Le nom de la commune de Cortil dérive de cortile ou curtile, mot de la basse-latinité qui sert à désigner une petite exploitation rurale, une chaumière, diminutif de cortis ou curtis (cors on cohors signifie une cour de ferme dans Varron et Palladius), dont la signification est ferme. Il n'a guère subi de grandes variations, comme on peut en juger par ses formes successives : Curtils (946), Cortis (1217, 1440, 1444, 1530), Cortys (1374, 1799), Corty (1383), Courtis (1383-1384), Courtil (1436, 1464, 1492, 1555, 1607-1619), Cortils (1461), Courtiz (1589), Corti (1616), Curtis (LE ROY), Cortille (an XI), Curtil (an XIII).
Par exception, on trouve Crostys (1312), où il y a certainement une corruption de l'orthographe véritable; quelquefois on écrit Curtis juxta Gemblacum, Cortil près de Gembloux. Dans le langage officiel, on dit Cortil-Noirmont, depuis la réunion de ces deux localités en une seule commune. Quoique le nom de Cortil, qui se prononce Corti, ne soit pas rare en Belgique, il n'est porté que par deux communes : celle de Cortil-sur-Orne et celle de Cortil-Wodon. Nous avons ensuite les hameaux de Courtil, dép.de Bovigny (Luxembourg), et Sur-Cortil, dép. de Tilff (Liège).
Le nom de Courtil est répandu en France.
La commune de Cortil-sur-Orne est limitrophe de celles de Chastre-Dame-Alerne, Walhain, Ernage (Namur), Gembloux (Namur), Grand-Manil (Namur) et Saint-Géry.
Cortil est à 2 1/2 kilomètres de Saint-Géry, 3 kilom. de Chastre et Ernage, 5 kilom. de Grand-Manil, 5 1/2 kilom. de Gembloux, 6 kilom. de Walhain, 15 kilom. de Perwez, 27 kilom. de Nivelles, 41 kilom. de Bruxelles.
L'église de Cortil se trouve située par 56 grades 21 de latitude N. et 2 grades 56 de longitude E. L'altitude du seuil de l'église est de 138 mètres 53.
Le territoire de Cortil formait autrefois deux communes : celle de Cortil et celle de Noirmont, qui ont été revoies par arrêté du 1er mars 1822. Les procès-verbaux de délimitation de ces deux communes ont été dressés le 14 avril 1820 et clos le 28 août suivant. Une contestation ayant surgi pour la limite entre Noirmont et Walhain, un arrêté royal du 6 septembre 1825 a mis fin au débat.
Le cadastre divise le territoire de Cortil en trois sections : la section A ou de Noirmont, la section B ou du Village de Cortil, la section C ou de Chaudmont.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 2,276 parcelles, appartenant à 558 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 70,426 fr. 68 cent, (sol : 65,076 fr. 68; bâtiments : 5,350 fr. 00) et ayant une contenance de 1,064 hectares 17 ares 69 centiares (imposable : 1,038 hect. 75 a. 33 ca.; non imposable : 25 hect. 42 a 36 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834:
En 1686, Cortil comprenait 455 bonniers, dont 435 de terres labourables, 12 de prés et 8 de pâchis; à Noirmont, sur 321 b. 1 journal, il y avait 295 b. 3 journaux de terres, 10 b. de prairies, 13 b. de communaux, 2 b. 2 j. d étangs. On comptait : à Cortil, en 1374, 43ménages; en 1436, 48 foyers; en 1464, 48 foyers; en 1472, 29 foyers ; en 1492, 28 foyers ; en 1526, 40 maisons; en 1686, 30 maisons et un moulin; — à Noirmont, en 1374, 31 ménages; en 1436, 26 foyers; en 1464, 30 foyers; en 1472, 29 foyers; en 1492, 18 foyers; en 1526, 31 maisons, dont 1 à 2 foyers et y compris un hospice; en 1686 , 21 maisons et une franche taverne; — dans les deux localités, au 31 décembre 1856, 246 maisons.
Cortil, qui compte 184 maisons ; Noirmont, 62 maisons.
Le village de Cortil serpente le long du ruisseau de l'Orne, sur un développement d'environ deux kilomètres. L'église se trouve à l'extrémité septentrionale de l'agglomération; le château de Cortil ou de la Dîme a été bâti à l'autre bout du village. La plupart des maisons sont établies au bord du chemin pavé qui suit la rive droite du ruisseau; il y en a cependant quelques-unes aussi sur la rive gauche et, parmi celles-ci, celles qui longent le chemin de Corsai et que l'on nomme parfois les Maisons des Prés. Les dernières habitations de Cortil, au delà du château, forment un écart, d'assez chétive apparence et d'une moralité douteuse, qui s'appelle le Tri des Rudes.
Le village de Noirmont (Noermons, 1383; Noirmons, 1403; Noermont, 1436, 1492; le Noirmont, 1440; Noirmont, 1658; Mons niger, 1441; Niger mons, XVIIe siècle ) se développe le long de l'Orne, en aval de Cortil, depuis le confluent du Bayonbri, sur un parcours d'un kilomètre; les deux églises sont à peine à 100 mètres l'une de l'autre et les deux agglomérations n'en font véritablement qu'une.
A 1,600 mètres N. de l'église, le Moulin du Piroi, qui n'est qu'à une centaine de mètres de l'agglomération de Chastre; à 3,000 m. S.-E., Lardinois, au bord de la chaussée romaine, près de la Gatte d'or qui appartient à la province de Namur ; à 1,500 m. S., au Poteau.
Fond de Perbais; Champ des Griveaux; Champ de la Grande Queutère ou du Grand Cauter; Château de Noirmont; Sentier des Mottes; Champ des Tombes; les Deux Tombes; Aux Prés de Noirmont; Champ des Fonds des Gotaux; Petite campagne; Champ du Gros Pierre (Champ de la Grosse Pierre, au cadastre); Champ de Saint-Géry; Bas de l'Espinette (Champaigne del Spinette, 1616); Haut de l'Espinette; Saule Buret (Champaigne de Saux Burey ou Saulx Buret, 1616; Sobiret, au cadastre); la Haute borne (Lobon, au cadastre); Chaussée romaine; Campagne de la Jonquière; Château de la Dîme; Au-dessus de la Dîme; Au-dessus des Jardins; Derrière la Dîme; A la Gatte; Longchamps; Ferme de Chaudmont, que l'on prononce souvent Chautemont (Chautmont, 1616; Chautemont, 1725) et que l'on appelait jadis Hotbiermont (1461, 1725; Hodebermont, 1311; Hubermons, 1616); Aux Six bonniers; Aux Prés; la Futchère; Bois du Brutia (Champaigne de Bruteaux ou Brutteau, 1616); Au-dessus du Brutia; Au delà du Brutia; Grand chemin de Nivelles; Grand Bayonbri (Baillonbry 1616); Ruelle Massaut; Ruelle Fagot; Quatre ruelles; Pont d'Enos, sur l'Orne que la carte manuscrite de Ferraris nomme Ruisseau d'Enof; Ferme Winand; Pont Winand; Pont de la Place; Pont Mon cœur; Pont de pierre; Basse Herbiniau; Haie Grand'mère; Haie des Morts; Ruelle Thérèse; Ruelle Gérard; Ruelle aux Fichaux; Ruelle du Cloutier; Pré au Vicier; Tienne du Ministre (surnom donné à M.Trémouroux); Ruelle du Canonnier; Ruelle Higuet; Ruelle Saint-Sau; Ruelle Maqua; Battis Sainte-Anne; Ruelle Frater; Ruelle Keller; Ruelle Bouillon; Chemin des Tombes; Tienne Winand; Pré Mathy; les Jardinets; Bonnier de Melery; Cortil al Soigne; Tri Colson; Closière Meunier; Battis de la Meunière; Chapelle du Clerc; Boischamp; Long pré; Battis de Roi; Campagne d'Hennau; Chapelle de Sainte-Gertrude ou des Souris; Champ de Sainte-Gertrude; Chapelle Sainte-Adèle; Grand Bon Dieu.
Tenchoul, maison et cheruage (1508) ou Tensoul (1551); Courtil du Culot, vis-à-vis du château de Noirmont (1629); le Vaul à Cortis (1530; Al Vaux à Courti, 1616; Cense del Vaux 1418, 1699); la Motte à Cortis (1530); Champaigne du Chesneau ou des Chesneaulx, Malplacquée, Batthy allant de Corti à Fleru, Champaigne del Marcelle, Champaigne de Bros, Champaigne del Haize, Champaigne d'Ernaige, Champaigne desseur le Preit au Vivier, Champaigne Corti Ivette, Champaigne delle Witthaine ou Withaigne, près de la chaussée romaine; Corti al Huaine, Corti Joachim, Champaigne du Buisson, Champaigne de Bertenchamps, Spine à Ha ou à Hat, Champaigne de Foriet, Champaigne du Marischal au Belki, Champaigne de Pouthes et Hots ou Pouchehoutz, Preit des Meurs, Au Saiblon, Cron Batthy, Petit vert Batthy, allant à Ernaige; Buisson Grégoire, Bonier al Scavée, le Werisseau, Haye del Vaulx, Heureux bry, Jusqueumont, tous cités en 1616.
Le terrain n'est pas accidenté, on ne remarque que quelques ondulations peu importantes. Le point culminant se trouve près de la chapelle Sainte-Gertrude, ou des Souris, où l'on a constaté une altitude de 163 mètres. L'étage inférieur du système gedinnien règne le long de l'Orne, depuis le moulin de Cortil jusqu'au moulin du Piroi. Il est représenté par du quartzite que l'on exploite depuis longtemps pour en faire des pavés. Une carrière a été pratiquée à 150 mètres S.-E. du moulin du Piroi; les bancs de quartzite y sont d'un gris-bleu passant au verdâtre et au rougeâtre et traversé par des veines (limés) de quartz blanc-laiteux ou par des fentes tapissées de petits prismes de quartz hyalin. Une machine à vapeur épuise les eaux de cette carrière, que l'on n'exploite plus depuis environ un an. Une seconde carrière existe à peu de distance de l'église de Noirmont,
Les sables bruxelliens semblent occuper tout le territoire de Cortil, mais ils ne sont à découvert que le long de l'Orne, à l'est du terrain gedinnien; sur la rive droite du Bayonbri; sur la rive droite de l'Ardenelle et de l'Orne, dans la direction de la chaussée romaine. Partout ailleurs ils disparaissent sous le limon hesbayen, qui est d'une grande fertilité
Tout le territoire de Cortil appartient au bassin de l'Escaut; la ligne de partage du bassin de la Meuse passe à peu de distance au sud de la chaussée romaine, qui forme la limite méridionale de la commune. Les cours d'eau qui arrosent Cortil sont : l’Orne, le Bayonbri, l’Ardenelle, et la Jonquière.
L'Orne vient de Grand-Manil; traverse le bois marécageux du Brutia; alimente l'étang du château de Cortil; reçoit la Jonquière (r. dr.); baigne les premières maisons du village; reçoit l’Ardenelle (r. g.); passe près de l'école et de l'église de Cortil; reçoit le Bayonbri (r. dr.); active le moulin de Cortil par une chute de 3 mètres 43; traverse le village de Noirmont; active le moulin du Piroi; et pénètre sur le territoire de Chastre, après un parcours de 5,400 mètres, dans la direction générale du N.
Le Bayonbri vient d'Ernage; se divise en deux bras qui contournent une prairie marécageuse, emplacement d'étangs supprimés, et se rejoignent en aval de l'ancien château de Noirmont, pour se réunir à l'Orne (:r. dr.), après un parcours de 1,300 mètres dans la direction générale de l'O.-S.-O.
L’Ardenelle ou Ruisseau de Corsal vient de Saint-Géry et est d'abord limitrophe de cette commune et de Cortil; longe les maisons des Prés; et se réunit à l'Orne (r. g.), après un parcours de 1,300 mètres, dont 400 mitoyens, dans la direction du N.-E.
La Jonquière prend sa source dans les prés qui lui ont donné son nom reçoit, au Tri des Rudes, les eaux de la fontaine du Fief; et se réunit à l'Orne ( r. dr. ), au pied du château de Cortil, après un parcours de 1,000 mètres dans la direction générale du N.-O.
Les principales fontaines dont l'eau est employée par les habitants sont la Fontaine de la Place de Cortil et la Fontaine du Fief. Une troisième fontaine sourdant près du château de Noirmont, à côté d'une chapelle dédiée à saint Pierre, qui n'existe plus, était jadis l'objet d'un pèlerinage suivi : les croyants allaient boire de son eau, en invoquant le Saint, pour être guéris de la fièvre.
Un étang de 60 ares, créé en 1852, se trouve près de la ferme de Chaudmont, en face du château de Cortil il en existe, dans le parc du château, un second, beaucoup plus petit, qui sera desséché. On voyait autrefois plusieurs pièces d'eau en amont du château de Noirmont et un étang assez important en aval de Cortil. Ces étangs s'appelaient les Viviers de Cortis dits de Noirmont (1444).
On comptait â Cortil, en 1709, . . habitants; en 1784, 472 habitants : 1 prêtre, 149 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 158 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 76 garçons et 88 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 469 personnes, dont 2 prêtres, 145 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 158 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 76 garçons et 88 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 525 habitants ; — à Noirmont, en 1709, 74 habitants; en 1784, 167 habitants : 1 prêtre, 32 hommes, 38 femmes, 20 garçons et 12 filles âgés de plus de 12 ans, 23 garçons et 41 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 173 personnes, dont 1 prêtre, 55 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 60 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 22 garçons et 35 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 171 habitants; — dans les deux localités, au 31 décembre 1831, 1,055 habitants; au 31 décembre 1856, 1,211 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil remontent à 1610 pour Noirmont et à 1706 seulement pour Cortil.
Il y a environ 8 hectares de bois; ils portent les dénominations de Bois du Brutia, Bois du Pré au vivier et Bois de Bayonbri.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont : la Ferme de Chaudmont (125 hect.), tenue par M. Fossé (J.-B.), appartenant au baron de Brou; la Ferme Winand (80 hect.), tenue par M. Winand (Fr.), appartenant à M. Marcq de Tiége; le Château de Noirmont (75 hect.), tenue par M. Fossé (N.) propriétaire des bâtiments, appartenant â M. Sales, de Figeac; la Ferme du Château de Noirmont (55 hect.), occupée par M. Godfrin (J.), appartenant â M. Everarts.
Le nombre des animaux domestiques constaté pai les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la com-mune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à :
L'ancienne verge linéaire a 18 1/21 pieds de Louvain à Cortil et 16 pieds de Nivelles à Noirmont.
Il existe dans la commune deux moulins a eau : le Moulin de Cortil, qui était jadis plus rapproché de l'église, et dont la chute, retenue à l'altitude de 134 mètres 81, fait mouvoir quatre paires de meules, avec l'assistance d'une machine à vapeur; et le Moulin du Piroi, à la limite de Chastre, qui n'a que deux paires de meules. Le premier moulin remonte à une époque très ancienne, et appartenait à l'abbaye de Gembloux, qui eut quelques difficultés, en 1342, à propos du droit de banalité; le second a été établi par E. Favier, qui y a installé d'abord un moulin à grains (arrêté du 6 mars 1857), puis une usine à scier le marbre (arrêté du 28 janvier 1858). En 1636, les plus vieux habitants de Noirmont certifièrent qu'il n'y avait jamais eu de moulin dans cette localité.
Une grande brasserie vient de s'établir au nord du village de Noirmont. Une tannerie, qui compte trois fosses, prépare 3,000 kilogrammes de cuir par année.
On doit signaler enfin trois petites blanchisseries de toiles, ll y a quelques apprêteurs de lin, des tisserands, des couteliers, des briquetiers; parmi ces derniers, il en est qui vont exercer leur industrie à l'étranger.
Le chemin de fer du Luxembourg traverse le territoire de Cortil sur une longueur de 400 mètres, à une petite distance de la station de Chastre.
On compte 25 chemins et 22 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 50,432 mètres, dont plus de 12,000 sont pavés.
Le chemin de grande communication n° 25 (vers Chastre) traverse la commune sur 1,141 mètres; le chemin n° 30, sur 7,202 mètres.
Un droit de barrière, d'un montant égal à la moitié du péage ordinaire perçu par l'État, est établi sur ces chemins, en vertu d'arrêtés royaux en date du 16 janvier 1844 et du 29 mars 1855.
Neuf ponts franchissent les ruisseaux et un grand nombre d'aqueducs donnent passage aux eaux.
Le village de Cortil est limité, vers le S.-E., par la chaussée romaine de Bavai à Tongres qui le sépare de Grand-Manil, de Gembloux et d'Ernage. Près de la ferme de la Gatte (dépendance de Grand-Manil), vers le nord, on remarque une éminence dont les vastes proportions semblent indiquer un mouvement naturel du sol, mais qui passe cependant pour un tumulus romain. Cet endroit, sur un plan du siècle dernier, est nommé la Gatte, parce que l'habitation de ce nom s'y élevait alors. D'après la tradition, la chaussée romaine se dirigeait jadis en ligne droite et passait au pied de la protubérance dont nous venons de parler; on dit aussi qu'on a découvert un puits en cet endroit, il y a un certain nombre d'années.
Si l'on en croit l'opinion commune, le village de Cortil se trouvait primitivement dans la Campagne de la Jonquière, sur la rive orientale du ruisseau du même nom. On y trouve des restes de fondations en pierres dites de Manil, à 1,000 m. au N.-O. de la Gatte. On y rencontre aussi de nombreux fragments de tuiles romaines; une tuile entière, qui y a été découverte il y a une dizaine d'années, est déposée à l'établissement géographique de M. Vander Maelen. On a trouvé en même temps un osselet de bronze enfoui à environ 3 m. de profondeur dans le sable. Plus près du village, à200 m. environ à l'O. de l'église, un ouvrier de ferme, de qui nous tenons ces détails, a brisé, en déracinant une haie, un vase qui contenait 2 à 300 pièces de monnaie, dont une soixantaine d'or, mais nous n'avons pu tirer de lui aucune donnée certaine sur la nature de cette trouvaille considérable.
Dans l'écrit d'Ortelius intitulé : Itinerarium per nonnunlias Gælliæ Belgicæ partes, on signale l'existence de deux tertres circulaires, situés près de Walhain, dans un endroit élevé et qui se découvre de loin. Ces deux tertres se terminaient en pointe, étaient couverts d'herbes et environnés de buissons. Ortelius y reconnaissait des cippes romains, élevés à la mémoire des soldais tués dans une bataille. Quelques auteurs mentionnent encore ces tumulus, et Le Roy en parle à l'article NOIRMONT, où en effet l'on voit encore deux tombes à l'endroit dit, de temps immémorial, le Champ des Tombes (Desoubz les Tombes de Noirmont, 17 septembre 1516), à 1,300m. N. de l'église et à 700 m. S.-E. de celle de Chastre. Leur conformation répond assez bien au signalement qu'Ortelius en donne. Elles sont placées sur un plateau et leur élévation, qui est encore assez forte (de plus de 10 m. pour celui du N.-E., d'environ 8 m. pour l'autre) les signale à une certaine distance. Le premier de ces tumulus, dont le diamètre est d'environ 30 m., est presque intact; il n'a été entamé par les riverains que vers le S.; le baron de Man de Lenniek avait ordonné d'y planter des sapins pour faire acte de propriété; il en reste encore une vingtaine, qui végètent tout rabougris an milieu de touffes de genets. Une espèce de langue de terre rattache cette tombe à la voisine. Le tumulus du S.-O. parait avoir eu des dimensions un peu plus fortes, mais il a été entamé sur toute sa circonférence. Un cultivateur qui exploite l'un des champs contigus, nous a déclaré qu'en sa présence, il v a une soixantaine d'années, on y avait trouvé quelques ferrailles, du côté du nord. Le voisinage de Chastre, dont le nom révèle l'idée d'un camp romain, rendrait fort intéressante l'exploration des deux tombes.
Les deux villages de Cortil et de Noirmont, dont le premier était compris dans les domaines de l'abbaye de Gembloux et dont le second constituait une seigneurie de rang inférieur, n'ont, pour ainsi dire, pas d'histoire.
Cortil fut brûlé par l'armée du roi de France Henri II, qui ne poussa pas plus loin ses dévastations de ce côté; pour indemniser les habitants de leurs pertes, on leur accorda, par lettres patentes du 13 avril 1556, la remise de ce qu'ils devaient dans leur cote dans l'aide, pour l'année 1555.
Après la bataille de Gembloux, Noirmont fut complètement pillé. Le curé de Cortil, Jean-François Dormaels, figure parmi les prêtres qui furent déportés en l'an VII et arrivèrent à Rochefort le 17 janvier 1799.
Dès l'an VIII, on proposa de réunir les deux villages en une seule commune, ce qui ne s'est réalisé qu'en 1822.
Les registres communs de l'état civil datent du 1er janvier 1823.
Séparés quant à la juridiction, puisque Cortil ressortissait à la mairie de Gembloux (quelquefois comprise dans la mairie de Mont-Saint-Guibert) et Noirmont à cette dernière, ces deux villages se trouvèrent englobés, en l'an III, dans le canton de Villeroux ou Mélery, puis, en l'an X, entrèrent dans le canton de Perwez.
Cortil n'avait pas d'autres coutumes que Gembloux, où l’on suivait la loi de Liège. L'abbé y avait la justice et même le droit de rémission des crimes. Le duc de Brabant n'y possédait que le son de cloche, la taille et l’host ou service militaire. Quant à Noirmont, des seigneurs particuliers y avaient « cens, rentes, lois et amendes », qui se jugeaient selon la loi de Nivelles; ces seigneurs livraient le malfaiteur au coron ou limite de leur terre et le duc de Brabant y avait la haute justice. On ne sait à quelle époque cette dernière fat aliénée par le domaine.
Le greffe de Noirmont, qui se trouve aux Archives du royaume, ne comprend que les années 1751 à 1795. Pour Cortil, il faut consulter les registres des anciens échevins de Gembloux.
Selon Gramaye, Cortil était exempt d'impôts en Brabant, parce que les habitants allèrent en grande pompe et précédés de tambours, à la rencontre du duc Wenceslas de Luxembourg, lors de sa joyeuse entrée en brabant; mais il y a ici, très certainement confusion entre Cortil et Sauvenière.
Le conseil communal se compose de neuf membres, dont sept sont choisis à Cortil et dans les hameaux non désignés et deux à Noirmont.
La commune possède 7 hect. 78 ares, presque entièrement laissés à l'état de terrains vagues. Une maison commune, avec vaste salle d'école et logement pour l'instituteur, a été bâtie en 1843; elle est située dans une position charmante et offre l'apparence d'une maison de campagne. On compte y annexer sous peu un logement pour l'institutrice.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Comme nous l'avons dit plus haut, Cortil faisait partie de la terre de Gembloux, appartenant à l'abbaye de ce nom. Suivant un diplôme du roi Othon Ier, ce fut le fondateur du monastère, Wibert ou Guibert, qui fit don aux religieux de la moitié de la villa dite Curtili, située dans le pagus Darnuensis ou comté de Darnau. D'après les anciens livres féodaux du duché, l'abbé relevait du souverain, entre autres fiefs, Crostys ou Corthys et ses dépendances, ou, suivant d'antres dénombrements: un cens de 12 à 13 (ailleurs 13 à 14) muids de seigle, mesure de Gembloux, et de 12 à 13 florins.
Le monticule qui s'élève encore au milieu des prairies qui ont remplacé le grand étang de Cortil ou de Noirmont, au sud du pourtour du château de ce dernier endroit, a fait donner an sentier adjacent le nom de Ruelle des Mottes. Si l'on en croit d'anciens récits populaires, là a habité Osbergue, la mère de saint Guibert, à qui on éleva une chapelle en cet endroit. Au siècle dernier, on y voyait encore les fossés d'un manoir et l'on démolit sur la motte les ruines d'une tour ronde, dont les murs avaient plus de huit pieds d'épaisseur et dont la maçonnerie était si solide qu'elle résistait aux meilleurs outils.
Sur cette hauteur artificielle a probablement existé le manoir des chevaliers de Cortil : Walter de Corte et Etienne, son fils, qui vivaient en 1187, et le chevalier Jean Sartel de Cortis, cité en 1217. En 1440 et 1530, les abbés de Gembloux déclarèrent tenir en fief du duché de Brabant une cour échevinale dite le Vaul à Cortis, qu'ils avaient acquise du seigneur « del Motte à Cortis» et à laquelle était annexé un cens de 52 1/2 chapons, 111 vieux gros 7 deniers, 6 oies, 5 1/2 muids d'avoine (en 1530, 42 chapons, 83 vieux gros, 5 muids d'avoine, 5 muids de blé). Cette tenure comprenait le droit de congé ou de dixième denier, et il en relevait en fief un cens de 18 vieux gros et la Motte à Cortis, avec une moitié du vivier de Noirmont. L'abbé de Gembloux réclamait aussi la possession de cet arrière-fief; mais, en 1440, Englebert et Jean de Limelette mettaient opposition à cette jouissance. Le 24 mars 1650, le seigneur de Noirmont conclut avec l'abbé, au sujet du grand étang de Noirmont, un accord par lequel il lui fut adjugé une redevance annuelle de 6 carpes.
En 1787, l'abbaye possédait à Cortil une ferme, 67 bonniers de terres, 4 b. de prés francs de tout pâturage, 4 b. de prés où les habitants pouvaient faire paître leur bétail après la Saint-Jean, 5 b. 1 journal d'étangs, une dîme qui, en sus de la compétence, produisait 877 florins 13 sous, un cens valant 59 ti. 6 s., des rentes valant 159 fl. 6 s., le tout donnant un revenu de 2,002 fl. 4 s.
La ferme, que l'on appelait la Ferme de la Dîme, après avoir passé en plusieurs mains, a été démolie par le baron Auguste-Guillaume de Brou de la Wastinne, qui a fait bâtir sur son emplacement le château actuel de Cortil, dont les plans ont été fournis par l'architecte H. Mélot et la première pierre posée le 10 avril 1844. Le corps de logis décrit un rectangle cantonné d'avant-corps aux angles. La façade principale est exposée au sud-est et domine une belle pelouse, au pied de laquelle la cascade de l'étang de Chaudmont réunit ses eaux à celles de la Jonquière. Un perron de quinze marches conduit au rez-de-chaussée, qui est précédé d'une terrasse comprise entre les avant-corps et décorée de quatre colonnes doriques en petit granit, les extrêmes engagées. La même disposition est répétée à l'étage, où les colonnes sont d'ordre ionique. Le tout est surmonté d'un attique. Chaque étage des avant-corps est éclairé d'une fenêtre, les balcons en comptent trois; au-dessus de la porte du rez-de-chaussée se trouve un écusson dû au ciseau de Guillaume Geefs. Cette construction, d'un aspect simple et élégant, ressemble au château de Tervueren. Le beau parc qui l'entoure a été planté à l'époque de la bâtisse du château. Les écuries à tourelles pseudo-gothiques datent de 1836.
Deux fiefs de quelque importance : Hodbiermont et Tensoul, relevaient de la cour féodale de Gembloux. En 1311, on mentionne Jean le Lellier, sire de la court de Hodebermont, et ses tenanciers. Henri Delbarre céda la « maison, pourprise et toute la clôture de Hotbiermont » à Jean Le Clercq, de Cortils, qui en opéra le relief le 29 octobre 1461. Après la mort de Jean, sa veuve et son fils allié accomplirent la même formalité (20 juillet 1508). En exécution du testament de Jean-Georges-Charles de Waha-Frondville, chanoine de Ciney, seigneur de Senenne, son parent, messire Georges-Charles-Gabriel de Waha, seigneur du Terne et Frénoy, vendit à Gabriel Jamin, maïeur de Blanmont, et à sa femme Jeanne Poncelet, moyennant 5,200 écus de 56 sous de Brabant, la cense d'Hotbiermont que l'on appelait alors Chautmont ou Chautemont, avec 118 b. de dépendances (relief du 2 mai 1725).
Quelques années après, l'acquéreur acheta le même bien au marquis de Gavre et d'Aiseau et paya un relief dont la dame d'Aversin était redevable (r. du 8 mai 1732). M. de Brou a acquis Chaudmont de M. Decoux de Limelette. D'après la tradition, le manoir d'Hotbiermont aurait existé à quelque distance, sur la rive gauche de la Jonquière, vis-à-vis du Tri des Rudes, près de la Fontaine du Fief.
Dans une lettre échevinale de Gembloux, de l'an 1394, on mentionne la fondation faite par messire Franc Galhoz de Seroul, chevalier, de quatre messes qui devaient se dire toutes les semaines à l'autel de Saint-Christophe, à Gembloux, pour le salut de l'âme de Franc et de celle de sa femme, Isabelle. Le donateur céda dans ce but à l'hôpital (ailleurs, à l'église) de Gembloux une redevance annuelle de 4 muids de blé, hypothéquée sur ses « héritages, tenure et warison » de Cortil. Ce bien appartenait, en 1508, à Isabeau Dupont, veuve de Jean de Tenchoul, et se nommait la Maison et cheruage de Tenchoul. Il en reste encore un vague souvenir à Cortil. Tensoul se trouvait du côté de Saint-Géry, en un endroit où l'on a rencontré, au milieu de la campagne, des débris de fondements et un puits.
Nous avons dit que la seigneurie de Noirmont était tenue en fief de celle de Mousty-sur-Dyle. Les commencements en sont fort obscurs; selon Le Roy. Arnoul de Walhain, seigneur de Noirmont, vivait en 1184; Jacques de Walhain, seigneur de Noirmont et de Blanmont, existait du temps de Henri III, duc de Brabant. Après lui, toujours d'après le même auteur, Jean de Noirmont céda à son fils Walter la dîme, le terrage et 14 b. de terres, à Noirmont, et Walter, se trouvant sans enfants, céda la même propriété à Jacquemin de Glimes. Ces Noirmont descendaient en effet de la famille de Walhain, car ils en portaient les armes légèrement modifiées : d'or à six cotices de gueules, chargé, sur le tout, d'un écusson de sinople. Les cotices seules sont ici ajoutées, évidemment comme brisure. Cet écusson figure sur le sceau dont Walter de Noirmont se servit lorsqu'il releva son fief, pour lui et pour son fils, le 7 juin 1363, par-devant Hiernous ou Arnoul de Moustier.
Godefroid, seigneur de Sombreffe (et de Mousty), agissant probablement en qualité de seigneur suzerain, vendit Noirmont, en 1381, à Jeanne de Wedergrate, fille d'Othon, seigneur de Contrecœur, et à son mari René, fils de Thierri de Berghes. Jeanne, à son tour, en fit cession, moyennant 2,564 mailles d'or de Hollande, à Jean de Namur, sire de Wynendaele et de Renaix, qui transporta ce bien à « son amé chevalier », messire Jean de Celles, en récompense de ses bons services. Jean, après avoir payé une partie du prix d'achat, 1,564 mailles, renonça à ses droits en faveur de Guillaume de Juppleu ou Jupplu, écuyer (22 juillet 1398).
Guillaume de Juppleu possédait déjà quelques droits à Noirmont, droits qu'il avait achetés le 22 décembre 1390, à messire Renaud de Berges. Après lui vinrent :
Louis, son second fils;
Guillaume, frère aîné du précédent, seigneur de Blanmont, et, en 1474, de Noirmont; il était enterré au chœur de l'église de ce dernier village, où l'on voyait ses armoiries (un écusson chargé de trois macles) et ces mots : « Cy gistg... | de juppleu escuier seigr de Noirmont | et blamont qui trespassa | (l'an) MCCCCLXXV ».
Guillaume, son fils (relief du 20 janvier 1489) vécut très longtemps et ne mourut qu'en 1553; il reçut la sépulture près de son père;
Guillaume, fils du précédent, reçut Noirmont en don de son père (r. du 7 novembre 1532); sa tombe, qui se voyait dans la sacristie, portait ces mots : « Cy gist Guillaume de juppleu | noble homme qui estoit | seigneur de noirmont qui | trespassa le 10 de juillet 1560 ». Sa femme, Jeanne de Hosdain, ne lui donna que deux filles, Jeanne, femme de Conrad d'Argenteau, et Louise, femme de Jean le Royer le Jeune; il laissa à la première, outre Noirmont, le fief de Beaufau, dans le comté de Namur (r. du 29 mars 1560); à la seconde, le fief de Mozet, également situé dans le Namurois (r. du 3 juillet 1577);
Jeanne de Jupplu et Conrad d'Argenteau, seigneur de Ligny, de Tongriennes etc. (r. du 16 août 1567);
Charles, leur fils (r. du 4 mai 1601), qui épousa Jeanne, fille de René de Nassau, seigneur de Corroy-le-Château.
Pierre Daems, chevalier, acheta Noirmont le 3 mars 1625. Daems avait été bourgmestre d'Anvers et était seigneur de Hurtebize (à Dion-le-Mont) avant d'acheter ce dernier village, qui appartenait à l'abbaye de Gembloux. Il épousa Isabelle De Witte et vécut avec elle pendant 53 ans; durant ce long espace de temps, ils ne perdirent pas un seul de leurs domestiques, qui étaient cependant au nombre de quinze an moins. A Noirmont, ils firent restaurer l'église, où l'on voit encore leur tombe sépulcrale indignement mutilée; en outre ils embellirent considérablement le château. Daems mourut en 1640.
De leur union naquirent deux fils, tous deux chevaliers, et dont l'aîné se nommait Sébastien, et une fille, Marie, femme de chevalier François Gallo de Salamanca. Sébastien Daems contribua activement aux négociations qui amenèrent la paix de Munster et, dans de fréquents voyages en Hollande, eut l'occasion de prévenir quelques-unes des excursions qui désolèrent alors le Brabant wallon. Il mourut en 1655 et fut enterré près de ses parents. Sébastien Daems laissa ses biens à ses neveux : Noirmont à Antoine Gallo d'Esculada, Montjardin et la Haute-avouerie d'Aywaille à Louis (ou François?) Gallo d'Esculada, et la terre et château de Melle à Emérentiane Gallo d'Esculada, femme de Léonel de Lima, chevalier de l'ordre du Christ, et dont la fille unique épousa son oncle Antoine.
Celui-ci passa sa jeunesse dans les armées du roi d'Espagne et y servit pendant 20 ans dans la cavalerie légère, les quatre dernières années avec une compagnie de cuirassiers levée, en 1642, à ses propres frais; il se trouva, notamment, anx batailles de Rocroi et de Deynze et fut successivement créé baron de Noirmont (lettres patentes en date du 2 mai 1658, r. du 20 mars 1659) et comte de Dion-le-Mont.
Son petit-fils mourut sans alliance et sa petite-fille, Marie-Madeleine Gallo y Lima, épousa le comte d'Arberg de Valengin, chevalier de l'ordre de Marie-Thérèse, général d'infanterie. La comtesse de Dion ses biens à son mari, qui, à son tour, en fit don à sa mort, arrivée en 1768, à Philippe-Caroline, comtesse de Limminghe, qu'il avait épousée en secondes noces (r. du 31 mars 1769). Madame d'Arberg dissipa son patrimoine, qui passa à un Français, M. Salesse de Figeac. Celui-ci vendit la majeure partie de la terre de Noirmont, qui a depuis été morcelée.
La terre de Noirmont avait, en 1607-1619, « court et jugeurs », mais avec obligation de remettre à l'officier du duc les personnes convaincues de crime. Néanmoins les lettres patentes d'érection en baronnie lui attribuent la haute, moyenne et basse justice, et, de plus, des cens, des rentes, 200 b. de terres, 28 b. de prairies et de pâturages et 20 b. de bois. Le seigneur avait encore le droit de confiscation, le 10e denier de tous les biens vendus ou hypothéqués, les amendes au civil et au criminel, les biens des bâtards, la nomination d'un maire, de sept échevins, du greffier ; le patronat de l'église, des chapellenies, de la marguillerie; la moitié des offrandes qui se faisaient â l'église lors des grandes fêtes ( l'autre moitié appartenant au curé), une moitié de la grande dîme, toute la petite dîme, une dîme à Chastre, une cour féodale. Tandis que ces biens n'étaient pas imposables pour les tailles, subsides etc., les habitants du village devaient fener pour le seigneur une prairie de 4 à 5 bonniers et en conduire la récolte au château. Les prérogatives du baron, comme on le voit, étaient assez considérables; aussi fut-il taxé pour le service féodal, en 1474, à deux combattants à cheval.
Harrewyn nous a laissé du manoir de Noirmont une vue qui ne pèche pas par trop d'exactitude, mais quelques-unes des constructions qui y sont figurées se reconnaissent encore. Telles sont la tour carrée, en briques, qui se dresse au bord du chemin longeant le domaine vers le nord, et la tour ronde, dont la masse se détache du bâtiment principal, vers le sud. La tour carrée a conservé son ancien couronnement, surmonté d'une grande girouette; le propriétaire actuel, M. Everarts, a fait tronquer celui de la tour ronde, à cause de la difficulté que l'on éprouvait à la réparer convenablement. Le corps de logis principal, avec ses murs énormes, ses fenêtres qui ont en partie conservé leurs meneaux de pierre, est fort ancien, comme en témoigne l'arc cintré qui en encadre la porte d'entrée et qui repose de deux côtés sur une tête saillante. Les autres bâtiments datent en majeure partie du temps de Pierre Daems, qui orna le château d'une galerie fort élégante, de fontaines et d'une basse-cour ou ferme; ces travaux furent continués par sa femme et par son fils. Le château, auquel on arrivait par une large avenue, offrait alors une première cour parfaitement rectangulaire, et bordée, d'un côté, par une grange très étendue; de l'autre, par les écuries, la brasserie. Autour de la seconde cour, également rectangulaire, se groupaient une belle salle d'entrée, d'autres salles, une chapelle, des écuries et des galeries, et au-dessus de ces dernières, dont on aperçoit encore distinctement trois arcades, il y avait un grand nombre de chambres.
Les vergers et les jardins répondaient à la beauté des bâtiments; ils étaient, ici bordés par un mur qui existe encore en partie; là, baignés par les eaux des étangs dits de Noirmont et qui ont été transformés en magnifiques prairies. Trois habitations distinctes se partagent les restes du manoir. La plus orientale est formée presque en entier de l'ancienne ferme, et notamment de la grange, qui date de 1772; l'habitation du milieu est fort peu de chose; la plus occidentale nous montre ce qui reste du château, avec quelques changements qui sont l'œuvre du propriétaire actuel. Une galerie souterraine part, dit-on, des caves du château et semble se diriger vers le N.-O.; l’air méphitique que l'on y respire empêche d'y pénétrer.
Le territoire de la commune se divise en deux paroisses : la partie méridionale, qui va jusqu'au moulin de Cortil inclusivement et au château de Noirmont exclusivement, forme la paroisse de Cortil; la partie septentrionale, beaucoup moins développée, constitue la paroisse de Noirmont. L'église de la Vierge, à Cortil, était filiale de celle de Gembloux, dont elle fut séparée à une époque inconnue, mais antérieurement à 1441. Elle avait toujours fait partie du doyenné de Gembloux ; après le concordat, on la comprit dans l'archevêché de Malines et elle devint une succursale qui engloba longtemps les villages de Noirmont et de Saint-Géry.
Le revenu de la cure valait, en 1511, 18 muids d'épeautre et était chargé d'une messe par semaine, outre celle qui se disait les dimanches et jours de fêtes. Il a existé à Cortil un autel de Sainte-Catherine, qui fut ensuite réuni à la cure. Le possesseur de cette dernière jouissait, en 1787, d'une compétence de 300 florins, que l'abbé de Gembloux payait en qualité de décimateur. Les fabriques d'église de Cortil et de Noirmont possèdent 6 hect. 30 ares; leur revenu s'élevait, en 1840, à 1,526 francs.
L'église de Cortil est sous le vocable de la Nativité de la Vierge; elle a pour patronne secondaire sainte Cécile, à qui est dédié un des bas-autels. Elle formait jadis une chapelle ogivale construite en pierre. Au siècle dernier, on a démoli la nef pour la remplacer par une autre, plus grande, bâtie en briques dans le style de l'époque. Il reste donc aujourd'hui le chœur ancien, terminé par une abside à trois pans dont les fenêtres ogivales ont été remplacées par des baies renaissance, et la nef moderne, qui compte quatre travées, y compris le dessous de la tour. Par une disposition bizarre, la tour carrée, qui s'élève au pied de l'édifice et qui est amortie comme d'ordinaire par une flèche octogone, au lieu de descendre jusqu'au sol, repose au sud-ouest sur le mur de l'église et au nord-est sur deux piliers carrés, entre lesquels on circule lorsqu'on entre dans le temple par les deux portes du sud et du nord.
L'église possède d'anciens fonts baptismaux rnono-pédiculés, ayant environ un mètre de hauteur; d'un pied cylindrique sans ornements s'élance un calice, en forme de cône tronqué renversé, décoré à sa partie supérieure de quatre têtes saillantes.
La nef a un chemin de la croix qui vient d'être peint par L. Louckx, de Louvain, à qui sont dus aussi les deux tableaux du chœur.
Dans le mur du cimetière est placée une dalle tumu-laire, sur laquelle on lit : « Icy gist honnorable hom(m)e le S Hubert | ghenne en so(n) tamps bailly et maeur de la terre et Srie de g… | ... trespassa la(n) 1617 le 19e du mois | de mars. Et damoi-Belle martine dubois son espeuze q(ui) trespassa la(n) | …
L'église de Saint-Martin (aujourd'hui de Saint-Pierre), à Noirmont, a toujours fait partie des mêmes circonscriptions que celle de Cortil. Elle avait rang d'église médiane et fut aussi démembrée de celle de Gembloux. Son existence n'ayant pas été reconnue légalement après le concordat, les habitants réclamèrent, longtemps et sans succès, pour obtenir un temple distinct. Ils firent valoir que la fabrique possédait deux hectares et qu'elle pouvait revendiquer, à charge du propriétaire du château, une rente annuelle de 300 florins (l'ancienne compétence), que celui-ci avait donnée jadis, disaient-ils, en échange des biens de la cure; la troisième des demandes, qu'ils formulèrent successivement en 1816, n'aboutit qu'à une décision de la Députation des états provinciaux, les invitant, au préalable, à assurer à leur desservant une dotation suffisante. Lorsque Noirmont fut réuni au civil à Cortil, les habitants n'y consentirent qu'à la condition d'élever leur église au rang de chapelle reconnue, mais l'arrêté royal du 28 septembre 1825 leur refusa cette satisfaction. Depuis, on y a autorisé l'établissement d'un conseil de fabrique (1837) et érigé une succursale (25 février 1857).
Outre les 300 fl. de compétence qu'il recevait du seigneur, le curé touchait le produit d'une dîme â Chastre (80 fl.) et quelques menus revenus, en tout 538 fl. En 1511, outre la cure, estimée valoir annuellement 30 muids d'épeautre, il y avait un autel de la Vierge et un autre de Saint-Sébastien et de Saint-Nicolas, chargés : le premier, d'une messe par quinzaine ; le second, d'une messe par semaine, et dont le revenu annuel s'élevait : pour le premier, à 1 muid 6 d'épeautre; pour le second, à 12 muids de froment. Le revenu de la fabrique montait à 69 fl., en 1787. La cure fut rebâtie, en 1645, par les soins de Sébastien Daems.
L'église de Noirmont était d'une construction fort ancienne. La nef reposait sur deux rangées de piliers et recevait le jour par de très étroites fenêtres. En 1609, l'édifice tombait complètement en ruine, le clocher avait été abattu, le toit était enlevé. Pierre Daems entreprit de grands travaux de reconstruction ou plutôt de restauration et fit placer, en 1631, un maître-autel de marbre noir. Des fenêtres latérales offraient encore : à droite, les armes des Argenteau (d'azur, cantonné de cinq croix recroisettées, à la croix d'or, chargé de cinq coquilles de gueules) et des Jupplu (d'argent à trois macles d'azur, chargé en abîme d'une petite macle d'argent), et à droite, les armes de Jeanne de Nassau, femme de Charles d'Argenteau. L'autel de gauche fut donné par Corneille De Witte, son beau-frère. Une nouvelle toiture fut placée en 1615. L'église actuelle n'occupe pas le même emplacement que l'ancienne, qui se trouvait, paraît-il, plus à l'ouest, dans le jardin de la cure. C'est une basilique à une seule nef de trois travées, qui n'existe que depuis 80 années environ. Elle est précédée d'une tour carrée en briques, à anglées en pierres bleues, surmontée d'une flèche octogone écrasée.
Outre les épitaphes seigneuriales que nous avons citées, l'église contenait celle de Pierre Daems et de sa femme, et les cénotaphes consacrés par le premier à ses parents, Pierre Daems et Marie Crâne, qui moururent, le mari, en 1561, sa femme, en 1560; et par la seconde à son père Sébastien De Witte et à sa mère Emérentiane de Hoogeveen, morts, Sébastien, en 1570; Emérentiane, en 1623, et à son frère, Corneille De Witte, chanoine et archidiacre d'Anvers, mort en 1626 et dont elle fut l'unique héritière. Toutes ces inscriptions ont été reproduites par le baron Le Roy; de celle de Pierre Daems et d'Isabelle De Witte, où l'on voyait leur représentation et leurs huit quartiers, il ne subsiste que la partie inférieure, où on lit : « Ici « gist messire Piere Daems Chevalier | Seigneur de (Dio)n et Noirmont qui | trespassa le | et (Dune Isabelle deWitte) sa compaigne | (qui trespassa le 1 de) sept. 1635. | Quartiers: (Daems, Delrave), van Royen, de Rycke; (De Witte, Hoogeveen, Vosbergen), Biscop.
Dans le mur gauche du chœur, aux deux tiers cachée par des stalles, est encastrée une grande dalle armoriée, ornée du double écusson des Arberg et des Gallo et dont voici l'inscription : « Cy gisent | Haut Illustre et Paissant Seigneur Messire Don Leonel Comte de | Gallo y Lima de Dion le mont Baron de Noirmont seigneur de St antoine chambelant | de S : A : S : L'Electeur de Baviere Mareschal de Camp des Armees de S : M : C Colonel | d'un Regiment de Cavalerie Camendant de la Ville et Forteresse de Mons y | décédé le 9 may 1707 âgé de 40 ans | entéré dans cette Eglise dans le caveau | de ses Ancestres — | Hautte Illustre et Puissante Dame Madame Claire Gabriel Comtesse de Gallo | y Salamanca Baronne de Laval Dame de Remaigne etc. Bon epouse et cousine germaines decedee | a Namur le 27 7e 1747 âgée de 85 ans enteré dans cette eglise — | Haut Illustre et Puissant Seigneur Messire Léonard François Comte de Gallo | y Lima de Dionlemont Baron de Noirmont Laval et Montiardin haut voüé | D'evaille Seigneur de St Antoine et Remaigne etc. et leurs fils unique et dernier | âgé de 23 ans enteré dans cette église | Requiescant in pace— | Ad perpétuam rei memoriam | Hautte Illustre et Puissante Dame Madame Marie Madelaine Comtesse | D'arberg de Vallengein et du St Empire etc. nee Comtesse de Gallo y Lima | de Dionlemont Baronne de Noirmont et de Laval Dame de St Antoine et | Remaigne devenue unique heritiere des biens de cette Illustre Maison par | la mort de son frere susdit laquelle a decede a Ruremonde le 28 fev | 1748 agee de 49 | ans enterée aux P : Recolets de la-ditte ville aux pieds du Sanctuair du coté de L'epitre | ce Pieux Monument a esté erige en 1748 par Haut Illustre et Puissant | Seigneur Messir charles Antoine Comte D'arberg de Vallengein et du St Empire Marquis | de Triceres Comte de Beaufort Seigneur D'ahin St Léonard et Marzennes etc. | Chambellant de S. M,J. General de Bataille de ses armees et Colonel d'un | regiment d'infanterie en reconnoissance et par un amour singulier | qu'il a tousiours eut pour son Illustre et chere Epouse sa ] Bienfaitrice que dieu veuille avoir en gloire ».
L'ancienne cloche de Noirmont, étant cassée, a été refondue et remplacée par une autre, en 1854. On y lisait les noms de Conrad d'Argenteau et de Jeanne de Jupplu et la date 1591.
En 1526, on signale l'existence, à Noirmont, d'un hospice pour les pauvres.
La Table des pauvres de ce village, dont on attribue la fondation, très faussement sans doute, à Jeanne de Nassau-Corroy, possédait, en 1787, 6 bonniers 1 journal et un revenu total de 224 fl. 18 s. Actuellement il y a encore, dans la commune, deux bureaux de bienfaisance, qui possèdent ensemble 26 hect. 71 ares, et dont les budgets, pour l'année 1859, ont été fixés comme suit :
Nous avons déjà mentionné la belle école de Cortil. Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 197 : 98 garçons et 99 filles.
Il y a à Cortil une société musicale.
La fête de Cortil a lieu le dimanche après la Nativité de la Vierge (en septembre), celle de Noirmont le dimanche après la fête de Saint-Pierre (en juillet).
Le Bulletin des cantons de Perwez et de Jodoigne, n° du 20 août 1854, contient une courte notice sur Cortil et Noirmont.
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