auraient désiré s'y opposer, mais revinrent ensuite à d'autres idées, parce qu'ils étaient les plus faibles; ajoutant, pour la forme, qu'ils agissaient ainsi par respect pour l'huissier du conseil, qui était présent à l'opération.
La défaite des religieux leur attira les railleries des habitants du comté, et bientôt les officiers du seigneur de Walhain furent si « transportés d'orgueil », comme le disaient les Trinitaires, que, lors de la fête de Tourinnes, ils autorisèrent la plantation d'un mai et permirent de danser sur la place, ce qui n'avait jamais eu lieu que du consentement des religieux; ils tinrent ensuite, en ces endroits, les plaids généraux après la fête des Trois-Rois.
Vainement les membres de la communauté réclamèrent et protestèrent; le différend ne se termina pas à leur avantage. Vainement ils prétendirent avoir la haute, moyenne et basse justice à Tourinnes comme à Lérinnes; vainement ils rappelèrent qu'ils avaient naguère puni un criminel, sauf qu'ils l'avaient livré, la corde au cou, au bailli du Brabant wallon. M. Balant et d'autres officiers du comté persistèrent à repousser leurs réclamations et la comtesse, à qui ils demandèrent audience, tint également bon. D'après une enquête qui s'ouvrit le 10 août 1629, plusieurs témoins, et entre autres Louis d'Odeur, qui avait alors 70 ans, déclarèrent qu'on exécutait les sentences des échevins du prieuré et que ceux-ci tenaient leurs plaids, sur la place, « au pied du cimetière de Tourinnes, à un vieux tilleul sous lequel il y avoit un banc »; quant aux échevins du sire de Walhain, ils siégeaient de l'autre côté du chemin, près de la maison des héritiers de Jean Del Stanche, où l'on voyait encore les fondements d'une habitation dite la bourse, qui servait jadis à la tenue des plaids des officiers de Walhain. D'après d'autres témoignages, le tilleul était garni d'un collier ou carcan, mais le vent ayant abattu cet arbre, on négligea de replacer le carcan. En vertu d'une sentence en date du 14 décembre 1630, le pilori seigneurial fut maintenu, mais Lérinnes fut autorisé à en établir un second, à la condition qu'il serait placé en arrière et à 14 ou 15 pieds du premier. La place publique fut déclarée commune, et le droit d'autoriser la plantation de mai fut attribué au comte, pourvu que cette plantation n'eût pas lieu sur l'emplacement appartenant au couvent.
La plantation du mai provoqua mainte fois des scènes regrettables. En 1629, on le plaça sans l'autorisation du ministre de Lérinnes; mais, comme cet ecclésiastique réprimanda quelques-uns des coupables, la même faute ne fut plus commise l'année suivante. Le 16 juin 1637, on se passa de nouveau de l'assentiment du ministre; on ne voulut pas même écouter ses protestations et, comme l'heure de la grand'messe approchait, il dut retourner au prieuré sans avoir rien obtenu. Quelques-uns de ses vassaux ou tenanciers obéirent; les autres, qui étaient sujets de Walhain, persistèrent dans leur entreprise, contre laquelle le ministre fit ses réserves, le 7 juillet. Plus tard, malgré ce qui avait été décidé en 1630, quelques habitants de Tourinnes envoyèrent au conseil de Brabant un acte, en date du 16 août 1768, attestant qu'ils ne pouvaient célébrer leur fête, au lieu dit la Place du Ministre, qu'avec la permission de ce dignitaire ecclésiastique ou du curé de Tourinnes.
Du temps des archiducs, le curé et quelques habitants de ce village procédèrent contre le couvent de Lérinnes, qui prétendait ne pas être assujetti à payer, les tailles, ni à loger les gens de guerre. Les religieux furent déclarés non recevables dans leurs réclamations, dès le 16 mars 1618. Les habitants firent remarquer que les Trinitaires possédaient le quart du village, qu'ils avaient un grand nombre de bestiaux, et notamment de moutons, pâturant constamment sur les communaux, et que les privilèges revendiqués par les ecclésiastiques venaient à cesser de plein droit lorsqu'ils tenaient eux-mêmes un labour ou exploitation rurale. Le conseil de Brabant donna tort au prieuré, auquel l'exemption d'impôts ne fut maintenue que jusqu'à concurrence de 4 bonniers (21 février 1619). D'autre part, l'envoi au couvent de deux soldats du drossard pour y être logés, fut annulé par le conseil de Brabant, le 25 octobre 1704. Les religieux élevèrent aussi la prétention de n'être pas cotisables pour leurs biens situés à Tourinnes; mais, par un accord en date du 11 février 1716, il fut décidé que la communauté paierait le dixième de la cote de Tourinnes dans les aides, pour ses biens d'ancienne fondation; que, pour ses nouvelles acquisitions (comprenant 20 bonniers), elle serait taxée comme les autres habitants; que, quant à ses autres biens, qui étaient amortis et d'une étendue de 6 1/2 b., elle serait franche d'impôts, et que, pour liquider les arrérages dus depuis 1702, elle restituerait au village des parcelles de biens jusqu’a concurrence de 300 florins. Par une sentence du 14 janvier 1750, il fut jugé que le prieuré ne devait payer les charges publiques que sur les biens que les religieux exploitaient directement, et, le 31 janvier 1752, on déclara exempts de ces charges 22 bonniers de bois et 16 b. d'autres biens de première fondation.
En 1675, l'église de Saint-Lambert fut pillée et l'autel profané par les Hollandais et les Allemands.
En 1692, pendant que le maréchal de Luxembourg assiégeait Namur, les biens de Lérinnes furent fourragés et la basse-cour du couvent pillée, ainsi qu'une partie du dortoir. La communauté perdit alors 15 bêtes à cornes, 18 porcs, 2 chevaux, 2 poulains et 100 oiseaux de basse-cour. L'année suivante, les Français campèrent pendant neuf jours, depuis Corbais jusqu'aux Tombes de Libersart; le duc de Luxembourg prit son quartier chez le curé et le maréchal de Villeroy se logea à Lérinnes. D'autres troupes, qui étaient restées auprès de Gembloux, vinrent rejoindre le corps d'armée principal et prirent position entre les Tombes et la Cense Del Stanche. Les calamités occasionnées par la guerre ayant entraîné la perte de la herde ou troupeau de moutons de Lérinnes, le ministre en fit acheter, en 1694, un autre, composé de 153 bêtes ct qu'il paya 4 florins 10 sous par mouton, soit 688 fl. 10 s. La quote-part du couvent dans les contributions payées à l'ennemi, de 1689 à 1693, s'éleva à 3,500 fl.
Le 28 août 1695, la basse-cour de Lérinnes fut fourragée par les Français, dont l'armée était campée à Sauvenière et essayait de faire lever le siège de Namur. Une inscription placée dans le cimetière de Tourinnes nous prouve que si les défenseurs des Pays-Bas ne se montraient pas aussi pillards que les ennemis, ils n'épargnaient pas les coups à nos paysans. On y lit : « Ici gist Hugue Warnier | marichal et Eschevin de | Turinne le Soudon qui | Ayant receu Un coup des | Brandembour | geois le 5 | d'Aoust | est mort | le 8 aage | de 44 ans | en lan 1696. » A peine les alliés étaient-ils partis, qu'un détachement de 35 mousquetaires vint prendre le ministre de Lérinnes, le 2 décembre 1696, et le conduisit à Mons, où il dut promettre, sous caution, de payer une rançon de 1,300 fl., plus 104 fl. pour les frais de l'expédition et 11 fl. 4 s. pour récupérer six chevaux qu'on lui avait pris. Ce fut le conseiller Bemart qui avança 500 patacons au captif.
Le 3 juin 1781, un violent orage, accompagné de grêlons d'une pesanteur excessive, ravagea à Tourinnes plus de 300 bonniers.
Dès l'an VIII, on projeta de réunir en une seule commune les villages de Tourinnes et de Saint-Lambert-Libersart, ce qui ne fut effectué que le 17 août 1822.
Le 4 août 1857, un incendie dévora 25 maisons à Tourinnes.
Les deux villages de Tourinnes et de Saint-Lambert-Libersart, avant d'être compris dans le canton de Perwez, ont successivement fait partie de la mairie de Mont-Saint-Guibert et du canton de Nil-Saint-Martin.
Dans la paroisse de Tourinnes, il y avait deux juridictions distinctes : la moitié du village obéissait au seigneur de Walhain et le duc de Brabant n'y avait que la souveraineté; dans l'autre moitié, il existait plusieurs seigneuries différentes, où l'on jugeait d'après la coutume de Liège et où le duc avait la haute justice. De même, une fraction de Libersart dépendait de la terre de Walhain, et l'autre fraction, divisée en deux seigneuries distinctes, suivait la coutume de Liège et reconnaissait pour haut-justicier le duc de Brabant.
Au siècle dernier, les échevinages de Tourinnes (la haute cour de Tourinnes, comme on la qualifiait), de Libersart et de Lérinnes allaient tous en appel à Louvain.
Les Archives du royaume possèdent les greffes de ces trois échevinages, greffes qui commencent : le premier en 1622, le deuxième en 1718 et le troisième en 1694.
Sous le rapport des aides, Tourinnes, Libersart, Saint-Lambert et Lérinnes constituaient jadis autant d'administrations distinctes. Plus tard, on réunit la première et la dernière de ces localités et la troisième fut jointe à la deuxième. Libersart figure, sur la grande carte manuscrite de Ferraris, comme une franchise dont la limite orientale suit le Nil depuis la limite de Walhain jusqu'au chemin de Libersart à Orbais et se dirige ensuite vers le nord, en laissant à l'est les tombes de Libersart. Les motifs sur lesquels cette appellation était basée nous échappent complètement.
Les neuf conseillers communaux sont actuellement répartis de la manière suivante : quatre sont pris à Tourinnes et dans les hameaux non spécialement désignés, trois à Lérinnes et deux à Saint-Lambert-Libersart.
La commune possède 9 hect. 09 ares de biens immeubles. Son budget, pour 1859, présente les chiffres suivants :
De temps immémorial, les sires de Walhain possédaient à Tourinnes et à Libersart une seigneurie qu'ils accrurent encore par plusieurs acquisitions successives. Dans les deux localités, la haute, moyenne et basse justice leur appartenait, pour une moitié, et Tourinnes-les-Ourdons, ainsi que Lérinnes, est mentionnée parmi les dépendances du fief que ces puissants barons relevaient du duché de Brabant. Es acquirent aussi : 1° à Tourinnes, un domaine, « avec cens, rentes, loix et amendes », qui avait appartenu successivement à Baudouin de Glimes et au comte de Salin, son gendre, et qui relevait en fief de leur cour féodale; 2° à Libersart, la seigneurie, avec « cour et jugeurs, cens, rentes, loix et amendes », dont Arnnol du Bois ou Dou Bos était le possesseur en 1403, 1404 et années suivantes.
En 1544-1545, les seigneurs de Walhain possédaient : à Tourinnes, une taverne, qui était louée 4 livres 5 sous 4 deniers; à Lérinnes, l'étang dit de Lérinnes et la Cense dclle Stanche, qui était affermée pour neuf ans, moyennant 18 livres, 6 muids de froment, 18 muids de seigle, 6 muids d'avoine (mesure de Gembloux), 400 gerbes de paille, 4 muids de seigle pour l'autel de Montigny, 7 setiers de blé pour l'autel de Saint-Nicolas, à Noirmont, et à charge, pour le fermier, de marler (ou amender au moyen de la marne) 2 bonniers tous les ans et de payer ses ouvriers à raison d'un patar par jour; à Saint-Paul, la Court ou Cense e Bos louée 13 livres, 2 muids de froment et 22 muids de seigle, et le Pré de Saint-Pol, dont la récolte était employée au château. Les cens produisaient : à Tourinnes, 6 l. 12 s. 3 d., 10 muids d'avoine et 61 1/2 chapons; à Lérinnes, 3 l. 9 d., 15 muids 4 setiers d'avoine 478 1/2 chapons; à Saint-Paul, « en la Court de Bos », 4 s. 2 d., 2 muids 4 setiers d'avoine et 13 chapons.
Il a existé à Tourinnes, vers Orbais, une « Ville de Sartiau », où les sires de Walhain avaient toute la juridiction, levaient, en 1544-1545, un cens de 3 sous 6 deniers, 2 muids d'avoine et 11 chapons, et possédaient des terres qui, à la même époque, payaient un loyer de 2 livres 16 sous.
A Tourinnes comme à Lérinnes, il y avait un échevinage constitué par le seigneur de Walhain, qui donnait tous les ans à chacune de ces cours 20 sous et, de plus, 2 chapons, parce qu'elles veillaient à la rentrée des cens seigneuriaux. Le sergent et l'hôte (de la taverne) de Tourinnes recevaient chacun une poule.
A partir de 1403, on cite, comme ayant à Tourinnes des « cens, rentes, loix et amendes », Godefroid de Bourdeaul, à qui succède, vers 1423, Bernard de Bordiaul. Ces Bourdeaux ou Bordeaux eurent pour héritiers, ici comme à Limelette et à Dion-le-Mont, une branche des Glimes, dont le manoir conserve encore le nom de Cense de Glimes.
D'anciens documents mentionnent des chevaliers portant le nom de Tourinnes, tels que Gérard de Turines, cité vers 1150; le chevalier Lambert de Torines et Gosuin de Turnines, qui tenait en fief une partie du village de Thorembais-Saint-Trond, en 1172; Nicolas de Tornines (1208), le chevalier Jean de Tornines, qui figure dans un acte daté de ce village et du mois de juin 1225 ; Rodolphe Bassuns de Tourinnes, l'un des bienfaiteurs du couvent de Lérinnes (1233), et sire Rase de Tornines, dont la fille, Marie, femme de Baudouin de Juprelle, donna an même couvent, en 1281, un pré qui ressortissait à la haute cour (alta curia) de Walhain. Les généalogistes qualifient ensuite de dame de Tourinnes une Agnès de Corbais, qui aurait fait don de cette terre, en 1391, à son petit-fils Jean, seigneur de Glimes; Jean de Corbais légua au même, le 30 octobre 1395, tout ce qu'il possédait à Tourinnes, et c'est ainsi, selon toute apparence, qu'une partie du village échut au petit-fils de ce Jean de Glimes, Baudouin de Glimes, sire de Bierbais.
Une Mathilde de Lérines figure, en 1172, parmi les vassaux d'Enguerrand d'Orbais. La seigneurie de Lérinnes appartint ensuite à deux frères, le chevalier Gilles, le fondateur du couvent de Trinitaires dont nous avons déjà parlé à plus d'une reprise, et son frère Evrard de Bialriu ou Beaurieu, qui céda au précédent, 15 jours avant la Toussaint, en 1236, toutes les prétentions que son père lui avaient léguées sur ce bien. La seigneurie du couvent se composait de deux domaines, l'un situé à Lérinnes et l'autre à Tourinnes, et tous deux ressortissant à la cour allodiale de Mont-Saint-Guibert. Le premier avait maire et échevins (la Haulte cour de Lérines, 1650), cour, jugeurs et plaids généraux, des hommes de fief, plusieurs « bourgeois sujets » payant cens et rentes; le second avait maire et échevins (ce que l'on appelait la Cour du Ministre), cour, jugeurs et plaids généraux. En 1764, les seigneuries de Lérinnes ne comprenaient pas moins de 270 b. et 197 habitants.
Qu'était-ce que la Cour de Melroy, qui jugeait à Lérinnes en 1643?
Saint-Lambert et Libersart paraissent avoir reconnu pour maîtres, pendant quelque temps et au moins pour une partie, les chevaliers de Presles. Ce fut Hugues, sire de Presles, qui, de concert avec l'évêque de Liège Jean, approuva, en 1234, le don de la dîme de Libersart, fait à l'abbaye de Salzinnes par Libert de Chaustre ou Chastre; le même chevalier ratifia également, en novembre 1243, la cession faite au prieuré de Lérinnes, par Servais, chevalier de Saint-Lambert, de la moitié du patronat de l'église de Saint-Lambert, moitié que Servais et ses ancêtres possédaient sans contestation depuis très longtemps.
Au commencement du XVe siècle, on signale Henri de Walhain (seigneur de Vaux, à Nil) comme possédant une partie de Libersart, avec « cour et jugeurs, cens, rentes, loix et amendes ». Des Walhain ce bien passa aux d'Udekem, d'où le nom de Court Louis Deukem (1662) ou Court Deukem (1679) qu'on donna longtemps à l'échevinage de ce fief, d'après l'un des Léon d'Udekem, de Vaux.
Deukem ou Deuchem relevait également de la cour allodiale de Mont-Saint-Guibert. Après Léon d'Udekem le jeune, ce bien passa à Jean, son frère, puis à leur sœur Catherine (r. du 26 février 1527), qui acquit aussi les droits de son cousin Godenoul d'Odeur. Thierri de la Court en transmit la propriété à Michel de Cygne, maire de Gembloux, et celui-ci le vendit, moyennant 120 patacons, à Nicolas de Pinchart et Anne de Fontigny. (3 juin 1626). Ces époux n'ayant pas laissé de postérité, Deukem passa à leur beau-frère, Pierre Doyen, seigneur de Cortil, époux de Marie Pinchart. A la mort de l'acquéreur, il fut mis en vente et acheté par son fils Pierre, le 26 novembre 1665, moyennant 24 patacons. Celui-ci, à son tour, le céda, moyennant 30 patacons, à son beau-frère, Philippe de Bernard, bailli de Walhain et mari de Catherine Doyen (16 janvier 1667), qui le laissa à son fils Jacques, seigneur de Deukem et de Fauconval (r. du 26 juillet 1713). Jacques et son fils Charles-Jacques sont ensevelis dans l'église de Tourinnes, où l'on voit encore leurs pierres tumulaires. Leurs descendants, les Fauconval, ont encore une grande propriété à Tourinnes et Saint-Paul.
Peut-on considérer comme seigneurs de Libersart Guillaume de Libesart, Henri, son frère, et Daniel de Liebersart, qui combattirent à Bastweiler; leurs pertes dans cette funeste journée furent évaluées : pour les deux premiers, à 184 moutons; pour le troisième, à 174 montons. Ces trois personnages portaient sur leur sceau un écusson chargé d'un écusson plus petit, et, en chef, de trois merlettes. Rassekin de Libersart figure, en 1380, parmi les vassaux des sires de Walhain.
La seigneurie de Libersart passa, au XVIe siècle, en partie à Guillaume de Morsain, dont la sœur, Jeanne, femme de Henri L'Host, vendit ses droits à Emmanuel ou Manuel de la Francque ou A la Francq, bailli de Chaumont; l'autre partie à Gérard de Marbaix dit de Louverval, qui céda ses biens à Thierri de le Court, dont l'héritage passa à Pierre Petit.
Il existait une autre terre de Libersart, qui était tenue en franc-alleu du duc de Brabant, de la cour de Mont-Saint-Guibert. Il en dépendait une cense et maison, des prés, des terres, des bois, un échevinage, une cour féodale, le droit de congé, la chasse, la pêche, le droit de visiter les chemins (sauf dans les biens allodiaux et la terre de Walhain), un cens de 210 deniers de Louvain, 25 setiers de blé, 7 pains, 5 1/2 chapons, 1 poule, 4 muids 2 setiers d'avoine, mesure de Gembloux, la collation de la cure du lieu, une closière où exista une maison avec colombier, héritée de la veuve de Jean le Mayeur. Messire Englebert de Jodoigne en était seigneur, en 1495, et Philippe de Gryspere, en 1686.
Philippe de Gryspere, après avoir servi pendant plus de vingt-cinq ans en qualité de cornette, de capitaine, de sergent-major de cavalerie et enfin de colonel d'infanterie, fut créé baron du Saint-Empire et baron de Saint-Lambert et Libersart (lettres patentes datées de Madrid, le 25 octobre 1693). Afin de porter au taux exigé par les placards le revenu de sa terre de Libersart, que son frère Guillaume-Albert, baron de Gryspere, lui avait donnée le 24 décembre 1693, il y annexa la baronnie de Goyck, au pays de Gaesbeek, qui rapportait 800 fl. et qu'il avait reçue d'Anne-Philippe Taye, les bois voisins dits de Lambroeck et Wyngaert bosch et la Noeckerheyde, à Steenhuyze. D'après les lettres réversales qu'il envoya à la chambre des comptes, le 9 janvier 1698, le total de ses revenus s'élevait à 6,117 fl. 17 d. (r. du 4 janvier 1698).
Guillaume-Albert de Gryspere, chancelier de Brabant, hérita de Philippe (r. du 18 août 1698), et céda Libersart, par donation entre-vifs, à Philippe-Adrien de Varick, vicomte de Bruxelles (r. du 5 octobre 1717), qui mourut le 1er juillet 1734; le fils de celui-ci, Charles-Philippe-Théodore (r. du 10 septembre 1734), mourut sans enfants, le 25 février 1763. Libersart passa à cette époque aux barons de Beeckman, qui depuis l'ont aliéné.
Ce que l'on appelait la Seigneurie del Hove, à Tourinnes, formait encore une tenure relevant de la cour allodiale de Mont-Saint-Guibert. Jeanne, fille de Gérard Delhove, tenait un bien en fief de la terre de Walhain, en 1474; en 1607-1619, Guillaume Raulet relevait de la même terre une seigneurie, avec cens, rentes, loix et amendes, où l'on suivait la coutume de Liège, et possédait aussi une maison à Libersart, avec 4 1/2 b. de prés et de pâturages. Un Raulet prit en engagère de l'abbaye de Salzinnes, avec le consentement du roi et moyennant 1.000 florins, la dîme de Libersart, qui était tenue en fief du seigneur du lieu (1700-1702). Quelque temps après, le curé de Saint-Lambert ayant demandé au monastère qu'on lui assignât une compétence annuelle de 300 fl., offrant, à cette condition de faire abandon de ses biens de cure, Raulet fut cité de ce chef devant le conseil de Brabant et condamné. Il céda alors ses droits sur la dîme au curé, qui en jouit jusqu'à la suppression de l'ancien régime. En 1738, on mentionne Charles-Guillaume Raulet, petit-fils de Guillaume Raulet.
Comme biens d'ecclésiastiques, nous devons signaler, outre ceux du couvent de Lérinnes : les seigneuries, avec « jugeurs, cens, rentes, lois et amendes » , et où l'on suivait la coutume de Liège, que possédaient le prieuré de Wavre et la chapellenie de Notre-Dame de Tourinnes. Le livre censal de Wavre ou, si l'on veut, du monastère d'Afflighem, produisait, en 1787, 19 livres 9 sous 9 deniers. Cette abbaye avait reçu d'une dame nommée Béatrix, vers l'an 1120, un bonnier et demi situé à Tourinnes.
Le chapitre de Nivelles avait dans ce village quelques dîmes. Gembloux en levait jadis la plus grande partie, puis y renonça ensuite, au profit du curé, qui lui payait de ce chef une redevance annuelle de 240 (ailleurs, 251) setiers de seigle; les prémontrés d'Heylissem prélevaient aussi une partie des dîmes et l'évêque de Liège leur en confirma la possession, en 1231. A Saint-Lambert-Libersart, Salzinnes avait la grande et menue dîme, qui valait, en 1787, 655 livres 7 sous et qui fut aliénée, pendant quelque temps.
L'église de Saint-Servais, de Tourinnes, était une église entière. Son autorité spirituelle s'étendait, dam le principe, sur plusieurs villages voisins qui furent successivement érigés en paroisses, et notamment sur Saint-Lambert, Saint-Paul, Walhain (où rétablissement d'une paroisse distincte date de l'an 1267 environ) et Sart-lez-Walhain. Ce temple ressortit au concile ou doyenné de Gembloux, tant lorsqu'il dépendait de l'évêché de Liège qu'après la création du diocèse de Namur; après le concordat, Tourinnes devint une succursale de la cure de Perwez; elle eut quelque temps dans sa circonscription Saint-Lambert, qui en a été séparé depuis.
Anciennement c'était l'abbaye de Gembloux qui conférait la cure de Tourinnes, mais ensuite ce monastère y renonça et céda au curé les dîmes qu'il levait dans le village, à la condition de payer une redevance annuelle de 251 setiers de seigle. Le droit de patronat et la dîme étaient revendiqués, au commencement du XIIIe siècle, par plusieurs particuliers, qui cédèrent successivement leurs droits à l'abbaye de Villers : le chevalier Thomas de Nil, en 1218; les chanoinesses Ode de Lais ou Lez et Béatrix de Castelin, et Rodolphe Bossins de Malève, agissant en qualité d'héritier de son frère, le chevalier Arnoul de Malève, en 1221, et Gertrude de Tilhier ou Tilly, en 1233. Quoique ces donations, du moins celles des deux chanoinesses, eussent été ratifiées par l'évêque de Liège Hugues (en juillet 1222), les droits du monastère de Villers furent contestés par les religieux d'Heylissem et de Gembloux. Les trois communautés s'en rapportèrent, pour ce qui concernait les dîmes, à noble homme Gilles de Lérinnes, aux chevaliers Arnoul et Henri de Saint-Paul et à Jean de Tylia ou du Tilleul, dont la décision fut acceptée par les parties en l'an 1224. Walter de Lierre, écolâtre de Louvain, déclara, le vendredi avant Letare, en 1238, que Villers n'avait droit au patronat de l'église de Tourinnes que dans la proportion d'un sixième, plus un vingt-quatrième. La question fut complètement tranchée le dimanche après les octaves de l'Epiphanie, en 1311, les abbayes de Gembloux et de Villers ayant abandonné à celle d'Heylissem le patronat de Tourinnes, en échange de la dîme de 33 bonniers de terres, situés entre Tourinnes, Walhain et Lérinnes.
La cure jouissait, en 1787, de la grande et de la menue dîme et d'un tiers de la menue dîme de Lérinnes (ces dîmes produisaient, en moyenne, 1,645 fl. par an), de la dîme de 45 b. 2 j. de bois, de la propriété de 28 b. 1 j. de terres, provenant en partie de plusieurs chapellenies annexées. Au total, ce bénéfice valait à son possesseur 2,433 fl., en moyenne; par contre, il était tenu d'entretenir l'église, la tour exceptée, et la cloche décimale, de fournir au village, pour la monte, un taureau et un verrat, et de payer 343 fl. à un prêtre qui l'aidait à remplir ses devoirs pastoraux.
La cure est fort belle; on lit la date 1759 au-dessus de la porte d'entrée. Nous y avons remarqué, sur un fragment de monument, de forme circulaire, l'inscription suivante : cy gist jehan le maulla . né le …..le XVe LIV le XIX dauprile.
Il existait jadis à Tourinnes plusieurs bénéfices, notamment ceux de Sainte-Catherine, de Saint-Jean et de Saint-Nicolas. Pendant les octaves de la Toussaint, en 1232, le chevalier Arnoul de Saint-Paul déclara qu'il était en possession de conférer deux chapellenies existantes dans l'église de Tourinnes et qu'il était tenu d'en investir deux prêtres, du consentement des synodaux (synodales) et des paroissiens. La marguillerie était à la collation de la cure et recevait, par an, 36 setiers de l'abbaye de Villers; sa dotation produisait un revenu de 76 fl. 9 sous, en 1787. La fabrique de l'église possédait 15 b. 3 j. de terres, et possède aujourd'hui 26 hect. 7 ares. Les revenus ne s'élevaient, en 1787, qu'à 550 fl. 1 sou; ils montent aujourd'hui (y compris ceux de la fabrique de Saint-Lambert) à 4,658 francs.
La tour de l'église serait fort ancienne si, comme le prétend la tradition, elle a déjà servi à sept temples successifs. C'est une construction massive, dont les murs en moellons ont plus de 2 mètres d'épaisseur et qui s'élève à environ 14 m. En 1841, on en a réparé le pied et la face occidentale en pierres de Gobertange. Elle compte trois étages au-dessus du rez-de-chaussée. Au premier étage, contre le mur de la façade, vers l'angle S.-O., on remarque les montants et les consoles d'une ancienne cheminée; cet étage, ainsi que le suivant, est éclairé au S. et au N. par une baie-meurtrière, fortement ébrasée en dedans et recouverte d'un cintre surbaissé; le troisième étage a des baies géminées. La flèche qui amortit la tour a 14 m. de hauteur et date de 1616, comme l'indique une pièce de la charpente. La croix de 2 1/2 m. qui la surmonte a été posée en 1841, en remplacement de l'ancienne, détruite vers 1794. Les trois cloches ont été fondues : la première en 1762, la deuxième en 1843, la troisième, qui est fort belle, en 1850. L'une des sept églises de Tourinnes fut sans doute bâtie après les guerres de religion, car, le 13 mai 1614, au milieu d'un grand concours de monde, l'évêque de Namur Buisseret la bénit, ainsi que cinq autels qui s'y trouvaient et le cimetière. Vers 1780, l'édifice se trouvait dans le plus triste état; peu de temps après, on en commença la reconstruction, comme nous l'apprenons par l'inscription suivante placée au-dessus de la porte d'entrée : « Memoire | de M. Henri Joseph | Rambou reverend | pasteur de ce lieu qui | a bati ce temple | a l'honneur du tout | puissant sous | l'invocation de la | Mere de Dieu | et de St-Servais | 1790 ». Les ardoises du toit donnent cette abréviation : « H. I. R. 1786 ».
Un large escalier, de dix marches, en pierres de taille et qui a été construit en 1847, conduit à la porte d'entrée, qui est pratiquée sous la tour. Le parement extérieur de l'édifice est exécuté presque entièrement en pierres grises; la brique n'apparaît qu'à la partie supérieure des parois. L'intérieur est décoré dans le goût de la renaissance. Il a la forme d'une basilique à trois nefs, que deux rangées de colonnes toscanes divisent en cinq travées; le chœur est circulaire, les plafonds ne sont pas voûtés.
Le maître autel, exécuté par le menuisier Bonet de Nivelles, a été posé en 1817 et a coûté 0,000 francs. La chaire de vérité, qui en a remplacé une autre, datant de 1622, est la dernière œuvre de Charles Geerts, de Lonvain; elle représente le Bon Pasteur ramenant la brebis égarée et porte ces mots : « D° Staes pastore | Car. Geerts fecit | 1854 ».
L'orgue, qui provient d'Argenton, a été installé dans l'église de Tourinnes en 1815; on y a ajouté un positif. Sous la tour est un vieux Christ, dont la croix est ornée d'un quatre-feuilles. On remarque, au même endroit, un bénitier octogone, en pierre, où on lit : «Hubert Des | sen decede | le3e mars | 1018 at done | cet bassin ».
Deux dalles tumulaires portent ces inscriptions :
1° « D. O. M. | Icy git noble monsur | Phil de Bernard Ecuyer | Seigur de Deukem décédé j le 14 9bre 1693, et Dm... | Cath. Doyen, son epouse | decedee le 23 juin 1695 | et git noble homme Jan | de bernard sgr. de deukem | d. fauconval decede le 14 juin 1743 et noble dame | de bernard sont epouse | decedee le 20 mai 1750 | Requiescant in pace »;
2° « D. O. M. | A la mémoire de | niessire Charles iaques | debernard ecuier seigneur | dedeukem et de fauconval | decedé le 10 d'octobre 1776 | et | de dame isabelie demartin | son epouse | morte le 13 de ianvier 1779 | et de leur fille A : M : décédée au | chateau de st. paul le 15 janvier | 1805. | a strombeek les descendans jceux | Requiescant In Pace ».
L'église de Saint-Lambert était une église médiane, qui fut toujours comprise dans les mêmes circonscriptions que celle de Tourinnes. Après le concordat, elle fut d'abord rangée parmi les succursales de la cure de Perwez, mais c'étaient les habitants qui en payaient alors le desservant, à raison de 400 francs par an. Quelque temps après, elle fut rayée de la liste des succursales. Le conseil communal de Saint-Lambert-Libersart en demanda alors le maintien, avec rang d'annexe, et offrit d'assurer an desservant un traitement annuel de 403 fr. (29 novembre 1808). Le curé, le maire et l'adjoint insistèrent encore pour obtenir une décision en ce sens et firent observer que leur temple paroissial, reconstruit depuis l'an 1770 environ, était considéré comme un des plus beaux du canton, et que la cure se trouvait dans un très bon état (13 décembre 1816). Les autorités supérieures ayant apostillé favorablement leurs réclamations et l'administration locale ayant pris à ce sujet une nouvelle résolution, le 19 juillet 1821, l'église de Saint-Lambert fut érigée en chapelle reconnue le 28 septembre 1825. Un arrêté royal, du 11 juillet 1842, l'a élevée au rang de succursale.
Le patronat appartenait primitivement au seigneur du lieu, et passa ensuite à l'abbaye de Salzinnes et au prieuré de Lérinnes. Ces deux établissements monastiques se disputèrent quelque temps le droit de nommer le curé de Saint-Lambert, puis convinrent enfin qu'ils en useraient alternativement. Le ministre du prieuré conféra la cure à un religieux de son ordre, Gérard de Rochefort, et il fut décidé que le successeur de celui-ci serait choisi par l'abbesse de Salzinnes (1296, le dimanche après la Nativité).
La cure de Saint-Lambert valait de revenu : en 1511, 21 muids d'épeautre, et, en 1787, 631 fl., dont 460 fl. payés pour compétence. Jadis, le curé levait une partie des dîmes, qu'il tenait en fief du seigneur de Libersart, et possédait 5 bonniers de terres. La marguillerie était dotée de 30 mesures de seigle (revenu, en 1787, 51 fl. 13 s.). Les revenus de la fabrique s'élevaient, à la fin du siècle dernier, a 109 fl. 10 s., provenant, en partie, de 2 1/2 b. de terres. Actuellement la fabrique possède 5 hect. 3 ares.
L'église est un petit édifice de style renaissance, qui a été construit en 1762, comme l'indique la date inscrite au-dessus de la porte d'entrée. Elle est précédée d'une tourelle carrée, que surmonte un clocheton exigu, et est disposée à l'intérieur en basilique à une seule nef non voûtée. L'autel principal provient de l'abbaye d'Argenton. Nous n'avons vu aucune trace de vingt-trois tableaux du musée de Bruxelles qui furent envoyés à Saint-Lambert., en vertu d'un arrêté du préfet du 2 nivôse an XII, et qui représentaient : l'Assomption, des saints et des abbés dans une gloire, saint Dominique recevant le rosaire des mains de la Vierge, le Christ flagellé, les disciples d'Emmaüs, l'Ange conducteur, le Christ mort ayant autour de lui la Vierge, la Madeleine et des anges, le sacrifice de la messe en faveur des âmes du Purgatoire, le Christ mort et la Madeleine, le Christ à la colonne, la Vierge et l'enfant Jésus, la Madeleine, deux Ecce homo, l'Adoration des mages, la Vierge et l'enfant Jésus, avec sainte Anne et le petit saint Jean, une autre Vierge avec l'enfant Jésus, David et Abimeech, le Denier de César, le Christ niort et la Vierge, une Tète do la Vierge, la Vierge de douleur et l’Ecce homo, un Paysage avec figures.
Dans la paroisse de Tourinnes, à la limite de Walhain, il y avait une chapelle renommée, dédiée à la Vierge et surnommée Aux trois tilleuls. Elle devint très célèbre, au commencement du XVIe siècle, par les miracles qui s'y accomplissaient, et elle eut la bonne fortune d'échapper aux iconoclastes. Comme elle menaçait ruine et n'était d'ailleurs qu'en bois, le doyen de Gembloux la fit abattre et la remplaça, en l'année 1604, par un oratoire en pierres. La dépense de cette construction fut couverte au moyen d'aumônes faites par les fidèles. Une confrérie nombreuse était annexée à cette chapelle, où il existait une chapellenie de Notre-Dame, qui possédait un demi-bonnier de terres (revenu, en 1787, 20 fl. 16 s.) et était chargée de 26 messes, par an. C'était le seigneur de Walhain qui avait la collation de ce bénéfice.
Si l'on en croit ce que rapporte la tradition, le prieuré de Lérinnes fut fondé par un homme de noble d’origine, nommé Gilles de Lérinnes et qui était cousin du duc de Brabant. Après avoir conquis en Orient les éperons de chevalier et combattu pendant sept années avec gloire, il fut pris et ne dut sa liberté qu'à la généreuse intervention des frères de l'ordre des Trinitaires ou de la rédemption des captifs. Ce fut pour remercier ces religieux qu'à son retour en Brabant il convertit son manoir en un couvent de leur institut. Il y laissa sa femme, Pétronille (de Waha?), qui mourut le 23 septembre 1248 et reçut la sépulture au prieuré, où l'on a conservé, jusqu'en ces dernières années, sa tombe sépulcrale, remarquable par son ornementation en style gothique primaire. Le fils d'Égide, nommé Guillaume ou Godefroid, resta également à Lérinnes, dont il fut, dit-on, le premier prieur, et sa fille prit le voile dans l'abbaye de Salzinnes. Quant au chevalier, il partit de nouveau pour la Terre-Sainte et n'en revint plus.
Il existe une charte, non datée, de l'évêque de Liège Hugues de Pierrepont (mort en 1229), où ce prélat prend sons sa protection la chapelle existant a Lérinnes dans l'alleu du chevalier et les biens que celui-ci lui avait donnés. Egide ou Gilles était alors sur le point de partir et craignait qu'en son absence la chapelle ne fut spoliée. Hugues s'engagea aussi à défendre les hommes ou vassaux de l'alleu d'Égide, qui avaient toujours été libres de tailles, d'exactions et de services arbitraires.
Gramaye et d'autres auteurs fixent, en l'année 1215, l'établissement du prieuré, mais cette date n'est pas certaine. Le premier acte dans lequel il soit fait mention de la chapelle de Lérinnes est du mois de mai 1220. C'est une charte par laquelle Marie, dame de Perwez, et son fils ainé cèdent en aumône à l'église du Saint-Sauveur, de Lérinnes (basilicæ S. Salvatoris de Lerines) deux parties de la dîme qu'ils percevaient sur les cultures de sire Égide de Lérinnes et de sire Thomas de Nil. En 1232, le chevalier Égide est cité comme témoin d'un acte où Walter, ministre de la maison de la Sainte-Trinité de Lérinnes, déclare avoir reçu en don une partie d'alleu, de René Niger ou le Soir, de Perwez. Au mois d'avril 1233, l'évêque de Liège Jean invita les seigneurs de Perwez, d'Orbais et de Walhain à protéger le couvent, qui était placé, ajoute-t-il, sous la protection spéciale du souverain pontife et la sienne. Huit ans après, également au mois d'avril, Robert, le successeur de Jean, confirma le diplôme de Hugues dont nous avons parlé, à la demande des frères de l'ordre de la Sainte-Trinité, qui, dit-il, servaient alors Dieu à Lérinnes (nunc ibidem Deo servientium). Cette dernière phrase prouve que la chapelle n'avait pas encore été donnée à l'ordre lorsque la première charte fut rédigée. La même année, le mercredi après la Saint-Mathias, en septembre, Robert ratifia la cession qu'Égide avait faite aux Trinitaires, des terres qu'il tenait en fief du sire de Perwez, à Thorembais-Saint-Trond.
Deux bulles du pape Grégoire X, de l'année 1274 et datées de Lyon, concernent le prieuré de Lérinnes. Par l'une d'elles, qui est du 22 avril, le souverain pontife confirme les libertés et les possessions de la communauté. Par l'autre, qu'il scella le 23 février, il autorise les religieux à reprendre, nonobstant toutes lettres, promesses, renonciations et ratifications quelconques, les biens qu'eux ou leurs prédécesseurs avaient concédés à titre viager, à long terme ou à perpétuité, soit à des clercs, soit à des laïques, pour les tenir en ferme ou à cens.
Comme charte émanant des ducs de Brabant ou de leurs officiers, nous n'avons à citer qu'une autorisation accordée par le bailli de Nivelles, Jean de la Ramée, avec le consentement du sénéchal de Brabant, pour changer la direction du chemin passant devant la porte du monastère (1285, lundi après les octaves de la Trinité).
Le prieuré de Lérinnes devait au domaine ducal quelques corvées pour aider à charger les foins récoltés dans les prés du duc; mais, à cause de sa pauvreté, il avait obtenu depuis longtemps, en 1488, dispense de cette obligation.
Le ministre Henri de Termonde, mort en 1501, rétablit les bâtiments du couvent, qui avaient été endommagés pendant les guerres. Un violent incendie, qui éclata la veille de la Saint-Michel, en 1733, réduisit le prieuré en cendres et consuma aussi la plus grande partie des archives conventuelles.
Il ne nous serait pas possible de donner une liste complète des ministres de Lérinnes, depuis la fondation du monastère dans le premier tiers du XIIIe siècle, jusqu'à sa suppression par ordre de Joseph II, en 1784. Voici les seuls noms que nous ayons recueillis :
Walter, en 1232;
Gilles, en 1283:
Henri, en 1296;
Pire ou Pierre del Marcelle, en 1359 et 1378;
Roland Botta, en 1449;
Jean le Merchy, en 1458;
Sacran Potwin;
Henri de Termonde, par résignation du précédent, en 1495;
Le même ou un de ses parents du même nom, mort en 1561;
en 1526, il n'y avait à Lérinnes que deux prêtres et un frère servant;
Hngues Vos, mort le 15 février 1610, après avoir gouverné 48 ans;
Jean Cambier, mort le 12 décembre 1611;
Jean de la Grange, mort le 3 février 1619;
Charles de Helesme, qui, après avoir gouverné pendant près de vingt années, devint le ministre du couvent d'Hondschote et mourut le 31 octobre 1639;
François Pierson, nommé le 4 décembre 1639, mort le 25 décembre 1648;
Jacques del Court, religieux d'Orival, nommé le 31 décembre 1648, mort ministre d'Orival;
Jean Faukembergue, nommé le 6 octobre 1651, mort le 5 janvier 1663;
Paschase Pierson, nommé le 29 janvier 1653 (1663 ?) mort le jour de l'Ascension 1676;
Félix Gorlier, curé de Saint-Lambert, nommé le 15 décembre 1676, mort le jour de Saint-Laurent 1689;
Le général de l'ordre en France, Teissier, voulut profiter de la situation de pays pour annuler l'élection par les religieux d'un nouveau ministre et en choisir un à son gré, à l'imitation de ce qu'il avait effectué à Douai, Préavain, Hondschote, Arras etc., mais appel ayant été interjeté à la cour de Rome, la nomination faite par lui fut déclarée non canonique, et un nouvel élu, François-Augustin de Perry (choisi le 25 août 1689), fut mis en possession du temporel du couvent par une sentence du conseil de Brabant, du 6 septembre de la même année, puis installé, le 30 janvier suivant, par le ministre d'Orival, Amé Tumerel; De Perry mourut le 23 novembre 1711;
Charles Thesin, nommé le 29 novembre 1711, mort le 4 juillet 1733;
Nicolas de Traux, contre lequel des plaintes assez graves furent formulées en 1741;
Antoine Gruyelle, religieux de la maison de Douai, nommé en remplacement du précédent, le 7 décembre 1747, mort le 5 décembre 1774;
Félix Castiau. La communauté de Lérinnes, d'après une déclaration de l'année 1603, possédait : à Lérinnes, une seigneurie, une cour féodale, un cheruage (ou ferme), 48 b. 1/2 j. de terres, y compris le couvent même; 3 1/2 b. de prairies, 1 b. d'étang, 25 b. 1/2 de bois et de « roccailles », le tout tenu de la cour allodiale de Mont-Saint-Guibert; un bois de 7 b., tenu en fief de l'abbé de Gembloux; un cens seigneurial de 68 1/2 chapons, 9 sous 3 deniers oboles de bonne monnaie, 14 muids 3 t'ji setiers d'avoine; — à Tourinnes, une seigneurie, un cheruage, 11 1/2 b. de terres, 1 j. de pré, un cens de 48 1/2 chapons, 13 sous 3 deniers oboles, 11 muids 3 1/2i setiers d'avoine, le tout tenu en alleu; et 4 1/2 b. de terres et une redevance de 7 muids de blé, relevant de la seigneurie de Saint-Paul; — à Incourt et aux environs, une seigneurie. En 1676, la communauté ne se composait que de 10 religieux et ne possédait que 300 fl. de rente et 2 charrues de labour, c'est-à-dire une exploitation rurale pour laquelle deux charrues suffisaient. Quelques biens nouvellement acquis furent amortis en 1757, moyennant le paiement d'une somme de 1,408 livres 18 sous.
Le couvent, tel que Harrewyn nous le représente dans la gravure exécutée pour le Grand Théâtre du Brabant wallon du baron Le Roy, était peu somptueux. Devant l'entrée on voyait un enclos entouré d'un étang et offrant, au centre, un grand crucifix; le bâtiment principal se composait d'un rez-de-chaussée et d’un étage avec une tourelle carrée au-dessus de la porte d’entrée. L'église, que soutenaient des contreforts et qu’un campanile surmontait, était dédiée au Sauveur. Il s'y trouvait des autels élevés par Gilles de leriness, l’un à snr saint Patron, l'autre à Notre-Dame et à saint Hubert, et l'on y conservait des reliques qu'il avait rapportées de la Terre-Sainte. Un maître-autel fut placé en 1726. Le prieuré, dont les dépendances comprenaient 3 bonniers, se trouvait dans une situation admirablement choisie, à l'E. du Ri des Mottes Bridoux, sur les bords du ruisseau de la Belle Haie, qui alimentait en cet endroit plusieurs étangs. Les bâtiments conventuels étaient au nord de la ferme, sauf le cloître et l'église, qui s'élevait plus à l'est. Le tout comprenait 54 1/2 verges.
Il n'existe plus de traces de l'église et des bâtiments conventuels, qui ont été remplacés par des jardins. On a respecté les vastes bâtiments de la ferme, qui sont construits en briques. Au-dessus de la porte d'entrée, qui fait face à l'orient, on remarque une niche renfermant la statue de saint Gilles; la clef de l'arc de la porte donne la date 1727. A l'intérieur de la cour, les ancres du corps de logis actuel forment la date 1734. La clef de la porte cochère qui s'ouvre au nord, sur les jardins, montre ce chronogramme : MIra aCVtaVe | patrIs antonll \ soLertla | aeDIfICor, qui donne la date 1767.
Les Archives du royaume possèdent une partie des papiers du prieuré, et notamment un petit cartulaire, en copie, des registres censaux, des terriers, des états de biens et quelques fardes processales.
En 1787, les pauvres de Tourinnes possédaient un revenu total de 232 fl. 16 sous, et ceux de Saint-Lambert-Libersart un revenu de 94 fl. La dotation actuelle du bureau de bienfaisance comprend 10 hect. 3 ares; son budget, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Il y avait jadis, à Tourinnes, un hôpital ou maladrerie. En 1544-1545, cet hôpital payait au seigneur de Walhain une redevance d'un setier de seigle.
La commune compte deux écoles. A la première, qui a été bâtie en 1846, est annexée la maison commune; le 18 mai 1863, le conseil communal a été autorisé à emprunter 4,500 fr. pour en bâtir une seconde; cette dernière est destinée aux filles, qui recevront l'instruction d'une sœur de l'Union du Sacré-Cœur de Jésus, de Hougaerde. Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 122 :77 garçons et 45 filles.
Il y a à Tourinnes une société musicale.
La fête de Tourinnes se célèbre le troisième dimanche après la Pentecôte, celle de Lérinnes le dernier dimanche d'août, celle de Saint-Lambert le dimanche qui suit le 17 septembre.
![]() |
Avec le soutien de la Province du Brabant Wallon |