Noville ou Villeneuve s'appelle, dans les anciens actes, tantôt Novilla (1163, 1175, 1200, 1211), tantôt Nova villa (1194, 1211, 1525), tantôt Novilia (1247, 1248, 1372); on a dit ensuite, en français, Noville (1220, 1225, 1249, 1260, 1300, 1313, 1333, 1370, 1532, 1584, 1586, 1616), Novile (128S, 1290), Neuville (1283, 1692) ou Neufville ( 1539, 1540, 1648, 1766; Noeufville, 1713, 1732, 1744). Parfois on ajoute la qualification de Saint-Philibert, d'après le patron de l'église (Noville Sancti Filberti, 1225; Novilla Sancti Philiberti, 1248), et, très fréquemment, celle de : Sur-Méhaigne (Novilla super Mehangne, 1247; Neuville sur Mehainne, 1283; Neuville sur Méhaigne, 1290; Noville sur Mehaingne, 1300; Noville sour Mehaigne, 1313; Noville sur Mehaigne, 1333; Novilla super Mehaygne, in comitatu Namurcenti, 1372; Neufville sur Mehaigne, 1539-1540; Nouville sur Mehaigne, 1692; Novil sur Mehaigne, 1752; en flamand, Neuville op Mehaigne, 1768). En wallon on prononce Novie.
Trois autres communes en Belgique portent le nom de Noville : Noville-les-Bois (Namur), Noville-en-Ardenne (Luxembourg) et Noville-en-Hesbaye (Liège); et quatre le nom de Neuville : Neuville-en-Condroz (Liège), Neuville-le-Chaudron (Namur), Neuville-sous-Huy (Liège) et Neufville-lez-Soignies (Hainaut). Beaucoup de nos hameaux portent le nom de Neuville, qui correspond aux dénominations plus récentes de Neuve-Cour (en français), Nieuwenhove ou Ninove (en flamand) ou Neustadt (en allemand). En France il n'y a pas de Noville, mais une infinité de Neuville. On remarque que des chaussées romaines passent à proximité de plusieurs localités appelées Noville, et notamment près de Noville-sur-Méhaigne, Noville-en-Hesbaye et Neufville-lez-Soignies.
La commune de Noville-sur-Méhaigne est limitrophe de celles de Grand-Rosière, Taviers (Namur), Bolinnes (Namur), Eghezée (Namur), Méhaigne (Namur), Aische-en-Refail (Namur) et Perwez.
Noville-sur-Méhaigne est à 2 1/2 kilomètres N.-O. d'Eghezée, 3 kilomètres O.-S.-O. de Taviers, O.-N.-O. de Bolinnes et N.-N.-E. de Méhaigne, 3 1/2 kilom. E.-S.-E. de Grand-Rosière, 4 1/2 kilom. E.-N.-E. d'Aische, 6 kilom. E.-S.-E. de Perwez, 46 kilom. E. de Nivelles, 55 1/2 kilom. S.-E. de Bruxelles.
L'église de Noville-sur-Méhaigne se trouve située, d'après la triangulation du Dépôt de la guerre, par 56 grades 2324 de latitude N. et 2 grades 8483 de longitude E.
L'altitude de la retenue du moulin à eau, à 200 mètres E. de l'église, est de 136 mètres 80.
Le procès-verbal de délimitation du territoire de Noville-sur-Méhaigne a été dressé le 12 avril 1820 et clos le 25 août suivant.
Le cadastre divise le territoire de Noville en trois sections : la section A ou de Pirnée, la section B ou du Village, la section C ou du Bois de Ghlin.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 1,355 parcelles, appartenant à 302 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 49,372 fr. 79 cent, (sol : 44,986 fr. 79; bâtiments : 4,386 fr. 00) et ayant une contenance de 706 hectares 28 ares 60 centiares (imposable : 686 hect. 33 a. 70 ca.; non imposable : 19 hect. 94 a. 90 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
On comptait à Noville : au XVIIe siècle, 8 censes ou fermes, 20 chaumières, 1 moulin, 1 franche taverne, environ 44 manants (chefs de ménage); au 31 décembre 1856, 172 maisons.
Il n'existe qu'une seule agglomération importante, le village de Noville, qui se développe sur la rive gauche de la Méhaigne, vers l'endroit où elle coupe la route de Louvain à Namur. Les dernières habitations vers l'est sont connues sous la désignation spéciale de Sous la Vaux; le nom de l’Orneau est donné aux maisons situées au S.-O. de l'église, le long du ruisseau.
A 500 mètres E.-S.-E. de l'église, la Maison Calonne, sur la route de Namur; à 1,000 m. O., la Ferme de Ghlin (en 1553-1555, on mentionne la Cense de damoiselle Anne de l'Espinée, veuve d'Antoine de Ghelin, chairier de Namur); à 1,100 m. O., le Château Soldi, ou de Jupplu ou Juppleu (Hove van ou Château de Gipple, à Nouville-sur-Mahaingne, 1512, 1543; Hove van Juppleu, 1580, 1648; 'Thoff van Juppleu, 1713, 1732, 1744, 1766; Jupleux, 1752); à 1,200 m. N.-O., les Maisons Potier; à 1,200 m. N.-N.-O., la Visoule (la Bisaurde, 1333; la Visoule, 1433-1434), petit écart sur la route de Louvain, dont la dernière habitation vers le Nord est la Maison Maricq.
Chaussée romaine; Pimée; Champ de la Tombe d’Hottomont; Pré de la Visoule; Champ du Grand Galop; Cul du fer (Cu de fiè, en wallon); Tiége à la Saule; la Dime; Derrière la Dime; Champ de la Doyère; Pré Derrière le bois; Champ de la Praule; Queue de la Visoule; Champ du Bois Constant; Au chemin de Rosière; Champ de la Croix; Au poteau; Champ de la Scopellerie; Moulin a vent; Moulin de Noville; Château de Noville ou Château Becquevort; Pont Libert; Haute aveine, ferme; Basse aveine, ferme; le Demi-bonnier derriere le Soldi; Au-dessus de la Ferme; Bas pré; Tombe de Noville; Pré de la Vie; Al Basse; Bonnier al Basse; Fond Bultin; Mauvais prés; Piedsente de Stienvoie; Champ du Bois de Ghlin; Campagne Chauvaux; Fond de la voie de Perwez; Campagne de Bouffioulx; Pré de Nachaux; Au Vodia (Sorle Vodea, 1443); Campagne de Nachaux; Haut du fays; Warichet des bois; Voie Martin; la Tombalette; Borne à Jauchelette; Au-dessus de la Motte; Chavée Mataine; le Trichon; le Mai; Bois Baudry; Chapelle N.-D. de Hal; Chapelle N.-D. des Affligés; Chapelle Saint-Jean l’Evangéliste; Barrière de Noville.
Fief de la Motte (1474, 1483-1485, 1532); la Franche Taverne (1586, 1616); Journal dit la Terre aux pains blancs (1787); Loy tige (1779).
Le territoire de Noville forme une belle plaine; les ruisseaux qui la traversent sans l'accidenter entretiennent sur leurs bords une humidité dont le typhus et la fièvre intermittente sont la conséquence fréquente. Le point culminant se trouve sur la chaussée romaine, au point de rencontre des communes de Perwez et de Grand-Rosière, où l'on a constaté une altitude de 162 mètres.
Le limon hesbayen recouvre toute la surface du territoire. On rencontre quelques traces de gravier diluvien au N. de la maison Potier. André Dumont assigne pour sous-sol : à la vallée de la Méhaigne, le terrain coblentzien; à la région élevée de la commune, depuis le moulin à vent jusqu'à la chaussée romaine, le terrain bruxellien; aux parties intermédiaires, le terrain landénien fluvio-marin.
Tout le territoire de Noville appartient au bassin de la Meuse; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Méhaigne, la Visoule, la Nozille, le Nachaux et le Renisse.
La Méhaigne vient de la commune qui porte le même nom; traverse des prairies marécageuses, où elle reçoit (r. g.) le Renisse et le Nachaux; baigne l'Orneau et le château de Noville; active le moulin de Noville; passe sous la route de Namur; longe les maisons Sous la Vaux; et pénètre sur le territoire de Bolinnes, en recevant la Nozille (r. dr.), après un parcours de 2,500 mètres dans la direction de l'E.-N.-E.
La Visoule prend sa source près de la route de Namur et de l'écart auquel elle a prêté son nom; traverse de longues prairies; et passe sur le territoire de Taviers, après un parcours de 1,400 mètres dans la direction de l'E. Depuis plusieurs années, la Visoule est presque constamment à sec, à Noville.
La Nozille prend sa source près de la route de Namur, vers le point de jonction des territoires d'Eghezée et de Bolinnes; marque la limite entre Noville et cette dernière commune; et se réunit à la Méhaigne (r. dr.), au moment où elle entre à Bolinnes, après un parcours entièrement mitoyen de 1,000 mètres, dans la direction du N.-N.-E. La Nozille est presque complètement tarie.
Le Nachaux ou Ri d'Aische vient d'Aische-en-Refail; traverse les prairies dont il porte le nom; et se réunit à la Méhaigne (r. g.), au Bas pré, après un parcours de 1,800 mètres dans la direction de l'E.-N.-E.
Le Renisse vient de Méhaigne et se réunit à la Méhaigne (r. g.), au Bas pré, après un parcours de 500 mètres dans la direction du N.-E.
Les habitants employaient, outre l'eau des puits, celle de la Fontaine-Dieu et de la Fontaine Saint-Philibert; cette dernière, qui était voisine de l'église, vient d'être supprimée.
On comptait à Noville, en 1784, dans la commune, habitants (dans la paroisse, 561 personnes : 1 prêtre, 191 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 191 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 86 garçons et 92 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 635 habitants; au 31 décembre 1831, 817 habitants; au 31 décembre 1856, 840 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil commencent en 1622.
Il n'y a plus de bois à Noville. D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont actuellement: la Haute Aveine (146 hect.), tenue par M. Houtain (Fr.), appartenant à la veuve Becquet; la Ferme de Ghlin (144 hect.), tenue par M. Hiclet (M.), appartenant à M. De Diest.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Saint-Lambert ou de Liège.
Les seules usines de la commune sont deux moulins à grain : un moulin à vent en bois, n'ayant plus que deux ailes qui font tourner une paire de meules; un moulin à eau, dont la roue, mue par la Méhaigne, active deux paires de meules. Le moulin à eau est ancien; le moulin à vent a été bâti sur le Champ de la Croix par G. Bertrand, en vertu d'une autorisation de la Députation permanente, du 13 juin 1850.
Il n'y a plus de brasserie à Noville.
Le chemin de fer projeté de Tirlemont à Namur empruntera probablement le territoire de Noville.
La route de l'État de Louvain à Namur traverse la commune sur 2,500 mètres et y a une barrière. L'ancien chemin de Louvain â Namur a été aliéné en vertu d'un octroi de l'impératrice Marie-Thérèse, du 29 août 1753. Une partie dite le Loy tige fut exceptée de la vente et jugée non louable; en 1779, les habitants en demandèrent la conservation, parce qu'elle était nécessaire pour l'exploitation des champs voisins, et, le 9 juin 1809, le préfet du département annula le cahier des charges où l'on en stipulait la location.
On compte 16 chemins et 13 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 32,838 mètres dont plus de 4,000 sont pavés.
La grande chaussée romaine de Bavay à Maestricht forme la limite septentrionale du territoire de Noville sur une longueur de 3 1/2 kilomètres.
Il a existé à Noville, à 700 m. S.-E. de l'église et à 100 m. O. de la route de Namur, un tumulus qui a été nivelé en 1856 et dont l'emplacement est rendu à la culture, de sorte qu'il n'en reste plus la moindre trace. Lorsque M. De Thy, notaire à Eghezée, à qui le terrain appartient, l'a fait raser, on a pratiqué dans le sol une tranchée cruciale; on n'y a rien découvert que des clefs qui ne paraissaient pas antiques. Au centre du monticule le terrain était mouvant, comme s'il avait servi antérieurement de puits ou de fontaine. La tradition fait de la tombe la sépulture de Henri l'Aveugle, ce qui porterait à croire qu'elle n'est qu'un souvenir de la bataille de 1194.
A l'extrémité orientale du territoire, près du chemin de Noville à Taviers, un champ porte le nom de Tombalette.
Le long de la chaussée, entre la limite de la commune d'Aische-en-Refail et la route de Louvain à Namur, on rencontre, en plusieurs endroits, des vestiges de constructions romaines.
Jadis, lorsqu'on traversait la chaussée romaine après avoir quitté Perwez ou Grand-Rosière, on entrait dans le comté de Namur. Un des souverains de ce comté, Henri l'Aveugle, après avoir reconnu pour successeur le comte de Hainaut Baudouin, au préjudice de sa fille Ermésinde, résolut, en 1194, de reprendre les forteresses qu'il avait remises à Baudouin. Le duc de Limbourg et ses fils, Synop, élu évêque de Liège, Henri et Waleram, se joignirent à lui, ainsi que les comtes Albert de Dasbourg et de Moha, Gérard de Juliers et Frédéric de Vianden; un grand nombre de chevaliers brabançons vinrent renforcer l'armée de cette ligue et tous comptaient être appuyés par le duc de Brabant Henri Ier, après la mi-août, lorsqu'aurait expiré la trêve qui existait entre ce prince et Baudouin.
Les confédérés réunirent 20,000 fantassins, 400 chevaliers et à peu près autant d'écuyers, entrèrent dans le comté de Namur, et s'emparèrent, non sans peine, du petit manoir de Noville (Novilla prope Namurcum.... munitio parva et debilis). Le comte de Hainaut était alors à Gand, où il s'efforçait d'apaiser les querelles intestines des habitants de cette ville; à la nouvelle de l'invasion, il se hâta d'accourir avec ses troupes et se porta de Namur sur Noville. Quoiqu'il n'eût avec lui que 10,000 fantassins, 160 chevaliers et 160 écuyers, il n'hésita pas à livrer bataille à ses ennemis. Ceux-ci furent mis en fuite et perdirent un grand nombre d'hommes, entre autres 15 chevaliers, qui se noyèrent en traversant un marais (les marais de la Visoule? et non la Méhaigne ou la Sambre, comme l'ont dit depuis des compilateurs inexacts). Le duc de Limbourg, son fils Henri, 108 chevaliers et nombre d'autres soldats furent pris; le duc fut enfermé an château d'Ath et son fils, qui était blessé au pied, au Quesnoy. Selon Gilbert, dont le récit est vrai comme un bulletin, les Hennuyers n'auraient eu à regretter qu'un homme, tué d'un coup d'arbalète au siège de Noville.
Ceux qui se distinguèrent le plus parmi les combattants furent: d'un côté, le comte Baudouin, son fils aîné, qui devint depuis empereur de Constantinople; Nicolas de Rumigny, et le sénéchal de Flandre, Robert de Wavrin; de l'autre côté, le jeune Henri de Limbourg. Le prince victorieux profita de ses succès pour porter la 1er août, jour de la fête de Saint-Pierre ès-liens.
En 1218, Henri, fils de Gosuin de Longchamp, prit la croix. Au moment de partir pour la Terre Sainte, il vendit à son neveu, Gilles, fils du chevalier Engelbert de Noville, moyennant 50 livres de blancs, les biens qu'il possédait dans la juridiction des cours censales de Saint-Aubin, de Namur; de Saint-Martin, de Liège, et du chevalier Werner de Longchamp. Il fut alors décidé, le dimanche avant la Nativité de Saint-Jean-Baptiste, en 1218, sous la garantie de quatre chevaliers, Gilles et Guillaume de Saint-Germain, André d'Upigny et René de Ferocurt ou Frocourt, et en présence d'un grand nombre de sergents (ou écuyers) et de bourgeois, que si Henri revenait dans le délai d'un mois après l'août de l'année suivante, ses biens lui seraient restitués, à la condition par lui d'assurer à Gilles le remboursement de la somme fixée plus haut; s'il restait absent plus longtemps, celui-ci pourrait conserver, à son profit, la moitié du revenu de ces biens, et, s'il ne revenait pas, Gilles en garderait la propriété.
Au XIVe siècle, il y eut une contestation entre le duc de Brabant et le comte de Namur au sujet du « warisseal » ou terrain vague que l'on appelait le Bisaurde et se trouvait auprès du manoir de sire Wauthier de Jupplu (aujourd'hui le château Soldi). D'après l'une des conditions de la paix qui fut conclue entre les deux princes, dans l'octave de la Saint-Martin d'hiver, en 1333, le duc et les habitants de Ramillies durent restituer le Bisaurde au comte, qui s'obligea à le prendre en fief du duc. Par un diplôme en date du 18 novembre 1333, le comte de Namur fit en effet hommage au duc de Brabant pour les droits qu'il réclamait, conjointement avec les habitants de Ramillies et d'autres villages voisins, sur les « warisschaix situés près de la maison de Wauthier de Jupplu à Neuville », et, par un autre acte, daté de Bruxelles et du 20 du même mois, le duc agréa cet hommage.
Baudouin, fils du chevalier Baudouin Bureal de Noville et d'Agnès de Longchamp, étant encore mineur et sous la tutelle de sa mère, commit un homicide sur la personne de Colin Colle, avoué de Crehen. Comme celui-ci était bourgeois de Namur, le bailli du comté, Godefroid, sire de Daules ou Dave, cita le coupable devant ses pairs, et là, en présence de onze hommes de fief, déclara Agnès de Longchamp responsable du crime, confisqua ses biens et commina contre elle une amende de 4,000 écus (30 juillet 1870).
Les différends au sujet de la Visoule ayant recommencé entre les officiers du comté de Namur, d'une part, le bailli de Jodoigne, en Brabant, et les habitants de Ramillies, d'autre part, il se tint à deux reprises des conférences, à Noville, en 1433-1434. Le maire de Feix, Baudouin Bonon, procureur du comte de Namur, et plusieurs autres personnes notables, y représentèrent le comté et reçurent de ce chef une indemnité montant à 6 oboles.
Le 25 septembre 1561, on arrêta comme sorcière une nommée Catherine aux Vaches, veuve de Wauthier de Folz. Elle fut retenue en prison pendant 59 jours, torturée trois fois et, après que les échevins de Feix eurent entendu 15 témoins venus de Noville, elle fut condamnée le 22 novembre à être bannie de la mairie à perpétuité, sous peine, si elle reparaissait, d'être fustigée et bannie de nouveau sous peine de la hart. Ce procès occasionna de grandes dépenses : le bourreau reçut 48 sous pour avoir torturé la patiente; les sergents eurent 20 sous pour l'arrêter, 20 sous pour leurs vacations et 12 sous pour ajourner les témoins; ceux-ci reçurent 67 sous; le cipier ou geôlier de Namur toucha 4 livres 18 sous 4 deniers.
Le 13 juillet 1673, l'armée française, revenant de Hollande en France, campa à Noville; la foudre tomba près de Pellisson, comme celui-ci le raconte dans ses Lettres historiques, et tua trois des valets du chevalier de Nogent.
Pendant la guerre qui commença en 1689, Noville souffrit extrêmement. En 1692, les Français et les alliés y avaient causé des dégâts : les premiers, pour 72,280 fl.; les seconds, pour 46,180 fl. La première somme se décompose comme suit : contributions et rations, 3,890 fl.; milice et entretien, 840 fl.; avoine, 270 fl.; chariots, 4,500 fl.; pionniers, 800 fl.; fascines et piquets, 200 fl.; taxe par tête, 80 fl.; sauvegarde, 2,900 fl.; abattage d'arbres, 5,600 fl.; ravages dans les campagnes, 17,000 fl.; incendie et mise à rançon des maisons, 24,000 fl.; chevaux, 2,000 fl.; vaches, 3,600 fl.; bêtes à laine, 1,600 fl.; meubles, 5,000 fl. La seconde somme comprend les postes suivants : contributions, 2,700 fl.; chariots, 7,000 fl.; pionniers, 700 fl.; ravages dans les campagnes, 18,000 fl.; destruction de maisons, 9,000 fl.; sauvegardes, 2,600 fl.; vaches et porcs, 4,700 fl.; bêtes à laine, 2,500 fl.; arbres abattus, 900 fl.; feux et lumières, 80 fl.
En l'an X, une contestation de délimitation surgit entre les communes de Noville et de Méhaigne, au sujet de 2 bonniers de prairies qui avaient appartenu à la première et qui étaient alors la propriété de M. de Jamblinne. Des ingénieurs géographes furent envoyés sur les lieux par le conseiller d'Etat chargé des ponts et chaussées et du cadastre et dressèrent un procès-verbal le 21 frimaire. Les deux communes prétendaient en outre avoir mutuellement droit de parcours sur leurs prairies respectives.
Noville-sur-Méhaigne dépendait autrefois de la mairie de Feix, dans le comté de Namur. Depuis l'an III, elle fait partie du canton de Perwez.
On suivait à Noville la coutume de Feix.
La haute justice paraît avoir appartenu, dans le principe, à des seigneurs particuliers. Robert de Marmeignous, fils de Jean de Novile, chevalier, vendit la vicomté de Noville-sur-Méhaigne à Guy de Dampierre, comte de Flandre et marquis de Namur; mais, ainsi qu'il résulte d'un acte du 28 novembre 1283, le vendeur se réserva la propriété du moulin banal et l'acquéreur promit que si un habitant de la localité envoyait moudre son grain à une autre usine, il serait arrêté et paierait une amende au profit de Robert et de ses héritiers. Lorsque le gouvernement des Pays-Bas, accablé de besoins d'argent, aliéna le domaine, la seigneurie de Noville fut engagée, le 29 janvier 1629 et pour 5,600 fl., à Jacques Marotte de Montigny, qui en fit le relief en 1640.
L'ancien greffe de Noville, qui commence en 1635, est conservé aux Archives du royaume. Nous avons mentionné l'existence de trois cours dans ce village; en 1548-1549, on parle encore « des trois cours jugeant à Noville-sur-Méhaigne ». Au XVIe siècle, il y avait procès entre le maire de Feix (représentant le comte de Namur), les chanoinesses de Nivelles (dames à Eghezée et aux environs) et les de Clocquier, seigneurs de Noville, au sujet de la perception des droits de congé. Ces derniers paraissent avoir eu gain de cause, car, en 1629, lors de l'engagère de la haute justice et de ses dépendances, on ne fit mention que de leur cour foncière.
Les biens communaux ayant été partagés, au mois d'octobre 1779, il ne reste à la commune que la maison d'école.
Le budget, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Les comtes de Namur ont possédé à Noville, outre leur juridiction, un «charruage» ou exploitation rurale, qu'ils avaient acquis, en partie et par un échange, de Philippe de Jupplu. Il comprenait 43 bonniers 1 journal de terres lorsque Goffart Henrion et Gillechon, fils de Goffart de Jupplu, l'affermèrent, en 1366, pour un terme de 12 ans et moyennant 43 muids de grain. En 1403, Wauthier de Massenrieu et Jean du Chênoit, de Moxhe, en acensèrent chacun une moitié, pour un terme de neuf années et chacun moyennant 50 muids d'épeautre. L'exploitation de Massenrieu passa ensuite à ses enfants, et resta abandonnée, à la suite de la guerre qui éclata, vers 1430, entre le comté de Namur et le pays de Liège; Jean, le bâtard de Noville, la reprit pour 20 oboles par an, mais, après lui, personne n'ayant voulu en donner plus de 10 à 12 oboles, le receveur de Namur préféra la laisser en friche plutôt que de subir cette diminution de fermage. En 1450-1451, il l'adjugea, moyennant 18 oboles, outre 3 oboles payées pour un pré, qui en fut alors détaché.
Le 26 octobre 1443, Bodar de Bloquehu devint à son tour le fermier de l'autre fraction, pour 18 oboles payables chaque année à la Saint-André, pendant 12 années, et à condition qu'il ne cultiverait aucune autre terre, si ce n'est celles qui lui écherraient en héritage. Une partie de ce bien domanial provenait d'une acquisition faite de l'abbaye de Floreffe, à laquelle les comtes de Namur payaient tous les ans une redevance annuelle de 52 muids d'épeautre, se prélevant sur leurs revenus de Noville. Les religieux ayant eu plusieurs fermes brûlées ou pillées par les Liégeois, Philippe de Bourgogne parvint à s'exempter, à diverses reprises, du payement de cette redevance, en accordant quelques avantages temporaires à l'abbaye. En 1526, les terres, prés et pâchis appartenant au domaine à Noville, « sur le quartier de la chaussée, devant Braibant », furent donnés en arrentement à la famille de Ghelin, à la condition de payer au domaine 40 muids d'épeautre par an, outre les 52 muids dus à Floreffe.
Lorsque la juridiction fut aliénée, elle comprenait : la haute, moyenne et basse justice, les amendes, les confiscations, la chasse, la pêche, les mainmortes, le droit d'afforage sur la bière ne provenant pas de la franche taverne, une taxe pour le pâturage dans les warissaux ou terrains vagues de Méhaigne, consistant en 14 sous à payer par ceux qui tenaient au moins trois chevaux et 7 sous à payer par les autres. Après M. de Marotte, Noville eut pour seigneurs haut-justiciers :
François-Paul de Cras-Avemas (relief de 1684);
François-Maximilien de Jamblinne, seigneur de Jennevaux à Saint-Germain, par achat;
Herman, son fils (r. de 1719), mort en 1773, maire de Feix de 1742 à 1773;
Antoine-Victor de Jamblinne (r.de 1783), en qualité de légataire universel de son grand-oncle, Herman de Jamblinne, mort en 1815. Le baron Jérôme-Antoine de Jamblinne, son fils, naquit en 1786, fut nommé maire de Jodoigne le 14 juin 1818 et bourgmestre de cette ville le 11 août 1825, épousa Charlotte-Antoinette de Villers, fut créé baron de son nom le 21 avril 1852, et aliéna Noville quelque temps avant sa mort, arrivée en 1863. L'ancien château était situé au milieu d'un étang qu'on traversait par un pont-levis, faisant face au nord-ouest. La porte d'entrée était percée dans une tour et donnait accès à une grande cour; au côté opposé on voyait le corps de logis, orné d'une autre tour. Cette ancienne construction fut vendue par les Jamblinne au duc de Looz et par celui-ci à M. Becquevort, qui la fit démolir et fit élever sur le même emplacement, en 1860, un vaste bâtiment en briques, ayant trois étages et n'offrant aucun caractère. Le nouveau manoir de Noville a coûté, dit-on, 200,000 francs.
Les anciens diplômes mentionnent fréquemment les chevaliers de Noville :
En 1163, Guillaume et Gervais, hommes libres de Noville;
Guillaume est encore cité en 1184;
En 1175 et 1194, Walter de Noville;
En 1211, Anselme et Baudouin de Noville;
En 1218, Gilles, fils de sire Bérenger de Noville et neveu de Henri, fils de Gosuin de Longchamp, le même sans doute qui donna à l'abbaye de la Ramée le patronat et une partie des dîmes de Noville, de concert avec les chevaliers Guillaume de Melin, Englebert, et Heneman de Meensele, et du consentement de leurs suzerains et de l'évêque du diocèse, comme le constate une bulle du pape Clément IV, datée de Viterbe, le 13 juillet 1267;
En 1220, le chevalier Anselme de Noville et son fils, Henri, hommes libres;
En 1249, le chevalier Philippe de Noville;
En 1283, Robert Marmeignous, fils de Jean de Noville, chevalier, qui vendit le vicomte de Noville au comte de Namur, mais en se réservant le moulin de ce village; Robert est cité encore en 1291, sous le nom de Robert Marmion, de Noville;
Henri de Noville dit de l'Abbie, à qui Robert de Liernu dit de Longchamp transporta, en 1290, le jeudi après les Pâques fleuries, 18 bonniers situés à Noville-sur-Méhaigne, tenus en fief de la cour du comte à Liernu et qui appartenaient à l'abbaye de Floreffe; Robert n'y avait que la troisième gerbe.
Au XIVe siècle, la famille Bureal possédait à Noville trois fiefs relevant du comté de Namur : le premier comprenait le manoir dit del Motte, avec la tenure qui en dépendait, une brassine ou brasserie etc.; le second, le moulin â eau; le troisième, 12 bonniers de terres situés entre Noville et Aix ou Aische et qui avaient appartenu à Arnoul, fils de Henin de Rogereez ou Rogeries. Dans la première moitié du siècle, Wauthier de Juppeleu ou Jupplu porta au duc de Brabant tous ses francs-alleux et les reprit de lui en fief, moyennant le payement de 400 petits florins. Plus tard, son fils, messire Baudouin Burealz, déclara relever du duché de Brabant un quart de sa court ou seigneurie de Noville, où il comptait environ 200 masuyers ou tenanciers et où il avait un maire, des échevins, des terres valant 20 livres par an; s'il était prouvé que cette partie de son domaine ne produisait pas ce revenu, il devait y ajouter 6 bonniers, où l'on récoltait, en moyenne, 9 muids de froment. Ainsi les Jupplu étaient à la fois feudataires des deux princes dont les États étaient séparés par leurs possessions.
Baudouin Burias de Noville vivait en 1291.
Dans le plus ancien registre des fiefs du comté de Namur, Wauthier de Jupplu est qualifié de fils de messire Baudouin Bureal de la Motte de Noville-sur-Méhaigne; il hérita des trois fiefs namurois, sauf du troisième, qui passa à son frère Philippechon ou Philippe. En 1300, il était bailli du comté de Namur et intervint dans un débat relatif à l'église de Noville. Il était encore bailli ou lieutenant du comte en 1326, 1328, 1338, 1339, 1340, 1343, et est encore cité en 1346.
Son fils Baudouin eut un fils du même nom, que nous avons vu condamner pour homicide, en 1370, et un autre fils, Werner, qui releva le fief brabançon en 1368-1369. Le 10 décembre 1372, par un acte passé devant le cimetière de Noville, â la sortie de la messe, il restitua aux monastères de Villers et de la Ramée les dîmes qu'il avait usurpées sur eux.
Noville appartint ensuite à Robert, bâtard de Namur, puis et successivement à :
Guillaume de Spontin, seigneur de Wavre, après la mort de Robert (1445-1446);
Jean du Cherf, fils de Scochart du Cherf de Harlue, à la suite de conventions pour son mariage avec Catherine, fille du précédent (1466-1467);
Guillaume, fils aîné de Jean et de Catherine (relief du 1er mars 1484);
Michel, son frère (r. du 20 avril 1499);
Catherine du Chierf, sœur « maisnée » ou puinée de Michel, épouse de Thierri du Clocqpier dit de Walesves ou Walef, et qui, 33 ou 34 ans plus tard, fut citée pour payer le droit de relief des fiefs que lui avait laissés son frère (r. du 7 décembre 1532);
Jean, leur fils, qui releva après la mort de sa mère (r. du 9 janvier 1533), sauf que les 12 b. entre Noville et Aische échurent à son frère Michel, qui mourut avant lui et les lui laissa (r. du 12 avril 1539); ce Jean vendit la Motte à François de Sucre (r. du 8 août 1569). Il avait eu de Catherine de Prindehaghen ou Printhagea plusieurs enfants, notamment Thierri, qui vendit à François de Sucre, moyennant 1,080 livres, une rente annuelle de 60 livres hypothéquée sur la Motte (r. du 30 juin 1570);
Rase, qui était mort en 1584, et Anne, qui épousa Jean Marie, releva après son frère Rase la taverne de Noville (r. du 28 décembre 1584) et, devenue veuve, se remaria avec Claude Journal, avec qui elle vendit la taverne de Noville à Jeanne d'Autel (r. du 29 juillet 1586);
Thierri du Clocquier eut une fille nommée Catherine, qui épousa Nicolas de Salmier et de concert avec lui, vendit le fief des 12 bonniers à messire Henri d'Yve, moyennant 800 fl. (r. du 14 novembre 1591).
Tandis que les du Clocquier déchiraient en lambeaux leur patrimoine, le moulin seigneurial de Noville se transmettait de père en fils dans la famille de Vélaine. Guillaume, sire de Vélaine, en fit le relief comme neveu de Michel de Cerf dit de Harlne (23 novembre 1532), et le laissa à son fils François (r. du 5 septembre 1502). Celui-ci épousa Catherine de Lonchin; leur fille aînée, Jeanne de Vélaine (r. du X mai 1565), prit pour époux François d'Argenteau, et en eut plusieurs fils qui relevèrent successivement le moulin de Noville : Charles (r. du 16 juin 1607), qui prit l'habit religieux dans l'abbaye de Bergues-Saint-Winoc; Jean, son successeur (r. du 23 juillet 1608), et Jacques (r. du 13 septembre 1611). Jean d'Argenteau, de concert avec Antoine de Sucre, vendirent leurs droits sur cette usine à Adolphe du Bois, seigneur d'Aische-en-Refail (r. du 29 octobre 1610).
Quant au fief brabançon des Jupplu, qui consistait en un manoir, dit de Noville ou de Jupplu, une seigneurie, qui avait un maire, un échevinage, des tenanciers (qui n'étaient qu'au nombre de 2, en 1732) et seulement 6 bonniers de terres, on en perd les traces pendant quelque temps. En 1438, les héritiers de « Salvaige, bastard de Noville, » et de Henri, bâtard de Perwez, payaient au comte de Namur une redevance de 3 muids 6 1/2 setiers d'épeautre, en qualité de possesseurs de la Tenure de Juppleis. Vers 1450, ce bien passa à la famille de Dongelberghe et eut longtemps les mêmes maîtres que la terre de Longchamp.
Il fut relevé successivement par :
Jean de Dongelberghe, sire de Longchamp;
Rase de Dongelberghe, sire de Longchamp, son fils (r. du 12 avril 1499);
Madeleine de Longchamp, fille de Rase, et son mari, Jean de la Malaise, seigneur de Dongelberg (r. du 4 août 1512);
Françoise de la Malaise, leur fille, veuve de sire Jean d'Argenteau, seigneur d'Esneux (r. du 18 mai 1543);
Guillaume d'Argenteau, comte d'Esneux, qui épousa Jeanne d'Autel;
Jean, fils de Guillaume (r. du 23 mai 1571);
Jeanne et Anne, ses sœurs (r. du 17 juin 1571);
Messire Florent d'Argenteau, seigneur de Strépigny, autre petit-fils de Françoise de la Malaise (r. du 2 mai 1586);
Messire Florent, fils du précédent et de Marguerite d'Oyenbrugge (r. du 28 avril 1589);
Jean-François d'Argenteau, vicomte de Looz, seigneur de Fologne, Braive, Momal etc., fils du précédent (r.. du 11 janvier 1648);
Philippe-Charles Henriette, dont la mère était une fille du vicomte et mourut avant son père;
Ses petits-enfants et, entre autres, Jean-François-Bernard Hanriet ou Henriette (r. du 19 janvier 1713);
Emmanuel-Théodore-Joseph Hanriet, fils de Jean-François-Bernard (r. du 4 février 1732);
Pierre-Paul-François, son frère (r. du 7 janvier 1744);
Ladislas-Alexandre, fils du précédent et de Marie-Madeleine de Lau (r. du 29 décembre 1766);
Marie-Jeanne-Françoise d'Hanriet et son mari, François-Joseph Druez ayant, en vertu d'un partage fait avec leur frère Pierre-Paul-François, le 11 décembre 1751, acquis la propriété de 9 bonniers sur lesquels était bâtie la ferme de Jupplu, relevèrent ce bien le 23 février de l'année suivante et le vendirent ensuite à Charles-Joseph de Soldy et à sa femme Catherine Poringo (r. du 30 avril 1768).
La ferme ou manoir, qui n'est plus connu actuellement que sous le nom de Château Soldy, a appartenu aux Deliem et est aujourd'hui la propriété de M. Denis, de Liernu. C'est un bâtiment fort simple et qui compte un bosquet dans ses dépendances; le corps de logis, qui est accosté de bâtiments de service, de remises et d'écuries, n'a qu'un étage au-dessus du rez-de-chaussée; la façade n'a que quatre fenêtres de développement. Les constructions paraissent dater du siècle dernier, sauf quelques parties, peu apparentes, qui portent des traces d'une plus grande ancienneté.
Longtemps après que les Jupplu eurent perdu l'ancien manoir de Noville, ils continuèrent à posséder dans ce village des biens importants. En 1529-1530, Jeanne de Jupplu, femme de Melchior du Tilleul, et son fils. Gobert de Taviers. y avaient une maison et « cheruage ».
Le monastère de Villers possédait à Noville des terres et des dîmes. Il acquit des terres de Guillaume Naset et de son fils Guillaume, dont la donation fut ratifiée par le duc Henri Ier, en l'an 1200. En 1211, les chevaliers Jean Lornart et son frère Godescalc, ainsi que noble homme Guillaume de Dongelberg, et, en 1214, Baudouin, chevalier de Waret, et Robert de Taviers, lui cédèrent leur part dans les dîmes. Le monastère avait droit au quart de la dîme de la paroisse, qui fut pris à cens, le 15 janvier 1516, par l'abbaye de la Ramée, moyennant une redevance annuelle de 13 muids d'épeautre.
D'autres dîmes se prélevaient au profit des religieuses de la Ramée, qui en reçurent une partie de Henri, sire d'Argenteau, et du chevalier Guillaume de Mélin, la veille de la Saint-Matthieu, en 1225. La communauté eut une contestation, au sujet de la dîme, avec l'abbaye de Floreffe; les deux parties choisirent pour arbitres : la Ramée, l'abbé de Villers Arnoul; Floreffe, l'abbé d'Everboden Jean, et s'engagèrent à exécuter leur sentence ou à payer une amende de 40 livres de Louvain (vendredi dans l'octave de la Toussaint, en 1248).
La décision fut sans doute favorable aux religieuses, en 1787, elles retiraient de la grande dîme un revenu de 1,300 fl. et possédaient, en outre, une ferme et 33 bonniers, produisant, avec la menue dîme, 362 fl.
L'abbaye de Saint-Philibert, de Noville, était une église entière. Jadis elle faisait partie du doyenné ou concile de Hanret; le concordat en fit une succursale de la cure de Perwez.
L'abbaye de la Ramée avait la collation de l'église. Le curé percevait, en 1787 : une dîme à Noville et Aische (revenu, 550 fl.), une partie de la menue dîme (revenu, 101 fl.), la dîme du bois; l'église possédait 11 bonniers de terres et 10 journaux de prairies. Chaque ménage était tenu de donner tous les ans trois pains dits de jamat : deux pour l'abbaye et un pour le curé, mais quelques paroissiens les refusaient et d'autres ne les remettaient qu'en murmurant. Le bénéfice du curé lui valait en tout 1,004 fl. 8 sous.
Il y avait une chapellenie de Sainte-Catherine, dont le curé avait la collation et qui était dotée de 9 bonniers et chargée de 28 messes par an; une chapellenie de Saint-Jean-Baptiste, jadis annexée à un oratoire, que l'on remplaça ensuite par une simple niche en briques et qui était conférée par l'abbé de Floreffe et dotée de 12 bonniers; une chapellenie de Saint-Nicolas, qui fut unie, en 1660, avec 10 bonniers de terres situés à Moxhe et une quantité de cens et droits seigneuriaux, au couvent des Jésuites, de Nivelles (plus tard, au séminaire épiscopal du diocèse de Namur). La marguillerie était conférée par l'abbesse de la Ramée, qui lui assignait 48 mesures de seigle, à prélever sur la grande dîme; à la demande de la communauté, l'évêque de Liège Erard de la Mark unit à perpétuité cet office au monastère, à la condition de le faire desservir par un clerc ou prêtre, amovible à volonté, décision qui fut approuvée par le pape Clément VII, le 25 août 1525.
Les revenus de la fabrique s'élevaient : en 1787, à 331 fl. 17 sous; en 1846, à 1,210 francs; l'église possédait, au siècle dernier, 12 b. 2 j.; elle n'a gardé que 2 hect. 43 ares.
En l'année 1300, il s'éleva un débat entre l'abbaye de la Ramée et le curé de Noville, au sujet du « chancial » ou chœur de l'église, qui devait être reconstruit. Wauthier de Jupplu, bailli du comté de Namur, fut accepté pour arbitre et déclara que la fabrique de l'église n'ayant pas de biens, c'était aux décimateurs à payer la dépense. Quelques années après, Henri del Attre et d'autres habitants de Noville ayant adressé sans succès de nouvelles réclamations à l'abbesse de la Ramée, Henri recourut à l'archidiacre, qui lui ordonna de faire saisir les dîmes de la communauté. Celle-ci recourut au Saint-Siège et en obtint une bulle qui lançait l'excommunication sur le village. Le comte de Namur, Robert de Flandre, intervint alors et, par ses conseils, l'abbaye choisit pour arbitre Wauthier de Jupplu, et Henri l'abbé de Grandpré; un clerc du comte, Philippe de Wanebrechies, fut désigné par Robert pour servir de tiers arbitre. Les parties s'engagèrent, sous peine d'une amende de 5 livres tournois, à exécuter la sentence qui serait prononcée, et, au préalable, elles convinrent que la saisie des dîmes serait annulée et l'interdit levé. C'est ce qui résulte d'une charte de Robert, donnée « en consistoire de la chapelle du château de Namur », le mardi avant la Purification, en 1313-1314.
L'église actuelle a été construite en 1750, comme l'indique le chronogramme DeCoroCeLebreM, qui est placé au-dessus de la porte d'entrée. Elle est précédée d'une énorme tour de moellons, qui menace ruine, et dont les anglées, déjà restaurées, se détachent du corps de la maçonnerie. Cette caducité résulte sans doute de la vétusté de la tour, mais a été accélérée, suivant toute apparence, par la démolition d'une voûte d'arête qui recouvrait l'étage inférieur et que l'on a brisée pour faire place au jubé. La tour est amortie d'un clocheton pyramidal à quatre faces. Sur le côté on a pratiqué une ouverture cintrée, de style renaissance. A l'intérieur, l'édifice est disposé en basilique à une seule nef, avec chœur terminé par un mur plat. La nef et le chœur se composent chacun de deux travées et sont décorés d'ornements en plafonnage dans le goût de la renaissance.
L'orgue provient des Ursulines, de Namur. Le maître-autel est dédié au Saint-Sacrement; les bas-autels, qui sont en bois sculpté et méritent une mention, sont consacrés à la Vierge et à Saint-Corneille. Une pierre tumulaire, placée dans le pavement, porte cette inscription : Hic jacet jacobus de soldi armiger dux cohortis | equitum catapultariorum in legione principis | ferdinandi de ligne sub vexillis augustissimæ | imperatricis reginæ hungariæ et bohemtiæ etc. etc. | qui post adita quam plurima belli discrimina | occisus est cura fungeretur munere majoris ducis | in praelio prope ramelies 20 7bris 1740.
Dans le cimetière on remarque une croix de pierre datant de 1541 et le mausolée érigé en 1863 à la famille Becquevort.
La Table des pauvres possédait : en 1787, 29 bonniers 2 journaux (actuellement, 25 hect. 94 ares) et en redevances 313 mesures de seigle; ses revenus, au total, s'élevaient à 685 fl. 7 sous.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
Un journal dit la Terre aux pains blancs, appartenant à la fabrique de l'église et qui se louait 15 fl., était affecté, en 1787, à la distribution d'un pain blanc, valant environ 2 liards, à chaque habitant, les domestiques exceptés. Cette distribution s'effectuait le Jeudi Saint, « après les vigiles ténébreuses ».
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 118 : 65 garçons et 53 filles.
La fête communale arrive le dimanche après le 20 août.
Le chanoine De Smet, Note sur quelques circonstances de la bataille de Noville qui partagent les historiens (Bulletins de l’Académie de Bruxelles. T. VI, 2e partie, p. 191).
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