Au simple nom de Rosière (Roserias, 1030 environ, 1160; Villa que dicitur Rosiris, GESTA ABBATUM GEMBLACENSIUM; Rosieres, 1172, 1530), qui était en usage dès le XIe siècle, ont succédé ceux de Rosière-Notre-Dame (Rosiere Ste Marie, 1232; Rosires Notre Dame, 1316, 1344, 1371, 1416, 1418; Rosieres Notre Dame, 1373, 1374, 1530; Rosieres Maries, 1441; Rozieres Notre Dame, 1536; Rosieres Ste Marie, LE GUIDE FIDELE), ou quelquefois de Notre-Dame seulement (Villa Beate Marie Domine, 1160), et de Grand-Rosière (Magna Rosaria, 1662; Grand-Rosière, 1686; la Grande Rosière, LE ROY, 1709, 1787; Rosières le Grand, LE GUIDE FIDELE). Depuis la réunion d'Hottomont et de Grand-Rosière, on dit d'ordinaire Grand-Rosière-Hottomont.
La nature marécageuse du sol des deux Rosières semble justifier l'étymologie que nous avons développée à Rosières-Saint-André. On dit tantôt Grand et Petit Rosière, tantôt Grande et Petite Rosière. Nous avons adopté la première orthographe, parce que l'adjectif ne modifie pas le mot Rosière comme nom commun, ce qui désignerait deux marais, l*un grand, l'autre petit, mais comme nom propre de deux villages, dont l'un est plus grand que l'autre.
La commune de Grand-Rosière est limitrophe de celles de Geest-Gérompont, Ramillies, Taviers (Namur), Noville-sur-Méhaigne et Perwez. Grand-Rosière est à 2 1/2 kilomètres S.-S.-O. de Geest-Gérompont, 3 1/2 kilom. N.-N.-O. de Noville, 4 kilom. O. de Ramillies et E.-N.-E. de Perwez, 5 1/2 kilom. O.-N.-O. de Taviers, 45 kilom. E. de Nivelles, 52 kilom. E.-S.-E. de Bruxelles.
L'église de Grand-Rosière se trouve située par 56 grades 26 de latitude N. et 2 grades 81 de longitude E. L'altitude du seuil de la porte de l'auberge Au duc de Brabant, près de l'église, est de 134 mètres 11.
Le procès-verbal de délimitation du territoire de Grand-Rosière a été dressé le 12 avril 1820 et clos le 25 août suivant. A cette époque on avait déjà résolu en principe la réunion des communes de Grand-Rosière et d'Hottomont, qui a été sanctionnée définitivement pur l'arrêté du 1er mars 1822.
Le cadastre divise le territoire de Grand-Rosière en deux sections : la section A ou d’Hottomont, la section B ou de Grand-Rosière.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 1,389 parcelles, appartenant à 337 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 47,738 fr. 27 cent, (sol : 43,645 fr.27; bâtiments : 4,093 fr. 00) et ayant une contenance de 733 hectares 75 ares 35 centiares (imposable : 712 hect. 75 a. 75 ca.; non imposable : 20 hect. 99 a. 60 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834
En 1686, Grand-Rosière comprenait 514 bonniers 2 journaux, dont 424 b. 1 journal de terres, 48 b. 2 j. de prés, 12 b. de bois, 29 b. 3 j. de communaux; — Hottomont, 215 b. 1 j., dont 191 b. de terres, 7 b. 3 j. de prairies, 13 b. 2j.de bois, 2 b. 3 j. de communaux.
On comptait : à Grand-Rosière, en 1374,58 ménages; en 1436 et années suivantes, voyez Perwez; en 1526, 36 maisons, dont 2 inhabitées; en 1686, 32 maisons; — à Hottomont, en 1374, .. ménages; en 1436 et années suivantes, voyez PERWEZ; en 1526, 13 maisons, dont 2 inhabitées; en 1686, 8 maisons; — dans la commune, au 31 décembre 1856, 140 maisons.
Grand-Rosière, qui compte 96 maisons; Hottomont, 29 maisons; le Chénoit, 15 maisons.
Le village de Grand-Rosière est situé nu bord de la route de Louvain à Namur, à l'endroit où elle est rejointe par celle de Wavre vers Huy. Les maisons sont bâties dans le voisinage de deux vallées peu profondes, mais marécageuses, dont l'une est arrosée par le Steinbais et dont l'autre recevait probablement jadis un ruisseau descendant de la Bourlotte.
L'église d'Hottomont (Hottomont sous Perwez, 1526; Hatomont, 1530; Hotomont, 1686; Hottomont, LE ROY, GALLIOT), aujourd'hui démolie, se trouvait à 800 mètres E.-S.-E. de celle de Grand-Rosière. Ce petit village occupe un site escarpé et pittoresque, près de la source du Steinbais, à l'E. de la route de Namur; il forme l'extrémité de Grand-Rosière plutôt qu'une agglomération distincte
A 1,100 mètres O. de Grand-Rosière, on rencontre, au N. de la route de Wavre, le hameau du Chênoit (le Chenois, où il y a eu jadis un hameau, dit un document de l'an 1690), qui est établi en partie sur les bords marécageux de la Jauchelette.
A 600 mètres N.-E. de l'église, la ferme d’Aubremé (Via d'Abrymez, 1439; Villa d'Obremez, 1662; Cense d'Aubremé, 1690; Cense d'Aubrymez, 1787); à 1,100 m. S.-E., la Ferme d'Hottomont; à 1,500 m. S.-E., l’Auberge Lurquin, jadis Bilande, au croisement de la chaussée romaine et de la route de Namur; à 900 m. S.-O., la Bourlotte; à 1,000 m. O., la Maison Colpin, sur la route de Wavre; à 500 m. N.-N.-O., le Boulanger, petit groupe de maisons, sur la route de Louvain.
Queue de Geest; Queue d'agnia; Grande Mambrée (A Membrier, « deleis le Pachis Goffingnon », 1373; Deseur Mombre ou Menbri, XVIIe siècle); Lourchet; Ferme de Waulsort (Curt de Wathoire, 1316; Court de Wachere, 1416; Court de Wachore, 1418; Curia de Walechiere, 1439); Champ d'Aubremé; la Chaussée; Bois du Tri; Grand champ; Champ d'Heylissem; Pirnée; Mortier (Campus dictus a Mortyr, 1439; Au Mortier, 1727); Chemin de Namur; Tombe d'Hottomont; Chaussée romaine; Petite campagne d'Hottomont; Pont des Vallées; les Bachères d'Hottomont (Aux Baissièresde Hottomont, 1699), prairies; Boisd'Henval; Basse Henval (Bassinvaux, en wallon; Bazinval, 1646; Basinval, 1699); l’Ornoit (Campagne de l'Ornois, 1660); Grand tri; Fond de Jauchelette; Cinq bonniers; Chemin d'Aische; Chapelle Saint-Roch; Profond tiege; Petit tri; Champ de Villers; les Caunelettes; Gerlet; Cortil Caudenberg (Godemberg, en wallon); Cortil Léau; Bois Robiet; Entre les deux Rosières; Haut bois; Neuf bonniers; Huit bonniers; Long fossé (le Long fossé, 1755); les Bachères de Grand Rosière; Derrière les Prés; Belle haie; Long pré; le Vignoble; Jaumau; Baudry ; Bois de la Porte (Campagne du Bois del Porte, 1690); le Woha (Au loi, en wallon); Tiege à la Saule; Tri des Gros; Ferme de Glimes; l’Empereur, cabaret; le Saulsoit; Ferme Tréfois; Brou des Saules; la Poulette; le Vevrou (le Viveroux, 1660); Pont du Corbeau; Pont de la Commune; Pont de Waulsort; Pont du Petit tri; Chapelle Sainte-Barbe; Chapelle Saint-Ghislain.
Voye de Rosière à Affremont (XVIIe siècle); Terre aux blancs grains (1632); Coulture desez le Chaisne, deleis le Chalcie (1373); A Chesies (1373); Coulture a le Crois (1373); Entre deux Auwe (1439); l'Arbre dit Fa (Arbor dicta de Fa, 1439); Cense delle Fraite, à Rosière-Notre-Dame ( 1466); A Froidevals 1373); Gerlain fontaine 1373; Au Grand Gallop (1699); le Grand pré (1660); Cortil de Golar ou Florenne (1660); Hannomagrite (1660); Hautbois (1660); Tiege del Haye (1439); Voye de Jodoigne (1646); Sor Jomont (1373) ou Campagne de Jomont (1660); Al Laitre au Tilloux, pré (1755); le Long fruaux (1660); Al Luwars bonne (XVIIe siècle; le Luas, 1660); A la Maladrie, deleis Abriforire (1373); Maschepot, maison de Grand-Rosière, à 1/2 de lieue de l'église, près d'Hottomont (1690); Arbre du Noisetier, près de Ramillies (FERRARIS); Bois des Pauvres (1699); Cortil des Pauvres (1755); Piroufosse (1373); Au Piroy (1755); A Poplier ( 1373); Maison delle Porte (1530); Bois Jehan del Porte (XVIIe siècle); Au Pouillut bonne (XVIIe siècle); A Poncheaul (1373); Au Ponchealle, XVIIe siècle); Campagne Saint-Roch (1660); Au Rulée (1660); Pré aux Saulx Mosales (1660); Saussoy le Pellé (1699); Teez bry (1439); Tyrceal (1439).
Les vallées qui traversent le territoire de Grand-Rosière sillonnent le sol peu profondément, mais le rendent très marécageux. On rencontre cependant des escarpements vers la source du Steinbais, à Hottomont Le point culminant se trouve près du bois de la Porte, sur la chaussée romaine, au point de jonction des territoires de Noville et de Perwez; on y a constaté une altitude de 162 mètres.
Le terrain gedinnien occupe, d'après A. Dumont, le fond des vallées de la Jauchelette et du Steinbais, mais n'affleure point.
Il est recouvert du système landénien fluvio-marin, que l'on observe sur la rive droite des deux ruisseaux. Une carrière de sable landénien supérieur avec glaise et grès blanc a été pratiquée près de la Jauchelette, au bord méridional de la route de Wavre. On a extrait du grès blanc au Grand tri et au S. de la ferme d'Aubremé.
Le sable forme, à l'E. du terrain landénien, une bande qui passe par Robiet, le Chênoit, le Grand tri et le Fond de Jauchelette.
Le gravier diluvien borde le terrain landénien à Hottomont. Le limon hesbayen recouvre la plus grande partie du territoire.
Le territoire de Grand-Rosière appartient presque entièrement au bassin de l'Escaut; la ligne de partage du bassin de la Meuse passe un peu au N. de la chaussée romaine, qui forme la limite entre Grand-Rosière et Noville.
Les cours d'eau qui arrosent la commune sont le Steinbais et la Jauchelette.
Le Steinbais (la Neropia d'un acte de l'an 1030 environ) prend sa source à Hottomont, près du bois d'Henval; passe au pied du bois du Tri; coule entre la ferme de Waulsort et celle d'Aubremé; et se rend à Geest-Gérompont, après un parcours de 1,900 mètres, dans la direction générale du N.-N.-O.
La Jauchelette vient de Perwez et marque d'abord la limite de cette commune; passe an Petit tri; traverse la route de Wavre; arrose le Chênoit et les Cauwelettes; et se rend à Geest-Gérompont, après un parcours de 1,850 mètres, dont 250 mitoyens, dans la direction du N.-N.-E.
Les habitants emploient l'eau de la Fontaine Al gasse, de la Fontaine du Curé et de la Fontaine du Corbeau. On remarque dans une prairie située sons la ferme d'Aubremé une source peu abondante, dont l'eau a la propriété de pétrifier le bois poreux; les sécheresses la tarissent souvent.
On comptait : à Grand-Rosière, en 1602, 152 communiants; en 1709, 104 habitants; en 1784, 287 habitants : 1 prêtre, 41 hommes, 58 femmes, 68 garçons et 43 filles âgés de plus de 12 ans, 54 garçons et 22 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 336 personnes : 1 prêtre, 143 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 114 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 56 garçons et 22 tilles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 286 habitants; — à Hottomont, en 1690, 70 communiants; en 1709, 58 habitants; en 1784, 97 habitants : 1 prêtre, 19 hommes, 21 femmes, 12 garçons et 11 filles âgés de plus de 12 ans, 20 garçons et 13 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 83 personnes : 1 prêtre, 27 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 28 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 15 garçons et 12 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 97 habitants; — dans la commune, au 31 décembre 1831, 544 habitants; au 31 décembre 1856, 671 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil remontent à 1745 pour les naissances, à 1749 pour les mariages et à 1759 pour les décès.
Les bois ont ensemble 6 hectares; ils portent les dénominations de Bois d’Henval, Bois du Tri et Haut bois.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont actuellement: la Ferme d’Hottomont (165 hect.), tenue par M. Sottiaux (Ph.), appartenant au baron de la Torre; la Ferme d'Aubremé (100 hect.), tenue par les sœurs Maricq, appartenant à M. Godfriaux de Dion-le-Val; la Ferme de Glimes (59 hect.), tenue par M. Boucher (P.), appartenant à M. Van Parys (J.-E.), de Bruxelles.
Le nombre des animaux domestiques constate par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Louvain.
La seule usine est une brasserie. Le tordoir à l'huile et la teinturerie en bleu qui existaient jadis ont disparu.
Il faut citer cependant deux fabriques de sirop de fruits, dont la production annuelle s'élève à environ 14,000 kilogrammes.
Une trentaine d'ouvriers préparent le lin. Pendant l'hiver on fabrique aussi des sabots.
Le chemin de fer projeté de Tirlemont à Namur passera probablement sur le territoire de la commune.
La route de l'État de Louvain à Namur traver
On compte 27 chemins et 29 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 36,928 mètres, dont environ 2,700 sont pavés. La chaussée romaine de Bavay à Maestricht longe le territoire de Grand-Rosière sur une longueur de 3,500 mètres.
La commune de Grand-Rosière est séparée de celle de Noville-sur-Méhaigne par la chaussée romaine de Bavai à Tongres. Les seigneurs de Perwez y avaient, au S.-E. d'Hottomont, un bois, au milieu duquel se trouvait une haute tombe, qui, en 1530, était la principale garenne de conins (ou lapins) de la terre de Perwez. Le bois a été défriché; mais la tombe existe encore, et sa masse parait d'autant plus imposante qu'elle s'élève sur un terrain un peu plus élevé que la campagne environnante. Elle après de 13 mètres d'élévation. Quoique la charrue en ait rongé le pied jusqu'à une hauteur de deux mètres, le contour de la base, qui est à peu près circulaire, mesure environ 150 mètres. Le sommet se creuse en cratère; quelques peupliers du Canada, des épines noires et des ronces croissent sur le talus.
La tombe se trouve à environ 40 mètres au nord de la chaussée et à 700 m. E. du point où la chaussée coupe la route de Louvain à Namur. Devant la tombe la voie antique est partagée, comme cela arrive souvent, en deux bras établis à des niveaux différents. A 200 m. plus loin, se trouve un marais qui se prolonge de la chaussée vers le nord, sur une étendue d'environ 500 m., et dont la formation paraît avoir été provoquée par l'extraction de la terre qui a servi au tumulus; plus au S., on voit le vallon marécageux de la Visoule. Pour éviter le marais, la direction de la chaussée change tout à coup, de manière à décrire une courbe qui longe les bords du marais et côtoie au N. les prairies de la Visoule; cette observation, que l'on doit à MM. Vander Rit et Galesloot, ferait rejeter l'origine de la tombe aux temps antérieurs à la construction de la chaussée. On raconte, mais sans pouvoir alléguer aucune preuve à l'appui de cette opinion, qu'un général nommé Othon a été enseveli à cet endroit et a laissé son nom au village d"Ottomont ou Hottomont. A proximité du tumulus on rencontre en grande quantité des fragments de poteries et des monnaies anciennes.
En 1676, la garnison de Charleroi ayant exigé des contributions du village de Grand-Rosière, la communauté emprunta à l'abbaye de la Ramée une somme de 100 écus, pour laquelle elle donna en hypothèque une rente de 12 setiers de blé appartenant à la Table des pauvres.
Au mois de juin 1692, l'armée alliée, sous le commandement du roi d'Angleterre Guillaume III, s'approcha de la Méhaigne pour faire lever le siège de Namur par les Français; sa marche fut arrêtée par le débordement de la rivière, qui eut lieu à la suite de fortes pluies. Les alliés détruisirent alors l'église d'Hottomont, dont le curé fut obligé, pendant trois années, de dire la messe dans sa chambre.
En 1695, Guillaume III ayant, à son tour, mis le siège devant Namur, le général français Villeroi descendit la vallée de la Méhaigne et vint prendre position le long de ce cours d'eau, à Grand-Rosière, entre Perwez et Ramillies. Mais les alliés ne renoncèrent pas plus à leur entreprise que Louis XIV ne l'avait fait en 1692. Une partie de leur armée s'avança jusqu’a Ostin, dans l'intention de barrer le passage à Villeroi, qui se borna à d'inutiles démonstrations.
En 1702 ou 1703, quelques paysans d'Hottomont ayant été pris en otage pour le payement de la contribution imposée par les Anglo-Hollandais, on se procura de l'argent pour le payement de leur rançon en donnant en gage une rente de 3 fl., faisant partie de la dotation de la Table des pauvres.
L'année 1706 fut marquée par la bataille de Ramillies, si fatale à l'armée française; dans la déroute, une infinité de soldats périrent dans les marais voisins de la tombe d'Hottomont.
En 1707, aucune terre, pas même celles de la cure et de l'église, ne fut cultivée, et le curé d'Hottomont dut labourer lui-même les champs attachés à son bénéfice, tant la population avait été décimée ou dispersée par les événements de la guerre. En 1709, la récolte fut entièrement gâtée et le grain monta au prix excessif de deux écus la mesure; en 1711 ou 1712, les résultats de la culture furent également nuls, les grains ayant été mangés par les souris.
Le 12 juin 1717, une grêle très-violente ravagea le village d'Hottomont; le toit de l'église fut fracassé et il fallut dépenser 40 fl. pour réparer les dégâts causés par les grêlons. Le millier d'ardoises coûtait alors une pistole.
En 1740, une grande partie de la récolte fut détruite par le froid.
En l'an VIII, on proposa de réunir Hottomont au village voisin de Noville, mais on ne donna pas suite à ce projet, et, plus tard, Hottomont fut annexé à Grand-Rosière, par un arrêté du roi Guillaume, en date de 1822.
La fièvre intermittente sévit fréquemment dans la commune, surtout au Chênoit, à cause de la nature marécageuse du sol.
Grand-Rosière et Hottomont dépendaient de la mairie d'Incourt et de la terre de Perwez. En l'an IH, on les comprit dans le canton de Perwez.
Ces deux villages reconnaissaient pour seigneur le seigneur de Perwez et suivaient la coutume de Louvain. Les Archives du royaume possèdent le greffe d'Hottomont, qui commence en 1660, et celui des échevins de Waulsort à Grand-Rosière, qui commence en 1752. Ces deux échevinages allaient en appel à Louvain, de même que celui de Perwez, qui étendait sa juridiction sur Grand-Rosière. Les censitaires ou tenanciers de la cour de Waulsort se servaient déjà, pour leurs actes, de la langue française, en 1316; ils les faisaient alors sceller par les échevins de Perwez. En 1416, 1418, 1432, ils se qualifiaient d'échevins de Waulsort à Rosière-Notre-Dame et avaient un sceau commun, où l'on voyait la Vierge portant l'enfant Jésus.
La commune possède 16 hect. 43 ares. Dix bonniers appartenaient jadis à Grand-Rosière; comme c'étaient des terrains sablonneux et marécageux, le conseil de régence décida, le 16 janvier 1822, qu'on continuerait à les affecter au pâturage des bestiaux des habitants, ce qui fut ratifié par la Députation des états, à condition que l'on établirait une taxe de pâturage.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Le domaine principal de Grand-Rosière fut donné à l'abbaye de Waulsort par une dame nommée Alpaïde, qui vivait au commencement du XIe siècle. Pour le salut de son âme et de celles de ses fils, tant vivants que morts, elle céda au monastère le village de Rosière, situé dans le pagus de Hesbaye, dans le comté de Huy, sur le ruisseau dit la Neropia. Les biens qu'elle y possédait consistaient en un manse indominicatus ou seigneurial, sept autres manses, une église, un moulin, une brasserie et une excellente forêt. Cette charte, qui ne porte pas de date et que, dans le monastère, on faisait remonter à l'an 1008, fut confirmée par les fils d'Alpaïde, Arnoul et Wiric, et sanctionnée par le témoignage du comte Albert, probablement le comte de Namur Albert II (qui régna de 1017 à 1067), de ses frères Giselbert et Radbod, de l'abbé de Waulsort Thierri (1000-1035), de Thierri, avoué du monastère; du prévôt Bernard, du doyen Fastrade.
Au XIIe siècle, Enguerrand d'Orbais s'empara de la seigneurie de Rosière et fut pour ce fait frappé d'excommunication. Bientôt il reconnut ses torts et, de concert avec Ide, sa mère, il replaça sur l'autel du monastère, de ses propres mains, le crucifix et les reliques que les religieux avaient couchés à terre, en signe de désolation. Enguerrand, pour les indemniser des torts qu'il leur avait causés, leur céda un domaine situé à Orbais, et déclara qu'il ne garderait à Rosière que l'avouerie dont ses prédécesseurs avaient joui et ce que les échevins de ce village lui adjugeraient. La communauté, de son côté, promit de prier pour lui, pour son père Bernard et pour sa mère Ide. L'évêque de Liège, Henri, ratifia cet accord par un acte qui fut scellé à Liège, le jour même de la fête de Saint-Lambert, 17 septembre 1160.
Le mercredi après les octaves de la Saint-Denis en 1373, les terres de la « maison de Rosière-Notre-Dame » furent mesurées par un religieux et par le curé, René de Vilhe ou Ville. Elles comprenaient 57 bonniers 3 journaux, dont 21 1/2 b. en jachères et 19 b. en marsages. Le cens se prélevait de la manière suivante. On payait, pour trois bonniers, une poule et 3 œufs, le mercredi après le carême ou le mercredi après les octaves de Pâques; et par bonnier, tous les trois ans, quatre quatorzains d'épeautre, le mercredi après le carême ou à la Purification. Les années de payement de cette redevance, on ne donnait qu'un demi-cens en argent, à savoir 3 1/2 blancs. Les 99 b. qui devaient des redevances en épeautre donnaient ensemble 29 muids 4 quatorzains, mesure de Perwez, 33 poules, 28 sous 10 deniers de blancs, ou, l'année de non-paiement de l'épeautre, 57 s. 9 d. Neuf bonniers un journal donnaient 243 Liégeois, et les maisons, qui étaient au nombre de 20, étaient imposées à 52 1/4 chapons, 1 poule, 32 1/4 Liégeois, 5 sous 3 oboles de bonne monnaie.
En 1787, l'abbaye de Waulsort avait à Grand-Rosière une ferme de laquelle dépendaient 63 b. de terres et 7 b. de prairies et de closières (louée 554 fl. 14 s.); les dîmes, qui produisaient, en sus des charges, 724 fl. 15 s.; un livre censal, de la valeur de 83 fl. La ferme fut vendue par la république française, le 2 prairial an VI et moyennant 734,000 livres, à P. Charlier et X. Jacquelart; elle a été aliénée, l'année dernière, par la famille Henrion. Elle ne présente rien de particulier, si ce n'est une grosse tour carrée, qui rappelle son ancienne importance.
Un diplôme de l'an 1172, émané d'Enguerrand d'Or-bais, mentionne un chevalier nommé Francon de Rosière.
En 1530, on cite, parmi les fiefs que l'on relevait de la terre de Perwez, à Rosière-Notre-Dame : la « Maison et tenure delle Porte » et la Court de Froymont, avec cens et chapons, propriétés de Jean Dellebarre et de sa femme Helwide, fille de Jean d'Aignelée; et une autre maison et tenure, qui appartenait à Jean Margriet et à Marie Margriet, femme d'Éverard Reynart; en 1536, le fief était passé à celui-ci et comprenait une demeure, 12 bonniers de terres et d'autres dépendances. La Tenure delle Porte était peut-être identique à la Cense delle Fraite, qui était, en 1466, la propriété de Jean d'Aingelez le Vieux et d'Alise del Porte.
La belle Ferme d'Aubremé est bâtie sur la hauteur, au N.-E. du village; ses vastes bâtiments, dont le principal est accosté de tourelles carrées surmontées d'un petit campanile, portent le cachet de l'architecture du siècle dernier. Elle appartenait, en 1690, à Gertrude Beaulis, veuve d'Arnoul de Glimes; en 1724, à Pierre-André-Joseph de Beaulieu; actuellement elle est possédée par les Godfriau. Jadis, on en payait la dîme, qui valait 300 fl. par an, au curé de Grand-Rosière. Il s'y trouve une chapelle dédiée à saint Gilles, et où l'on célébrait jadis la messe toutes les semaines; en 1724, on ne se servait plus de cet oratoire, parce qu'il avait été détruit pendant, la guerre. Il a été reconstruit en 1863.
Il a existé une famille d'Hottomont, pour laquelle on chantait plusieurs obits, en 1699. Un Henri de Hottomont qui testa, le 19 novembre 1573, légua, pour faire des distributions aux pauvres et célébrer un anniversaire, une redevance de 3 muids de blé, hypothéquée sur un bois de 3 bonniers, dit le Bois des pauvres. Cette redevance fut payée plus tard par Jacques de Lemborg, puis par le baron de Soye. Aujourd'hui la ferme d'Hottomont est possédée par le baron de la Torre.
L'église de la Visitation de Notre-Dame, à Grand-Rosière, était une église médiane; cependant, dans un acte du 2 septembre 1232, on la cite sous le nom de Capella de Rosier Sainte Marie. Elle fit partie du concile de Hanret, tant lorsqu'elle dépendait de l'évêché de Liège qu'après l'érection de l'évêché de Namur. Après le concordat, elle devint une succursale de la cure de Perwez, sous le vocable de Sancta Virgo ad Sanctum Bertuinum. L'ancienne paroisse comprenait deux habitations qui étaient éloignées de l'église d'un quart de lieue : la première, à Maschepot près d'Hottomont; la seconde, au Chênois, où il y avait eu anciennement un hameau. En 1803, la paroisse englobait à la fois Grand-Rosière, Hottomont et Jauchelette, hameau de Perwez.
Le curé de Grand-Rosière était nommé par l'abbé de Waulsort. Sa compétence consistait, en 1662, en la dîme de la ferme d'Aubremez, 20 b. de terres (réduits à 16 1/2 b., en 1787), et des anniversaires rapportant 71 halsters de seigle. Le 4 mars 1681, un accord fut conclu à Namur pour cette compétence, qui valait, en 1787, 725 fl. 10 s., parmi lesquels figuraient 84 fl. payés par l'abbaye. La cure, qui se trouve au nord de l'église, est précédée d'une cour dans laquelle on entre par une grande porte, dont le battant offre, en chiffres formés par des têtes de gros clous, le millésime 1760.
Le bénéfice Saint-Nicolas, qui était à la collation de l'abbaye de Waulsort, fut uni à la cure par l'évêque Buisseret. Il possédait 3 1/2 b. et était chargé d'une messe par semaine (réduite plus tard â une messe par quinzaine ). En 1787, on prélevait sur sa dotation 77 fl. pour le marguillier et 171 fl. 27 s. pour la fabrique. Le troisième autel, jadis consacré à sainte Anne, le fut depuis à Notre-Dame des Sept Douleurs. Au dix-huitième siècle, la fabrique de l'église assigna à la cure 6 b. 3 j., pour célébrer deux messes par semaine, l'une en l'honneur du Saint-Sacrement, l'autre en l'honneur de la Vierge. La marguillerie était dotée : en 1662, de 40 halsters de seigle; en 1687, de 15 mesures de blé et 2 pistoles, outre 4 mesures de blé payées par la Table des pauvres; d'habitude, les paysans donnaient tous les ans des pains, une fois au curé et deux fois au marguillier. Les revenus de l'église consistaient en 1662, en 100 halsters de seigle; en 1787, en 198 fl.; en 1846, en 1,364 francs; la dotation du temple comprenait : en 1787, 5 b. de terres et 1 b. de prairie; elle comprend aujourd'hui 6 hect. 88 ares.
En 1662, l'une des faces de la tour de l'église était crevassée et menaçait ruine; l'abbé de Waulsort ayant, à ce qu'il paraît, emporté le calice d'argent, il ne se trouvait plus à Grand-Rosière qu'un calice ayant un pied de cuivre et une mauvaise coupe d'argent. L'édifice a été reconstruit il y a un siècle, comme l'indiquent deux cartouches du plafond de la nef offrant ces inscriptions : 1° W. H; in veritate et charitate, 2° A. D. N. 1760.
L'église n'a de remarquable que les trois grands marronniers d'Inde qui en ombragent le portail et qui ont probablement été plantés lors de la reconstruction du temple. Une tour carrée, à clocheton octogone, précède ce dernier. L'intérieur n'a qu'une nef, fort nue, décorée seulement de pilastres dans le goût du siècle dernier; le vaisseau est tout d'une venue jusqu'au chevet, qui forme une abside à trois pans. L'un des autels latéraux est dédié à saint Blaise, l'autre est décoré d'un tableau représentant Notre-Dame des Sept-Douleurs. Le pavement renferme une dalle ornée de deux écussons et dont voici l'inscription : « Icy reposent honorables person... | le signeur guillame del Vaux en | son temps mayeur de la baronie | de perwez lequel trépassât | le | et damoyselle Anne de g(lime)s | son espeuze laquelle trepassat le |1.. de novembre 1632 | prie dieu pour leurs ames. »
Hottomont avait jadis une église particulière, qui avait rang de quarte-chapelle et était dédiée à saint Bertuin. Elle a toujours ressorti au concile ou doyenné d'Hanret. Le curé percevait un tiers de la grande dîme et une moitié de la menue dîme; ses paroissiens lui donnaient : vers les Rogations, un pain par ménage dit le pain des Croix; à Pâques, un sou payé par chaque communiant; lors de chaque mariage, 3 fl.; pour chaque relevailles à l'église, 3 sous etc. En 1787, son bénéfice lui valait 906 fl., dont 556 fl. provenant des dîmes. L'église d'Hottomont fut détruite par les alliés, en 1692; François Bousval, qui en devint le curé en 1705, la fit rebâtir à ses frais l'année suivante. Le clocher fut construit en 1722. Ce temple paroissial fut complètement abandonné après le concordat et on le laissa tomber en ruines; les habitants en utilisèrent successivement les débris et en arrachèrent enfin la façade, il y a une trentaine d'années. La statuette du patron, saint Bertuin, resta longtemps délaissée dans les débris de l'église, qui ont aujourd'hui complètement disparu. Une métairie voisine, reconnaissable à sa toiture en ardoises, a remplacé la cure.
Les revenus de la Table des pauvres de Rosière consistaient : en 1662, en 18 muids de seigle, qui se distribuaient aux habitants les plus pauvres; en 1787, en 409 fl. Sa dotation se composait de 13 b. 3 j. de terres. Quant aux pauvres d'Hottomont, ils ne possédaient, en 1787, que 12 fl. de rente. Le bureau de bienfaisance de Rosière a en propriété 11 hect. 84 a., plus 1 hect. 37 par indivis avec la fabrique; celui d'Hottomont, 2 hect. 94 ; le budget, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
En 1662, les habitants de Grand-Rosière envoyaient leurs enfants à l'école de Geest-Gérompont. En 1842, l'administration locale a acheté, pour 2,300 fr., un terrain où depuis on a bâti une école. Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 75 : 43 garçons et 32 filles.
La fête de Grand-Rosière arrive le 1er dimanche d'octobre, celle d'Hottomont le 3e dimanche du même mois.
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