Le nom de Malève se rencontre d'abord sous la forme Malavia (1177, 1192, 1197, 1243), Malaive (1221, STOOTBOEK, 1606) ou Malevia (1222, 1227, 1241, 1205, 1207, 1293, 1424, 1141). Plus tard, on trouve Malève (1207, 1287, 1303, 1340, 1374, 1424, 1430, 1404, 1474, 1504, 1557, 1587), Malevve (1312), Maleive (1313, 1358, 1407), Maleava (1316), Mallevie (1371), Malevyen (1440), Malayve (1441-1442), Malèves (1448, 1636, 1730, 1784, 1787), Malevien (1479), Malèvez (1491, 1498), Maleeve (1492).
Malève n'a pas d'homonymes en Belgique et n'en a qu'un en France : la Malève, dépendance de Lavernhe (Aveyron). La première orthographe du nom de la commune permet de le faire dériver du latin malavia, mauvaise voie.
La commune de Malève est limitrophe de celles de Opprebais, Glimes, Thorembais-les-Béguines, Thorembais-Saint-Trond, Orbais et Tourinnes-les-Ourdons.
Malève est à 2 1/2 kilomètres N.-N.-E. d'Orbais, 3 kilom. N. de Thorembais-Saint-Trond, 3 1/2 kilom. S.-S.-O. d'Opprebais et O.-S.-O. de Glimes, 4 kilom. O. de Thorembais-les-Béguines, 5 kilom. E.-N.-E. de Tourinnes, 6 kilom. N.-N.-O. de Perwez, 41 kilom. E. de Nivelles et S.-E. de Bruxelles.
L'église de Malève se trouve située par 56 grades 28 de latitude N. et 2 grades 72 de longitude E. Le seuil de l'ancienne église de Malève, qui a été démolie en 1864, se trouvait à l'altitude de 139 mètres 50 d'après le nivellement du dépôt de la guerre, ou de 139 mètres 71 d'après le nivellement des cours d'eau du Brabant; ce dernier nivellement fixe à 126 mètres 70 l'altitude du seuil de l'église de la Wastinne.
Le territoire actuel de la commune en formait jadis trois : Malève, Sainte-Marie, Wastinne. Un décret du 27 octobre 1812 a réuni Sainte-Marie à Malève. Des procès-verbaux, ouverts le 10 avril 1820 et clos le 23 août, suivant, fixent la délimitation des communes de Malève-Sainte-Marie et de Wastinne; ils ne déterminent pas la limite vers Opprebais, auquel, disent-ils, Wastinne est réunie. Enfin un arrêté royal du 3 février 1822 a amené l'état de choses actuel en prononçant la réunion des deux communes.
Le cadastre divise le territoire de Malève eu quatre sections : la section A ou de la Garenne, la section B ou du Village (Malève et Sainte-Marie), la section C ou de la Wastinne, la section D ou de la Grosse Borne.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 1,612 parcelles, appartenant à 423 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 53,899 fr. 59 cent, (sol : 49,772 fr. 59; bâtiment : 4,127 fr. 00) et ayant une contenance de 751 hectares 86 ares 55 centiares (imposable : 735 hect. 52 a. 05 ca.; non imposable : 16 hect. 34 a. 50 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, Malève comprenait 318 bonniers, dont 288 b. 2 journaux de terres, 3 b. 1 j. de prés, 24 b. 1 j. de bois, 2 b. de communaux; Sainte-Marie 162 b. 1 j., dont 150 b. 1 j. de terres, 10 b. de bois et 2 b. de communaux; la Wastinne 224 b., dont 211 b. de terres. 2 b. 2 j. de terres appartenant à l'ordre de Malte, 8 b. 3 j. de prés, 1 b. 1 j. de bois, 3 b. de communaux
On comptait : à Malève, en 1374, 52 ménages; en 1436 , 24 foyers; en 1464, 34 foyers; en 1472, 27 foyers; en 1492, 12 foyers; en 1526, 27 maisons, dont 3 inhabitées et 1 à 2 foyers; en 1686, 5 maisons et 1 taverne; à Sainte-Marie, en 1374, voir THOREMBAIS-LES-BEGUINES; en 1436 , 4 foyers; en 1464, 11 foyers; en 1472, 7 foyers; en 1492, 2 foyers; en 1526, 7 maisons; en 1686, 6 maisons; à la Wastinne, en 1374, 42 ménages; en 1436, 18 foyers; en 1464, 15 foyers; en 1472, 13 foyers; en 1492, 11 foyers; en 1526, 18 maisons; en 1686, 3 maisons; dans la commune, au 31 décembre 1856, 184 maisons.
Malève, qui compte 90 maisons; Sainte-Marie, 41 maisons; la Wastinne, 53 maisons.
Les trois villages qui constituent la commune de .Malève ne forment, en réalité, qu'une seule agglomération, espacée le long de l'Orbais.
Le village de Malève est bâti sur un coteau qui forme le versant gauche de l'Orbais, à l'endroit où ce ruisseau quitte la commune d'Orbais et le hameau d'Odenge. Le château seigneurial, devant lequel se trouve la place publique plantée d'arbres, est à l'est de l'agglomération, au bord même du cours d'eau, qui traverse son vaste parc pour se diriger vers Sainte-Marie. L'église de Sainte-Marie (Sancta Maria, 1200; Sancta Maria prope Maleive, 1313; Sancta Maria juxta Wastines, 1315; Sancta Maria juxta Maleavam, 1316; Sancta Maria de terra de Perweys, 1374; Sinte Marien by Opprebays, 1436, 1492; Sainte Marien deleis Maleive, 1407; Sainte-Marie, 1267, 1384, 1390, 1574) n'est qu'à 900 mètres E.-N.-E. de celle de Malève; elle se trouve à peu près au centre du petit village qui lui doit son nom, sur la rive droite de l'Orbais.
La Wastinne (Villa que Wastine DICITUR, GESTA ABBATUM GEMBLACENSIUM; Wastina, 1203,1222, 1229, 1243; la Wastine, 1190, 1267, 1397,1446; Wastinen, 1436, 1464; Wastineal, 1441; Wastynen, 1492, 1516; Wastaine, 1597; la Wastenne, 1666; Wastine, 1717; Wastinne, 1699; la Wastinne, 1764; Wastinnes, 1787) est située en aval de Sainte-Marie, au bord du même ruisseau; son église, qui s'élève sur la rive gauche, est a 2,200 mètres N.-E. de celle de Malève.
Douze bonniers à la Route; Fosse aux Renards; Rond cerisier ou Grand arbre; Campagne Desgranges; Aux Molettes ou Voie de Wavre; Saint-Antoine; Saule Hermant ou Grosse saule; Dix Bonniers à la Garenne; la Garenne; Douze bonniers à la Marlière; la Marlière; Rue de l'Enfant; Buison Grand'mère; Hubert-pré (Hubertpreit, XVIIe siècle); Tiége du Larron; Basse André; Champ de Notre-Dame; Dix bonniers Sainte-Barbe; la Chapelle; le Caillou; Château de Malève; Parc du Château ou Bosquet; Ferme du Château ou Grange du Bourgmestre ou Ferme Séverin; Chapelle Sainte-barbe, démolie; Halmet (Al mez ?); le Gibet; le Fonceau; Cortil aux Trous ou au Strau ? Grosse borne; Vallée Crawée; Queue du Ramon, pièce de terre d'une forme très allongée; Marlière Mathieu; Grand tri; le Tilleul; Cortil Caton; Cortil au Bois; Cortil à la Baie; Bois des Béguines; Ferme De Brabant; Ferme Louette; Ferme Rouchaux; Ferme Lacroix; Ferme Bertrand; Ferme Ravet; Haut chemin; Peuplier Boublinne; Bonnier Saint- Valéry (Bonniers. Waleri, 1787, à Malève ); Blanc barreau; Paradis des chevaux, endroit où l'on enterrait les chevaux de la ferme de Brabant; Buisson Sainte-Catherine; Epine de la chapelle des Affligés, qui vient d'être brisée; Chapelle Gofinet ou Sainte-Reine; Chapelle des Affligés ou de Mellemont; Ruelle Simon; Tiége des Fosses; Ruelle Marot; Pont Hussin; Pont Robin; Pont Séverin; les Croisades; Ruelle d’Enfer, ainsi nommée parce que la procession n'y passait pas; le Hotteau; Closière du Seigneur; Pont Léonard; Pont Mélotte; Pont Wilmet; Collinière; Culpe ou Gupe?; Maison Ronveau; Cortil à la Robe; Maison Kaux; Maison Gillet; Maison Constantin Barras; Maison Colon; Chemin de la Croix; la Sablonnière; Terre Piquoi; Sentier des Fils; Pont des Enclos; Sentier des Enclos; Jardin Jaquet; Pont Bailly; Pont Houbeau; Pont Lérat; Pont du Curé; Ferme Délwiche; Champ de Wez; Trou Masson; Fond de Jauche; A la Chavée des Mulets; Champ de la Spinette; Maison Jacques; Maison Docq; Au Jardinier; A la Belle vue; Vieille ferme De Brabant.
Courtil du Marichal de Malève, Fosse au Pinche au Sart, Hot pannon, Aux Omettes, Populleroux, Poilllu fossez, Tiège de Malèves à Rize Barbe, tous à Malève, cités au XVIIe siècle; le Bois planteit (1343, 1363); Aux Tumbelles (1287); Spine a Thiebotsart, deviers Malève (1287); Terres de Lompreit (1203); Pré de la Nouvelle ville (1530), Le bien de Lare ( T'goet te Lare, en flamand, 1459), ces trois derniers à la Wastinne.
Le terrain est généralement plat; on rencontre cependant quelques pentes aux abords de la vallée de l'Orbais, qui se dirige du S.-O. au N.-E. Le point culminant se trouve vers la limite d'Orbais, aux Dix bonniers à la Garenne, où l'on a constaté une altitude de 150 mètres.
Tout le sol de la commune est constitué par le limon hesbayen, reposant sur du sable bruxellien, dont une bande se montre à mi-côte du versant droit de l'Orbais, depuis Sainte-Barbe jusqu'à la Wastinne.
Tout le territoire de Malève appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : l'Orbais et le Robiernu.
L'Orbais vient de la commune à laquelle il a donné son nom ct qu'il quitte sous la ferme de Florival; laisse à sa gauche le village de Malève et longe le château, dont il arrose le parc; traverse Sainte-Marie et la Wastinne; devient limitrophe de Glimes; puis forme la démarcation entre cette commune et Opprebais, après un parcours de 4,300 mètres, dont 1,100 mitoyens, dans la direction générale du N.-E.
Le Robiernu ou Ri d'Hubertpré vient d'Orbais et sert d'abord de limite entre cette commune et celle de Malève ; puis traverse l'Hubertpré, le Champ Saint-Antoine et la Marlière; devient limitrophe d'Opprebais ; et passe entièrement à cette commune, après un parcours de 2,800 mètres, dont 1,300 mitoyens, dans la direction générale du N.-E.
Comme nous l'avons dit à l'article d'ORBAIS, ce ruisseau est à sec depuis plusieurs années, sauf dans la saison des pluies.
Les habitants de Sainte-Marie puisent à la Fontaine à la Broquette.
Dans le parc du château de Malève se trouve la Fontaine Madame, dont l'usage n'est pas public.
Les fossés qui entouraient le château de Malève ont été comblés; on les a remplacés par une belle pièce d'eau nommée le Canal, qui traverse le parc dans toute sa longueur, parallèlement à l'Orbais.
On comptait : à Malève, en 1666, 6O communiants; en 1709, 109 habitants; en 1784, 214 habitants : 2 prêtres, 39 hommes, 42 femmes, 30 garçons et 29 filles âgés de plus de 12 ans, 39 garçons et 33 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 205 personnes : 2 prêtres, 68 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, (57 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 37 garçons et 31 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 268 habitants; à Sainte-Marie, en 1666 .. communiants; en 1709, 83 habitants; en 1784, 113 habitants : 1 prêtre, 30 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 40 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 17 garçons et 19 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 114 personnes : 1 prêtre, 37 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 40 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 17 garçons et 19 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 92 habitants; à la Wastinne, en 1666, 75 communiants; en 1709, 71 habitants; en 1784, 109 habitants: 1 prêtre, 39 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 43 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 17 garçons et 9 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, le même nombre); en l'an XIII, 284 habitants; dans la commune, au 31 décembre 1831, 744 habitants; au 31 décembre 1856, 909 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil remontent à 1696 pour Malève, à 1664 pour Sainte-Marie et à 1599 pour la Wastinne.
Il n'existe plus d'autres bois que le Bosquet, qui occupe une partie des 60 hectares formant le parc du château de Malève. L'extrémité occidentale de la commune, vers Tourinnes, était jadis occupée par le Bois planté.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport â leur étendue :
La seule exploitation de plus de 50 hectares est actuellement la Ferme du Château (94 hect.), tenue par la veuve Ravet (Hubert), appartenant au baron de Vrints de Treuenfeld.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à :
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Louvain.
Jadis il exista à Malève, près du château, un moulin banal, mû par l'eau et qui fut détruit pendant une guerre, antérieurement â l'année 1440; en 1531, le seigneur, Henri de Stradio, demanda à pouvoir établir un moulin à vent, dans l'intérêt des habitants, qui, depuis la disparition du moulin à eau, n'avaient plus d'usine à proximité de leurs demeures; il allégua, en outre, qu'un octroi pareil â celui qu'il sollicitait, avait déjà été accordé à son père. La chambre des comptes, consultée en cette occasion, envoya an gouvernement des Pays-Bas un avis approbatif, mais nous n'avons pas trouvé la décision qui intervint.
En 1636, il n'y avait pas d'usine à Malève et l'on ne se rappelait pas qu'il en eût existé.
La brasserie de Sainte-Marie et celle qui se trouvait, en dernier lieu, à Malève, ne subsistent plus.
Plus de la moitié des ouvriers s'occupent au teillage de lin. On compte une douzaine de marchands de lin.
La route de l'État de Wavre vers Huy traverse la commune sur 550 mètres.
On compte 35 chemins et 23 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 43,531 mètres, dont 4,000 environ sont pavés.
Le chemin de grande communication n° 67 traverse le territoire sur 3,662 mètres; le chemin n* 107, sur 1,777 mètres.
Le nom de Aus Tombelles ou Aux Tombelles que portait l'un des champs de Malève nous prouve qu'il s existé des tumulus dans ce village, comme dans presque toutes les localités voisines. En extrayant du sable dans le parc du château, on a trouvé, il y a une quinzaine d'années, deux urnes en terre grise et un petit bassin en verre blanc verdâtre, ayant 11 centimètres de diamètre sur 7 de profondeur, et orné simplement d'un filet parallèle au rebord. Ces objets sont encore entre les mains de M. de Vrints.
Parmi les biens que Gisèle reçut en dot de son mari, nommé Rothing, et qu'elle donna à son petit-fils Wichpert ou Guibert, le fondateur de l'abbaye de Gembloux, figurent plusieurs localités que l'on désigne comme situées dans le comté de Wastenacum : Naslei, Cotrbeis, Avoncourt, Curceles, un manse près de la Curtis Romanei, la villa de Molins, le bois dit Boisotgris, la villa d’Ailant et Urei. On a cherché ces noms en Belgique, et l'on a cru qu'il s'agissait ici du comté de Wastinne, de Nil, de Corbais, d'Incourt. Mais il parait prouvé que le Wastenacum n'est autre que Gâtinais, aux environs d'Orléans.
Wastinne, au surplus, resta toujours un village d’une importance médiocre, ainsi que Malève et Sainte-Marie, et, selon toute apparence, son nom provient de ce qu'il fut établi dans une localité inculte. Malève n'est mentionnée dans nos historiens que parte qu'il y exista un château, dont les possesseurs exercent des fonctions publiques.
L'un d'eux, Jacques de Malève, homme noble, se trouvant sur son lit de mort, donna à l'abbaye de Villers, en 1222, tous les serfs qu'il possédait dans la paroisse de Malève, savoir : Gela et ses enfants, Ide, Marie, Elbert, Mansuetus et Henri; Henri, son frère Godefroid et ses sœurs Gela et Juttha ou Jute; Godefroid Holant, Thierri du Pont, ses sœurs Ide et Gela, et Jean, fils de celle-ci; Osanna et Pierre son fils, Michel et sa sœur Ide, Richald, Francon et sa sœur Ide et Alard dun Pont. Tous ses serfs, afin que l'on ne pût empirer leur condition, s'engagèrent, par devant l'abbé Guillaume et Jacques de Chaumont, homme noble, à payer à l'abbaye un cens par tête, consistant en un denier de Louvain, qui se payerait tous les ans, à la Purification, par chacun d'eux et chacun de leurs enfants, dès qu'ils auraient atteint l'âge légal, c'est-à-dire leur majorité.
Plusieurs officiers de justice furent condamnés, par le magistrat de Louvain, de 1608 à 1615, à des peines pécuniaires, pour n'avoir pas obtempéré à des injonctions que ces magistrats leur avaient adressées. Jean Aubesoul, maire de la Wastinne, dut construire deux verges de muraille et se racheta de cette peine moyennant 25 livres d'Artois. Le maire de La Hulpe donna 20 livres, le bailli de Jauche, Antoine Roucheau, 40 livres.
Le 6 août 1667, lorsque Louis XIV, profitant de la minorité du roi d'Espagne Charles II, envahit sans motif nos provinces, un combat sanglant se livra à la Wastinne, près de l'endroit dit la Grosse Borne. 600 cavaliers français, commandés par le marquis de Vaubrun, lieutenant général, gouverneur de Philippeville, furent attaqués par 1,000 cavaliers espagnols, commandés par le comte de Marsin et le prince de Ligne. Ces officiers généraux avaient sous leurs ordres le duc de Holstein, le baron de Lembecq et le baron d'Hennicq, conduisant la première brigade; le marquis de Conflans, chef de la deuxième brigade, qui se composait de cinq escadrons, commandés par le marquis de Roubaix, fils aîné du prince de Ligne, M. de Fiennes, le sergent-major du régiment de Holstein, le comte de Ferrari et Leucart, le lieutenant du prince de Salm; et don Philippe de Mallea, commandant de la réserve. Les ennemis essuyèrent une défaite complète, le marquis fut pris et il n'y eut pas 20 de ses soldats qui échappèrent. Le registre des décès de Wastinne contient l'indication de 14 inhumations qui eurent lien à cette occasion.
En l'an VIII on proposa de réunir Sainte-Marie et la Wastinne à Malève, ce qui fut effectué : pour la première de ces localités, par un décret impérial du 27 octobre 1812; pour la seconde, par un arrêté royal du 3 février 1822.
Les trois villages firent d'abord partie de la mairie d'Incourt; depuis l'an III, ils sont compris dans le canton de Perwez.
« En la paroisse de Malève », disent les Comptes du bailli du Brabant wallon, le seigneur du lieu « se dist « avoir cens, rentes, lois et amendes, qui se jugent selon la loi de Louvain et livre homme fourfaict au couron de sa terre et monseigneur y a la haute justice ».
« En la paroisse de Sainte-Marie, Rase de Grez, seigneur de Malève (plus tard, l'abbé de Villers), se dist avoir cens, rentes, loix et amendes », avec les mêmes usages et restrictions que ci-dessus. Au XV* siècle, les sires de Perwez étaient les avoués de l'abbaye de Villers à Sainte-Marie.
La Wastinne appartenait à des seigneurs particuliers, qui y avaient toute justice.
En 1505-1506, Hélène T'Seraerts, dame de Malève, prit en engagère du souverain, , moyennant 62 livres 10 sous de 40 gros de Flandre, la haute justice ou, plutôt, l'exécution criminelle des coupables (mais non les droits régaliens, le droit de succéder aux bâtards etc.). Cette prérogative, rachetée par le domaine, fut définitivement vendue au seigneur de Malève, moyennant 200 livres, en 1550.
Le 17 août 1630, Erasme de Corswarem, seigneur de Roux-Miroir, prit en engagère du domaine, moyennant 600 fl., la haute justice de Sainte-Marie, avec la chasse, les amendes, et sauf les régales, qui furent formellement exceptées de cette cession. Par un acte daté du 4 mai 1632, ce seigneur céda ses droits à l'abbaye de Villers, possesseur de la seigneurie du lieu, qui, le 15 mai 1638, augmenta cette engagère de 600 florins, et conclut un achat définitif et absolu, le 31 octobre 1648, moyennant 1,300 fl. en sus des sommes précédemment payées et par l'intermédiaire de Massin de l'Abbaye, bailli de Hannut.
Les échevins de Malève sont cités dès l'an 1244, ceux de la Wastinne dès les années 1190 et 1243, ceux de « Notre-Dame de Villers l'Abbie » à Sainte-Marie dès l'an 1504. Tous allaient en appel à Louvain. Les Archives du royaume possèdent les anciens greffes de Malève et de Sainte-Marie, qui commencent : le premier, en 1747, le second, en 1767. Récemment encore, Il existait sur la place de Malève un tilleul nommé Le Carcan.
Des sept conseillers communaux, trois sont pris à Malève, deux à Sainte-Marie et deux à la Wastinne. La commune possède 4 hect. 75 ares, dont une partie, dite la Commune de Broux, a été rétrocédée aux habitants, le 30 mars 1821, par M. Osy de Zegwaert. Jadis, une partie de la dîme était prélevée au profit de la communauté. La chambre commune est dans le grenier d'un cabaret, mais on en bâtira probablement une l'année prochaine. Le budget, pour l'année 1859, présente les chiffres présents :
Les seigneurs de Malève commencent dès la seconde moitié du XIIe siècle.
Philippe de Malève céda à l'abbaye de Villers une terre allodiale, ce qui fut approuvé en 1177 et 1192, par l'autorité pontificale; en 1197, par le duc Henri Ier. Arnoul de Malaive et son frère Rodolphe Bossins de Malaive sont cités en l'année 1221. Au mois d'octobre 1227, celui-ci, se trouvant à Villers, céda à cette abbaye, en présence du duc Henri et d'un grand nombre de ses vassaux, le village de Malève et tout ce qu'il possédait. La communauté transporta ce bien au chevalier Jacques de Walhain et celui-ci, de son côté, renonça à ses droits sur la familia (les serfs) que lui-même avait donnée au monastère et sur l'autre familia de ce dernier; les membres des deux familia devaient être dorénavant libres de toute exaction et pourraient acquérir des terres à Malève jusqu'à concurrence de 40 bonniers, ou seulement 20 b., si Jacques ne gardait que la moitié du village. Ce Rodolphe Bossins est sans doute identique au Rodolphe de Malève, fils du sire Rase de Petrebais ou Piètrebais qui donna des dîmes, cens et redevances à Grimde près de Tirlomont pour fonder dans l'église de Malève un autel en l'honneur de saint Gilles, (Acte daté de Thorembais, le jour des onze mille vierges, en 1238). Rodolphe Bossins avait encore un frère, du nom de Thierri, et qui se qualifie, comme lui, d'homme libre, dans un acte de l'an 1222.
Nous avons parlé de « noble homme Jacques de Malève », qui, en 1222, affranchit ses serfs de Malève et les donna à l'abbaye de Villers, en même temps qu'un bonnier d'alleu et un cens de 44 deniers.
En 1243 vivaient René et Francon de Malaria, qui étaient vassaux de Godefroid de Saint-Géry. Fraucon est cité, l'année suivante, avec sa femme et G., leur fils. En 1265, l'abbé Bernard et les religieux de Villers s'accordèrent avec René au sujet de la collation de la chapellenie que les ancêtres de celui-ci avaient fondée à Malève et donnée au monastère. Les biens furent assignés à l'entretien d'un chapelain que les religieux nommeraient. Pour le cas ou René bâtirait une chapelle dans son château, le bénéficier serait tenu d'y célébrer la messe pendant la vie de René, de sa femme, de leur fille Clémence, lorsqu'ils se trouveraient à Malève; sinon, les messes du bénéfice se diraient dans l'église, à l'autel de la chapellenie. La veille de la Pentecôte, en 1293, René, se qualifiant de seigneur de Malève et agissant avec le consentement de sa fille Clémence, dame de Rixensart, céda à l'abbaye de Villers, moyennant 118 livres, son alleu de Grimde, qui rapportait par an 17 livres 10 sous de petits deniers ayant cours en Brabant; 12 muids de froment à prélever sur 12 b. de terres voisins de sa grange de Sart et acquis de sire Thomas, seigneur de Sombreffe, et 9 muids de froment hypothéqués sur la terre de Godefroid Spie de Thorembais; par contre, les religieux s'engagèrent à célébrer son anniversaire le 11 octobre et celui de sa femme Odilie pendant les octaves de la Nativité de la Vierge.
Clémence, fille et héritière de René, fut d'abord dame de Rixensart par mariage et s'allia ensuite au chevalier Gillebers ou Gilbert de Grez. Le monastère de Villers lui étant resté redevable de quelques cens, s'acquitta en lui cédant, à elle et à Gilbert, la cour, les masuiers ou tenanciers, les 14 sous 2 deniers de cens, le blé, l'avoine et les chapons que l'abbaye avait à Malève et, à cette occasion, on évalua le blé à 15 livres de Louvain le muid, l'avoine à 7 u livres le muid, le chapon à 15 sous (juillet 1303). Clémence fonda un autel dans l'église abbatiale de Villers.
En 1312, la terre de Malève était tenue en fief du duché de Brabant par Gilbert de Grez, qui épousa Jeanne de Seraing.
Rase, seigneur de Malève, mourut le 28 janvier 1351, et épousa Marguerite, dame de Neer-Linter, morte le 31 mars 1364, et avec qui il fut enterré dans la chapelle de Saint-Georges, dans l'église de Grez.
Gillebaut, ou Gilbert, son frère, céda Malève à un autre frère, nommé Baudechon, en échange du domaine de Froideval, à Grez. Il scella encore la charte de Cortenberg, de l'an 1372, en qualité de seigneur de Malève.
Bandechon ou Baudouin de Grez se fit recevoir bourgeois de Bruxelles en 1376, et épousa Marie Godevaerts, dame à Erps.
Rase, leur fils (relief de 1379-1380), joua dans son temps un rôle considérable. Etant entré en contestation avec le chevalier Jean de Glimes, il guerroya contre lui dans le Brabant wallon, en l'année 1400. Il exerça l'office de maire on chef-maïeur de Louvain a partir du 23 décembre 1403, y renonça le lendemain du jour de Pâques en 1406, fut nommé une deuxième fois le 22 juin 1407, en remplacement de messire Jean de la Neufverue, son successeur; resta en fonctions jusqu'au 27 juillet 1409, fut nommé une troisième fois le 27 juin 1424, en remplacement de Louis Pinnoc, et cessa d'être maire le 29 juin 1426. Le duc Antoine le nomma, le 20 juillet 1406, châtelain de Louvain, mais il résigna ce poste lorsqu'il devint maire pour la deuxième fois. Pendant le règne de Jean IV, il remplit plusieurs missions importantes. Il fut l'un des nobles à qui les états du duché confièrent l'administration du pays, en 1415, et des députés qu'ils envoyèrent â l'empereur, l'année suivante. Il contribua a la condamnation des conseillers du duc, détint dans son château de Malève, en 1421, Jean de Coudenberg, qui fut ensuite ramené à Bruxelles et décapité par ordre de la commune, et scella la charte dite du Nouveau règlement en 1422. En 1427 il fut appelé aux fonctions de premier bourgmestre de Louvain et, après l'avènement de Philippe de Bourgogne au duché de Brabant, il entra dans le conseil ducal. Il hérita, du chef de sa mère, de la belle seigneurie d'Héverlé, mais deux ans après, en 1448, il fut forcé de la vendre au chancelier Raulin, l'un des personnages les plus puissants de la cour bourguignonne. Rase s'était allié a Jeanne de Raucourt, dont il n'eut qu'une fille, nommée Jeanne comme sa mère et qui épousa Jacques, sire de Jauche.
Rase de Grez, avec le consentement de son petit-fils , Gilles de Jauche, vendit Malève à Arnoul de Corswarem, seigneur de Hierges, Creenwick, etc., conseiller de Louis de Bourbon, évêque de Liège, gouverneur de Bouillon, membre de l'état noble du pays de liège (r. du 6 décembre 1448). Cet Arnoul avait épousé Jeanne, la sœur de Gilles de Jauche. Rase, fils d'Arnoul (r. du 15 septembre 1479), épousa Catherine de Dongelberg et vendit Malève à sire Jacques de Glimes, chevalier, bailli du Brabant wallon (r. du 3 septembre 1491). Celui-ci en légua la propriété à sa veuve, Catherine L'Orfèvre (r. du 6 mai 1497).
Peu de temps après, une nouvelle vente fit passer Malève entre les mains de maître Guillaume Stradio, dit aussi Guillot, licencié en droit, conseiller de l'archiduc et enfin chancelier de Brabant (r. du 11 juin 1498). Ce Stradio était fils de Jacques Gillot ou Stradio et avait épousé Hélène (dite ailleurs Catherine) T'Seraerts, fille du seigneur d'Aa à Anderlecht. C'est à ce chancelier que l'on attribue une réflexion très juste, faite à l'occasion de l'avènement de l'archiduc Philippe d'Autriche au trône de Castille : « Je prévois que ce grand bonheur du souverain « fera notre malheur. Nous ne verrons plus nos princes parmi nous. Leur postérité et la nôtre ne se connaîtront plus. Nous serons exposés, comme par le flux et le reflux d'une mer agitée, à toutes les bourrasques d'une cour étrangère. Nous aurons des gouverneurs qui ne songeront qu'à eux sans songer à nous. Pauvre pays! tu seras foulé par tes amis et tes ennemis. Tes défenseurs seront étrangers et mourront avant de te servir ». Prophétie bien remarquable, si elle n'a pas été fabriquée après coup. Pendant trois siècles, la Belgique, associée à la destinée d'États plus puissants, fut largement exploitée et faiblement défendue par eux.
Henri de Stradio, fils du chancelier (r. du 31 août 1504), servit Charles-Quint comme homme d'armes de la bande du marquis d'Aerschot et de celle du sire d'Aimeries, ce qui lui occasionna de fortes dépenses, et fut nommé amman de Bruxelles, le 29 janvier 1532-1533, fonctions qu'il remplit jusqu'à sa mort, arrivée le 1er septembre 1557. Il épousa d'abord Isabeau de Mingersfruyt, fille de Josse, sire de Crubeke, puis Jeanne de Facuwez.
Sire Louis, son fils (r. du 15 octobre 1557), bailli de Nivelles et du Brabant wallon depuis le 29 mars 1559-1560, date de ses lettres patentes, jusqu'au 15 novembre 1566, époque de sa mort. Il s'allia à Jeanne Van de Werve, puis à Marguerite de Grimberghe ou Berghes, qu'il laissa enceinte et qui épousa ensuite Pierre Psalmier, sire de Brumagne.
Jeanne de Stradio, fille unique de sire Louis, fut dame d'Orbais et d'Orp-le-Petit, releva la haute justice de Malève après la mort de son père, épousa Guislain de Wignacourt, seigneur de Bugnastre et de Bullecourt, et mourut avant sa mère le 7 novembre 1587.
Philippe de Wignacourt, son fils, releva, après la mort de son aïeule : Malève, le 4 juillet 1612 ; Orbais, le 11 du même mois.
Henri, fils de Philippe (r. du 8 octobre 1626), eut deux femmes : Louise-Ernestine de Mirbicht et Anne-Thérèse ou Ernestine Suys.
Marie-Thérèse de Wignacourt, issue du premier lit, épousa Ferdinand-Léopold ou Ernest-Hyacinthe de Suys, comte du Saint-Empire-Romain, se qualifia aussi de dame de Malève et laissa ses prétentions à ce titre à son fils, Daniel-Jean-Ferdinand.
Henri de Wignacourt avait fait donation de Malève, d'Orbais, d'Orp-le-Petit etc., à son fils du second lit, Ferdinand de Wignacourt, comte de Lannoy, baron de Hanneffe, seigneur de Ponchine, lorsque celui-ci prit pour femme Marie-Isabelle de Colereau d'Assche, fille de Guillaume, marquis d'Assche (r. du 20 décembre 1686). De cette union naquirent le comte Henri-Anne-Auguste, Guillaume-Alexandre, comte de Lannoy et en Aigremont, et Alexandre-Constantin, baron de Beuquet, qui vendirent Malève et Orbais à Charles-Henri de Monget, chanoine de Liège (r. du 30 octobre 1698).
Celui-ci agissait sans doute au nom de Daniel-Jean-Ferdinand de Suys, que nous retrouvons bientôt en possession de Malève et qui laissa deux fils, Ferdinand-Antoine-Paul et Hyacinthe-Ernest-Joseph, officier dans les années de l'électeur palatin. Ferdinand-Antoine-Paul, à qui son père céda Malève et ses dépendances (r. du 23 août 1730), obtint de l'impératrice Marie-Thérèse la confirmation du titre de comte, avec le droit de porter pour armoiries : d'azur, chargé de trois maillets d'or, deux en chef, un en pointe (lettres patentes datées de Vienne, le 17 octobre 1742). Il appliqua ce titre de comte sur la terre de Malève (r. du 20 janvier 1743), et mourut à Malève le 23 avril 1770, à l'âge de 77 ans, sans avoir été marié. Il fut enterré dans le chœur de l'église paroissiale, dans le caveau des anciens seigneurs. Par un testament en date du 31 juillet 1769, passé devant le notaire Liboutton, il avait choisi pour son héritier Marie-Léopold, comte de Berlo d'Hozémont, seigneur d'Assenois, chambellan de l'électeur de Cologne, en lui imposant la condition de porter le nom et les armes des Suys (r. du 22 avril 1771).
Jean-Louis-Antoine, comte de Berlaimont, baron de Jauche, prétendant avoir acquis Malève par cession de Jean-Ignace, comte de Wignacourt, s'empressa de faire le relief de cette terre par-devant la cour féodale de Brabant (24 décembre 1770) et en revendiqua la propriété; mais le conseil de Brabant, qui avait évoqué la décision de cette affaire, le débouta de ses réclamations (17 juillet 1773).
Vers 1784, le château fut vendu à M. de Man de Lennick; mais cette cession parait avoir été annulée plus tard. Par suite de la révolution brabançonne et des guerres de l'empire, la famille de Berlo fut forcée d'aliéner le comté de Malève. Le baron Corneille-Baudouin Osy de Segwaert, seigneur de Segwaert et de Salenteyn, en Hollande, depuis membre de la première chambre des états généraux, en fit l'acquisition en vente publique par-devant le tribunal de Nivelles, le 5 décembre 1811, et, par un second acte, du 9 mai 1815, obtint du comte Jean-Louis de Berlo la ratification de cette vente.
En vertu d'un acte de partage passé à Rotterdam devant le notaire Vanderlooy, le 10 mai 1832, Malève est échue à la plus jeune fille du baron, Louise-Charlotte-Cornélie baronne Osy de Segwaert, qui épousa le baron Alexandre de Vrints de Treuenfeld, chambellan de l'empereur d'Autriche.
D'après le dénombrement que présenta Rase de Grez le 22 juin 1440, la seigneurie comprenait le château, avec ses étangs, vergers et autres dépendances; un moulin banal, situé à côté du château et qui était alors en ruines, 60 bonniers de terres, 1 b. de prairie, à Orbais, où avait existé un moulin à eau ; une paen-huys ou taverne, qui était affermée moyennant 18 grypen de 40 placques; un cens de 31 sous et 142 chapons payables à la Saint-Étienne, 4 sous payables à Pâques, 2 livres 19 s. de Louvain payables à la Saint-Jean, 13 s. 6 d. payables à la Saint-Remi et 2 s. 5 d. et 4 muids d'avoine, payables à la Saint-André; une cour féodale de six hommages, dont un consistait en une juridiction seigneuriale sur 145 b. 1 j. de terres et prairies (possédée en 1536 par Walrave d'Ittre); un tribunal composé d'un maire et de sept échevins, avec droit de moyenne et basse justice et obligation de livrer les criminels condamnés au maire d'Incourt (officier du souverain); le droit de percevoir le dixième denier etc. En 1530, les dépendances comprenaient 68 b. de terres et 12 b. de bois; on comptait 35 ou 36 masuiers ou tenanciers et le cens produisait 12 sous 13 patars, 182 chapons et 62 pains de pâté d'avoine. En 1559, la haute justice y fut réunie. Dans l'affiche de vente de 1784, on évalue à 214 b. environ le total des dépendances en terres, prairies et bois, et l'on mentionne, comme appartenant au seigneur, le droit de chasse et de pêche et le droit de plantis. En 1474, le fief fut taxé pour le service féodal à un combattant à cheval et un à pied.
Le château, dont il est fait mention dès le XIIIe siècle, est déjà mentionné en 1530 comme une « maison antique ». A en juger par la vue que le baron Le Roy a publiée, il doit avoir été reconstruit au XVIIe siècle : des pignons à angles rentrants et saillants, des tours carrées se terminant par des pignons du même genre ou par un campanile, des fenêtres à meneaux croisés, en pierre, attestaient qu'il avait été, sinon reconstruit, du moins entièrement remanié après les guerres de religion. La ferme, avec ses bâtiments peu élevés et simplement recouverts de paille, n'aurait offert aucun caractère féodal si la porte d'entrée n'avait été surmontée d'une petite tour carrée avec toit à campanile.
En 1834, les architectes Paterson et Moreau ont complètement modernisé le château, qui a perdu son cachet d'antiquité sans acquérir l'élégance des constructions modernes. Les bâtiments n'ont qu'un étage au-dessus du rez-de-chaussée et décrivent, en plan, une équerre dont l'angle rentrant est exposé au midi et renferme une serre. Dans l'angle s'élève une tour carrée à quatre étages; les deux derniers montrent encore une fenêtre ancienne, à croisée de pierre; le toit a été remplacé par une plate-forme à créneaux. C'est ce côté que l'on aperçoit de la place publique de Malève. La façade N.-O. présente un perron, flanqué de deux fenêtres de chaque côté et formant l'entrée principale du château; elle est cantonnée, à gauche, d'une tourelle carrée, posée obliquement hors d'œuvre et s'élevant d'un étage au-dessus des bâtiments. La façade N.-E. a vue sur le parc et le canal; elle a six fenêtres de largeur et se trouve cantonnée, à droite, de la tourelle dont nous venons de parler; à gauche d'une autre tourelle, en avant-corps, de même hauteur que la précédente, percée comme elle d'une fenêtre sur chaque face des divers étages et ayant eu aussi son toit pyramidal remplacé par des merlons. La façade S.-E. est sans caractère. D'anciens écussons seigneuriaux se voient au-dessus de la cheminée de la cuisine et dans le pignon vers la place de Malève.
Le parc est fort beau; il a été planté en 1832 et mesure environ 60 hectares.
Il existait au château une chapelle castrale, à laquelle était attachée une chapellenie dite de Notre-Dame de la Motte ; le possesseur jouissait de 9 b. 2 j. de terres (revenu total, en 1787, 137 fl.) et était tenu de célébrer 2 messes par semaine. Lorsque M. de Berlo-Suys vendit la seigneurie à M. de Man de Lennick, il emporta le calice, le missel etc., de la chapelle, malgré la défense qui lui fut signifiée par un notaire,
Les anciens diplômes mentionnent des chevaliers de Malève qui paraissent avoir été étrangers à la lignée seigneuriale ou en avoir constitué une branche cadette. En 1267 on cite Gobert de Malève et ses frères : Kirotes et Otles (Ottelet ou le Petit Othon).
En octobre 1287, Antoine et Stevenes ou Étienne de Malève donnent à l'abbaye de Villers 5 bonniers de terres situés aux Tombelles, et qui avaient appartenu à dame Gertrude d'Orbais.
En 1340, vivaient Gillechon et Marie, enfants de feu maître Lambert de Malève.
Les villages de Sainte-Marie et de la Wastinne, avec le droit de patronat de l'église, deux tiers de la dîme de Sainte-Marie, un cens de 32 muids d'avoine, 40 sous, 26 chapons, 18 bonniers de terres et de prés tenus en alleu, 5 1/2 b. de terres censales etc., appartenaient primitivement au chapitre de Saint-Denis de Liège, qui les céda, en 1313, la veille de la fête des saints Pierre et Paul, à l'abbaye de Villers, en échange de biens situés en Hesbaye. Le produit annuel de ces seigneuries fut alors estimé à 80 muids de grain nud.
D'après un record des échevins de l'abbaye de Villers en la cour de Sainte-Marie, daté du 15 janvier 1384, ce monastère et nul autre, d'après ce que ces échevins avaient vu et ce qu'ils avaient appris de leurs prédécesseurs, avait dans le village une cour foncière. Deux plaids généraux s'y tenaient chaque année par les soins du maire, qui les faisait annoncer par le son de la cloche; les masuiers ou tenanciers de Villers étaient tenus, sous peine d'amende, de se rendre à ces assemblées. Quand l'abbaye ne pouvait se faire payer l'une de ses « rentes, droitures ou dettes », elle avait la faculté de réclamer la saisie par le maire, d'après l'avis des échevins, du bien pour lequel on était son débiteur. Les seigneurs de Perwez étaient haut-voués de la ville de Sainte-Marie. Ils devaient protéger contre toute violence les domaines du monastère et recevaient à ce titre cinq muids d'avoine, tous les ans. Quand une personne était condamnée pour une affaire criminelle, le maire était tenu de la livrer, aux officiers de l’avoué, en vêtements de lin, à la limite de la seigneurie de celui-ci, qui pouvait la traiter à sa volonté. Les tenanciers élisaient un forestier, qui devait avoir son domicile à Sainte-Marie, et le présentaient à l’avoué, à qui il jurait d'être fidèle aux religieux et de maintenir leur juridiction et leurs droits. C'était le forestier qui avait les prisonniers en sa garde.
La seigneurie de Sainte-Marie s'accrut de la haute justice, acquise, en 1632, du seigneur de Roux-Miroir, qui l'avait prise en engagère du souverain, quelques années auparavant. Comme nous l'avons dit en parlant de Malève, la communauté de Villers eut, au XIIIe siècle, de grands biens dans ce village et y renonça ensuite en faveur d'un des seigneurs du lieu. Elle en avait obtenu une partie, en don, d'Arnoul de Walhain, antérieurement à l'année 1197.
En 1200, on mentionne Gozelin de Sainte-Marie; en 1243 et 1267, Baudechon ou Baudouin de Sainte-Marie.
Le 27 juin 1407, « al assuwe », Godefroid Charles, de Meffe, vendit à l'abbaye de Villers une seigneurie, avec cour de tenanciers, cens, rentes etc., qui relevait en fief de celle de Sainte-Marie et était située au village du même nom. Elle avait été acquise par le monastère, pour défaut de paiement d'un cens tréfoncier, dû par Thierri de Fléron, beau-frère de Charles, et avait antérieurement appartenu à Guillaume Poteal.
Les Bierbais ou Bierbeek eurent de grandes propriétés à la Wastinne. Aleïde de Bierbais et son fils Walter y gratifièrent Gérard et Emmon d'un domaine que ceux-ci, en 1190, cédèrent à l'abbaye de Villers en échange d'autres biens. Le même Walter abandonna au monastère les grandes d'unes du village et les cens que ce monastère lui devait pour les terres dépendantes de la ferme de Lompreit ou Longpré et comprises dans le village de la Wastinne; on lit une approbation de cette cession dans une charte datée de Numagen, en 1203, et émanée de Henri de Cuc ou Cuyck, suzerain de Walter pour ce fief; de sa femme Catherine et de leur fils Albert.
Néanmoins Walter inféoda cette dîme à un bourgeois de Louvain, l'écuyer (scutarius) Hugues; mais, sur les réclamations de l'abbaye, le chevalier Thierri de Bierbais, fils de Walter, abdiqua ses droits sur la dîme, par-devant deux dignitaires ecclésiastiques, spécialement chargés par le pape d'examiner cette contestation (août 1229), et un mois après, Hugues y renonça également.
Vers l'an 1400, le village fut détaché de la seigneurie d'Opprebais. En vertu d'un accord conclu entre Robert d'Orfesées et Jean, fils naturel de messire Arnoul d'Opprebais, ce Jean garda « quelques biens à Opprebais, qu'on dit Wastine ». Ces biens formèrent un fief tenu du duché de Brabant et que se transmirent successivement les feudataires suivants :
Louis de Juply ou Jupplu;
Jean, fils de Jacques de Glimes et de Jeanne de Jupplu, par la mort du précédent, son oncle (r. du 21 juillet 1446);
Elise de Jupplu, sœur de Louis (r. du 10 mai 1447);
J
acques de Glimes, seigneur de Han-sur-Lesse, releva la Wastinne, en qualité d'héritier de son frère Jean (20 mai 1460); il fut conseiller du duc Charles le Téméraire, et bailli du Brabant wallon depuis le 4 octobre 1460 jusqu'au 27 juillet 1474; à cette dernière date, il fut provisoirement remplacé par son lieutenant Baudouin Henri. L'irascible souverain des Pays-Bas le fit amener devant lui, l'accusant d'avoir montré peu de diligence à lui envoyer, aux jours et places indiqués, le nombre de chariots qui avaient été mis en réquisition, « par quoi », disait le duc, « avons souffert dommage irréparable à notre très grand déplaisir ». L'accusation fut sans doute reconnue peu fondée, car Jacques, après être resté à l'armée, au siège de Neuss et en d'autres endroits, rentra en fonctions à la Noël de l'année 1475 et y fut continué par lettres patentes de la duchesse Marie de Bourgogne, du 29 mai 1477, en récompense des services que son père et son aïeul avaient rendus.
Catherine L'Orfèvre, sa veuve, eut l'usufruit de la Wastinne (r. du 6 mai 1497);
Jacques de Glimes, fils de Jacques, chevalier, neveu du précédent (r. du 17 avril 1518);
Thomas de Glimes, fils du précédent et de Catherine Salmier (r. du 28 novembre 1542);
Anne, sa sœur, femme d'Erard de Wihoingne ou Wihogne, seigneur de Velroux (r. du 4 février 1544-1545), qui devint vicomte de Jodoigne, par achat;
Sire Jacques de Glimes, vicomte de Jodoigne, seigneur de Francquenies, bailli du Brabant wallon (r. du 30 mars 1583);
Charles Tisnacq, chevalier de Calatrava, commandeur d'Alcoloa, gentilhomme du roi ect lieutenant principal de la cour féodale de Brabant, par achat (r. du 23 octobre 1595);
Les héritiers du précédent (r. du 6 septembre 1597);
Charles de Glimes, vicomte de Jodoigne et de la Wastinne, fils de Jacques cité plus haut (r. du 4 juillet 1612);
Jacques, son fils (r. du 29 avril 1625);
Jean-Charles, frère de Jacques;
Winand, créé comte de Glimes en 1643, également frère des précédents et qui continua la lignée;
Philippe-Eugène, comte de Glimes (r. du 28 septembre 1699);
Philippe-Joseph, par don du précédent, son père, et en vertu de son contrat de mariage avec Marie-Justine de Spangen, passé par-devant le notaire Tilman, le 7 octobre 1717 (r. du 1er décembre 1717);
Marie-Justine, comtesse de Spangen, comme veuve du précédent, et à la suite d'une transaction judiciaire passée, le 11 septembre 1747, entre elle et Marie-Barbe, comtesse de Glimes, douairière de Joseph, comte de Corswarem-Looz (r. du 26 avril 1756);
Albert de Piermans, seigneur de Fleschière, Opperzeele etc., et Catherine-Alexandrine d'Arrazola de Onate de Gomont, par achat (r. du même jour); Catherine-Alex. d'Arrazola, devenue veuve (r. du 19 mai 1759);
Albert-Louis-Joseph Van den Cruyce, par achat (r. du 3 août 1764).
Hélène-Cornélie Van den Cruyce épousa Charles-Emmanuel-Guislain-Caïmo. Leur fille, Emérence-Thérèse, s'est alliée à M. Auguste-Guillaume, baron de Brou, qui a été autorisé, par diplôme du 16 décembre 1839, à ajouter à son nom celui de la seigneurie de la Wastinne. M. de Brou habite d'ordinaire le château qu'il s'est fait construire à Cortil-sur-Orne. La seigneurie de la Wastinne, située entre Sainte-Marie et Opprebais et tenue en fief du duché de Brabant, avait cens, rentes, lois et amendes. Le possesseur constituait un maire et des échevins; le cens produisait: en 1530, 92 chapons, 100 sous de 12 deniers, 22 vieux gros, 14 muids d'avoine, mesure de Jodoigne; il en dépendait une prairie de 3 journaux, dite de la Nouvelle Ville. Le relief de 1595 attribue à cette tenure le droit de haute, moyenne et basse justice et dit que le possesseur la qualifiait de Vicomté de Wastinne (by hem geheeten borchgraeffschap van Waastine); il est certain qu'on ne connaît aucune érection de cette seigneurie en vicomté et qu'elle n'a pu prendre ce titre qu'à la suite d'une confusion avec la vicomté de Jodoigne, qui longtemps aussi appartint aux Glimes. En 1699, la Wastinne est encore décorée du titre de vicomté.
En 1267, on mentionne un Clamens ou Clamos del Wastine, feudataire de Henri d'Opprebais. Il y avait dans le village, en 1459, une ferme et quelques terres où personne ne revendiquait la juridiction. Une note rédigée en flamand lui donne le nom de T’Goet te Lare, le Bien à Lare, et ordonne d'en faire la saisie au nom du duc de Brabant. Dès l'année 1222, l'ordre de l'hôpital de Jérusalem contestait à l'abbaye de Villers la possession de la grande dîme de la Wastinne. Au XVIIe siècle, le commandent de Chantraine y possédait 3 bonniers de terres, 1 b. de prés et 1 b. de bois et y levait, ainsi qu'à Sart-Risbart, sous Opprebais, une portion de dîmes, le tout produisant un revenu de 300 fl.
Les trois églises de Saint-Valère (aujourd'hui, de Sainte-Cornélie), à Malève, de l'Assomption de la Vierge, à Sainte-Marie, et de Saint-Jean-Baptiste à la Wastinne, avaient rang : cette dernière, d'église entière; les deux autres, de quarte chapelle. Elles étaient d'abord comprises dans le concile de Jodoigne, de l'évêché de Liège, firent ensuite partie du doyenné de Jodoigne, dans le diocèse de Namur, et entrèrent, après le concordat, dans l'archevêché de Malines. La Wastinne resta seule succursale de la cure de Jodoigne; Malève et Sainte-Marie, réduites à l'état d'annexes, n'avaient encore rien tenté, à la date du 10 octobre 1822, pour faire reconnaître l'existence de leurs oratoires, puis, lorsque ces localités tentèrent des démarches dans ce but, elles n'obtinrent qu'un refus (28 septembre 1825); enfin, elles furent érigées en succursales distinctes : Malève, le 25 septembre 1839, et Sainte-Marie, le 11 juillet 1842.
La circonscription des trois paroisses est si irrégulière et si compliquée qu'il serait impossible de la décrire; un plan pourrait seul rendre compte de cet enchevêtrement. En 1787, sept maisons d'Incourt étaient considérées comme dépendant de la paroisse de Malève.
Le 14 mai 1424, le curé Henri de Flinne conclut un accord avec l'abbaye de Villers au sujet de quelques droits appartenant à son bénéfice. En 1666, ce dernier jouissait de 17 bonniers de terres et d'une partie de la dîme; en 1787, le curé avait la propriété de 16 b. 2 j. et levait deux tiers de la grande dîme sur environ 150 b., la dime sur 6 b. de novales et la petite dîme. Le total de ses revenus s'élevait alors à 744 fl. Le troisième tiers de la grande dîme précitée était perçu au profit de la commune et d'autres cantons de dîme appartenaient à l'abbaye d'Heylissem, au chapitre de Hougaerde et à la cure de Grimde près de Tirlemont.
Il y avait deux bénéfices qui, en 1787, étaient annexés par moitié à l'église et à la cure. Le premier, celui de la Vierge ou de Saint-Gilles, était chargé de deux messes par semaine, et était doté de 6 b. de terres, de 3 j. de bois, d'un quart de la grande dîme de Grimde (sur environ 118 b. de terres et 6 b. 1 j. de prairies) et d'une petite dîme à Gossoncourt (sur 3 b. 1 j.), le tout produisant, en 1787, 308 fl. 17 sous; le second, dédié à sainte Catherine, possédait 3 b. 1 j. de terres. La marguillerie était en possession de 15 j. de terres (revenu, en 1787,70 fl. 10 s.) Quant à l'église, dont les comptes n'avaient pas été rendus depuis longtemps, en 1666, son revenu ne s'élevait, en 1787, qu'à 41 fl. 3 s.; y compris celui des fabriques d'église de Sainte-Marie et de la Wastinne, il montait, en 1846, à 2,529 francs. La dotation de l'église en terres comprend 7 hect. 42 ares.
L'église de Malève, que l'on a détruite cette année (1864), était antique, mais peu remarquable sous le rapport de l'art. En 1666, le plafond du chœur et de la nef se trouvait à jour en plusieurs endroits et plus d'une poutre périssait de vétusté. Elle était bâtie en moellons gris, sous forme de croix latine, avec abside à trois pans. Le croisillon droit s'étendait beaucoup plus que celui de gauche vers le bas du vaisseau, qui était malsain à cause de son peu d'élévation. Au pied de la croix se dressait une tour carrée, percée de quelques meurtrières et surmontée d'une flèche à pente brisée. Cette tour datait probablement de l'époque romane, car elle présentait, à la partie inférieure, une baie fortement ébrasée extérieurement; le restant de l'édifice paraissait un peu plus moderne, les arcades donnant accès aux croisillons dessinant une ogive. Les bas autels étaient placés sous l'invocation de la Vierge et de Sainte Catherine. Dans le chœur était placée une belle dalle tumulaire, représentant les armoiries mi-parties de Stradio et de Berghes, et un chevalier ayant à ses côtés sa femme et à ses pieds un lévrier. On y lit cette inscription :
« C'y . gist. mesir. loys. du stradiot chevalier | sr dorbays de maleive. daa vanderste(e)n dorpt le pety etc et en son temps grandt baillieux | de brabant q(ui) trespassa la(n) XV LXVI le IXe ior de | novembre — et dame margherit de berghes, son espeuse q(ui)…. |...... Quartiers : Stradiot, Scerast, Mingelstruit, Morkert; Berghes, T'serclaes, Bosehuyse, Back. »
Dans le transept gauche était placée une autre belle dalle, dont voici l'inscription : « Icy. gist . damoys | elle . ysabeau . de . yagers . niepce . de Messir. henry. de . stradio. chlr. | sr. de . malesve . et . laq | uelle trespassat. le . IIIJ . jour . de. septembre . lan. XVeLI. pryes. pour . son .ame. »
Les deux mounuments funéraires, ainsi que quelques autres moins importants, ont été conservés.
La nouvelle église de Malève, dont la grosse maçonnerie vient d'être terminée, se construit dans le style ogival sur les plans de l'architecte Coulon. Elle est bâtie en briques, avec cordons, moulures, anglées etc. en pierres de taille bleues et blanches. La façade s'amortit en fronton; la partie centrale, formant avant-corps, est percée d'une porte en ogive, surmontée d'une baie qui éclaire le jubé. De chaque côté s'ouvre une fenêtre correspondant aux bas-côtés. Du milieu de la façade s'élance un clocher carré, dont abaque face montre une baie géminée et se termine en gable; une flèche octogone domine le tout. L'intérieur est disposé en basilique à trois nefs, avec abside à trois pans; deux rangées de cinq colonnes, les extrêmes engagées, divisent l'édifice en quatre travées, marquées par des arcades ogivales. Le vaisseau est recouvert de voûtes d'arête à nervures croisées, arcs doubleaux et formerets. Une tribune est ménagée à la famille du baron de Vrints, qui contribue pour une large part dans les frais de construction. Les autels seront en pierre blanche sculptée. Le maître-autel sera dédié à sainte Cornélie, patronne de Mme la baronne de Vrints.
On replacera dans l'église les anciens fonts baptismaux; ils appartiennent à l'époque romane et à la catégorie des fonts pédiculés composés; les colonnes n'existent plus : on n'a sauvé que la base et la cuve circulaire, ornée de quatre têtes saillantes.
Dans le principe, c'était le chapitre de Saint-Denis, de Liège, qui avait le patronat de l'église de Sainte-Marie. Dans une déclaration en date du vendredi après la Sainte-Gertrude, en 1315, le chapitre se prétendait exempt de payer pour ce temple les droits d'obsone et de cathédratique. Néanmoins, l'archidiacre de Liège, Emichon de Spanheim, ayant vainement réclamé le paiement de ces droits, donna ordre s'y suspendre la célébration de l'office divin; il ne consentit à lever cet interdit que lorsqu'on eut satisfait à ses réclamations (dimanche après la Toussaint, en 1316).
L'abbaye de Villers, qui acquit ensuite la seigneurie de Sainte-Marie, en faisait desservir l'église par un de ses religieux. A la demande du curé Jean Rosseau et en considération des charges excessives que les malheurs du temps faisaient peser sur lui, l'évêque de Namur Havet annexa à la cure les revenus de l'autel de Saint-Nicolas, dont la collation appartenait aussi à l'abbaye de Villers (16 juin 1574). Au XVIIe siècle, le curé n'était que desservant, la cure ayant été unie au monastère et les deux chapellenies ayant été annexées au séminaire de Namur. Plus tard, à la suite d'une transaction conclue le 24 juin 1786, le curé renonça à sa part dans la dîme et reçut en retour la jouissance de 13 b. de terres et 1 1/2 j. de prairies. Son revenu s'élevait alors, au total, à 1,263 fl. 14 s. On voit à la cure un tableau représentant une Sainte Famille et un ange qui offre des fleurs à l'enfant Jésus; cette toile, qui n'est pas sans mérite, porte ces mots : Hugo Vanderbeken anno 1604.
Il existait jadis une fondation dite de la messe du Saint-Sacrement, messe qui se disait le jeudi. La fabrique avait, en 1787, 76 fl. de revenus; elle possède actuellement 4 hect. 15 ares.
II serait difficile de déterminer l'âge de l'église, à cause des travaux de modernisation que l'on y a opérés à l'époque où prévalait le style de la renaissance. Extérieurement, tout ce petit temple est revêtu de pierres grises assez régulièrement appareillées, sauf au mur septentrional de la nef, où l'on a employé un blocage de moellons plus grossiers. Les fenêtres, presque carrées, sont amorties d'un arc surbaissé. Au chevet se trouve une grande baie aveugle, formée de trois ogives inscrites sous un cintre; au mur septentrional de la sacristie, qui formait autrefois le transept, cette même fenêtre est répétée; dans le mur occidental, on aperçoit les traces d'une grande ouverture en cintre surbaissé. De ce dernier côté existait sans doute le collatéral dont on parle, en 1666, comme étant détruit et séparé de l'église, mais offrant encore des restes de constructions (accinctus destructifs ct exclusus ab ecclesia, remanentibus tamen lapidibus et aliis non necessariis). La petite tour carrée qui précède l'église est bâtie, à sa base, des mêmes moellons que le côté gauche de la nef; elle est éclairée par deux meurtrières latérales au deuxième étage, par quatre baies cintrées au troisième étage; un clocheton octogone la surmonte. Elle a été frappée de la foudre en 1831 et restaurée la même année.
L'intérieur n'offre qu'une nef, non voûtée, portant au plafond les armes de l'abbaye de Villers, et séparée du chœur par un arc en cintre surbaissé. Dans le chœur, qui est un peu plus étroit que la nef, s'ouvrent la porte de la sacristie, et, à côté de celle-ci, une petite fenêtre grillée qui servait probablement de confessionnal. La sacristie est surmontée d'une voûte avec arcs-doubleaux; on y a placé un confessionnal qui cache deux dalles tumulaires de prêtres du XVIe siècle.
L'église était encore, en 1666, décorée de vieilles peintures murales (paries depictus varits imaginibus antiquis). Les trois autels, en bois de chêne, sans être remarquables, ont le mérite assez rare au village d'être uniformes et de s'harmoniser. Outre le maitre-autel, il y en a encore un deuxième sous l'invocation de la Vierge; le troisième, qui était dédié à saint Nicolas, vient d'être placé sous la protection de sainte Barbe. Les fonts baptismaux sont d'une forme assez répandue dans les environs: carrés du bas et octogones à la cuve, avec quatre têtes saillantes. Les têtes sont d'une teinte plus noire; elles ont plus de caractère que celles des fonts baptismaux de Sart-lez-Walhain.
Un prévôt du chapitre de Saint-Denis, de Liège, Henri de Jauche, abandonna complètement à ce chapitre, pour en jouir à perpétuité, après sa mort, plusieurs obédiences prévôtales (obedientiæ præpositale) et notamment celle de la Wastinne. Cette cession fut confirmée par l'évêque Hugues de Pierpont, le quatrième dimanche de l'avent, en 1221. Dans la suite, la collation de la cure de la Wastinne appartint alternativement au monastère de Villers, acquéreur des droits du chapitre, et à la commanderie de Chantraine, qui prélevaient chacun une part de la dîme du village.
Le curé possédait, en 1666, un tiers de la dîme, 6 b. de terres et une redevance de 4 muids de seigle. Vers l'année 1510, le curé fit don d'une redevance annuelle de 4 1/2 muids de blé, mesure de Louvain, pour fonder un autel en l'honneur de Sainte-Anne. Cette chapellenie ne continua pas à subsister, mais bien celle de la Vierge, qui était à la collation du curé, possédait 8 b. (revenu, en 1787, 131 fl.) et était chargée d'une messe par semaine. La marguillerie recevait 2 muids de seigle, l'un de l'abbaye de Villers, l'autre de la commanderie de Chantraine, qui trouvaient plus commode, en 1666, de faire payer cette redevance par la Table des pauvres. La fabrique était dotée de 36 halsters de seigle; elle possède actuellement 4 hect. 64 ares.
L'église de Saint-Jean-Baptiste à la Wastinne était, en 1666, sans plafond dans la nef; le plafond du chœur et la toiture étaient à jour, la sacristie était très obscure, le toit n'avait pas une largeur suffisante, en sorte que la pluie minait la solidité des murs. Cet édifice a été reconstruit en 1855, dans le style de la renaissance, sur les plans de l'architecte Moreau, à l'exception de la tour en pierres qui le précède et qui remonte à la période romane. L'église actuelle est la troisième qui se trouve adossée à cette tour : les traces des deux toitures précédentes étaient fort visibles lorsqu'on a placé la dernière; le premier toit était marqué par une bordière en pierres de Gobertange, le deuxième était plus élevé, mais sans bordière. Le chœur de l'église avait été reconstruit, vers 1735, par le curé Joseph Lambotte, doyen de Jodoigne, qui avait rebâti la cure en 1729 et qui mourut en 1744. Le porche, sous la tour, est recouvert d'une voûte d'arête ancienne. L'étage occupé par le jubé était percé de trois meurtrières : celle de la façade a été remplacée par un oeil-de-bœuf; les deux autres ont été supprimées; du côté de la nef s'ouvrait une porte à linteau en pierre reposante sur deux corbeaux. Une voûte moderne en berceau a été construite au-dessus du jubé. L'étage supérieur présente à chaque face deux baies en plein cintre d'une forme particulière : la distance des pieds-droits est plus petite que le diamètre du cintre. Cet étage est surmonté de corbeaux, à l'extérieur.
L'église est disposée en basilique à trois nefs, avec abside circulaire; deux rangs de colonnes toscanes la divisent en quatre travées. Le chœur et la grande nef sont recouverts d'une voûte en berceau; les collatéraux ont un plafond horizontal et sont éclairés par des fenêtres en plein cintre. Le curé Henri-Albert Degraux a fait faire la chaire de vérité en 1752; le maitre-autel et le banc de communion ont été exécutés, en 1770, par Antoine Colard. de Waremme; les confessionnaux ont été faits et placés en 1858, par M. Coulon, de Nivelles. On remarque dans le pavement de l'église cette dalle tumulaire, avec une inscription difficile à déchiffrer : « Regarde moy, soupire et pleure, | Q. mort attent et ne les seure, | Prie por moy qui suies en ce(n)dre | Pense que la te sami (?) dessendre. | C'y gist messir Dieudonné | Ydoulle en so(n) te(m)ps curé Delwastynne q(ui) trespassa le VIII de Mars l'a(n) XVleLXXIl | Prié Dieu por son ame ».
On a encastré dans le mur extérieur du chœur une croix, datée du 24 janvier 1816, que les pauvres ont élevée à la mémoire de Marie-Catherine Delvigne, épouse de Louis Debras, comme témoignage de reconnaissance pour les sept bonniers de terres qu'elle leur légua par testament du 20 novembre 1815. Cette dame avait, en même temps, fait don à l'église de plusieurs diamants et de deux cloches; ces cloches et une troisième plus petite, dont la fabrique avait fourni le métal, furent fondues à la Wastinne, en 1823, avec quatre autres destinées à des paroisses du voisinage, par Jean-Baptiste-Nicolas Goulard, fondeur de cloches à Romain-sur-Meuse (Haute-Marne).
A la limite de Thorembais-les-Béguines, au bord du chemin conduisant à l'ancien prieuré de Mellemont, se trouve une belle chapelle, construite en pierres de taille bleues par les religieux de cette maison. Elle est connue sous le nom de Chapelle des Affligés. On y lit ce chronogramme : « Mere ConsoLante | aIDes Les affLlges | Fa : De : : Rv. », qui donne la date 1752. Elle est entourée de deux, marronniers d'Inde et de quatre sapins. En 1666, il existait déjà une chapelle en cet endroit; on n'avait pas requis pour l'édifier l'autorisation de l'évêque, elle n'était pas dotée et on n'y célébrait pas et ne devait pas y célébrer la messe.
On mentionne l'existence, à Malève, en 1787, d'une chapelle Sainte-Barbe, avec fondation d'une messe par semaine. Guillaume Gorlier légua, en 1674, une rente annuelle de 2 fl. pour l'entretien de cet oratoire, érigé, dit-il, dans son testament, près des Sept-Bonniers; il donna en outre une rente de 9 fl. pour que le possesseur de la chapellenie castrale y célébrât la messe toutes les semaines; en attendant que la chapelle fût bénite en l'honneur de Notre-Dame et de sainte Barbe, les messes devaient se dire dans l'oratoire du château.
Malève a eu un béguinage, dont les biens paraissent avoir enrichi la Table des pauvres à une époque inconnue. Dans son testament, qui est daté de 1267, l'écolâtre de Tongres René légua 5 sous aux « béguines de Malève ». On cite, en 1336, un nommé Hanekins dit du Béguinage de Malève.
Les biens des pauvres de Malève comprenaient déjà 30 bonniers de terres en 1666. Le curé se plaignait alors que les revenus de la Table se distribuaient à son insu, par le seigneur du lieu. En 1787, cette Table possédait une cense ou ferme, avec 42 b. de terres, donnant un produit de 685 fl. Le total des revenus s'élevait à 816 fl., dont 454 fl. 13 s. étaient employés aux distributions faites aux pauvres. Le 8 janvier 1819, la Députation des états de la province, à la demande de l'agence des distributions de la commune, autorisa le bureau de bienfaisance du canton à faire démolir les bâtiments de cette ferme, qui étaient construits bois et en argile et se trouvaient dans un état de délabrement complet. On n'excepta de la démolition d’un corps de logis, que l'on convertit en école inférieure pour les enfants pauvres, conformément au vœu exprimé par le bureau de bienfaisance. Cette ferme n'était autre, sans doute, que l'ancien béguinage dont nous venons de parler.
A Sainte-Marie, la Table des pauvres possédait, en 1787, 3 b. 1. j. (revenu total, 130 fl.); celle de la Wastinne jouissait, en 1666, de 36 halsters de seigle et de quelques autres revenus. Les trois bureaux de bienfaisance possèdent actuellement 61 hect. 20 ares.
Voici comment leurs budgets respectifs ont été fixés pour l'année 1859 :
On voit que, grâce à la richesse des bureaux de bienfaisance, la presque totalité de la population (772 habitants sur 909) vit en partie de la charité publique.
En 1666, il y avait une école ouverte à Malève, mais peu d'enfants la fréquentaient; à Wastinne, il n'en existait pas. La maison d'école actuelle de Malève appartient au bureau de bienfaisance, celles de Sainte-Marie et de la Wastinne appartiennent aux fabriques d'église. Une école pour les trois villages, avec maison commune, sera probablement construite à Sainte-Marie, en 1865.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 104 : 47 garçons et 57 filles.
Le 17 février 1674, Guillaume Gorlier, bailli de Malève, Orbais et Grand-Ry, légua une rente annuelle de 150 fl. du Rhin pour une bourse au collège du Mons, de l'université de Louvain, en faveur des descendants de l'avocat Preud'home, de Jacques-Charles Rouvroir, de Gilles Corlier, de Dieudonné Le Lorent et d'Antoine Legrand, pour les études depuis la syntaxe jusqu'à la deuxième année de théologie, de droit et de médecine. Le baron de Malève et le prieuré de Lérinnes devaient en avoir alternativement la collation, mais, le 22 mai 1762, le baron renonça à ce droit.
Les fêtes communales se célèbrent : à Malève, le jour de la Pentecôte; à Sainte-Marie, le dimanche avant la Saint-Jean-Baptiste; a la Wastinne, le dimanche après cette solennité.
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