La commune de Mont-Saint-Guibert doit son origine à une petite église qui fut bâtie en cet endroit, sur une colline, et consacrée au fondateur de l'abbaye de Gembloux. C'est pourquoi on l'appelle : en latin, Mons Sancti Guiberti (vers 1100, 1123) ou Mons Sancti Wiberti (1213, 1312, 1383-1384); en français, Mont-Saint-Guibert (1666, 1692, 1787) ou Mont-Saint-Guybert (1686), Mont-Saint-Wïbert (1314, 1407, 1464, 1495, 1611, 1636) ou Mont-Saint-Wybert (1440, 1510-1511); en flamand, Mont-Sint-Wybeert (1364, 1436). En wallon, on prononce Mont-Saint-Gubert ; on omet même parfois le mot Mont.
La commune de Mont-Saint-Guibert est limitrophe à celles de Ottignies, Corbais, Hévillers, Court-Saint-Étienne et Céroux. Mont-Saint-Guibert est à 1 kilomètre N.-N.-O. d'Hévillers, 4 1/2 kilom. O.-S.-O. de Corbais et E.-S.-E. de Court-Saint-Étienne, 6 kilom. S.-E. d'Ottignies, 9 kilom. E.-S.-E. de Céroux, 17 kilom. O. de Perwez, 22 1/2 kilom. E.-N.-E. de Nivelles, 36 1/2 kilom. S.-E. de Bruxelles. L'église de Mont-Saint-Guibert se trouve située par 36 grades 26 de latitude N. et 2 grades 53 de longitude E. L'altitude du seuil de la porte de l'église est de 90 mètres 09.
Un premier procès-verbal de délimitation du territoire de Mont-Saint-Guibert a été dressé le 29 germinal an XIII; un second procès-verbal date du 15 avril 1920 et a été clos le 28 août suivant. Des différends au sujet de la démarcation avec Corbais et avec Hévillers ont été tranchés, pour la première de ces communes, par un arrêté royal du 6 septembre 1825 et, pour la seconde, par un arrêté du 6 juillet 1825. Le cadastre divise le territoire de Mont-Saint-Guibert en deux sections : la section A ou des Bruyères, la section B ou du Village. An 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 1,304 parcelles, appartenant à 362 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 24,888 fr. 74 cent, (sol : 19,172 fr. 78; bâtiments : 5,716 fr. 00) et ayant une contenance de 470 hectares 55 ares 70 centiares (imposable : 451 hect. 29 a. 80 ca.; non imposable : 19 hect. 25 a. 90 ca.). Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
On comptait à Mont-Saint-Guibert : en 1374 , 79 ménages; en 1436, 35 foyers; en 1464, 34 foyers; en 1472, 29 foyers; en 1492, 10 foyers; en 1526, 22 maisons, dont 1 inhabitée et y compris un hôpital; en 1686, 53 maisons et 1 brasserie; au 31 décembre 1856, 198 maisons.
Mont-Saint-Guibert, qui compte 131 maisons; le Ruchaut, 11 maisons; les Bruyères, 8 maisons ; le Vivier-le-Duc, 19 maisons, les Trois Burettes, 10 maisons; la Fosse, 17 maisons; la Vaux, 2 maisons. Le village de Mont-Saint-Guibert est bâti presque en entier sur la pente rapide d'un contrefort sablonneux, qui se détache du versant droit de l'Orne et oblige cette petite rivière à décrire une courbe. L'église est bâtie sur un escarpement, vers l'extrémité méridionale de l'agglomération. Le Ruchaut ou Roissart (Au Ruchart; Voye de Roy sart, 1616) forme, à 2,400 mètres N.-N.-O. de l'église de Mont-Saint-Guibert, la partie septentrionale d'un hameau dont le reste appartient à Court Saint-Étienne et qui est traversé par le Ri Angon; ce ruisseau forme la limite entre les deux communes. Au-dessus du Ruchaut, à 2,600 mètres N. de l'église, on rencontre l'extrémité méridionale du hameau des Bruyères, qui se prolonge sur le territoire d'Ottignies. Le petit hameau du Vivier-le-Duc ( Vivier le Ducq ou Vivier du Ducq, 1686) est situé à 800 mètres N.-N.-O. de l'église, près de l'Orne; il est longé, au N.E., par le chemin de fer du Luxembourg et se rattache, vers le N.-O., au hameau de Beaurieu, qui dépend de Court-Saint-Étienne. On donne le nom de Trois Burettes à quelques maisons bâties à 860 mètres N. de l'église, vers la lisière de l'ancien bois de Béclines et au sommet de la colline sur laquelle la tradition place le temple primitif de Mont-Saint-Guibert. La profonde tranchée du chemin de fer du Luxembourg, que franchit un pont d'une grande hardiesse, sépare aujourd'hui les Trois Burettes des dernières habitations du village. L'Orne divise en deux parties le hameau de la Fosse (les Fosses, OUDIETTE; Chemin de Fosse, a Warre, 1616) : la rive gauche appartient â Hévillers, la rive droite dépend de Mont-Saint-Guibert et n'est qu'à 600 mètres E. de l'église. Quelques maisons, voisines du Ri de la Fontaine aux Corbeaux, se nomment la Bourlotte. A 1,100 mètres E. de l'église, près de la Fosse, se trouvent les dernières maisons du hameau de la Vaux qui se prolonge sur le territoire d'Hévillers et de Nil-Saint-Vincent.
A 1,600 mètres N.-N.-E. de l'église, la Grange à la Dîme, ferme; à 2,400 mètres N.-N.-E., Malplaquée, cabaret; à 800 mètres N.-O., le Château Demeurs et la Papeterie De meurs.
Bois de la Madeleine (Bois del Madeleine, près des biens de la Cense de Profonval, 1686; Bos Magdalaine, gissant à Parfontwal, 1180); Champ de la Madeleine; Bois de Gembloux; Bois de l'Éperon; Petit bois; Bois de la Piquette; Bois des Bruyères; le Jaurdinia (Au Jardinau, 1787); les Vignes; les Forges (prés et pâtures nommés les Forges, 1686); Cortil Morteau (Cortil Martho, 1616); le Seigneur; la Pisselotte (A la Pischelotte, 1616); les Hayettes (Aile Hayette, 1616); Moulin Piecl; la BIoquière; les Quatre bonniers; Champ Bridoux; Croix Gilles (Croix Gillet, 1616); Grand chêne; les Scavées (Oultre les Scavées, Bois aux Scavées, 1616); Al Vaux; Closière Daussogne; Bois Malcorps; Chapelle Martin Bertrand; Chapelle Jean (Voye Saint Jehan, 1616); Chapelle Delgrosse; Chapelle Guibert; Station; Pont Béthune; Croix Gabriel; Royon du Vi chaurli; Ferme de l'Hôpital; Grande chaussée (la Grande chaussée, 1616), conduisant de la ferme de l'Hôpital vers le Chênoit; Petite chaussée (chemin dit la Petitte chaussée, allant à Beaurieu, 1616).
Corti Andry, Bois de Becline, Bois le Berlin, Bonne Bernard, Champaigne de Beaurieu, Fosse del Brassine, Cortil dit le Champion, Sur Chasselet, Champaigne à la Chaussée, par dessus le Rieu Dofficquet; Entre les deux Chaussées, Courtil au Colombier, près de la rivière; Ens le Cortail, Terre Sainte-Croix, les Escavées Pira, Fosse del Mariée ou Fossetz de Maries (Al Fosse à Marie, 1521), Al Galoche, Cortil le Gensdarme, Champaigne de Gouspine ou Gospine, emprès des Hayettes; Chemin de Jodoigne à Nivelles, Voye deI Mariée, Cortil alle Maschée, Cortil Miotte, Corty Mon Voisin, Monchabau, la Noeuff Ville, près des Rondes hayes, En Patru, Preitz de Patteau, le Peron, Petit preit, la Queutrelle, Au Reloir, Cheisne à la Rouvlette, Au Sablon, Ruelle au Seresier, Terres Sourou, à la Kaskasnie; Spinette de Dismaige, Torreaurue, près la Ruelle des Poullons; Preit Talonne, Boit del Vaulx, En la Vallée, Vallée Martin, Pâturage dit la Vigne de l'hôpital, Alle Vieille Voye, tous cités en 1616; Moulin à Vaiart (1305); Bois Copino (1395); Seigneurie de Bouleir ( 1311) ou Fief de Bouler (1440; Fief de Bauler, 1781); Zonleville (1594); Chaisne à Gospinne ou en Gospinne (1195); Al Jazée (1495).
Les limites de Mont-Saint-Guibert décrivent un contour extrêmement irrégulier; le sol est très accidenté et présente tantôt des pentes rapides, comme sur les rives de l'Orne et du Ri Angon, tantôt des plateaux assez étendus, comme aux abords de la Grange à la Dîme. Le point culminant est vers Malplaquée, où l'on a une altitude d'environ 150 mètres.
Le fond de toutes les vallées appartient au terrain rhénan du système gedinnien. Nous en donnerons la description d'après les notes minutieuses d'André Dumont. On a exploité, à 400 mètres E. de Mont-Saint-Guibert, sur la rive droite de l'Orne, une carrière ouverte dans du quartzite blanchâtre, tacheté de rouge, à grains plus ou moins distincts, cohérent, qui, par altération, devient quelquefois friable. La stratification n'y est pas très apparente ; une observation a donné dir. — 152°, incl. O. 28" N. — 85". Les bancs, presque verticaux, sont juxtaposés ou séparés par un lit mince de schiste assez grossier, légèrement pailleté, tendre, terreux, d'un gris verdâtre; ils sont traversés par des fissures, par des veines ou des filons de quartz et par des veines de limonite. A l'E. et près de ce point, qui est à la limite des étages gedinniens inférieur et supérieur, quelques bancs de quartzite sont, par altération, transformés vers leur tête en un grès friable gris-verdâtre. Entre la carrière de quartzite et Mont-Saint-Guibert, on rencontre des bancs d'arkose chloritifère miliaire, d'un gris-verdâtre pâle, pailletée, et de quartzophyllade chloriteux zonaire, d'un gris verdâtre; sous l'église de Mont-Saint-Guibert, de l'arkose et du quartzophyllade semblables aux précédents, des bancs de grès verdâtre et grisâtre, et du phyllade schisto-compacte grisâtre et verdâtre renfermant de la chlorite; au N. et près de Mont-Saint-Guibert, du phyllade gris, aimantifère; au bord de l'Orne, en aval du moulin Piel, du phyllade bigarré violet.
Plus haut que les roches rhénanes apparaissent les sables bruxelliens qui, à leur tour, sont cachés sur les plateaux par le limon hesbayen.
On a extrait de la marne, particulièrement au hameau de la Fosse, qui parait devoir son nom à d'anciennes Fosses à marle.
Tout le territoire de Mont-Saint-Guibert appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : le Ri Angon, l'Orne, l’Ornoit et le Ri de la Fontaine aux Corbeaux.
Le Ri Angon ou Ri du Roissart prend sa source à la fontaine Angon, près de la ferme de Profondval; traverse le hameau du Ruchaut ou Roissart, en servant de limite entre Mont-Saint-Guibert et Court-Saint-Étienne; et passe sur le territoire de Céroux, près du bois de Morimont, après un parcours, entièrement mitoyen, de 1,600 mètres, dans la direction de l'O.
L'Orne vient d'Hévillers et sert d'abord de limite entre cette commune et celle de Mont-Saint-Guibert; reçoit, à la Fosse, le Ri de la Fontaine aux Corbeaux (r. dr.), et, plus bas, près du château de Bierbais, la Houssière (r. g.); quitte Hévillers au pont du Riquau; baigne le pied de la colline sur laquelle s'élèvent l'église et le village de Mont-Saint-Guibert; reçoit l’Ornoit (r. g.); passe près du moulin Piel qu'elle activait autrefois par une chute de 3 mètres 38; fait mouvoir la papeterie Demeurs, au Vivier-le-Duc, par une chute de 2 mètres 62; devient limitrophe de Court-Saint-Étienne; et finit par passer entièrement sur le territoire de cette commune, après un parcours de 2,650 mètres, dont 1,550 mitoyens, dans la direction générale de l'O.-N.-O.
L'Ornoit prend sa source près du Grand Chêne, à la fontaine qui lui a donné son nom; sert de limite entre Mont-Saint-Guibert et Hévillers; abandonne cette dernière commune et se jette dans l'Orne (r. g.), sous la ferme de l'Hôpital, après un parcours de 900 mètres, dont 400 mitoyens, dans la direction générale da N.-E. Ce cours d'eau représente probablement le Rieu Doffique ou Dofficquet, cité en 1616, comme voisin de l'hôpital de Mont-Saint-Guibert.
Le Ri de la Fontaine aux Corbeaux ou Ri de la Fosse vient du bois de Béclines à Hévillers; et se jette dans l'Orne (r. dr.) au pont Béthune, après un parcours de 150 mètres dans la direction du S.
Les fontaines dont l'eau sert aux habitants sont : la Fontaine Angon, la Fontaine des Prés, la Fontaine Bédel, la Fontaine de Pâque, la Pisselotte, la Fontaine Féchère et la Fontaine du Vivier-le-Duc.
Un petit étang existe dans la propriété de M. Demeurs-Decorte, et occupe, parait-il, l'emplacement du vivier qui appartenait au duc de Brabant. En 1686, on donnait le nom de Vivier du Ducq ou le Ducq à 6 bonniers de prairies.
On comptait à Mont-Saint-Guibert : en 1666, 132 communiants; en 1709, 200 habitants; en 1784, 333 habitants : 1 prêtre, 79 hommes, 82 femmes, 42 garçons et 33 filles âgés de plus de 12 ans, 54 garçons et 42 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 383 personnes : 1 prêtre, 138 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 133 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 60 garçons et 52 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 465 habitants; au 31 décembre 1831, 766 habitants; au 31 décembre 1856, 933 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil commencent en 1692.
Les bois ont ensemble 12 hectares; ils portent les dénominations de Petit Bois, Bois de l’Éperon, Bois de la Piquette, Bois de la Madeleine et Bois des Bruyères. Le Bois de la Madeleine comprenait 4 bonniers en 1489, 6 b. 3 journaux en 1616.
A en juger par les dénominations locales, il a existé des vignes à proximité du village.
D'anciens actes mentionnent des bruyères qui ont presque complètement disparu ou sont couvertes de plantations.
En 1395, l'abbaye de Gembloux céda à Lancelot de Walhain, à charge d'un cens annuel de 6 deniers par bonnier, 10 bonniers de try ou terrains vagues, appelés Copino, et qui furent transformés en bois; en 1500, le même monastère vendit 4 1/2 bonniers de bruyères à Martin Delfosse; en 1521, Jean de Preit reconnut devoir à l'abbaye 18 chapons et 4 setiers d'avoine, pour 17 journaux de bruyères, se trouvant au lieu dit la Fosse à Marle.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles de classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Il n'existe qu'une seule exploitation de plus de 50 hectares, c'est la Grange à la Dîme (102 hect.), ancienne ferme de l'abbaye de Gembloux, tenue par M. Colson (Xavier), et appartenant â la veuve E.-J. De Naeyer.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 18 1/2 pieds de Louvain.
Il existe à Mont-Saint-Guibert cinq brasseries qui fabriquent de la bière brune très-estimée.
Vers l'année 1305, un moulin, surnommé A Vaïart et qui se trouvait à Mont-Saint-Guibert, fut donné à l'abbaye de Gembloux par Guillaume de Boulers ou Bonlez. En 1636, on se rappelait encore l'existence de cette usine, qui avait alors cessé de marcher depuis plus de cent ans et qui se trouvait probablement en face du Bayaud d'Hévillers.
La Société anonyme de l'Union des papeteries possède une usine importante. Elle doit son origine à deux établissements qui s'élevèrent presque en même temps : un moulin à grains que le sieur De Vroede fut autorisé à édifier (30 août 1834) et que Fr. Everaerts transforma en un moulin à papier, en le transférant du lieu dit les Vignes à l'endroit nommé les Forges (31 octobre 1835), et un moulin pour forge à fer établi par Jean-Baptiste Piel, au lieu dit les Vignes (13 novembre 1835). Les deux usines, réunies entre les mains de M. Piel (29 novembre 1842) et louées par M. Demeurs-De Corte, ont été acquises et reconstruites par la Société. Les moteurs sont trois machines à vapeur, d'une force totale de 64 chevaux, et une roue hydraulique, de 12 chevaux de force, mue par l'Orne, dont la retenue est à l'altitude de 71 mètres 76. Les instruments de fabrication sont 14 piles à chiffons et une machine à papier continu. L'établissement est éclairé au gaz; 150 ouvriers y sont employés; la fabrication s'élève journellement à 2,000 kilogrammes de papier blanc.
L'endroit dit les Forges, où l'on trouve encore d'anciennes scories, était déjà converti en prés et pâture?, en l'an 1686; l'usine qui y a existé datait donc de temps plus anciens; elle avait sans doute appartenu à l'abbaye de Gembloux, qui vendit ce bien à charge d'une redevance annuelle de 2 chapons.
Au commencement du XVIIe siècle, un nommé J. Sacré établit à Mont-Saint-Guibert une forge et fourneau, qui n'eut, sans doute qu'une existence éphémère. •
Le chemin de fer du Luxembourg traverse le territoire de Mont-Saint-Guibert sur 1,600 mètres et y a une station; il a nécessité la construction d'un pont et de deux viaducs.
L'administration locale avait jadis pavé, non seulement l'intérieur du village, mais encore les deux chemins conduisant vers le Chênoit et vers Beaurieu et qui doivent à cette circonstance le nom de Grande et de Petite Chaussée. En 1623 on s'occupait encore du « chausséage » de Mont-Saint-Guibert, et, le 31 juillet 1778, les habitants demandèrent au gouvernement des Pays-Bas la permission de construire « un bout de pavé » et d'y lever un péage.
On compte actuellement 26 chemins et 24 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 30,680 mètres, dont 6,286 sont pavés.
Le chemin de grande communication n° 26 (ou de la Grange à la Dime) traverse la commune sur 3,990 mètres; le chemin n° 28, sur 680 mètres.
En vertu de deux arrêtés royaux, l'un du 15 avril 1846, l'autre du 8 janvier 1857, deux barrières sont établies sur le premier de ces chemins : l'une, dans la direction du village, où l'on perçoit les 4/5 du droit prélevé sur les routes de l'Etat; l'autre, dans la direction de la station, où l'on ne perçoit que les 2/5 du droit.
D'après la tradition, l'église de Mont-Saint-Guibert était primitivement dédiée à saint Jean et le village voisin s'appelait Mont-Saint-Jean. L'église se trouvait, ajoute-t-on, à 600 mètres environ au N. du temple actuel, du même côté du chemin de fer, au lieu dit Cortil Morteau, où l'on découvre encore des fondements et où l'on a rencontré dans les décombres, il y a quelques années, des poutres en bon état de conservation.
Plus bas que cet endroit, sur le versant droit de l'Orne, on trouve des scories de forge et des fondements anciens; cet emplacement s'appelait jadis et se nomme encore les Forges ; il est voisin du lieu dit les Vignes. D'après les deux dénominations que nous venons de citer, on a pratiqué à la fois, de ce côté, une culture et une industrie qui n'existent plus du tout à Mont-Saint-Guibert. Au surplus, en quelque lieu que l'on creuse sur les bords de l'Orne, particulièrement vers le hameau de la Fosse, on met à jour des fondements, parfois superposés à d'autres plus anciens. On en trouve aussi sur les rives de l'Ornoit. Les fouilles ont fourni beaucoup d'objets d'une certaine valeur, qui étaient ensevelis dans les ruines, nouvelle preuve des désastres que les guerres ont entraînés sur une commune autrefois florissante.
La localité portait d'abord un autre nom, mais qui ne nous a été conservé dans aucun document; dès le XIe siècle, elle appartenait à l'abbaye de Gembloux, qui, vers l'an 1100, y acquit, moyennant 7 marcs, un alleu appartenant à Baudouin de Jalce ou Jauche et à Jean, son frère.
De temps immémorial on y voyait une petite église (ecclesiola), simplement bâtie en bois, quoique le desserrant eût dès lors le droit de baptiser, de donner la sépulture à ses ouailles, de percevoir la dîme. Vers l'année 1060 environ, elle fut détruite et tomba dans un tel état d'abandon que 60 ans après il en restait à peine quelques traces. Néanmoins, on continua à payer la redevance que la paroisse devait à la cathédrale de Liège. Les religieux de Gembloux et les habitants de leurs domaines craignirent qu'un voisin peu scrupuleux ne s'emparât de cet emplacement, qui était extrêmement propre à recevoir une forteresse. Ces méfiances leur avaient sans doute été inspirées par les prétentions des seigneurs de Bierbeek, qui avaient près de Mont-Saint-Guibert un manoir, à Hévillers. Après avoir eu une conférence avec le duc de Lotharingie (ou de Brabant), Godefroid Ier, et s'être concertés avec les voisins, les religieux se décidèrent à y bâtir une nouvelle église. Le 18 avril 1123 (mercredi après Pâques), on transporta en cet endroit la châsse de saint Guibert, autour de laquelle il s'opéra, dit une chronique du temps, un grand nombre de miracles. La foule était si considérable qu'on évalua à 12,000 le nombre des personnes présentes. Le bruit de ces merveilles s'étant répandu, une nombreuse population vint se fixer auprès de l'église qui s'élevait à grands frais et les maisons y formèrent bientôt une agglomération considérable. Afin de favoriser les développements de la bourgade naissante, le duc convoqua une seconde fois ses nobles, l'abbé et les principaux vassaux du monastère, et déclara que dorénavant Mont-Saint-Guibert, comme on appela depuis lors le nouveau bourg, aurait les mêmes lois et les mêmes coutumes que Gembloux. Godefroid ou ses successeurs exceptés, nul ne pourrait y réclamer quelque juridiction; en cas de besoin, l'abbé ou, si l'autorité de celui-ci ne suffisait pas, le duc apaiserait les difficultés et réprimerait les désordres. Pour entourer cette concession de plus de garanties, Godefroid Ier requit l'évêque de Liège de lancer l'anathème contre lui ou les siens, s'il leur arrivait de modifier ce qui venait d'être établi.
La charte du duc Godefroid est très importante: c'est le plus ancien privilège qui ait été accordé en Brabant à une localité, et l'on y voit que, dès cette époque, Gembloux jouissait de franchises communales.
Une deuxième charte concerne également Mont-Saint-Guibert. L'abbé de Gembloux Arnoul avait obtenu du roi Conrad (élu en 1138) et du duc Godefroid III (qui commença à gouverner en 1112) le droit d'établir une foire annuelle (nundinale forum) dans ses domaines. A la demande des bourgeois de Mont-Saint-Guibert, Jean, son successeur, demanda au duc d'en fixer la tenue dans cette bourgade. Par le diplôme déjà cité (qui ne porte pas de date, mais remonte à l’an 1150 environ), Godefroid III exempta les bourgeois de Mont-Saint-Guibert de payer la mainmorte aux sous-avoués de l'abbaye, à quelque familia qu'ils appartinssent et quel que fût l'endroit d'où ils étaient originaires.
La prospérité du bourg fut bientôt entravée par les guerres qui éclatèrent entre le duc de Brabant, d'une part, les comtes de Hainaut et de Namur, d'autre part. En 1186, ces derniers, étant entrés à l'improviste dans le duché, livrèrent aux flammes la ville de Gembloux et Mont-Saint-Guibert, avec son église.
Les ducs de Brabant donnèrent au bourg une grande importance, en y établissant un maire ou chef-maïeur, qui les représentait dans une fraction notable du Brabant wallon , depuis Wavre jusqu'à Gembloux. Voici comment la fraction de l'aide imposée à la mairie se répartissait, en l'année 1383 :
A l'exception de Chaumont et de ses dépendances, qui étaient considérées comme un territoire contesté entre le Brabant et le pays de Liège, comme une terre franche, toutes ces localités restèrent annexées à la mairie jusqu'à la suppression de l'ancien régime, en 1795.
Dans presque toute la mairie, la seigneurie foncière, et, dans un grand nombre de villages, la haute justice appartenaient à des seigneurs particuliers. Toutefois les ducs y avaient une cour allodiale, dite de Mont-Saint-Guibert, et à laquelle ressortissaient des terres et même des domaines assez considérables, chargés d'un cens annuel au profit des ducs. Selon Gramaye, l'endroit où s'élève l'église paroissiale était jadis le château de ceux-ci; à l'entour, ajoute cet auteur, on aperçoit les ruines de ce manoir. En effet, les murs actuels du cimetière paraissent avoir fait partie d'une forteresse et, vers le chemin qui descend à l'Orne, on distingue encore les restes d'une tourelle.
Comme preuves de l'accroissement que prit le bourg, citons ces circonstances que l'on y créa un hôpital bien doté, que plusieurs chemins furent transformés en chaussées, qu'à l'imitation de ce qui eut lieu dans le pays de Liège, il s'éleva sur la place un perron, emblème des libertés locales. Ce perron, suivant l'opinion générale, servait de lieu d'asile aux criminels, qui ne pouvaient y être arrêtés que le quatrième jour. Près de là se trouvait le pilori, au haut d'un escalier tournant.
Les ducs avaient insensiblement empiété sur les droits de l'abbaye de Gembloux et usurpé à Mont-Saint-Guibert la haute et basse justice. Jean II, à qui des réclamations furent adressées à ce sujet, ordonna au sénéchal de Brabant et à d'autres « prud'hommes » de procéder à une enquête. Cette dernière ayant prouvé le fondement des plaintes de la communauté, Jean II reconnut ses torts, et déclara que lui et ses successeurs ne conserveraient, à Mont-Saint-Guibert, que leurs prérogatives ordinaires : la juridiction sur les lombards et les juifs, les ostes (ou prises d'armes générales), les chevauchées (ou simples prises d'armes) et les tailles (ou impositions). (Charte en date du 18 septembre 1307).
En 1332, les princes voisins du Brabant, coalisés contre Jean III, poussèrent leurs ravages jusqu'à Mont-Saint-Guibert.
Sous le règne de Philippe de Bourgogne, le bailli du Brabant wallon, Louis de Dongleberg, arrêta à Mont-Saint-Guibert un malfaiteur nommé Henri Dupont, qu'il poursuivait sans succès depuis plus de six ans, le conduisit au château de Genappe, ne le mit en liberté qu'après lui avoir imposé une amende de 100 florins du Rhin, et, en garantie du paiement de cette somme, mit le séquestre sur les biens de Dupont. L’abbé de Gembloux se plaignit de cet acte d'autorité, en remontrant qu'il avait dans le bourg un maire et sept échevins, institués pour rendre la justice à chacun. Le bailli, de son côté, allégua la nécessité où il s'était trouvé d'arrêter les vols et les violences du condamné (vols et violences que celui-ci avait avoués), et l'ordre qu'il avait reçu de saisir tous les malfaiteurs pour les envoyer aux galères. Le conseil de Brabant, saisi de ce débat, annula à la fois l'arrestation de Dupont et la composition ou amende comminée contre lui par le bailli (18 avril 1464).
Le 4 juin 1479, Maximilien d'Autriche et Marie de Bourgogne nommèrent aux fonctions de maire de Mont-Saint-Guibert ou de la mairie appelée « la Mairie le duc en le Romant pays de Brabant » Josse de Corbais, qui resta en fonctions jusqu'en 1504. Pendant cette période, en 1488 ou 1489, le bourg fut ravagé et l'incendie consuma tous les livres censaux du domaine, que, par bonheur, le receveur du domaine avait fait copier. En 1492, les habitants obtinrent une remise de 45 sous sur le montant de leur cote dans l'aide.
En 1511, quatre échevins de Mont-Saint-Guibert: Jean Colart, Jean Warissez, Guibert Mabus et Adam de Lintre, ayant rendu une sentence préjudiciable aux droits des exécuteurs testamentaires du prêtre Bernard Fautoir, furent condamnés par leurs chefs de sens, les échevins de Louvain, à payer à cette ville une amende de 2,000 pierres dites hartsteens, valant 2 peeters ou 9 sous de gros.
Pendant les guerres de religion, le bourg fut presque constamment abandonné par sa population. Les « pauvres et désolés habitants n'osoient demeurer en leurs maisons », en partie à cause des ravages des vrybuyters ou pillards hollandais, en partie à cause des « pilleries et mangeries de nos propres soldats, dont ledit pauvre et désolé Romant pays se ressent plus que nuls autres quartiers, comme à chacun est assez notoire ». Jacques Morlet, qui fut nommé maire de Mont-Saint-Guibert par la chambre des comptes, le 27 septembre 1589, ne perçut rien pendant longtemps; ayant demandé à ne payer pour sa gestion que 2 livres d'Artois par an, il fut admis, le 7 août 1599, à s'acquitter moyennant 29 livres 5 sous pour neuf ans, soit 3 livres 5 sous par an.
Bientôt l'engagère et l'aliénation des justices et revenus du domaine réduisirent les fonctions de maire et de chef-maïeur à n'être plus qu'administratives.
Les guerres allumées par l'ambition de Louis XIV amenèrent de nouveau la dévastation dans nos belles campagnes. Le 1er avril 1692, par lettre datée de Mons, l'intendant du Hainaut pour les ennemis, François Voisin, imposa à la mairie de Mont-Saint-Guibert une contribution de 30,880 florins, payable, moitié dans un mois, moitié dans le mois suivant. Les sommes que lek mairie, y compris les couvents de Basse-Wavre et de Lérinnes, fournit aux ennemis en 1689, 1690, 1691 et 1692, furent liquidées, par un traité conclu avec Voisin le 6 décembre 1691, moyennant 150,764 livres 3 sous de France, soit 84,611 florins 7 sous, outre 58,804 fl. 1 sou imposés pour rations de fourrage.
En 1693, les contributions s'élevèrent à 17,036 fl., les rations de fourrages à 13,167 fl. L'année 1695, époque des manœuvres infructueuses de Luxembourg pour opérer la levée du siège de Namur, ne fut pas moins calamiteuse pour le pays dont nous nous occupons. En 1702, il était considéré comme totalement ruiné.
Un dernier conflit à propos de la juridiction s'éleva entre l'abbaye de Gembloux et les officiers du souverain, au XVIIIe siècle. Le monastère triompha, en citant, entre autres, le fait suivant. Nicaise Hubert avait été condamné par les échevins de Mont-Saint-Guibert à recevoir la fustigation et à faire amende honorable. Au jour indiqué, il arriva à l'église, à l'heure de la grand'messe, accompagné de deux sergents de justice, qui se tenaient à ses côtés; il avait la tête nue et tenait en main une chandelle du poids d'une livre. Après avoir entendu à genoux l'office divin, il demanda pardon de sa faute et obtint grâce de la fustigation, mais à la condition de se tenir, pendant trois ans, hors de la juridiction de l'abbaye. La domination française dépouilla le bourg de son ancien titre de chef-lieu de mairie et le concordat réduisit son église au rang d'annexe d'Hévillers. Mont-Saint-Guibert n'a repris de l'importance que depuis l'établissement du chemin de fer du Luxembourg.
En 1815, à la suite de la bataille de Waterloo, les défilés de Mont-Saint-Guibert, gardés par le quatrième corps de l'armée française, permirent aux troupes de Grouchy d'opérer leur retraite sur Gembloux. Grouchy, poussant devant lui Thielmann, le vaillant défenseur de Wavre, n'avait été averti de la défaite de Napoléon que le 19 juin, à 11 heures du matin, et avait immédiatement mis son armée en mouvement vers Gembloux et Namur. Isolé au milieu de forces nombreuses, il connût un véritable danger; mais les Prussiens parurent l'oublier. Thielmann le perdit de vue; Borcke et Stengel se bornèrent â échanger avec sa cavalerie quelques coups de canon, du côté de Rixensart; quant au général Pirch, dirigé contre lui par Blücher, fl n'arriva que le 20 à Mélery et n'apprit que le 21, à 5 heures du matin, l'arrivée des Français à Gembloux.
Après avoir été le chef-lieu d'une mairie qui portait son nom, le village de Mont-Saint-Guibert fut réuni, en l'an III, au canton de Villeroux et, quelques années après, au canton de Perwez.
Toute la juridiction y appartenait à l'abbé de Gembloux. « En la paroische de Mont-Saint-Wybert », dit un document officiel du XVe siècle, « l'abbé de Gembloux est sire haut et bas, si qu'il maintient, et peut homme fourfait laisser aller et rendre le pays de Brabant d'ung beau fait advenu sous lui, et n'y a monseigneur que son de cloche, les hommes pour aller en l'hoste, tailles et corvées, et une prison pour y mettre les prisonniers ».
On suivait dans la localité la coutume de Louvain.
Les Archives du royaume possèdent les Comptes des maires de Mont-Saint-Guibert pour les années 1477 à 1625, et les registres aux adhéritances des échevins, à partir de 1762.
Le maire était aidé dans ses fonctions par un forestier, dont l'office fut affermé, en 1402, moyennant 16 livres de cire.
D'après un ancien record des alloyers de Mont-Saint-Guibert, en date du 30 avril 1686, leur tribunal était composé d'un bailli, qui pouvait constituer un lieutenant dit lieutenant rentier, de sept échevins et de deux sergents, qui, les uns et les autres, étaient remplacés ou continués dans leurs fonctions, d'année en année, à la Saint-Remi. Il y avait en outre un secrétaire ou greffier. Cette juridiction allodiale ressortissait à la cour féodale de Brabant, à laquelle elle allait en appel et dont elle suivait la coutume. Elle rendait la haute, moyenne et basse justice dans toute l'étendue des biens qui étaient considérés comme alleux tenus du duc, et elle connaissait des délits et forfaitures de toute nature. A la fin du mois de mai, elle opérait une visite générale des chemins, haies et rivières.
Les alloyers étaient au nombre de quatre pour Mont-Saint-Guibert et les environs et de trois pour Wavre et les environs. Ils siégeaient d'ordinaire le jeudi. Les cens de Wavre se payaient à la Saint-Étienne, ceux de Dion à la Noël. Le droit de relief consistait en deux florins, dont un pour l'officier, un pour les échevins et le greffier; le droit de congé ou de mutation s'élevait au 20e de la valeur du bien vendu ou hypothéqué. Pour les vacations, on payait : par journée, 30 sous, dont 15 pour le bailli et 15 pour les échevins; par transport ou cession, 36 sous pour les bailli et échevins, 6 sous au greffier, 4 sous au porteur et acceptant; au greffier, par relief, 6 sous ; par acte de procédure (billets, insinuations, affiches), 4 sous; au sergent, par exploit, 2 sous; par billet affiché, 1 sou; par déplacement, 10 sous pour chaque lieue.
Il y a, aux Archives du royaume, trois registres aux rapports des « alleux de Sa Majesté aux quartiers de « Wavre et de Mont-Saint-Guibert »; le premier date de l'an 1495, le deuxième de 1686, le troisième des années 1757 à 1775.
La recette des cens à Mont-Saint-Guibert et dans sa mairie formait l'une des subdivisions de la recette du domaine de Nivelles. En 1403, on y levait : à la Saint-Remi 3 livres 7 sous 1 denier obole; à la Noël 3 sous 7 deniers. Au dix-septième siècle, ces revenus furent engagés avec le restant du domaine de Nivelles.
Quant à la juridiction et aux cens de la cour allodiale, ils furent exposés en vente en 1630, mais il semble qu'ils ne trouvèrent pas d'acquéreurs. Au dix-huitième siècle, le « bailli des alloeuds » afferma les cens, le 15 mars 1741, pour un terme de six années et moyennant 125 fl. par an.
Sous le rapport des aides, la mairie de Mont-Saint-Guibert fut d'abord considérée comme dépendant de la chef-ville de Louvain; en 1421, ce fut au change de cette ville qu'on dut payer la cote de la mairie dans l'imposition votée par les états; mais, plus tard, Mont-Saint-Guibert et sa mairie furent placés dans le quartier de Bruxelles.
On se servait, à Mont-Saint-Guibert, pour mesurer le blé, de la mesure de Gembloux, où le muid consistait en six setiers et égalait, en capacité, six halster de Louvain.
La commune ne possède plus qu'un hectare 5 ares.
Son budget, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Dans un diplôme du pape Innocent III, de l'an 1213, le souverain pontife confirma à l'abbaye de Gembloux la possession de Mont-Saint-Guibert, avec son église et ses dépendances, et des dîmes qu'y payaient au monastère les habitants de la paroisse et ses tenanciers. Outre la haute, moyenne et basse justice et la dîme, l'abbaye avait dans cette localité le droit de chasse, qui produisait par an, en 1737, 10 fl. 10 s., et dont le curé de Mousty était locataire en 1793; une cense ou ferme, 15 bonniers de bois, un cens rapportant 70 fl. 19 s. La cense, que l'on appelle la Grange à la dîme, comprenait 18 b. de terres et 4 b. de jardins et de prés francs de dîme. On la louait, en 1787, moyennant 528 fl. 15 s.; en 1793, elle était affermée à la veuve Mainbour, moyennant 378 fl., outre 11 pistoles qui se donnaient au curé, 10 écus de « bon an » pour l'abbé, 3 écus pour le sacristain du monastère, 30 setiers de blé pour le marguillier de l'église paroissiale et 15 setiers de blé pour le sergent de la seigneurie.
En l'année 1307, un nommé Guillaume de Boulers ou Boulez prétendit avoir une juridiction à Mont-Saint-Guibert et eut à ce sujet quelques difficultés avec les religieux de Gembloux. Le domaine de ce gentilhomme, que l'on appelait le Fief de Bonlez, passa à Guillaume de Dion, puis à messire Jacques de Ripemont, et fut cédé par celui-ci à l'abbaye, en 1344. Nicolas de Ripemont, qui devint abbé peu de temps après, releva ce bien du duc de Brabant, ce que firent aussi tous ses successeurs. Il consistait en un cens de 18 chapons, 20 vieux gros, 8 deniers, 6 setiers d'avoine; l'on y comprenait aussi la bruyère entre Mont-Saint-Guibert et le Val ou le Vaul, et un second cens de 18 chapons, 30 livres, 24 setiers d'avoine, 30 pains et 20 deniers. Ce fief avait un échevinage particulier.
Il a existé une famille dite de Mont-Saint-Guibert, dont un des membres, dont le prénom était Gilles, tenait en fief de la Trompe ou de la vénerie de Brabant, en l'an 1312, 4 bonniers de terres, une cour féodale de 14 hommages et des tenanciers.
Des fouilles pratiquées, en 1863, dans les décombres de l'église abbatiale de Villers, ont fait découvrir, dans une chapelle latérale, une énorme dalle tumulaire, brisée en un grand nombre de fragments, qui recouvrait les corps de Marguerite de Mont-Saint-Guibert, morte en 1308, et de sa fille Marie, béguine de Nerhang, morte en 1313, « qui nous donna beaucoup de biens », ajoute l'inscription. Cette inscription, qui se lit autour de la pierre, est conçue dans les tenues suivants :
Hic. iacet . dna . margareta . de . monte . sancti. wiberti. que . obiit . circa . annos . dni . M°. CCC° . | VIII°. et . hic . a . sinitris . iacet . filia . eius . domicelia. | maria . beghina . dea . de . nerhang . q . dedit. nobis . mlta . boa...... ano . dni . M°. CCC°. XLIII°. | . vigilia . | Bti . Ambrosii . requiescant . in . pace . amen .
La pierre représente deux dames couchées sous une arcade ogivale surmontée d'un gable et ornée de festons; des colonnettes, supportant des chapiteaux à crochets, reçoivent la retombée des arcades. La tête et les mains jointes des deux dames, qui étaient sans doute en cuivre, ont disparu. La figure représentée à gauche (à droite du spectateur) porte au bras une aumônière semblable à celles qui viennent d'être remises à la mode.
M. Demeurs-Decorte, directeur-gérant de l'Union des papeteries, s'est fait construire un château au Vivier-le-Duc, il y a quelques années, sur les plans de l'architecte Coulon. Cette belle résidence est placée dans la vallée de l'Orne, sur la rive gauche de la rivière; elle consiste en un vaste bâtiment à trois étages, occupant un espace rectangulaire; la façade principale, tournée vers le chemin de fer de Luxembourg, a sept fenêtres de largeur, celle du milieu formant avant-corps.
L'église de Mont-Saint-Guibert, dont ce saint est le patron depuis l'an 1123, n'avait que le rang de quarte-chapelle. Après avoir fait partie de l'évêché de Liège et du concile de Gembloux, elle fut comprise, après l'an 1559, dans le diocèse de Namur et le doyenné de Wavre, et, après le concordat, dans l'archevêché de Malines et le ressort de la cure de Perwez. Elle était réduite à n'être qu'une dépendance d'Hévillers lorsque, le 30 novembre 1808, le conseil municipal demanda à ce qu'elle fût maintenue comme chapelle et offrit de garantir au desservant un traitement annuel de 500 francs. Son existence légale comme chapelle ne fut sanctionnée que le 28 septembre 1825, et elle n'a été érigée en succursale que le 25 septembre 1839.
La paroisse comprend une maison d'Hévillers.
Un accord pour la compétence du curé fut conclu entre le titulaire et l'abbaye de Gembloux, en 1458. En 1666, cette compétence consistait en un revenu de 22 muids de seigle, mesure de Gembloux; 12 bonniers de terres, 7 b. de bois, 3 journaux de prés et le produit de quelques anniversaires; en 1787, elle valait, au total, 635 fl. 18 s. Suivant la délibération du conseil municipal citée plus haut, la cure fut rebâtie en 1791. On y voit, sur la porte du jardin, l'inscription : luce vero opere et la date 1685.
Aujourd'hui, comme en 1666, un autel est dédié à saint Jean-Baptiste, que l'on honore comme patron secondaire. Le bénéfice fondé sous ce vocable était à la collation de l'abbaye de Gembloux, et le titulaire, qui jouissait, en 1787, d'un revenu annuel de 23 florins, était tenu de dire la messe tous les quinze jours. La chapellenie de Saint-Nicolas prélevait par an trois muids de seigle sur la dîme d'Hévillers; elle fut unie à la cure, ainsi que celle de la Sainte-Croix (ancien bénéfice de l'hôpital de Mont-Saint-Guibert), à charge, pour la première, d'une messe par semaine; pour la seconde, de douze messes par an. On mentionne encore la fondation dite de la Vierge, qui devait 30 messes par an, et la messe du Saint-Sacrement. Le marguillier recevait par an 6 muids de seigle. Les revenus de la fabrique consistaient, en 1666, en 9 muids 3 halster de seigle ; ils s'élevaient, en 1787, à 108 florins; en 1846, à 989 francs. La fabrique possède 2 hectares 96 ares. L'église fut rebâtie, en 1792-1793, par l'architecte Pascal Huskin; l'abbaye de Villers paya 4,050 fl. pour sa part dans les frais de reconstruction. Cet édifice, qui a été restauré en 1856-1857, est situé sur une colline escarpée, qui a probablement été occupée jadis par une forteresse, comme nous l'avons dit plus haut.
L'église, peu remarquable, est disposée en basilique à trois nefs avec abside circulaire. Deux rangs de colonnes toscanes, supportant des arcades en plein cintre, la divisent en quatre travées. Le vaisseau n'est point voûté. Les anges qui décorent l'autel, les colonnes torses du jubé, trois confessionnaux en bois sculpté proviennent de l'église des augustins, de Bruxelles. Le maitre-autel est orné d'un tableau d'Érasme Quellyn, donné par le gouvernement en 1862 et représentant saint Antoine apparaissant à saint Charles Borromée. En 1192, un clerc de Wavre donna quelques biens pour entretenir une lampe ardente dans l'église.
En 1700, l'abbaye de Gembloux fournit une cloche à cette dernière.
La Table des pauvres possédait : en 1666, des biens et redevances, produisant, par an, 50 mesures de seigle; en 1787, un revenu consistant en 105 1/2 setiers de blé, 2 1/2 pots d'huile, cinquante harengs et 21 florins. Actuellement, le bureau de bienfaisance possède 29 hectares 47 ares; le budget, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Une partie de la dotation des pauvres provient d'un hôpital, dont l'origine n'est pas connue, mais qui existait déjà en 1459; on décida alors « comment la table et l'hôtellerie de Mont-Saint-Guibert » devait « être gouvernée ». Cet hôpital, où l'on admettait tous les passants, possédait : en 1666, 21 bonniers de terres; en 1787, 20 b. 3 journaux de terres, 45 setiers de blé, des cens et rentes, soit un revenu total de 452 fl. 10 s. L'hôpital était voisin de la rivière ou Orne et du Rieu Dofficquet; il occupait l'emplacement de la ferme dite de l’Hôpital, qui a été aliénée par le bureau de bienfaisance.
En 1666, le marguillier tenait une école, mais les enfants n'y allaient pas pendant l'été. Il existe depuis plusieurs années une école pour les enfants, avec logement pour l'instituteur et chambre commune; une école pour les filles s'achève en ce moment. Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 172 : 85 garçons et 87 filles.
Il y a, à Mont-Saint-Guibert, une Société musicale.
La fête communale se célèbre le dimanche après la Saint-Jean (ou 24 juin).
![]() |
Avec le soutien de la Province du Brabant Wallon |