Le nom de la commune dérive évidemment de celui de la rivière qui traverse son territoire, la Gette ou Jauche, et de Gérompont, mot compose et qui signifie Pont de Gérard. On écrit : tantôt Gest Geropont (1278), Gest Geronpont (1662, 1787, 1788) ou Geest Geronpont (1709), tantôt Gest a Geropont (1320, 1371, 1383-1384, 1403-1404, 1407, 1408, 1436, 1441, 1449, 1492, 1509), Gest a Gerontpont (1129-1430), Geest a Geronpondt (XVe siècle), Geest a Geropont (1504-1506), Gest a Gerondpont (1571), Gest a Gironpont (1614), Geest a Gerompont (1654-1655, 1755, 1763, 1787, VANDER STEGEN, OUDIETTE), Gest a Gerauppont (1654-1656) ou Gest a Geripont (1685), tantôt Geest a Vironpont (LE ROY). En wallon, on prononce Gé.
Geest-Gérompont a pour homonymes, en Belgique, les communes de Geest-Saint-Remy et de Geest-Saint-Jean, le hameau de Geest-Sainte-Marie, dépendance de cette dernière, et Geest-Saint-Pierre, à Geest-Gérompont, où il existait une chapelle qui a été détruite du temps des Français. Les étymologies proposées, et notamment celle que suggère Gramaye et qui serait empruntée au mot flamand geest, esprit, sont inadmissibles; il n'y a, au contraire, aucune difficulté à considérer le nom de Geest comme emprunté à la Gète ou Gette, près de laquelle toutes ces localités sont situées. En Hollande et en Allemagne ce radical se rencontre très fréquemment, soit isolé, soit employé dans la composition de noms propres, et, en Hanovre, il y a une rivière du nom de Geeste. Signalons ici, comme excentricité caractéristique, la traduction de Geest-Gérompont par ces mots latins : re gesta, pontem rumpunt, c'est-à-dire : l’affaire terminée, ils rompent le pont.
La commune de Geest-Gérompont est limitrophe de celles de Mont-Saint-André, Autre-Église, Ramillies, Grand-Rosière, Perwez et Thorembais-les-Béguines.
Geest-Gérompont est à 2 kilomètres S.-E. de Mont-Saint-André, 2 1/2 kilom. N.-N.-E. de Grand-Rosière, 3 kilom. O.-N.-O. de Ramillies, 4 kilom. O.-S.-O. d'Autre-Église, 6 kilom. E.-N.-E. de Perwez et E.-S.-E. dE Thorembais-les-Béguines, 47 kilom. E. de Nivelles, 52 1/2 kilom. E.-S.-E. de Bruxelles.
L'église de Geest-Gérompont se trouve située par 36 grades 28 de latitude N. et 2 grades 83 de longitude E.
L'altitude du sol est de 118 mètres 18 à 650 m. O.-N.-O. de l'église, aux berges aval du moulin à eau.
Bien que les communes de Geest-Gérompont et de Petit-Rosière n'aient été réunies que par un arrêté royal du 1er mars 1822, leur jonction devait être décidée antérieurement, car elles n'ont qu'un seul procès-verbal de délimitation, dressé le 11 avril 1820 et clos le 25 août suivant.
Le cadastre divise le territoire de Geest-Gérompont en deux sections : la section A ou des Villages, la section B ou de Tierce Bry.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 1,874 parcelles, appartenant à 501 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 50,839 fr. 00 cent, (sol : 46,340-00; bâtiments : 4,499-00) et ayant une contenance de 748 hectares 16 ares 90 centiares (imposable : 727 hect. 59 a. 70 ca.; non imposable : 20 hect. 57 a. 20 ca.). Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, Geest-Gérompont comprenait 320 bonniers, dont 295 b. de terres, 3 b. de prairies, 10 b. de prairies banales, 9 b. de communaux et 3 b. de bois; Petit-Rosière, 370 b. 3 journaux, dont 321 b. 3 j. de terres, 21 b. 1 j. de prairies, 13 b. de communaux et 14 b. 3 j. de bois.
On comptait : à Geest-Gérompont, en 1374, 46 ménages; en 1436, 26 foyers; en 1464, 25 foyers; en 1472, 21 foyers; en 1492, 6 foyers; en 1526, 33 maisons, dont 1 à 2 foyers; en 1686, 25 maisons et 1 taverne; à Petit-Rosière, en 1374, 23 ménages; en 1436 et années suivantes, voir PERWEZ; en 1526, 28 maisons; en 1686, 14 maisons, 1 moulin et 1 taverne; — dans la commune, au 31 décembre 1856, 207 maisons.
Geest-Gérompont, qui compte 115 maisons; Petit-Rosière, 92 maisons.
Le village de Geest-Gérompont est bâti dans les vallées marécageuses de la Grande Gête et du Steinbais et sur le versant des collines qui bordent ces ruisseaux. L'extrémité méridionale de l'agglomération est un peu écartée du centre; elle se trouve vers le confluent du Steinbais et du Ri de la Blanchisserie et porte le nom de Steinbais ou Steinbain.
L'église de Rosière (Rosiris, 1152; Rosires, 1184, 1323, 1327; Rosières, 1716), que l'on distingue d'un autre village voisin en l'appelant, tantôt Petit-Rosière (Petitte Rosierres, 1547; Parva Rosaria, 1657; la Petite Rosaire, 1666; Petitte Rosière, XVIIe siècle; Petite Rosière, 1709; Petit Rosière, 1787, 1825; Petit-Rozière, 1808), tantôt Rosière-Saint-Nicolas (Rosieres Sancti Nicholai, 1233; Rosir S. Nicholae, 1332; Rousirs Saint Nicolay, 1421), ou, plus fréquemment, Rosières-Saint-Symphorien (Rosires Saint Simphorin, 1316; Rosires Sancti Symphoriani, 1327; Rosieres S. Sirnphoryn, 1374, 1426; Rosieres S. Symphorien, 1530; Rosiere S. Simporien, 1636), se trouve à 1,400 mètres O.-S.-O. de celle de Geest-Gérompont. Le village est traversé par la route de Louvain à Namur, qui y franchit la Grande Gête. La partie principale de l'agglomération se rencontre le long et au N.-E. de la route; au S.-O., près de biens communaux que traverse la Gête, est bâtie une rangée de cabanes, que l'on nomme la Commune et où l'on a vu des vieillards arriver à un âge avancé malgré l'insalubrité de cet emplacement.
A 600 mètres S.-E. de l'église de Geest-Gérompont, la Maison Godard; à 1,000 m. S.-E., les Tainières, écart voisin de la Fontaine aux Crapauds; à 500 m. S.-S.-E., la Blanchisserie; à 2,200 m. O.-S.-O., le Tombois, écart situé sur une colline sableuse, au S. de la Commune; à 2,200 m. O.-S.-O., la Ferme César, ainsi appelée du nom de ses propriétaires; à 2,100 m. O.-S.-O., la Ferme Saint-Nicolas ou Cense de Villers (XVIIe siècle); à 2,000 m. O., L’Auberge Paheau, sur la route de Louvain à Namur.
Chapelle Notre-Dame de Hal; le Cerf, ancienne auberge; Ferme de Petit-Rosière ou Saint-Jean ou Everarts (Cense de Saint-Jean à Petit-Rosière, 1788); Tiége à la Lampe; L’Ermitage, aujourd'hui démoli, se trouvait au S.-S.-E. de l'église de Petit Rosière, sur l'autre rive de la Gête; Entre les Deux Rosières; les Prés; Queue de Geest (Queue à Geest, 1660, 1727); Pré au Brou; le Jonquoit; Pré au Moulin; Champ du Moulin; Pré du Village; Fond du Mont; Chemin de Jauche; la Croisette; Perruque; Champ de la Dîme; la Gloriette ou la Chapelle Saint-Pierre (Chapelle Saint-Pierre-Geest, FERRARIS); Fond de la Chapelle; Derrière l’église; Derrière les cortils; Derrière les prés; Fond de Ramillies; Campagne dOffus; Bois Méro; Bois des Dames (Bois Madame ou la Dame, 1727; Bois-les-Dames, 1788); Bekaveine; Tierce Bry (Teezbry, inter vroentam de Rosieres, 1439; Bois de Tiesbry, 1727) ou Tiers Bry; Potot; Sept bonniers; le Canal; Ferme de la Dîme; Ferme Bouvier; Terre à la Tombe (A la Tombe de Petit-Rosière, 1788; Campagne del Tombe, 1727); Terre du Cerisier; Puits Monet; Vieux chemin de Namur; Chapelle Sainte-Reine; Ruelle des Mottes; Long coune; Campagne Gerlet (Campagne de Gerlet, « proche la Tombe», 1727); l’Ornoit; la Frète (la Fraite, 1466); la Rue; Champ Robiet (Bois Robyet, 1727); Chemin de Notre-Dame; le Piroi, ancienne carrière de grès (1727); Pont des Marnières; les Marnières; Vieux cimetière; Château de Geest; Grand pont; Al Basse; Tiége de Jauche; la Batterie ou Moulin de Geest; le Moulin de Petit-Rosière ou Moulin d’Arenberg; Prairies de Maisin; Large battis; Pont de Geest ou de la Place; Prairie César; Cortil Mousty; la Sablonnière; le Petit Coin; Cortil Saint-Symphorien; Chapelle N.-D. de Bonne Espérance; Chapelle N.-D. de Bon Secours et Saint-Donat.
Affroimont (XVIIe siècle; Ad locum dictum Al tombe d Aframont, 1439; Court de Froymont, 1530; Chemin d’Affrirnont à Perwez:, 1727 (en 1316, on mentionne Gérard d'Affremont); Courtil del Bruyère, à Geest-Gérompont (1547); Bois de Cahienne (1727); Deseur le Chaynoit (1316); Preit Damseubois (1727); Au Fourchus tiege (1727); Pont au Sablon (1727); Tenure Saincte, à Petit-Rosière (XVIIe siècle); Alle Spine, « par desus Sumaing » (1316; A l’Espine, 1373; A le Spine, entre les deux Rosières); Terre du Vieux marché (1727); les Tombelles de Petite Rosière (1755); Aux Tombe, «àRosir», 1666); Bois de Villers (1727), qui a été défriché il y a une soixantaine d'années; le Tillier, vers Geest; à Fau:, « en Rosires » (1371).
On ne rencontre pas de plateaux étendus; le territoire se compose de collines peu élevées et à pente généralement douce; leur inclinaison est cependant plus sensible sur certains points, comme aux Marnières (près du Moulin de Geest) et au Tombois. Le bord des ruisseaux est marécageux. Le point culminant se trouve vers la limite de Ramillies, à l'E. de la fontaine aux Crapauds, où l'on a constaté une altitude de 145 mètres. Le terrain gedinnien règne au fond de toutes les vallées, mais n'affleure point. André Dumont a observé de l'argilite glauconifère landénienne près du Ri de la Blanchisserie à Steinbais; il signale l'étage fluvio-marin du système landénien comme apparaissant au Tombois, où l'on a extrait une grande quantité de sable, et près de la fontaine aux Crapauds. Les sables bruxelliens bordent à l'E. ces traces de terrain landénien; ils sont accompagnés, aux Tainières, où on les exploite, d'une lisière de gravier diluvien; ils se montrent, en outre, en une zone d'une centaine de mètres de largeur qui contourne à mi-côte la colline de la Chapelle, en passant aux Marnières où sont pratiquées plusieurs carrières; on les rencontre enfin à l'Ornoit où l'on voit les traces de quelques sablières. Le limon hesbayen recouvre la plus grande partie du territoire.
Tout le territoire de Geest-Gérompont appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Grande Gête, le Steinbais, le Ri de la Blanchisserie et la Jauchelette.
La Grande Gête vient de Perwez et pénètre sur le territoire de Geest-Gérompont près de Gerlet; reçoit la Jauchelette (r. dr.) à la Commune; passe sous la route de Namur; traverse le village de Petit-Rosière; active le moulin d'Arenberg par une chute de 3 mètres 83; reçoit le Steinbais (r. dr.) au pré du Brou; arrose le village de Geest: active le moulin de la Batterie par une chute de 1 mètre 90 et passe à Mont-Saint-André, après un parcours de 4,200 mètres dans la direction d'abord du N.-E., puis dn N.-O.
Le Steinbais vient de Grand-Rosière; reçoit le Ri de la Blanchisserie (r. dr.), près du hameau de Steinbais, et les eaux de la fontaine Saint-Éloy (r. dr.), près de la Ferme de la Dîme; et se réunit à la Grande Gête (r. dr.), au pré du Brou, après un parcours de 1,000 mètres dans la direction du N.
Le Ri de la Blanchisserie prend sa source à la fontaine aux Crapauds, près des Tainières; passe près de la maison qui lui a donné son nom; et se réunit au Steinbais (r. dr.), après un parcours de 1,200 mètres dans la direction générale de l'O.-N.-O.
La Jauchelette vient de Grand-Rosière et pénètre nr le territoire de Geest à la Frète; passe à l'O. du Tombois et de la Commune; et se réunit à la Grande Gête (r. dr.) en face de la ferme César, après un parcours de 400 mètres dans la direction du N.
Les fontaines dont l'eau sert aux habitants sont la Fontaine Saint-Éloy, la Fontaine du Steinbais, la Fontaine des Marnières ou de la Batterie, la Fontaine aux Crapauds (qui désaltéra l'armée de Marlborough, à la bataille de Ramillies), la Fontaine Saint - Symphorien et la Fontaine du Chirurgien.
On comptait : à Geest-Gérompont, en 1662, . . . communiants; en 1709, 126 habitants; en 1784, 269 habitants : 1 prêtre, 98 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 97 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 39 garçons et 34 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, le même nombre); en l'an XIII, 322 habitants; — à Petit-Rosière, en 1666, 110 communiants; en 1709, 114 habitants; en 1784, 241 habitants : 1 prêtre, 46 hommes, 49 femmes, 41 garçons et 42 filles âgés de plus de 12 ans, 22 garçons et 40 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 241 personnes : 1 prêtre, 84 hommes et garçons âgés de pins de 12 ans, 88 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 24 garçons et 44 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 294 habitants; —dans la commune, au 31 décembre 1831, 843 habitants; au 31 décembre 1856, 1,013 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil remontent à 1677 pour Geest-Gérompont et à 1641 pour Petit-Rosière.
Les exploitations de plus de 50 hectares sont : la Ferme de Petit Rosière (158 hect.), ancienne propriété du chapitre de Saint-Jean-l'Evangéliste, de Liège, actuellement tenue par les héritiers Prosper Everarts, propriétaires; la Ferme Bouvier (89 hect.), tenue par M. Bouvier (F.-H.-J.), propriétaire.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/0 pieds de Louvain.
La grande Gête active deux moulins à farine ayant chacun deux couples de meule : le moulin de Geest, jadis batterie de chanvre, dont la retenue est à l'altitude de 118 mètres 58, et le moulin de Petit-Rosière, dont la retenue est à l'altitude de 123 mètres 53. Jadis Geest-Gérompont a eu un moulin à eau, qui appartenait au domaine ducal, mais n'existait plus en 1403-1404; quant au moulin de Rosières, il est déjà mentionné en l'année 1152 et fut alors cédé par le chapitre de Saint-Jean l'Evangéliste, de Liège, à l'abbaye d'Heylissem, par une convention où il est fait mention du moulin de cette dernière abbaye situé plus en amont, c'est-à-dire du moulin de Seumay. Plus tard, il passa aux seigneurs de Perwez, qui payaient, pour cette usine, une redevance annuelle de 12 setiers de seigle au chapitre précité, et il devint l'un des quatre moulins banaux de la baronnie de ce nom. En 1530, il en dépendait un étang d'un demi-bonnier d'étendue et le locataire payait, par an, 23 muids de blé; le 26 octobre 1714, on l'afferma moyennant 250 fl., par an.
Geest a possédé deux moulins à vent : l'un, situé à la limite de Mont-Saint-André, au N.-E. de la Haute Masquinière, est démoli depuis une quarantaine d'années; l'autre, qui se trouvait près du Vieux cimetière, aux Marnières, a subi le même sort. Ce dernier avait été établi par F. Louis, en vertu d'un arrêté royal, en date du 12 janvier 1825.
L'huilerie et la teinturerie en bleu qui existaient naguère ont disparu.
Une petite blanchisserie de toiles occupe 8 ouvriers; 30 ouvriers travaillent au tissage, 40 au teillage du lin.
Le chemin de fer de Tamines à Landen traversera Geest-Gérompont sur une longueur d'environ 4,000 mètres, en passant au S. des églises de Rosière et de Geest; celui de Tirlemont à Namur coupera probablement l'extrémité S.-E. du territoire. La station de Ramillies sera située en partie sur Geest-Gérompont; c'est à cette station que s'opérera le croisement des deux lignes de Tamines vers Landen et de Tirlemont vers Namur.
La route de l'État de Louvain à Namur longe le territoire de Geest-Gérompont sur 900 mètres et le traverse sur 1,300; une barrière y est établie.
On compte 29 chemins et 30 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 37,229 mètres, dont 6,187 sont pavés, et sur lesquels sont établis 6 ponts et 6 aqueducs.
Le chemin de grande communication n° 52 traverse la commune sur 3,768 métros; le chemin n° 66 sur 252 mètres.
Dans une berge de la route de Louvain, à l'angle sud d'un chemin conduisant de la route au centre de Petit-Rosière (l'angle nord est occupé par la chapelle de Notre-Dame de Hal), le fermier Everarts, à qui nous devons de précieux renseignements, a trouvé, il y a environ dix-sept ans, des tombeaux en pierre, renfermant les ossements de deux hommes de forte taille. Ces tombeaux ne consistaient qu'en parois latérales, formées de pierres posées sans ciment, sans rien au-dessus, ni en dessous. Le terrain où cette découverte s'est opérée se trouve à 700 mètres O.-N.-O. de l'église de Petit-Rosière.
A 300 m. S.-O. de ce point, une grande parcelle située au N.-O. de la ferme de Saint-Nicolas et an N.-E. de la ferme César, et appartenant au notaire Artoisenet de Leuze-près-Eghezée, porte encore le nom de Terre à la Tombe ou à le Tombelle, bien que l'on n'y voie plus de trace de tumulus. Cette désignation date de fort loin, car, en 1788, on mentionne la Tombe de Petite-Rosière, située près de la cure (l'ancienne cure, voisine de la chapelle Saint-Nicolas), et du chemin allant de la cense de Villers à Thorembais; en 1727, on cite la Campagne del Tombe, en 1666. on parle d'un bonnier situé Aux Tombe, à Rosir. On donnait, à ce qu'il semble, à ce monticule artificiel, le nom de Tombe d'Aframont (ad locum dictum al Tombe d"Aframont, 1439). Il doit avoir été accompagné d'autres tumulus, car le sentier qui aboutit à la chapelle voisine, dite de Sainte-Reine, se nomme la Ruelle des Mottes; en 1666, on parle d'un champ de 26 bonniers, situé « derrière la cense de Seumay (à Perwez) », joindant « d'amont au chemin, de Rosir, vers Louvain au Chemin des Tombes, vers Namur aux ahanières et paschis ». Enfin, en 1755, un document de la localité mentionne les Tombelles de Petit-Rosière. Tous ces témoignages réunis constatent jusqu'à l'évidence l'existence d'un ou de plusieurs tumulus. En outre, il doit encore y avoir en des sépultures à 1,000 m. S. de la chapelle de N.-D. de Hal, au S. de la Gette, au hameau dit le Tombois, où l'on a déterré, parait-il, des ossements bien conservés.
Une autre tombe, dont rien n'indique plus l'emplacement, a existé au Fond de Ramillies, à proximité des chemins de Jodoigne et de Ramillies, une terre nommée la Bruyère et appartenant à Eugène Louis, clerc de l'église de Geest; un octogénaire se rappelle avoir joué souvent sur cette éminence, qui passait pour avoir servi de sépulture.
Les privilèges qui furent donnés à plusieurs localités, et notamment à Thorembais-les-Béguines par un duc de Brabant, furent également octroyés à Geest-Gérompont. Le village fut du nombre de ceux qui reçurent une charte constatant cette concession, qui datait probablement, comme nous l'avons dit, de l’an 1204. En retour, il devait payer par an 5 livres 12 sons (en 1664-1666, 13 livres 6 sous), 4 muids d'avoine et 30 poules. Ce cens était déjà prélevé par le domaine, en 1278, car, à cette époque, il fut compris dans l'apanage que Jean Ier constitua à son fils Jean, en le fiançant à Marguerite d'York, fille du roi d'Angleterre; il consistait alors en 7 livres 9 sous 4 deniers payables à la Saint-Remi, 32 sous pour4 muids d'avoine et 10 sous pour 30 poules. En 1654, le village était redevable au domaine de 552 fl. 4 deniers d'Artois pour arrérages de ce cens, qui n'avait plus été payé depuis 1613; les habitants, à qui on l'avait réclamé, firent opposition au paiement. Il en résulta un procès par-devant le conseil de Brabant, procès dont nous ignorons la solution.
Gramaye nous apprend que Geest jouissait d'un droit municipal. C'est en cette qualité que la commune apposa son sceau à l'alliance des villes et franchises du Brabant, de l'année 1372.
Geest, érigée en franchise, acquit encore plus d'importance lorsqu'elle devint le chef-lieu d'une mairie du Brabant wallon, mairie qui comprenait : Ramillies, Offus (qui est actuellement joint à Ramillies), Folx-les-Caves, Hédenge (aujourd'hui, dépendance d'Autre-Église), Mont-Saint-André (où la juridiction appartenait entièrement au chapitre de Liège) et Longchamp, que l'on rangeait d'ordinaire, comme le précédent, parmi les terres franches, et était complètement enclavé dans le comté de Namur. D'ordinaire, les villages de la mairie de Geest se classaient avec les autres localités du bailliage de Jodoigne.
Du temps de l'infante Isabelle, la chambre des comptes défendit au maire, Antoine Le Rousseau, de conclure des compositions avec les criminels et délinquants, sans l'intervention des échevins. Le maire fit remarquer que cette règle était difficile à suivre, les échevins ne se réunissant que tous les quinze jours et se refusant à vaquer (ou siéger) extraordinairement si l'on ne payait les droits qui leur étaient dus, et à dépêcher des attestations, si on ne leur allouait des émoluments. Ces frais surpasseraient de beaucoup, disait-il, le tiers des amendes qui lui était alloué et seraient faiblement compensés par le produit des actions civiles, qui souvent n'excédait pas un, deux ou trois mailles de Hollande, à 16 sous pièce. La chambre l'autorisa à conclure des compositions sans l'intervention des échevins, mais à la condition de lui en donner exactement connaissance, sous peine de payer une amende égale au quadruple du montant de ces compositions (18 juillet 1614).
Ce fut à Geest, au lieu dit les Tainières, à proximité de la Fontaine aux Crapauds et de l'emplacement où s'élèvera, dit-on, la station du chemin de fer de Tamines à Landen, que se termina la bataille de Ramillies. Il y eut là un grand massacre, car on y trouve très fréquemment des restes humains et des débris d'armes ou d'équipements. En 1863, un cadavre y a encore été déterré.
La construction de la route de Louvain à Namur, au milieu du siècle dernier, a augmenté l'importance des deux Rosière, tandis que Geest restait stationnaire dans son isolement. Le tracé actuel de la chaussée n'a pas été accepté sans opposition. D'après un plan dressé par le géomètre Jean Bernard, à la réquisition des deux premiers membres des états de Namur, et daté du 27 octobre 1750, les représentants de cette province proposaient d'en diriger la partie brabançonne de manière à ce qu'elle aboutit à l'extrémité de la chaussée qui, partant de Namur, allait rejoindre la chaussée romaine à Taviers. L'un des tracés, partant de la porte de Tirlemont à Louvain, passait à l'abbaye du Parc, à Bierbeek, près de Gobertange (à Melin), à la Maladrerie de Jodoigne, à Molenbais et à Ramillies; l'autre, dont le point de départ se trouvait à la porte d'Héverlé à Louvain, passait près de l'abbaye de Valduc, à Dongelberg, à Glimes, et laissait d'un côté Mont-Saint-André et de l'autre Geest-Gérompont. Le premier parcours avait une longueur de 5,317 verges de 20 pieds de Namur, le second une longueur de 5,497 verges. C'est cette dernière direction, modifiée dans sa partie méridionale, entre Dongelberg et la province de Namur, qui a été adoptée par les états de Brabant.
Des fièvres intermittentes désolent fréquemment la commune, à cause de la nature marécageuse du sol.
En l'an III, Geest-Gérompont fut compris dans le canton de Jauche et Petit-Rosière dans celui de Perwez. La circonscription adoptée en l'an X fit entrer dans ce dernier canton les deux communes, qui furent réunies en une seule par un arrêté royal du 1er mars 1822. En l'an VIII, on avait proposé de joindre Offus à Geest, en 1836, quelques habitants de cette dernière localité sollicitèrent la séparation de Geest et de Rosière, mais leur requête fut repoussée, le 14 janvier 1837.
Pendant la domination française, nous voyons le fameux Charles de Loupoigne faire une apparition à Geest, en 1797, dans la nuit du 18 au 19 décembre, et s'y montrer à la tête de quelques-uns de ses partisans. Lorsque la révolte dite des Brigands éclata, l'arbre de la liberté fut scié à Petit-Rosière.
Geest est appelé à prendre une nouvelle importance si une double station du chemin de fer s'établit sur son territoire.
Avant d'être compris dans le canton de Perwez, Geest-Gérompont a fait partie, jusqu'en l'an III, de la mairie dont il était le chef-lieu et, de l'an III à l'an X, du canton de Jauche; Petit-Rosière ressortissait à la mairie d'Incourt, sous l'ancien régime, et entra, dès l'an III, dans le canton de Perwez. Geest était jadis une franchise et, sous le rapport de la juridiction, appartenait entièrement au souverain; Rosière avait le même seigneur que Perwez. Dans l'un et l'autre village on suivait la coutume de Louvain.
Les Archives du royaume possèdent les comptes des maires de Geest pour les années 1588 à 1630. En 1504-1506, la mairie fut affermée â Guillaume de Fonteny, moyennant 5 livres par an.
Le domaine y possédait : en 1278, des prairies qui étaient arrentées pour 6 livres 13 sous 4 deniers, par an; plus tard, un moulin, qui n'existait plus au commencement du XVe siècle; en 1403-1404, un cens de 5 livres 10 sous 11 deniers, une foresterie dite Foresterie des blés, qui fut affermée : en 1407-1408, moyennant 2 muids par an, et, en 1419, moyennant 2 1/2 muids. Ces revenus étaient compris dans la recette domaniale de Jodoigne.
La juridiction (consistant en haute, moyenne et basse justice) et les revenus, avec la justice à Offus, furent engagés, le 22 août 1630 et moyennant 1,500 florins, au conseiller Jean Macs, seigneur de Bousval et de Longchamp, puis vendus, moyennant 1,500 fl. en sus, à Massin de l'Abbaye, mandataire du chevalier François Van Soetten de Bostrout, capitaine de cavalerie au service de l'empereur (7 avril 1644). Celui-ci eut pour successeurs :
Christine-Marguerite de Jonge;
Simon de Herckenrode, seigneur de Halmael ou Hamal, fils de Gérard, voué de Racourt, et d'Anne-Christine Corsélius, échevin de Louvain en 1713, mort le 17 avril 1742, époux de Claire-Thérèse Jacobs, dame de Steenbergen;
Gérard-Charles, seigneur de Steenbergen;
Jean-Baptiste, qui succéda à son aîné;
Théodore-François, Claire-Thérèse, Catherine-Isabelle, Jeanne et Ermelinde Van Herckenrode, cette dernière femme du sire de Blois de Quart, membre des états de Hainaut, tous enfants des précédents (relief du 3 mai 1755);
Charles-Antoine, comte de Liedekerke, baron d'Acre, par achat (r. du même jour);
Jacques-Ignace, comte de Liedekerke, baron de Surlet, son neveu (r. du 2 août 1763);
Jacques-Ignace, comte de Liedekerke, fils du précédent (r. du 18 février 1766);
Maximilien-Henri, comte de Liedekerke (r. du 30 juillet 1782).
Les échevinages de Geest et de Petit-Rosière allaient tous deux en appel à Louvain. Le second, qui s'intitulait l'échevinage « de Rosires saint Symphorien delle « court S. Johan de Liège », se servait déjà de la langue française, pour la rédaction de ses actes, en 1308, et, à cette époque, les faisait munir du sceau des échevins de Perwez. Les Archives du royaume possèdent les greffes des deux localités, qui commencent : celui de Geest, en 1745; celui de Rosière, en 1757. Le sceau de Geest-Gérompont offrait, en 1372, un lion rampant, armé, naissant sur des ondes, comme dans les armoiries de la Zélande; la légende portait : S SCABINORUM S JO EWANG … ROSA... Dans le contre-scel on voyait un buste de lion ouvrant la gueule et ces mots : S SCABINOR DUCIS. En 1427, le sceau commun des maire et échevins de la court de « Saint-Jehan en yelle », à Liège, offrait un aigle dans un encadrement trilobé et la légende : s scabirorum S JO EWANG…ROSA… ..
Sous le rapport des aides, Geest et toutes ses dépendances, de même qu'Incourt, ressortissaient au quartier de Jodoigne et au haut-quartier de Louvain.
Le conseil communal a neuf membres, dont cinq sont pris à Geest et quatre à Rosière. La commune possède en immeubles 20 hect. 19 ares.
Le budget, pour 1859, présente les chiffres suivants :
La seigneurie de Geest appartenait an chapitre de Saint-Barthélemy, de Liège. Elle avait juridiction sur 200 b. de terres, et consistait, en 1787, en 57 bonniers de terres et 5 b. de prés, produisant un revenu de 681 fl.; la grande et menue dîme, qui valait 975 fl., mais qui était chargée, par an, de 618 fl. pour tailles, compétence, etc.; un livre censal produisant 62 fl. 8 sous, le tout donnant un revenu net de 853 fl.
La haute avouerie de Geest formait un fief tenu du duché de Brabant. La seigneurie de Saint-Barthélemy devait au possesseur une redevance annuelle de 10 muids d'avoine, de 16 sizains chacun, mesure de Louvain.
L'avouerie fut successivement relevée par :
Massart, fils de Henri de Refayet, vers 1374;
Henri de Refayet, son fils (r. du 7 décembre 1419);
Louis de Bomal, fils de Jean, en vertu des lettres échevinales de Louvain (r. du 25 février 1429-1430); il opéra le dénombrement du fief le 23 mai 1440;
Jean, seigneur de Glimes et de Berghes, par achat à Henri du Fay, fils de Massart (r. du 5 novembre 1449);
Jean, fils de Jean de Bomal et frère de Louis (r. du 27 novembre 1450);
Ode de Bomal;
Jean de Harchies, son mari (r. du 30 juin 1509;
Jacques de Harchies (r. du 12 mai 1531);
Sire Jacques de Harchies, chevalier, son fils (r. du j 31 janvier 1537-1538);
Marguerite de Wissocq, veuve de sire Jacques (r. dun 29 mars 1549-1550);
Charles de Harchies, chevalier, plus tard baron de Harchies, leur fils (r. du même jour);
Catherine de Brandenbourg, douairière de Jauche, par achat (r. du 20 février 1571-1572). Cette dame transmit ce fief aux barons de Jauche, qui prélevaient encore, à Geeast, en 1794, un livre censal de 50 setiers d'avoine et 10 setiers de seigle.
Un autre fief tenu du duché de Brabant, consistant en 4 bonniers de prairies, voisins du moulin de Geest (et réduit ensuite à 3), fut possédé d'abord par Isabelle, femme de Franckart de Hemptinne, qui le laissa à son neveu, Arnoul le Vilain de Heddegne ou Hédenge (r. de 1383-1384). Jean le Vilain en fit le dénombrement le 18 juin 1440, punis il passa aux Maricke. Jean de Gerlays, conseiller de Namur, en fit l'acquisition de Godefroid et Marguerite Danielis et en laissa la propriété à son fils Jean; celui-ci le transmit à Jean-Charles et Sébastien-Ignace de Gerlays, vicomtes de Tupigny (r. du 24 janvier 1685). Jean-Charles de Gerlays eut pour héritier Emmanuel-Théodore de Bessy (r. du 12 mai 1750). Madame Joséphine Raimond Dandoy, veuve de Jean-Godefroid-Adolphe d'Hoffschmidt de Resteigne, laissa un château à Geest, avec la ferme d'Autre-Eglise, la Haute-Masquinère à Mont-Saint-André et d'autres biens à son fils Edmond d'Hoffschmidt, dit l’Ermite de Resteigne. Après la mort de celui-ci, le tout fut vendu par parcelles, en 1856. Le château de Geest se trouvait dans un verger marécageux, dit le Pré de M. de Cerf, à 200 m. O.-N.-O. de l'église paroissiale, où l'on trouve encore des fondements, une partie des caves et un puits.
Une veuve Maisin, de Jodoigne, était propriétaire, en 1794, de la moitié d'une ferme, avec 41 b., située à Geest, probablement de ce que l'on appelle aujourd’hui la Ferme du bourgmestre.
A Petit-Rosière, la seigneurie appartenait au chapitre de Saint-Jean, de Liège, qui y avait un échevinage, une ferme, avec des terres et des prairies, qui rapportaient, en 1787, 477 fl. 11 s.; les dîmes, qui, déduction faite de la compétence payée au curé, des intérêts des capitaux levés pour la bâtisse de l'église et d'autres dépenses obligatoires, ne valaient par an, à la même époque, que 23 fl.; un moulin à eau, que les chanoines aliénèrent dès l'année 1152; un livre censal, qui valait, à la fin du siècle dernier, 203 fl. 2 s.; un échevinage et d'autres droits. Les revenus des chanoines, à Rosière, s'élevaient, en 1327, â 6 marcs, 20 livres de cire, 220 chapons et 212 muids d'épeautre; en 1787, déduction faite de toute charge, à 657 fl.
Dans l'acte par lequel le prévôt Drogon, le doyen Goscelin et les frères ou chanoines de Saint-Jean abandonnèrent aux religieux d'Heylissem le moulin à eau (appartenant aujourd'hui à la famille d'Arenberg), on lit que les acquéreurs devront payer au chapitre, à la Saint-Martin, une redevance annuelle de 2 muids de seigle et de 2 muids d'orge; construire et entretenir à leurs frais, sans réduction du cens annuel, les bâtiments de l'usine (officina molendini); payer un cens de 4 deniers de Liège et de 4 chapons en indemnité du tort que causaient à une terre du chapitre les eaux du moulin de l'abbaye situé en amont (superioris molendini abbatiæ, le moulin de Sumay?). Les religieux d'Heylissem furent autorisés à réunir les eaux de manière à former un étang pour du poisson. A chaque mutation d'abbé, le nouvel élu était astreint à payer au prévôt du chapitre une livre de poivre et aux chanoines une demi-aime de vin; à défaut de remplir ses obligations, il était tenu de comparaître en jugement devant les tenanciers du chapitre, appelés vulgairement les vestis (judicium terrariorum nostrorum, qui secundum vulgarem editionem vestiti dicuntur, subibit).
A quelque temps de là, un débat s'éleva entre le chapitre et l'abbaye de Saint-Jean-Baptiste, de Florennes, au sujet des dîmes et de la dîme novale d'un bois. Le chapitre de Liège, accepté pour arbitre, termina le différend, en 1184, en adjugeant toutes les dîmes à l'église de Rosière, qui appartenait au premier de ce corps; une seule exception fut faite pour les dîmes que des fidèles avaient données à la chapelle Saint-Nicolas, et encore fut-il stipulé que lorsque cette dernière serait sans desservant, le curé de Rosière la recevrait de l'abbé de Florennes, et la posséderait, avec toutes ses dépendances (exceptis illis novis [sc. decimis] quas quidem boni Christiani de culturis suis contulerunt capelle Beati Nicholai, quam investitus ecclesie de Rosires, quandocunque vacaverit, jure parochie sue de manu abbatis Florinensis, absque molesta dilatione, debet recipere et cum omnibus pertinentiis suis tenere).
La ferme dn chapitre de Saint-Jean fut vendue, en 1794, et moyennant 20,000 fl. de Liège, pour payer la quote-part du chapitre dans la contribution de guerre exigée par les Français; mais, dans la suite, le domaine se refusa à reconnaître la validité de cette aliénation, que l'on n'avait pas fait réaliser devant les cours compétentes, et les acquéreurs, les Everaerts, furent obligés de payer au gouvernement hollandais une somme considérable.
L'abbaye de Gembloux posséda aussi, à Rosières, un cens, dont le pape Innocent III lui confirma la possession en 1213.
L'abbaye de Saint-Jean de Florennes avait à Rosières un livre censal et un échevinage, que l'on nommait « la court de Florine à Rousirs Saint Nicolay » (acte du 20 avril 1421).
Dans la partie de la commune qui parait avoir porté plus spécialement le nom de Rosière-Saint-Nicolas, le monastère de Villers avait des biens très considérables. Sire Nicolas, chevalier de Heda, du consentement de son suzerain, Godefroid, seigneur de Perwez, abandonna aux religieux, en 1233, tout ce qu'il possédait à Rosières-Saint-Nicolas. La ferme du monastère, qui porte encore le nom de ce saint, était louée, au XVIIe siècle, moyennant 3 muids de froment, 20 muids de blé, 4 muids d'épeautre et 30 florins; quoique considérable, elle n'est construite, presque en entier, qu'en bois et en chaume. On y lit, sur une porte qui fait face au nord, la date 1664, et, sur une poutre de la grange, qui est très belle, l'année 1669.
L'église de Saint-Remy, à Geest-Gérompont, était une église médiane. Elle dépendit du concile ou doyenné de Hanret, tant lorsqu'elle faisait partie de l'évêché de Liège que lorsqu'elle ressortissait à l'évêché de Namur. Après le concordat, elle devint l'une des succursales de la cure de Perwez. Depuis, elle a été soumise à la juridiction du doyen de Jodoigne.
La collation de la cure appartenait jadis au chapitre de Saint-Barthélemy, de Liège. Les revenus du curé se composaient : en 1662, de 46 muids d'épeautre prélevés sur la dîme et du produit de 9 bonniers de terres; en 1787, de 330 florins payés par le chapitre à titre de compétence, de 10 fl. provenant d'une petite dîme, du produit de 8 b. de terres (revenu total, 559 fl. 19 s.). A cette époque le curé se plaignait amèrement de sa position : « Je me trouve, disait-il, situé dans un marais, où je ne puis guère sortir en hiver qu'à cheval, à raison des boues et particulièrement à cause des infirmités que j'ai contractées dans le pénible service de cure d'âmes dans la plus nombreuse et dispersée paroisse rurale du diocèse de Namur ».
Le chapitre, à qui le curé s'adressa pour obtenir une augmentation de ressources, refusa d'abord, sous prétexte qu'il avait fait de grandes dépenses pour la restauration de l'église, et consentit plus tard à l'union à la cure du bénéfice de Sainte-Catherine. L'évêque de Namur, à qui le pasteur s'adressa ensuite, montra plus de bienveillance. Par un décret en date du 5 mai 1790, il unit à la cure les bénéfices de Sainte-Catherine et de Saint-Nicolas, qui étaient conférés : le premier, par le chapitre de Saint-Barthélemy; le second, par le curé. Chacun d’eux était chargé d'une messe par quinzaine et valait au titulaire, en 1787, celui de Sainte - Catherine, 31 fl.; celui de Saint-Nicolas, 100 fl.
La marguillerie était dotée : en 1662, de 3 muids d'épeautre; en 1787, de 42 fl. payés par les décimateurs (revenu total, 58 fl. 18 s.). Elle recevait en outre des paroissiens, deux fois par an, les pains dits Jamas, qui se payaient une troisième fois, au curé. La fabrique possédait : en 1662, 6 b. de terres (elle possède encore 5 hect. 77 ares); ses revenus montaient : en 1787, à 179 fl. 17 s.; en 1846 (y compris ceux de Petit-Rosière), à 1,398 francs.
D'après la tradition, l'église existait autrefois à 500 m. N.-O. de l'emplacement actuel, au lieu dit les Marnières, où l'on a déterré des ossements, dans le jardin de M. Jean-Joseph Guillaume; on possède en outre, à la cure, un bail portant que le sieur Laïubeit Louis a repris « la Vieille cimetière ».
A l'exception de la tour, qui date de 1641, l'église a été reconstruite en 1777, sur l'emplacement, un peu resserré, de l'ancienne, dont une partie s'était écroulée vers 1775. En 1787, le chapitre de Saint-Barthélemy devait encore 8,295 fl. qu'il avait empruntés pour faire face à la dépense résultant de ces travaux. Le 26 juillet 1788, le maître maçon Gilsoul se chargea, moyennant 250 écus, de recouvrir la tour de briques de haut en bas, avec des pierres de taille aux angles. C'est aujourd'hui une lourde masse, maçonnée en moellons, et dont la façade a été reparementée en 1844. Trois dates : 1641, 1777 et 1814, sont gravées sur une pierre encastrée au-dessus de la porte d'entrée.
A l'intérieur, le temple forme une basilique de style renaissance, à une seule nef, dont le chœur se termine par un mur plat; quatre fenêtres en plein cintre éclairent chaque côté du vaisseau, qui n'est point voûté; le chœur a quatre fenêtres et est garni de belles boiseries. Ces dernières ont été exécutées par Jacques Ghenne, maitre-menuisier, à la suite d'une convention en date du 7 juin 1786, où on les désigne sous le nom de « noeuves formes ». Le pavement de l'église renferme trois belles dalles tumulaires : la principale offre les effigies de deux personnages et, plus haut, leurs armoiries, avec l'inscription suivante : Cy gist honorable hom (m) e guillame doffus parochien | de gest geronpon quy trespassa lan XV° quarante sis le . . doctobre et damoiselle | espeuse, laquelle | trespassa lan (la date n'a pas été indiquée) priez. a. dieu . pour. leurs, ame.
Voici les inscriptions des deux autres dalles : 1° Cy gist honorable hom (m) e | paul le rous-seau qui très | passa le XIII de may l'an | 1601 priez dieu pour so (n) ame | Et damoiselle franchoise | bozeau so (n) espeuze qui très | passat le 22 de mars 1627. Quartiers : Rousseau, Bouzeau; Brabant, Remiket; 2° Icy reposent | le corps de honorable homme | Gérard de noville qui deceda | de ce monde le 1 may 1647 | et Damoiselle Marie Randach | son espeuse decedee le 24 septembre | 1666. Prie dieu pour leurs âmes. Quartiers : Noville, Bouseau; Randach, Lautremench.
D'après l'opinion généralement acceptée dans la localité, l'église de Petit-Rosière, de même que celle de Geest-Gérompont, a changé de situation à une époque inconnue. Le temple primitif s'élevait, dit la tradition, près de la ferme de Saint-Nicolas ou de l'abbaye de Villers. Mais, à en juger par l'acte que nous avons analysé plus haut, en parlant du chapitre de Saint-Jean et de l'abbaye de Florennes, la chapelle Saint-Nicolas était tout à fait distincte de l'église de Rosière. En creusant les fondements d'une maison voisine de la ferme, en 1849, on a découvert des squelettes mêlés à des ardoises et à des pierres. Les restes humains ont été transférés à Petit-Rosière. La tradition rapporte encore qu'à l'époque de la fondation de cette église, il n'y avait que neuf ménages dans la paroisse.
Rosière-Saint-Symphorien était une église entière; elle ressortissait au concile ou doyenné de Jodoigne, lorsqu'elle dépendait de l'évêché de Liège et après l'érection de l'évêché de Namur. Après le concordat, elle fut rayée du nombre des succursales. Le 27 juin 1808, le conseil municipal demanda son érection en annexe de Geest-Gérompont, dont elle était séparée par une distance d'une demi-lieue; il offrit de payer au desservant 500 fr. par an. L'église et la cure, qui avait servi, pendant plusieurs années, de caserne de gendarmerie, se trouvaient alors dans l'état le plus déplorable; les vitres étaient brisées, les toitures abîmées, les plombs arrachés, les murs du cimetière à moitié écroulés. Une nouvelle délibération de l'administration locale, en date du 9 juillet 1821, ayant reçu l'approbation de la Députation des états, l'église fut déclarée chapelle reconnue, par l'arrêté royal du 28 septembre 1825; un autre arrêté, du 20 décembre 1812, l'a rangée au nombre des succursales. Elle fait aussi partie du doyenné de Jodoigne.
Le patronat et les dîmes de la paroisse appartenaient, de temps immémorial, au chapitre de Saint-Jean-l’Evangéliste, de Liège. Jadis, le curé levait la dîme sur 50 bonniers, à Perwez. Le curé avait pour compétence : en 1666, une redevance de 42 muids d'épeautre sur la grande dîme; il possédait 11 bonniers de terre et recevait 12 halsters de seigle, pour célébration de 25 anniversaires. Le 23 juin 1657, l'évêque de Namur avait uni à sa dotation, à la condition d'entretenir un vicaire, celle du bénéfice de Notre-Dame, qui était chargé d'une messe par semaine et doté de 7 b.
Par une sentence en date du 20 avril 1775, le conseil de Brabant, à la demande du curé Dassy, ordonna au chapitre de Saint-Jean de porter à 500 fl. la compétence pastorale, et, en vertu d'un accord en date du 30 mai suivant, le chapitre consentit à payer dans ce but 403 fl. par an. En 1787, le curé possédait, outre ce revenu et les biens du bénéfice de Notre-Dame, 2 b. de terres, la dîme novale sur 2 1/2 b. de communaux, dont 2 b., alors convertis en prés à foin, étaient autrefois des pâturages; son revenu total montait à 592 fl.
Le bénéfice de Saint-Étienne et de Saint-Nicolas possédait 8 b. de terres et de prés (revenu, 126 fl., en 1787); cette chapellenie était conférée par le curé et chargée d'une messe par semaine. La marguillerie était dotée de 19 fl. 12 s. et de 24 setiers d'épeautre, par an (revenu, 46 fl.). L'église possédait en 1662, 1 b. et 50 sous de cens, en 1787, 1 b. (revenu, 36 fl.). Elle possède actuellement 3 hect. 30 ares.
En 1666, l'église était fortement endommagée ; le plafond et le pavement du chœur étaient en partie détruits, la nef n'avait pas de plafond, les fonts baptismaux n'étaient ni recouverts, ni fermés à la clef; il n'y avait ni remontrance, ni encensoir, ni confessionnal, ni chaire, ni sacristie; des épines remplissaient le cimetière. Le ciboire était en cuivre doré; le calice, d'argent, mais à pied de cuivre. Les ornements sacerdotaux étaient convenables et suffisants, grâce à la libéralité des paroissiens. Ici, comme dans tout le Brabant, on ne pouvait rien obtenir pour l'église qu'en saisissant les biens des décimateurs. Ils n'avaient fourni à l'église qu'une bonne chose, la cloche décimale, qui était excellente, tandis que la deuxième ou cloche de la communauté, était cassée, et la troisième, petite et médiocre.
Les guerres du temps de Louis XIV ne permirent guère d'améliorer cette situation. La toiture de la tour se trouvant en très mauvais état, le chapitre de Saint-Jean promit de donner 53 écus pour la faire réparer et, de leur côté, les habitants s'engagèrent à fournir les matériaux nécessaires et à se charger des corvées (7 août 1716). L'édifice entier fut rebâti vers 1760. L'ancien temple était construit sur le même terrain que l'église actuelle, mais se trouvait disposé dans un autre sens, la porte d'entrée étant placée du côté réservé aujourd'hui à la nef droite. Cette porte sert aujourd'hui à l'écurie d'un paysan, derrière le jardin du presbytère. Le nouveau temple fut béni, le 14 décembre 1761, par le curé du lieu, en vertu d'une autorisation spéciale octroyée par l'évêque, comte de Berlo, et consacré par ce prélat, le 8 juillet 1766.
Ce petit temple n'a pas de tour; le clocheton, qui le surmonte, est en charpente. A l'intérieur, il est disposé en basilique à trois nefs, avec abside à trois pans; deux rangées de colonnes doriques, en pierres de taille bleues, le divisent en quatre travées; les plafonds sont horizontaux. La sacristie date de 1859. Le maître-autel est dédié à saint Nicolas et à saint Etienne, les autels latéraux à Notre-Dame de la paix et à saint Symphorien qui est invoqué contre les maux d'oreille. La lampe du saint sacrement provient de l'église de Saint-Pierre, de Louvain; elle a trois faces, dessinant chacune la forme d'un cœur. Dans le cimetière se lit l'inscription suivante, qui disparaîtra bientôt, à cause de la mauvaise qualité de la pierre : « Devant cest autel repose honorable homme | henri dénis lequel trépassa le neuviesme | de iuin 1623 et damoiselle ienne ladmirant | sa femme laquelle deceda le ?4 de de | cembre an 1636 I Prie dieu pour | leurs ames ».
La chapelle de Geest-Saint-Pierre, qui a été démolie pendant l'occupation française, devait sans doute son origine au chapitre de Saint-Pierre, de Liège, qui possédait des biens à Geest, et notamment 3 b. de terres, spécialement affectés à l'entretien des chapelains de leur église.
La chapelle Sainte-Reine, qui se trouve sur le bord du sentier conduisant de Perwez à Mont-Saint-André, a été bâtie en 1756, par un abbé de Villers, sur une terre dépendante de ta ferme de Saint-Nicolas. Avant la révolution française un religieux de Mellemont y disait la messe tous les jours. Actuellement l'office divin s'y célèbre deux fois par an : le premier jour des Rogations, et le 7 septembre, jour de la fête de sainte Reine. À cette dernière date, on y porte le saint sacrement en procession; un grand nombre de pèlerins, et particulièrement d'estropiés, y viennent de plusieurs lieues à la ronde.
La chapelle de Notre-Dame de Hal, sur le bord de la chaussée de Louvain à Namur, a été également bâtie sur un terrain appartenant au monastère de Villers, par Anne-Josèphe Stevens, veuve d'Arnoul Anciaux.
La Table des pauvres de Geest-Gérompont possédait : en 1662, des redevances consistant en 60 hatsters de seigle, qui se distribuaient aux plus pauvres, à l'intervention du curé et de l'échevinage; en 1787, 78 fl. 9 sous de revenu; à cette dernière époque, les 57 familles de la paroisse, sauf 8, recevaient des secours de la Table. A Petit-Rosière, les pauvres avaient à eux appartenant : en 1666, 4 bonniers de terres et des redevances consistant en 10 halsters de seigle; en 1787, 5 b. 3 j. de terres et un pré de 3 journaux (revenu, 125 fl.). Actuellement, les bureaux de bienfaisance possèdent : celui de Geest, 22 hect. 80 ares; celui de Petit-Rosière, 4 hect. 63 ares.
Leurs budgets, pour l’année 1859, ont été fixés comme suit :
En 1662, le marguillier de Geest ouvrait une école pour les enfants du village et des localités voisines, et, à Petit-Rosière, le curé en tenait une autre, mais les enfants n'y venaient pas en été. En 1780, l'instruction était donnée par deux frères ermites, qui habitaient, à 350 m. environ au S.-S.-E. de l'église de Petit-Rosière, à l'endroit dit Campagne de l'Ermitage, un ermitage dont il n'existe plus de vestiges. Les deux écoles actuelles laissant beaucoup à désirer, on va en construire d'autres, dont une, celle de Geest, renfermera la maison commune.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis, en 1858-1859, à recevoir l'instruction gratuite, s'est élevé à 128 : 58 garçons et 70 filles.
La fête de Geest se célèbre le dimanche après le 9 octobre (Saint-Denis); celle de Petit-Rosière le dimanche après le 12 août (Saint-Symphorien).
Il y a, en outre, une petite fête à Geest, à la Saint-Éloi : les fermiers conduisent leurs chevaux à l'église, où le curé les touche d'un marteau d'argent, opération que l'on nomme le signement; cette cérémonie attirait autrefois une grande affluence de monde; supprimée momentanément, il y a une vingtaine d'années, elle menace de l'être bientôt d'une manière définitive.
C'est à Petit-Rosière que naquit, le 28 février 1773, j Jacques Artoisenet, agronome distingué, qui fut, pendant plus de trente ans, bourgmestre de Limal, puis de Bierges; il fut élu, en 1836, membre du conseil provincial, et mourut le 5 mai 1843.
Nous devons des remercîments particuliers à M. Van Leeuw, curé de Petit-Rosière, qui nous a fourni avec une grande obligeance plusieurs indications intéressante».
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